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genre littéraire et théâtral du Moyen Âge et du XVIe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La moralité est un genre littéraire et théâtral du Moyen Âge et du XVIe siècle, didactique et allégorique. Elle met en scène des personnages allégoriques, représentant les vices et vertus des hommes ainsi que les défauts de la société ; le thème central est l’antagonisme entre Bien et Mal.
Cette forme dramatique apparaît à la fin du XIVe siècle[1] et se développe au XVe siècle surtout en France et en Angleterre ; elle disparaît après les années 1550-1560.
La moralité veut donner du monde une explication allégorique. Elle connaît un grand succès au XVe siècle, à une époque qui aime le didactisme imagé, et disparaît progressivement au XVIe siècle quand le théâtre se tourne vers l’imitation de la réalité, conformément à la mimésis aristotélicienne.
Les pièces sont de taille très variable :
La moralité relève autant du théâtre religieux que du théâtre profane : on y trouve des pièces religieuses et édifiantes mais aussi des moralités à tonalité satirique, voire politique ; avec la Moralité du Concile de Bâle en 1434 ou des pièces comme la Moralité à cinq personnages, la Moralité du Pauvre peuple, apparaît un théâtre qui pose des questions autant politiques que religieuses sur l’état de la société.
Au XVIe siècle en France, la moralité se prête particulièrement à la satire et à la polémique religieuse : « Le but que s'assigne la moralité, et que l’allégorie lui rend aisément accessible, consiste à dégager des apparences et de l'obscurité les forces profondes qui agissent dans le monde et dans l'homme, au service du bien ou au service du mal. La moralité dissipe les ténèbres et les illusions du sensible, elle fait tomber les masques et remplace les apparences trompeuses par la réalité (…) Cette révélation peut prendre le ton sérieux du sermon, mais le théâtre est plus efficace quand il fait rire. »[2]. Elle sera notamment utilisée par les Réformés avec un objectif polémique, dans des « moralités de combat », avec un but de propagande évangélisante[3]. On en dénombre 23 de ce type, soit le tiers du répertoire subsistant des moralités du XVIe siècle[4]. Leur représentation a parfois mis en danger les acteurs : à Paris en 1540, cinq acteurs ont été noyés dans la Seine pour avoir monté une moralité protestante estimée hérétique ; à Angers en 1550, à la suite de la représentation d'une moralité intitulée Le Monde renversé « publiquement en la place Neufve par Ie temps et espace de trois jours consécutifs », l'auteur, Martial Guyet, ainsi que son frère et les autres de la troupe, « accusez du crime d'hérésie » ont été condamnés à mort. Ayant pris la fuite, les frères Guyet échappent au bûcher, mais sont brûlés en effigie sur la place des Halles le 22 aout 1556[4].
Au XIXe siècle et au XXe siècle, certains auteurs de théâtre renouent avec les genres dramatiques médiévaux, dont celui de la moralité : Octave Mirbeau, Farces et moralités, 1904, par exemple. En 1911, Hugo von Hofmannsthal adapte Everyman sous le titre de Jedermann ; Jean Sibelius en écrit la musique. Le premier Festival de Salzbourg, le , s’ouvre par la représentation de Jedermann sur la place de la Cathédrale, et depuis, le festival commence traditionnellement par une représentation de cette pièce sur cette même place.
Les moralités utilisent un dispositif scénique semblable à celui des mystères : estrades uniques ou multiples selon la taille de la pièce ; « mansions » en décor simultané. Le choix moral se donne à voir à travers le déplacement accompli devant le spectateur, de gauche à droite, vers une destination bien visible (Enfer et Paradis figurent sur l’estrade)
Au moins deux moralités du XVe siècle donnent des éléments scéniques qui permettent d’en reconstituer la représentation :
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