Le niellage est la technique d'orfèvrerie qui consiste à appliquer le nielle (ou niello, du latin nigellus, « noirci »), un sulfure métallique de couleur noire qui inclut du cuivre, de l'argent et souvent même du plomb ou du borax, employé comme matière de remplissage dans la marqueterie de métaux. Le métal gravé est rempli avec cet alliage fondu le long des traits produits par la gravure au burin, ensuite la surface niellée est polie pour éliminer le dépassement de métal ajouté.
Cette technique d'orfèvrerie est à distinguer des émaux ou du damasquinage et l'expression « émail de niellure » est impropre.
Le graveur de nielles est un « nielleur[1] » et le résultat une « niellure ».
Histoire
L'invention de cette technique est attribuée aux Égyptiens[2]. Elle est ensuite reprise en Europe par les Romains[3] puis au Moyen Âge[4], ensuite par les orfèvres de la Renaissance en Italie (niellatura) et en Allemagne, comme technique luxueuse et délicate pour les objets précieux comme les objets de culte et la vaisselle d'apparat[5].
Maso Finiguerra, nielleur de Florence, qui voulait contrôler son Triomphe et le Couronnement de la Vierge, enlevée au ciel et entourée d'anges, avant de recouvrir les traits de nielle, voulut essayer ce que produiraient sur une feuille de papier humide, les figures gravées couvertes de la fumée grasse d'une chandelle. Le papier ayant rendu fidèlement le sujet tracé sur le métal, cette technique (creux destiné à être rempli) donna naissance à la taille-douce (en remplaçant le niello par de l'encre).
Au XVIIe siècle, cette technique n'est plus utilisée que par les pays orientaux (pour les arabesques) ou russes (Veliki Oustioug) ; elle reprend quelque vigueur au XIXe siècle avec le damasquineur André Colomb (1786-1838).
Dans une utilisation plus commune et à large échelle, ce sont notamment des boîtiers de montres de poche de (période à vérifier) fin 1800, début 1900 que l'on trouve fréquemment ainsi décorés.
Œuvres comportant des nielles
- Plaques de ceinturon en bronze fondu, ornées de dessins gravés et niellés, de travail romain découvertes en Suisse, à Windisch, l'ancienne Vindonissabs.
- Vases du trésor de Berthouville, conservé au cabinet des antiques de la Bibliothèque nationale de Paris.
- Plat d'argent trouvé en Crimée (musée de l'Ermitage), monogramme dont le chiffre et les couronnes sont niellés.
- Bras-reliquaire de saint Landélin à Crespin (Nord).
- Maso Finiguerra : Paix (1452) pour le baptistère de Florence.
- Musée diocésain d'Arezzo, pièces provenant de la Chiesa di Santa Maria Assunta, Bibbiena Capolona et de la cathédrale d'Arezzo.
- Médailles de Francesco Francia.
- Pietro Lombardo : dalle funéraire travaillée en niello du decemvir Alvise Diedo, Basilique de San Zanipolo (Venise), que Canova considère comme un « vrai joyau artistique ».
- Les panneaux au trait ou trous du pavement intérieur du Duomo de Sienne.
Notes et références
Annexes
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