Michel Bréal est surtout connu pour être le fondateur de la sémantique, dont il a forgé le terme avec son Essai de sémantique paru en 1897[1]. Outre ses travaux linguistiques, on lui doit plusieurs livres sur la mythologie. Il est l'auteur également d'études sur l'éducation en France, l'enseignement des langues anciennes et la réforme de l'orthographe. Il défend le besoin d'apporter une analyse philologique dans l'enseignement du latin, préférant la «gymnastique pour l’intelligence et le raisonnement» aux «mécanismes qui dispensent l’élève de réfléchir»[2].
Il s'est également intéressé aux questions d'éducation. Écrit au lendemain de la défaite de Sedan et publié en 1872, Quelques mots sur l’instruction publique en France se veut un programme de refondation de l’enseignement en France et inspire directement Jules Ferry. Considérant d'un point de vue critique la qualité du savoir transmis dans les écoles françaises, Michel Bréal dénonce l'absence d'éducation des filles. Il prône une formation des maîtres unifiée et cautionnée par l'enseignement supérieur. L'originalité du linguiste tient en partie à ce que «ses références sont situées hors de France: États-Unis pour la séparation des études profanes et laïques, Allemagne pour la qualité de l’enseignement supérieur et la méthodologie d’enseignement des langues vivantes»[3].
Il défend aussi l'idée de la langue internationale auxiliaire. «Ce sont des idiomes existants qui, en se mêlant, fournissent l'étoffe [de l'espéranto]. Il ne faut pas faire les dédaigneux; si nos yeux [...] pouvaient en un instant voir de quoi est faite la langue de Racine et de Pascal, ils apercevraient un amalgame tout pareil[4]. [...] Il ne s'agit pas, on le comprend bien, de déposséder personne, mais d'avoir une langue auxiliaire commune, c'est-à-dire à côté et en sus du parler indigène et national, un commun truchement volontairement et unanimement accepté par toutes les nations civilisées du globe»[5],[4]:230.
Michel Bréal était le fils d'Auguste Bréal, avocat, et de Catherine Worms. Il est le père d'Auguste Bréal[7], artiste peintre, historien d'art et journaliste, élève de Gustave Moreau, et de Clotilde Bréal (1870-1946), qui fut successivement l'épouse de l'écrivain Romain Rolland[8], avec qui elle habita au 76 de la rue Notre-Dame-des-Champs, et du pianiste Alfred Cortot.
Quelques mots sur l'instruction publique en France, Paris, Hachette, (lire en ligne sur Gallica).
Les Tables eugubines: texte, traduction et commentaire, avec une grammaire et une introduction historique, Paris, F. Vieweg, , 395p., lxvii, 25 cm (lire en ligne).
Ludwik Lazar Zamenhof (éd.) (Préface, intitulée «Idée de ce travail», de Essai de sémantique, 1897), «Pri la semantiko : Antaŭparolo», La Revuo: Internacia monata literatura gazeto, Paris, Hachette, vol.2, , p.485 (lire en ligne, consulté le ).
Gabriel Bergounioux, Michel Bréal et le sens de la sémantique, Orléans, Presses universitaires d'Orléans, , 232p., 23 cm (ISBN978-2-91345-403-3, OCLC53177455).
Pierre Boutan, De l'enseignement des langues. Michel Bréal, linguiste et pédagogue, Paris, Hatier, , 24 cm (OCLC963219975).
Marc Décimo, Michel Bréal (1832-1915) et les linguistes de son temps. Catalogue d'exposition, Orléans, Centre Charles Péguy, , 2 cahiers
Nombreuses illustrations, journal intime de Bréal, correspondance, etc.
Marc Décimo et Pierre Fiala, «Michel Bréal, le marathon, l’olympisme et la paix», Mots, ENS Éditions, no76, , p.127-135 (lire en ligne).
Marc Décimo, Sciences et Pataphysique, t.II: Comment la linguistique vint à Paris – De Michel Bréal à Ferdinand de Saussure, Dijon, Les Presses du réel, coll.«Les Hétéroclites», , 415p., 2 vol. 26 cm (ISBN978-2-84066-599-1, OCLC902662247).
Piet Desmet et Pierre Swiggers, De la grammaire comparée à la sémantique: Textes de Michel Bréal publiés entre 1864 et 1898, Leuven-Paris, Peeters,
Anthologie des principaux textes de Bréal avec présentation, commentaire et bibliographie exhaustive de M. Bréal.
(de) Hans W. Giessen (dir.), Heinz-Helmut Lüger (dir.) et Günther Volz (dir.), Michel Bréal – Grenzüberschreitende Signaturen, Landau, Verlag Empirische Pädagogik, coll.«Landauer Schriften zur Kommunikations-und Kulturwissenschaft» (no13), (ISBN978-3-937333-63-2 et 3-937333-63-0).
(de) Hans W. Giessen, Mythos Marathon. Von Herodot über Bréal bis zur Gegenwart, Landau, Verlag Empirische Pädagogik, coll.«Landauer Schriften zur Kommunikations-und Kulturwissenschaft» (no17), , 146p. (ISBN978-3-941320-46-8).
Roland Grossmann, «Michel Bréal (1832-1915): un homme des marches», Mémoires de l'Académie nationale de Metz, , p.221-241 (lire en ligne).
Heinz-Helmut Lüger (dir.), Hans W. Giessen (dir.) et Bernard Weigel (dir.), Entre la France et l'Allemagne: Michel Bréal, intellectuel engagé, Limoges, Lambert-Lucas, , 168p. (ISBN978-2-35935-043-2).
Hans W. Giessen, Heinz-Helmut Lüger, "Michel Bréal, L’homme qui a inventé le Marathon". Alexandre Farnoux, Violaine Jeammet, Christina Mitsopoulou, L’Olympisme, une invention moderne, un héritage antique. Catalogue de l’exposition au Louvre. Paris: Editions du Louvre, Hazan 2024, 26-33. isbn=978-2-35935-043-2.