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journal littéraire publié entre 1824 et 1832 De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le Globe, sous-titré journal littéraire, puis philosophique et littéraire est un journal paru à Paris le . En 1828, il devient aussi politique. Il fut fondé et dirigé par Pierre Leroux et Paul-François Dubois, ce dernier assumant le rôle de rédacteur en chef jusqu'en 1830. En , Le Globe devient le journal de la doctrine de Saint-Simon, puis en août de la même année le journal de la religion saint-simonienne. Il cesse de paraître le .
À sa création, Le Globe se présente comme une feuille de 4 pages de format in-quarto paraissant tous les deux jours, puis deux fois par semaine à partir de 1828. Les fonds nécessaires à la réalisation du journal sont apportés par Alexandre Lachevardière, un imprimeur avec lequel Pierre Leroux, typographe de formation, avait des contacts. Ancien normalien, Dubois n'était pas un débutant dans le journalisme. En 1823, il avait notamment collaboré aux Tablettes universelles, recueil mensuel d'esprit libéral fondé en 1820. À la demande de Leroux, il s'associe à l'entreprise et se charge de recruter les journalistes. Lors de la constitution du groupe littéraire, les principaux rédacteurs, parmi lesquels Dubois, Damiron, Jouffroy, Artaud, Trognon, étaient en majorité issus de l’École normale, si bien que le journal fut souvent associé aux doctrinaires. Cependant, ces derniers n’ont pas participé à sa création et restèrent en dehors du groupe de rédaction. Charles de Rémusat, futur ministre de l'Intérieur de Thiers en 1840, rejoint le journal en 1825.
Les rédacteurs du Globe étaient de jeunes intellectuels libéraux nés entre 1793 et 1804. Libres d’attaches antérieures, ils se veulent la jeune France et se démarquent de leurs aînés. La liberté est leur maître-mot. Opposés aux Ultras, ils se réclament de l’héritage de 1789, mais récusent l’esprit révolutionnaire. Sur le plan religieux et philosophique, ils adhèrent pour la plupart au déisme et au spiritualisme rationnel, dans la tradition de Descartes, et réfutent le sensualisme matérialiste de Condillac.
D'abord littéraire, Le Globe fut considéré par ses contemporains comme le « principal organe du romantisme en France ». Les « globistes » se désignent volontiers comme « romantiques », sans pour autant s’enrôler sous une bannière. Plusieurs d’entre eux, dont Duvergier de Hauranne, Vitet, Magnin sont engagés dans les débats qui divisent la critique. Ils revendiquent la « liberté littéraire » contre les idées classiques et soutiennent la réforme du théâtre. Ouverts aux œuvres étrangères, ils veulent une littérature vivante qui exprime les préoccupations de leur temps. Leur appel au renouvellement vaut pour tous les genres littéraires, la musique et les beaux-arts, et toutes les créations de l’esprit.
Affirmant ses ambitions, le journal adopte en le sous-titre de « journal philosophique et littéraire ». La philosophie occupe alors une place de choix. En , le terme de « journal » est remplacé par celui de « recueil ». Ce nouveau changement de sous-titre illustre l’importance accordée, dès la création du Globe, aux recueils de textes à caractère encyclopédique très appréciés des lecteurs, y compris à l'étranger.
Cette même année 1827 est marquée par la création d’une société par actions visant à assurer l’indépendance financière de l'entreprise. À ce moment, le journal comptait 800 à 900 abonnés, ce qui n’est pas si mal pour un périodique jugé élitiste, mais peu par rapport au Constitutionnel (20 000 abonnés)[1]. Cependant, le nombre de lecteurs du Globe excédait largement cette estimation du fait des envois gratuits qui en doublaient la diffusion.
La chute du gouvernement Villèle en janvier 1828 représente un tournant. Sous le ministère Martignac, la nouvelle loi sur la presse, définitivement adoptée le , instaure un régime plus favorable et supprime l’autorisation préalable pour les journaux politiques. Le , Le Globe devient officiellement « journal philosophique, politique et littéraire ». De nouveaux journalistes entrent à la rédaction, dont Armand Carrel et Louis Viardot. Parallèlement, les doctrinaires créent La Revue française, un bimestriel qui se situe dans une même communauté d’idées avec Le Globe.
À partir d’, la rédaction du journal s’apprête à la « résistance légale » au ministère Polignac. Le , dans un contexte politique tendu, Le Globe change de formule et devient quotidien. La politique passe au premier plan (« journal politique, philosophique et littéraire »). L’éditorial du premier numéro du Globe quotidien, rédigé par Dubois sous le titre « La France et les Bourbons en 1830 », fait scandale en posant la question dynastique. Ce dernier comparaît en justice le et est condamné le à quatre mois de prison et 2000 francs d’amende. Rémusat devient l'animateur du journal.
Le , à la veille de la révolution de Juillet, il rédige avec Thiers, dans les bureaux du National, une protestation solennelle des journalistes contre les ordonnances de Charles X, publiée le lendemain dans les journaux Le National, Le Globe et Le Temps :
« Le régime légal est […] interrompu, celui de la force est commencé. Dans la situation où nous sommes placés, l’obéissance cesse d’être un devoir. […] Aujourd’hui donc, des ministres criminels ont violé la légalité. Nous sommes dispensés d’obéir. Nous essaierons de publier nos feuilles sans demander l’autorisation qui nous est imposée. »
La révolution de Juillet eut pour conséquence la fin de la cohésion du groupe de rédacteurs, partagés entre « orléanistes », les plus nombreux, et « républicains », Pierre Leroux en tête. Une crise s’ouvre au sein du journal, dont les principales étapes sont les suivantes :
Une campagne d’abonnements est lancée par la nouvelle direction avec un certain succès. Cependant, l’orientation prise par le journal entraine la défection de nombreux lecteurs de l’ancien Globe et la quantité d’abonnés baisse rapidement. En , le journal change de sous-titre pour devenir « journal de la religion saint-simonienne » ; il est alors diffusé gratuitement. Des difficultés économiques ainsi que de graves divergences de doctrine amènent la fin du Globe saint-simonien le .
« On se rappelle ce que fut cette feuille célèbre. En philosophie, le spiritualisme ; en histoire, une curiosité intelligente, impartiale, et même sympathique pour les temps anciens et les divers états des sociétés humaines ; en littérature, le goût de la nouveauté, de la variété, de la liberté, même sous ses formes les plus étrangères et dans ses plus grossiers mélanges : c'était là le drapeau des rédacteurs du Globe. »
— Eugène Hatin, Histoire politique et littéraire de la presse en France, t. viii, Paris, Poulet-Malassis, 1861, p. 499.
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