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Études supérieures en France De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les classes préparatoires littéraires constituent en France une des trois filières des classes préparatoires aux grandes écoles — les deux autres étant la filière scientifique et la filière économique et commerciale.
Classe préparatoire littéraire | |
Certification du ministère de l'Enseignement supérieur garantissant son contrôle. | |
Lieu | France |
---|---|
Établissements | Lycée général en CPGE |
Sélection | |
Diplôme ou concours requis | Diplôme de Baccalauréat général avec inscription sur Parcoursup |
Niveau ou grade requis |
Niveau 4 RNCP/CEC. Bac + 0 |
Diplôme | |
Durée de la formation | 2 ans ou 1 an (prépa ATS) |
Diplôme délivré | Aucun |
Niveau délivré | Aucun |
Grade délivré | Aucun |
Débouchés | |
Diplômes accessibles | Licence ou Concours de grandes écoles |
modifier |
Par une formation célèbre pour son exigence, elles préparent en deux ans aux très sélectifs concours littéraires d'admission des Écoles normales supérieures, au concours de l'École nationale des chartes[1], mais aussi aux concours des écoles supérieures de commerce et de gestion ou encore aux concours de certains Instituts d'études politiques ou du CELSA. En France, de nombreux écrivains, intellectuels, philosophes et personnalités politiques du XXe siècle ont suivi cette formation.
En argot scolaire, khâgne est le surnom qui fut donné au XIXe siècle en raillerie à cette classe préparatoire, par les élèves préparant les écoles militaires. Le terme désigne plus précisément la seconde année qui était autrefois la seule qui existait (officiellement « première supérieure »). La première année (officiellement « lettres supérieures »), qui s'est intercalée entre la terminale et la première supérieure, fut baptisée hypokhâgne (du grec hypo, « en dessous »).
De 1830 jusque vers 1890, les bacheliers préparent le concours de l'École normale supérieure en retournant en classe de rhétorique (actuelle classe de première) avec les élèves non bacheliers, et les professeurs leur donnent des exercices plus difficiles qu'aux autres. C'est Numa Denis Fustel de Coulanges, directeur de l'École normale supérieure de 1880 à 1883, qui appelle à la création de classes autonomes. Il faut attendre plusieurs décennies pour cela dans certains lycées. Mais, dès le début des années 1890, le lycée Louis-le-Grand crée une classe spéciale de rhétorique supérieure (la Cagne Grand), puis une classe de « rhétorique-vétérans » ou hypocagne. En 1897, le lycée Henri-IV dispose aussi depuis plusieurs années d'une classe de rhétorique supérieure en deux sections qui permet de passer le concours au bout d'un an ou deux. Au lycée Ampère de Lyon, c'est en 1901 qu'est créée une classe de rhétorique supérieure autonome. En 1903, le nom de « première » remplace celui de « rhétorique » et peu à peu les rhétoriques supérieures deviennent des premières supérieures[2].
On ajouta ensuite la classe de « lettres supérieures » (lettres sup) avant la « première supérieure ». La classe de « lettres supérieures » puis celle de « première supérieure » constituaient désormais une préparation à l'ENS sous forme d'une prolongation en deux ans des études en lycée, après la classe de rhétorique (première) et la classe de philosophie (actuelle terminale). Ce système finit par devenir la règle au cours des années 1930.
Être cagneux, c'est avoir les genoux tournés en dedans (pieds écartés, genoux rapprochés). Dans la seconde moitié du XIXe siècle, ce mot de cagneux a été utilisé pour se moquer des universitaires, répétiteurs, professeurs ou autres normaliens, férus d'études classiques, toujours plongés dans leurs livres. Par exemple, le 21 février 1866, Edmond de Goncourt note :
« Je remarque que les fougueux célébrateurs du nu, des vieilles civilisations athlétiques et gymnastiques, sont en général de cagneux universitaires, au pauvre et étroit torse, enfermé dans un gilet de flanelle. »
En 1869, dans Le testament d'un blagueur, Vallès écrit :
« Il y en a en tuniques à collets verts, ce sont les normaliens ; ils ont sur le crâne et au flanc un claque et une épée ! Une épée ! non, c'est sans doute dans ce fourreau de cuir qu'on place une plume d'oie à la barbe triste et au bec sale, la plume des cuistres ! Pourquoi une épée ? En voici un dans cet uniforme qui est cagneux, boiteux et tire la patte. Donnez-lui donc des béquilles plutôt ! »
Comme le précise Pierre Vidal-Naquet dans le premier tome de ses mémoires, c'est quand les premières classes de rhétorique supérieure (ancêtre de la première supérieure) sont créées que les cornichons, qui font de l'équitation et de l'escrime pour préparer l'École spéciale militaire de Saint-Cyr, se mettent à utiliser cette moquerie à l'encontre des élèves de rhétosup, qui se consacrent à des activités intellectuelles et seront plus tard universitaires et professeurs[réf. souhaitée]. De là, les cagneux, puis la cagne. Les littéraires se mettent alors eux-mêmes à employer cette dénomination, mais vers les années 1910, élaborent l'orthographe pseudo-grecque khâgneux et khâgne (puis hypokhâgne), afin de la faire apparaître plus savante et d'occulter sa réelle signification[3].
Si la plupart des classes préparatoires françaises possèdent leurs traditions, la mythologie de la khâgne est sans doute une des plus riches[4], même si l'ancienneté réelle de ces pratiques est sujette à débat et que les réformes successives ont fait disparaître un bon nombre de traditions.
Citons entre autres : la tendance à ajouter des racines pseudo-grecques ou pseudo-latines aux termes (khâgneux, khrâssage, khôlle, mestre, festival de khâgne… On retrouve déjà cette pratique chez l'ex-khâgneux Alfred Jarry ou la déesse fictive de la khâgne, Vara (ou Whara, de varus, a, um, « cagneux » en latin), nom donné à la chouette d'Athéna, symbole de sagesse, dont la figure orne les livres des éditions des Belles Lettres. Le bizutage, parfois appelé « intronisation » ou « thîronnage », varie d'un établissement à l'autre, et est en voie de disparition du fait de l'interdiction nationale.
Traditionnellement sont organisés des événements de fin d'année réunissant professeurs et élèves, autour d'un repas, d'un spectacle mettant en scène les professeurs caricaturés ou simple rencontre des parties tenantes de la CPGE dans un bar. Le Lycée Carnot à Dijon en maintient la forme sans doute la plus aboutie : le « Boulal » (mot dont l'origine demeure inconnue, plusieurs hypothèses explicatives sont avancées, toutes étant tirées par les cheveux, Bural prononcé avec un fort accent étranger, ou singulier du mot « Bureau» (ce qui donne Boulal-Bouleau, compal-compo, puis pale…) « Boulè » affublé du suffixe AL…), qui consiste en une pièce de théâtre écrite, montée et jouée par les élèves eux-mêmes mettant en scène les professeurs de khâgne (et parfois l'administration). Au Lycée Joffre de Montpellier, un « Festival de Khâgne » a été mis en place plusieurs années de suite, avec des courts-métrages et des sketches qui parodient la vie de la khâgne et les professeurs. Cette tradition montpelliéraine du Festival de Khâgne a notamment été exportée dans les Hauts-de-France au lycée Gambetta-Carnot d’Arras, sous l’impulsion d’une ancienne élève du lycée Joffre, aujourd’hui professeure. Le lycée Faidherbe de Lille a également connu son festival de khâgne, jusqu'à sa disparition à la suite de différends avec l'administration. Les khâgnes du lycée du Parc (Lyon) perpétuent un thirônnage centenaire issu des plus anciennes traditions khâgnales souvent oubliées dans les autres khâgnes de France.
Il existe deux types de classes préparatoires en première année :
Il existe trois types de classes préparatoires en seconde année[5] :
Depuis 2007, l'hypokhâgne A/L est indifférenciée et permet d'accéder aussi à une khâgne A/L classique (Paris-Ulm) ou moderne (Lyon).
La différence entre la khâgne classique et la khâgne moderne tient à l'emploi du temps (horaires hebdomadaires différents par discipline) et à l'obligation d'étudier une langue ancienne en khâgne classique et de la géographie en khâgne moderne.
Contrairement à une croyance assez répandue, la distinction entre khâgne « classique » et « moderne » par laquelle on a parfois opposé les khâgnes Ulm et les khâgnes Lyon ne renvoie pas à l'opposition entre lettres classiques et lettres modernes, puisque l'option lettres classiques existe aussi au concours de l'ENS Lyon, tout comme celle de lettres modernes au concours de Paris[6]. Elle renvoie en fait à la distinction entre « enseignement classique » et « enseignement moderne », introduite par la réforme de Ribot, ministre de l'Instruction publique, en 1902 : autrefois, toutes les classes des lycées étaient « classiques », c'est-à-dire que les langues anciennes étaient obligatoires (y compris pour les profils les plus scientifiques), et cette réforme mena à la création de sections dites « modernes », c'est-à-dire sans langue ancienne – sections alors méprisées. Cette distinction s'est longtemps maintenue ; « classique » en est venu à signifier « avec langue ancienne » et « moderne » « sans langue ancienne », ce qui explique les appellations « khâgnes classiques » et « khâgnes modernes ».
Un khâgneux ayant échoué au concours peut retourner en classe de khâgne s'il obtient l'autorisation du chef d'établissement, après avis du conseil de classe semestriel (il est alors appelé cube ou khûbe).
Il est aussi possible d'être bicarré ou bikhârré (se dit d'un élève qui triple son année de khâgne, ce qui est extrêmement rare).
Le redoublement est interdit en hypokhâgne, sauf motif de santé.
Les élèves en hypokhâgne A/L suivent les enseignements suivants, pour un minimum de 29 heures par semaine.
Les élèves en khâgne A/L classique suivent les enseignements suivants, pour un minimum de 29 heures par semaine.
Le concours représente environ 36 h de composition pour l'admissibilité, et 3 h d'examen pour l'admission.
Les élèves en khâgne A/L moderne suivent les enseignements suivants, pour un minimum de 22 heures par semaine.
Les élèves en hypokhâgne B/L suivent les enseignements suivants :
Les élèves en khâgne B/L suivent les enseignements suivants :
Les candidats affectent un coefficient supplémentaire (3 au lieu de 2) à une épreuve du tronc commun de leur choix au moment de l'inscription au concours.
En 2009, la réforme des concours d'entrée modifie les épreuves du concours A/L et des concours de l'ENS de Lyon et fonde une Banque d'épreuves littéraires (BEL). Certaines épreuves écrites obligatoires de ces concours (philosophie, histoire, langue vivante dès 2009, français à partir de 2010) deviennent communes. La singularité des deux écoles est maintenue dans les autres épreuves écrites obligatoires, dans les épreuves d'option et les épreuves orales, notamment en ce qui concerne le caractère généraliste des concours d'entrée à l'École normale supérieure de Paris.
Il existe un autre concours spécifique auquel certaines catégories d'élèves peuvent prétendre : le concours anglais de l'ENS Paris-Saclay pour les khâgneux de Lyon spécialisés en anglais.
Dès 2009, certaines grandes écoles de commerce (HEC, ESSEC, ESCP…) et l'ISMaPP ouvrent leurs portes aux candidats de la BEL ; l'École nationale des chartes le fait en 2010. Il en est de même pour instituts d'études politiques (Sciences Po Paris et autres) et pour le CELSA.
Les écoles normales supérieures sont l'objectif originel de ces classes préparatoires, mais le taux de sélection y est très faible, proche d'environ un sur trente. Les différents types de khâgnes préparaient à l'origine à différentes ENS :
Désormais, les khâgneux A/L peuvent se présenter aux concours des deux principales ENS (et aux trois pour les spécialistes d'anglais).
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