Philosophe de la culture de la plus haute lignée, Blaga affirme que les coordonnées spatio-temporelles (les « horizons »), qu'il faut aussi entendre en un sens sublimé, jouent un rôle essentiel. Concernant l'identité culturelle de son pays, au cœur d'un débat qui a passionné les esprits entre les deux guerres, c'est notamment ce qu'il nomme « l'espace mioritique » (un concept issu de la ballade Miorița) qui permet de saisir l'essence de l'esprit roumain profondément marqué par l'idée de destin.
La musique folklorique roumaine, à laquelle un Georges Enesco donnera ses lettres de noblesse, en atteste avec éclat: «la doïna exprime la mélancolie d'une âme qui monte et descend sur un plan indéfiniment ondulé […] aspirant à dépasser la colline-obstacle que le sort dresse devant elle. C'est de cet horizon spatial, de cet espace-matrice […] douée d'accents qui en font le cadre d'une certaine destinée, que se sent solidaire l'inconscient de notre âme roumaine.».
Blaga, qui était entré dans la carrière diplomatique en 1926, est successivement en poste à Varsovie, Prague, Vienne (1932), Berne et Lisbonne (1938). Élu à l'Académie roumaine en 1937, puis professeur à l'université de Cluj en 1940, il fut un temps proche du courant existentialiste et anti-rationaliste de Gândirea(ro) (« La Pensée ») qui fondait la « roumanité » dans le vécu orthodoxe, mais avait fini par s'en éloigner.
Au lendemain de la guerre, le régime communiste le réduit à l'isolement (en allant jusqu'à s'opposer à ce qu'il puisse concourir pour le prix Nobel). Il ne lui reste plus, alors, que son lyrisme pour chanter en poète ce que lui inspire « l'étoile la plus triste ».
L'Éon dogmatique, Lausanne, L'Âge d'Homme, .
Éloge du village roumain et autres textes, Paris, L'Aube,
Les différentielles divines, Paris, Librairie du Savoir,
Mircea Itu, Indianismul lui Blaga (L’indologie de Lucian Blaga), Préface de Cicerone Poghirc, Brașov, Maison d’édition Orientul latin, 1996, (ISBN973-97590-1-7).
Romulus Vulcănescu, Izvoare de cultură («Sources de culture»), Bucarest, Maison d’édition Sport-Turism, 1988.
Dumitru Micu, Lirica lui Blaga (La poésie de Blaga), Bucarest, Editura pentru literatură, 1967.
Mircea Itu, Marele Anonim și cenzura transcendentă la Blaga. Brahman și māyā la Śaṅkara («Le grande Anonyme et la censure transcendante chez Blaga. Brahman et māyā chez Adi Shankara»), dans Caiete critice («Cahiers critiques») 6-7 (236-237), Bucarest, 2007, pages 75-83, (ISSN1220-6350).
Mircea Itu, Lucian Blaga despre buddhism. De la saṃsāra la nirvāṇa («Lucian Blaga sur le bouddhisme. Du saṃsāra au nirvāṇa»), dans Analele Universității Spiru Haret («Les annales de l’Université Spiru Haret»), études de philosophie, numéro 4, Bucarest, Maison d’édition de la Fondation «Roumanie de demain», 2002, (ISSN1454-9506).
Dumitru Micu, Estetica lui Lucian Blaga (L'esthétique de Blaga), Bucarest, Editura Științifică, 1970.
Dumitru Micu, Autofăurirea prin logos (La création par le logos), Bucarest, Editura Constelații, 2003.
Sergiu Al-George, Arhaic și universal. India în conștiința culturală românească: Brâncuși, Eliade, Blaga, Eminescu («Archaïque et universel. L'Inde dans la conscience culturelle roumaine: Brancusi, Eliade, Blaga, Eminescu»), Bucarest, Maison d’édition Eminescu, 1981.
Mircea Itu, Blaga and Śaṅkara («Blaga et Śaṅkara»), dans le journal de l’Université Alma Mater, Volume 1, numéro 1, Sibiu, Maison d’édition Alma Mater, 2008, (ISSN2065-2356).
Ioan Alexandru David, Philosophie et métaphysique de la créativité chez Lucian Blaga: Un Dieu mutilé, Paris, Classiques Garnier, coll. "Philosophies contemporaines", 2024.