Certaines informations figurant dans cet article ou cette section devraient être mieux reliées aux sources mentionnées dans les sections «Bibliographie», «Sources» ou «Liens externes» ().
«Sa tête retomba en arrière, mais elle m'entourait toujours de ses bras comme pour me retenir.» Eau-forte d'Eugène Decisy d'après une aquarelle de Paul Albert Laurens, 1904.
Âgé de soixante-six ans, le vieux Romuald raconte à un autre ecclésiastique, qu'il nomme «frère», les faits étranges qui ont suivi son ordination.
Alors jeune desservant d'une cure de campagne, il vit une expérience troublante: le jour, il est homme d'église, la nuit, il est un seigneur de Venise. Cette existence bicéphale prend sa source dans sa rencontre avec Clarimonde, une courtisane sur laquelle courent les plus sordides rumeurs. Frère Sérapion met en garde Romuald: il ne doit pas se laisser tourmenter par une goule, un vampire qui n'a d'autre volonté que de l'éloigner et de le faire venir au diable.
Mais la fascination qu'elle exerce sur lui est telle qu'il naît entre eux un amour plus fort que la mort. Un amour qui permit à Clarimonde de revenir d'un endroit «Sans Soleil ni Lune» pour rejoindre son aimé.
Pour Romuald, tout devient de plus en plus confus. Il ne sait qui, du prêtre ou du gentilhomme, représente l'identité chimérique. Mais un soir, il découvre que Clarimonde le drogue pour qu'il s'endorme profondément afin qu'elle puisse le piquer de son aiguille en or avant de se nourrir parcimonieusement de son sang.
Vivement encouragé par Sérapion, Romuald et l'abbé vont chercher tous deux la tombe de Clarimonde dans le cimetière de la commune. Trouvant l'emplacement du cercueil, Sérapion n'hésite pas à le profaner en l'ouvrant. La belle courtisane y gît, blanche mais fraîche, sereine, un filet de sang coulant de ses lèvres. Saisi d'une rage folle, le vieil abbé exorcise la morte dont le cadavre se désagrège en un tas de «cendre et d'os».
La nuit suivante, Romuald revoit une dernière fois Clarimonde dans son sommeil; la défunte lui signifie que leurs corps et âme sont séparées à jamais et qu'il regrettera d'avoir laissé l'abbé violer sa tombe. De fait, malgré le salut de son âme, Romuald en vient à éprouver fréquemment des remords pour son amour perdu.
Eaux-fortes d'Eugène Decisy d'après des aquarelles de Paul Albert Laurens, 1904
Romuald croit voir la silhouette de Clarimonde dans son jardin.
Romuald et Clarimonde mènent une existence fastueuse à Venise.
Clarimonde pique le bras de Romuald avec une épingle d'or pour se nourrir de son sang.
L'abbé Sérapion conduit Romuald au cimetière où est enterrée Clarimonde.
Sérapion brise le cercueil de Clarimonde.
Romuald se remémore amèrement son amour perdu.
Adaptations de l'œuvre
Peter Kassovitz réalise en 1979 un téléfilm homonyme, qui adapte pour notre époque ("en inspiration libre") la nouvelle de Gautier (François Marthouret, Jean Martin, Gérard Desarthe et Daniel Russo au générique). Scénario signé Pierre Badel et Chantal Rémy[1],[2].
En outre, «Clarimonde» (1998) est un épisode écrit par Gérard Wexler pour la série télévisée Les Prédateurs[3].
Éditions
Liste non exhaustive.
Théophile Gautier, «Contes et récits fantastiques», éd. Le Livre de poche, n°6895, pages 77 à 115
Sarah Cohen-Scali,"Les dents de la nuit " , éd. Le livre de poche , pages 11 à 34 ( version abrégée).
Jean-Marc Lofficier et Randy Lofficier (préf.Stephen Bissette), French Science Fiction, Fantasy, Horror and Pulp Fiction: A Guide to Cinema, Television, Radio, Animation, Comic Books and Literature from the Middle Ages to the Present, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Company, , 787p. (ISBN978-0-7864-0596-1), p.82.
(en) Harris M. Lentz, Science Fiction, Horror & Fantasy Film & Television Credits, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Company, , p.1886
Voir aussi
Bibliographie
Adriana Apostol, «L'amour passionnel, thème du discours ou thème du regard? La Morte amoureuse de Théophile Gautier», Studii şi Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice, Université de Pitești, no1, , p.129-143 (ISSN1843-3979, lire en ligne).
Adriana Apostol, «Adjuvants et opposants de l'amour dans le récit fantastique. Deux expériences: Copca Rădvanului (G. Galaction) et La Morte amoureuse (Th. Gautier)», Studii şi Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice, Université de Pitești, no2, , p.23-35 (ISSN1843-3979, lire en ligne).
Jean Bellemin-Noël, «Notes sur le Fantastique (textes de Théophile Gautier)», Littérature, Paris, Éditions Larousse, no8 «Le fantastique», , p.3-23 (lire en ligne).
Amélie Berthou-Sergeant et Léo Lamarche, «Théophile Gautier, La Morte amoureuse: étude d'une œuvre intégrale, 4e», NRP. Lettres collège. Cahier, Paris, Nathan, nos632-2, , p.1-32 (ISSN2112-2644, lire en ligne).
Pierre Brunel, «Clarimonde», dans Juliette Vion-Dury et Pierre Brunel (dir.), Dictionnaire des mythes du fantastique, Limoges, Presses universitaires de Limoges, , 297p. (ISBN978-2-84287-276-2), p.33.
(es) Juan Herrero Cecilia, «La comparación y la analogía como estrategia retórico-discursiva para evocar la figura inefable de la mujer supranatural en La Morte amoureuse de Théophile Gautier», Thélème: Revista complutense de estudios franceses, Servicio de Publicaciones de la Universidad Complutense de Madrid, no11, , p.451-459 (ISSN1139-9368).
Maria do Nascimento Oliveira Carneiro, «L'art d'enfanter des chimères dans La Morte Amoureuse de T. Gautier», Intercâmbio - Revista de Estudos Franceses da Universidade do Porto, no2, , p.67-74 (lire en ligne).
Marie-Pierre Chabanne, «La Morte amoureuse, ange romantique de la Beauté, et les dispositifs pré-cinématographiques de Gautier», dans Laurent Gourmelen (dir.), Le dépassement des limites. Au-delà de l'humain, Angers, Presses universitaires de Rennes, coll.«Nouvelles Recherches sur l'Imaginaire» (noXLIII), , 360p. (lire en ligne), p.153-168.
Natalie David-Weill, Rêve de pierre: la quête de la femme chez Théophile Gautier, Genève, Droz, coll.«Histoire des idées et critique littéraire» (no274), , 157p.
Jean Decottignies, «À propos de «La Morte amoureuse» de Théophile Gautier: fiction et idéologie dans le récit fantastique», Revue d'histoire littéraire de la France, Paris, Armand Colin, no4, 72eannée «Théophile Gautier», , p.616-625 (ISSN0035-2411, lire en ligne).
Nathalie Dumas, «L'érotisme cristallin de Théophile Gautier: étude de la figure de la «morte amoureuse» dans les contes fantastiques», dans Nigel Harkness, Lisa Downing, Sonya Stephens et Timothy Unwin (dir.), Birth and Death in Nineteenth-Century French Culture, Amsterdam / New York, Rodopi, coll.«Faux Titre» (no301), , 260p. (ISBN978-90-420-2260-7, DOI10.1163/9789401204866_015), p.191-200.
(en) Anne E. Linton, «Redeeming the Femme Fatale: Aesthetics and Religion in Théophile Gautier's La morte amoureuse», The French Review, American Association of Teachers of French, vol.89, no1, , p.145-156 (ISSN0016-111X, JSTOR24547854).
Didier Maleuvre, «Le discours fantastique de La Morte amoureuse», Paroles gelées: UCLA French Studies, Los Angeles, University of California, vol.7, , p.15-30 (ISSN1094-7264, DOI10.5070/PG771003225, lire en ligne).
Alain Montandon, «Gautier et Balzac: à propos de La Morte amoureuse», Bulletin de la Société Théophile Gautier, Montpellier, Université Paul-Valéry, no15 «Colloque «Théophile Gautier en son temps»», , p.263-286 (ISSN0221-7945).
Nicole Moulinoux, «La Morte amoureuse ou la mise à mort du fantastique», Les Cahiers du CERLI, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, no20 «Eros science et fiction fantastique. Actes du XIe colloque du CERLI, Aix-en-Provence, », , p.37-42 (ISBN2-85399-252-7).
Maria do Nascimento Oliveira, «Les «visages» du mourir dans les récits fantastiques de Gautier», Bulletin de la Société Théophile Gautier, Montpellier, Université Paul-Valéry, no18 «La Comédie de la Vie et de la Mort. Colloque international Maisons-Laffitte, », , p.327-333 (ISSN0221-7945, lire en ligne).
Delphine Pédron, «Les aberrations de l'espace dans le texte fantastique: étude de «La Morte amoureuse» de Théophile Gauthier», Cahiers Figura, Montréal, Université du Québec à Montréal (UQAM), no7 «Pratiques de l'espace en littérature», , p.141-167 (lire en ligne).
(en) Susan L. Rogers, «The Eye/I of the Vampire: Lacanian Subjectivity in Théophile Gautier's La Morte Amoureuse», Lit: Literature Interpretation Theory, vol.5, no2, , p.169-185 (DOI10.1080/10436929408580135).
Jiří Šrámek, «Les «Mortes amoureuses» de Théophile Gautier», Études romanes de Brno, vol.22, , p.9-18 (ISSN0231-7532, lire en ligne).
(en) Nigel E. Smith, «Gautier, Freud and the Fantastic: Psychoanalysis avant la lettre?», dans Joe Sanders (dir.), Functions of the Fantastic: Selected Essays from the Thirteenth International Conference on the Fantastic in the Arts, Westport (Connecticut) / Londres, Greenwood Press, coll.«Contributions to the Study of Science Fiction and Fantasy» (no65), (ISBN0-313-29521-2), p.67-75.
Małgorzata Sokołowicz, ««C'est une histoire singulière et terrible…»: La Morte amoureuse ou la fascination romantique pour les vampires», Romanica Silesiana, no11, , p.51-59 (lire en ligne).
Jiří Šrámek, «Les «Mortes amoureuses» de Théophile Gautier», Études romanes de Brno, vol.22, no1, , p.9-18 (ISSN0231-7532, lire en ligne).
Bernard Terramorsi, «Une cure d'amour: note sur La morte amoureuse de Théophile Gautier», Expressions, Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), université de La Réunion, , p.71-86 (lire en ligne).
Rion Valery, «Le fantastique gautiérien et la mise en scène du sublime», Studii şi Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice, Université de Pitești, no23, , p.134-148 (ISSN1843-3979, lire en ligne).
Razvan Ventura, «Femme et froideur dans les nouvelles de Théophile Gautier», Studii şi Cercetari Filologice: Seria Limbi Romanice, Université de Pitești, no1, , p.150-157 (ISSN1843-3979, lire en ligne).
Ying Wang, «La Puissance fantastique de la femme vampire dans «La Morte amoureuse»», Nineteenth-Century French Studies, Lincoln (Nebraska), University of Nebraska Press, vol.38, nos3/4, printemps-été 2010, p.172-182 (ISSN0146-7891, JSTOR23538591).