enlumineur parisien du XIVe siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Maître de Fauvel est un maître anonymeenlumineur actif à Paris entre 1314 et 1340. Il doit son nom de convention à un manuscrit du Roman de Fauvel. Enlumineur très prolifique, avec plus de 80 manuscrits attribués, il a probablement travaillé avec différents collaborateurs.
Le Maître de Fauvel doit son nom de convention à un manuscrit du Roman de Fauvel, œuvre poétique de Gervais du Bus qui a été réalisé pour un personnage de la cour de France, peut-être Philippe V de France. Un très grand nombre de manuscrits lui sont attribués en fonction de son style et le maître anonyme appartenait probablement au milieu parisien des enlumineurs et métiers du livres travaillant autour de l'université de Paris. À une époque où un groupe d'enlumineurs autour de Jean Pucelle renouvelle les modèles et l'art de son temps, le Maître de Fauvel appartient à un groupe plus conservateur mais ayant réalisé un nombre considérable de manuscrits. Il appartient à un groupe de gens du livres installés dans la rue Neuve-Notre-Dame, autour des libraires Geoffroy de Saint-Léger, Thomas de Maubeuge et Richard de Montbaston[1].
Le nom de Geoffroy de Saint-Léger a été retrouvé à plusieurs reprises dans une Bible historiale attribuée au Maître de Fauvel (Bibliothèque Sainte-Geneviève, Ms.22), si bien que certains spécialistes ont proposé de l'identifier à l'enlumineur. Ce Geoffroy est en effet attesté comme un vendeur de livres reconnu par l'université en 1316. Cependant, on sait qu'il décède en 1333, alors que plusieurs manuscrits attribués au Maître de Fauvel sont postérieurs, invalidant cette identification[2].
La grande quantité de manuscrits produits dans le style du Maître de Fauvel et leur grande hétérogénéité pose problème et a conduit les historiens de l'art à tenter de distinguer plusieurs mains et plusieurs artistes. Selon l'historienne de l'art Alison Stones, on peut distinguer un corpus d'une douzaine de manuscrits au style homogène, de grande qualité et destinés à répondre à des commandes royales. À l'inverse, une quarantaine d'ouvrages sont de facture plus sommaire, au trait plus rapide et moins appliqué. Deux hypothèses pourraient l'expliquer: il pourrait s'agir de collaborateurs au style plus fruste travaillant à partir de modèles du maître principal. Il pourrait aussi s'agir du même artiste ou du même groupe d'artistes mais réalisant des commandes de manière moins soignée, adaptant leur style en fonction de la nature ou de la qualité des commandes. Des différences similaires peuvent être notées dans le corpus des œuvres de l'enlumineur parisien contemporain, Maître Honoré. Voilà pourquoi Stones propose d'appeler l(es) auteur(s) de ce second corpus moins soigné le Maître de Sub-Fauvel (Sub-Fauvel Master)[3].
Enfin, quatre autres enlumineurs, collaborateurs réguliers, ont été repérés par Alison Stones et sont considérés désormais comme de véritables artistes autonomes. Le Maître du Perceval BNF Fr.1453 est l'auteur unique des miniatures d'un manuscrit de Perceval de Chrétien de Troyes conservé à la BNF qui lui a donné son nom de convention. Il a aussi collaboré à la réalisation d'une bible historiale copiée par Jean Papeleu, avec un artiste identifié généralement à Richard de Verdun. Il a collaboré à la fois avec le Maître de Fauvel (dans l'Ovide moralisé de Rouen) et le Maitre de Sub-Fauvel (dans le Roman des sept âges de Bruxelles par exemple). Une quinzaine de manuscrits lui sont ainsi attribués[4].
Le Maître de la Rose de Rennes doit son nom de convention à un manuscrit du Roman de la Rose conservé à la Bibliothèque de Rennes (Ms.243). Son corpus est restreint à 3 manuscrits en collaboration avec notamment le Maître de Sub-Fauvel[5].
Un autre artiste est associé à un autre libraire du nom de Thomas de Maubeuge, ayant réalisé la décoration d'un manuscrit des Grandes Chroniques de France supervisé par ce dernier (BNF, Fr.10132). Thomas de Maubeuge est connu pour avoir fourni plusieurs livres à des membres de la famille royale, dont certains de Jean Pucelle: Mahaut d'Artois, Guillaume Ier de Hainaut, Jean de Normandie et Charles IV le Bel lui-même. Plusieurs de ces ouvrages ont été réalisés par cet artiste anonyme ce qui a justifié pour ce dernier son nom de convention: le Maître de Thomas de Maubeuge ou Maître de Maubeuge, auquel Richard et Mary Rouse ont attribué un grand nombre de manuscrits[6].
Un autre artiste est associé au libraire Richard de Montbaston. Ce dernier, originaire de Normandie comme Saint-Léger, est actif de 1338 à 1353 et son activité est perpétuée par sa femme Jeanne. Comme pour Geoffroy Saint-Léger, on a pensé qu'il était lui-même enlumineur, ou alors sa femme Jeanne. Cependant, aucun document ne vient confirmer son rôle en dehors de celui de vendeur de livre donc le maître anonyme est souvent privilégié[7].
Une douzaine de manuscrits sont attribués à l'artiste mais plus de 80 à son atelier[8].
Grandes Chroniques de France, avec le Maître de Subfauvel, vers 1317, BNF, Fr.2815[14]
Image du monde, ayant appartenu à Guillaume Flote, BNF, Fr.574
Roman d'Alexandre, BNF, Fr.24365
Ovide moralisé, exemplaire pour Clémence de Hongrie (?), en collaboration avec le Maître du Perceval BNF Fr.1453, vers 1320-1328, Bibliothèques de Rouen, Ms.1044 (O.4)[15]
Miroir historial pour Jeanne de Bourgogne, en collaboration avec le Maître du Perceval BNF Fr.1453, vers 1316-1340, BNF Fr.316 et Walters Art Museum, Baltimore, W.140
Grandes Chroniques de France, ayant appartenu à Jeanne d'Amboise, femme de Guillaume Flote, en collaboration avec le Maître du Perceval et le Maître de Maubeuge, vers 1330, bibliothèque municipale de Castres[18]
(en) François Avril, Edward H. Roesner, Nancy Freeman, Le roman de Fauvel in the Edition of Mesire Chaillou de Pesstain: A Reproduction in Facsimile of the Complete Manuscript Paris, Bibliothèque Nationale, Fonds français 146, New York, 1990
(en) Alison Stones, «The stylistic context of the Roman de Fauvel, with a note on Fauvain», dans Margaret Bent et Andrew Wathey, Fauvel Studies: Allegory, Chronicle, Music, and Image in Paris, Bibliothèque Nationale de France, MS Français 146, Oxford, Clarendon Press, (lire en ligne), p.529-567
(en) Richard Rouse et Mary Rouse, Manuscripts and their makers. Commercial book producers in medieval Paris, 1200-1500, Londres, 2000, t. 1, p. 203, 208-209, 217, 225-228, 230-232, 385 n. 207 et t. 2, p. 191, 198.