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livre de Henry James De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Tour d'écrou (The Turn of the Screw[1]) est un roman court fantastique (appartenant au sous-genre des histoires de fantômes) de l'écrivain américano-britannique[2] Henry James, paru initialement en feuilleton dans le magazine Collier's Weekly, du 27 janvier au 2 avril 1898. Mais le récit est autant une histoire de fantômes qu'une histoire de fantasmes. Le Tour d'écrou a été également popularisé dans le monde, après son adaptation en opéra par Benjamin Britten en 1954.
Le Tour d'écrou | |
Première page de la première partie du récit parue dans le magazine Collier's Weekly en janvier 1898. | |
Publication | |
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Auteur | Henry James |
Titre d'origine | The Turn of the Screw
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Langue | anglais |
Parution | William Heinemann, Londres ; The Macmillan Co., New York : |
Intrigue | |
Genre | roman court fantastique, histoires de fantômes |
Lieux fictifs | manoir dans l'Essex, Angleterre |
Personnages | Prologue : le premier narrateur ; Douglas, le second narrateur ; Mrs Griffin, auditrice. Récit : Douglas, narrateur de la première histoire ; l'oncle et tuteur des enfants ; la nouvelle gouvernante ; Miles, âgé de dix ans ; Flora, petite sœur de Miles, âgée de huit ans ; Mrs Grose, intendante ; Miss Jessel, gouvernante décédée ; Peter Quint, valet décédé. |
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Le narrateur assiste à la lecture du journal d'une gouvernante. La jeune femme a été engagée par un riche célibataire pour veiller sur ses neveu et nièce, Flora et Miles. Orphelins, ceux-ci vivent dans une vaste propriété isolée à la campagne. Les deux enfants apparaissent extraordinairement charmants[3], mais leur comportement semble de plus en plus étrange à la jeune gouvernante. Elle se rend compte, peu à peu, d'effrayantes apparitions, dont celle d'un homme, un ancien serviteur, Peter Quint, qui entretenait une liaison avec la précédente gouvernante, miss Jessel. Les deux sont morts peu avant l'arrivée de la nouvelle gouvernante, mais ils semblent toujours exercer sur les enfants une attirance maléfique. La nouvelle gouvernante essaye de les en détourner.
Considérée comme un remarquable exemple du genre, cette nouvelle fantastique fait osciller le lecteur entre une interprétation rationnelle et une interprétation surnaturelle des faits, en instaurant une tension au sein du réel, mais aussi en raison des ellipses et des non-dits distillés par l'auteur.
En effet, « l'inquiétante étrangeté » du récit réside dans le fait que le lecteur ne sait jamais vraiment si les apparitions perçues par la gouvernante sont de « vrais » fantômes ou des hallucinations. De même qu'on ne saura jamais rien des agissements exacts de Quint et de Miss Jessel, les anciens serviteurs, avec les deux enfants, si ce n'est qu'aux yeux d'une certaine bienséance, Miles passait trop de temps avec Quint, un « vil domestique », selon les termes de Mrs Grose — ignorance suscitant chez le lecteur le sentiment d'une attente trompée[5]. Autre mystère : le lecteur ne connaîtra jamais la raison exacte du renvoi de Miles de son collège.
Ces mystères et ce brouillage de la réalité ou de la « vérité » des rencontres occultes des enfants et des fantômes qui hantent la jeune institutrice apparaissent ainsi comme les « fils de cette tapisserie mentale[6] », métaphore du texte littéraire selon James : une tapisserie dont le dessin se constitue fil après fil, thème auquel il consacra une autre nouvelle en 1896, Le Motif dans le tapis. La virtuosité de James consiste ainsi à mettre en place « une redoutable stratégie narrative », en multipliant les pistes et fausses pistes, aiguisant l'imagination du lecteur, lui laissant le soin de combler les lacunes de la narration et d'élaborer sa propre interprétation. Dans son Art of fiction, James définit Le Tour d'écrou comme « une excursion dans le chaos ».
La nouvelle, parfois considérée comme un court roman, fut saluée lors de sa parution, autant par la critique que par des auteurs tels Oscar Wilde[7] ou, par la suite, Jorge Luis Borges. Mais elle suscita aussi, à l'époque de sa publication, de nombreuses réactions indignées, l'imagination des lecteurs se laissant prendre au piège à fantasmes tendu par James ; comme en témoigne une critique dans le journal The Independent du 3 janvier 1899, évoquant « l'histoire la plus irrémédiablement dépravée que nous ayons jamais lue dans la littérature ancienne et moderne », une « étude de l'infernale débauche humaine[8] ». Elle a longtemps nourri la réflexion de commentateurs du genre, comme Tzvetan Todorov, et continue d'en nourrir d'autres encore.
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