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écrivain et journaliste algérien d'expression française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Kamel Daoud, né le à Mesra[1] (wilaya de Mostaganem[2]), en Algérie, est un écrivain et journaliste franco-algérien d'expression française, lauréat du prix Goncourt du premier roman en 2015 pour Meursault, contre-enquête et du prix Goncourt en 2024 pour Houris.
Naissance |
Mesra (Algérie) |
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Activité principale | |
Distinctions |
Prix Mohammed Dib 2008 Prix François-Mauriac de la région Aquitaine 2014 Prix des cinq continents de la Francophonie 2014 Prix Goncourt du premier roman 2015 Prix Jean-Luc Lagardère du journaliste de l'année 2016 Prix Méditerranée 2018 Grande médaille de la francophonie 2018 Prix mondial Cino-Del-Duca 2019 Prix de la Revue des deux Mondes 2019 Prix Landerneau des lecteurs 2024 Prix Goncourt 2024 |
Langue d’écriture | français |
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Œuvres principales
Kamel Daoud est le fils d'un gendarme et d'une femme de la bourgeoisie terrienne de Mesra. Aîné d'une fratrie de six enfants[3], il est le seul, qui ait fait des études supérieures[4].
Après un baccalauréat scientifique, il fait des études de lettres françaises. S'il écrit en français et non en arabe littéral, c'est, dit-il, parce que « la langue arabe est piégée par le sacré, par les idéologies dominantes. On a fétichisé, politisé, idéologisé cette langue[5]. »
Islamiste durant l'adolescence, il quitte cette mouvance à l'âge de 18 ans et participe à la manifestation antigouvernementale du 5 octobre 1988 à Mostaganem. Il ne se pense plus comme musulman pratiquant[3].
« La rencontre ou non avec Dieu, c'est de l'ordre de l'intime, c'est une expérience qu'on ne peut pas partager[6]. »
En 1994, il entre au journal francophone Le Quotidien d'Oran, y publie trois ans plus tard[4] sa première chronique, intitulée « Raina raikoum » (« Notre opinion, votre opinion »)[7]. Il y est ensuite rédacteur en chef pendant huit ans[2]. Selon lui, il a pu avoir, au sein de ce journal « conservateur », la liberté d'être « caustique »[8], notamment envers Abdelaziz Bouteflika, même si parfois il a dû publier ses articles sur Facebook en raison de l'autocensure[4].
Chroniqueur dans différents médias, il est éditorialiste du journal électronique Algérie-focus et ses articles sont également publiés dans Slate Afrique[9], avant de reprendre une chronique régulière dans Liberté, intitulée « L'Autre Algérie », jusqu'à ce que le journal cesse de paraître en 2022.
Le 12 février 2011, il est brièvement arrêté[10] dans le cadre d'une manifestation.
Il engage en 2014 une collaboration avec l'hebdomadaire Le Point, consacrée par la remise du prix Jean-Luc Lagardère du journaliste de l'année 2016[11].
Le 13 décembre 2014, dans l'émission de Laurent Ruquier On n'est pas couché sur France 2, Kamel Daoud déclare à propos de son rapport à l'islam[12],[13] :
« Je persiste à le croire : si on ne tranche pas dans le monde dit arabe la question de Dieu, on ne va pas réhabiliter l'homme, on ne va pas avancer. La question religieuse devient vitale dans le monde arabe. Il faut qu'on la tranche, il faut qu'on la réfléchisse pour pouvoir avancer. »
Quelques jours plus tard, cela lui vaut d'être frappé d'une fatwa par Abdelfattah Hamadache Zeraoui, un imam salafiste officiant à l'époque sur Echourouk News, qui a appelé le 16 décembre sur Facebook à son exécution écrivant que « si la charia islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie. » Il précise :
« Il a mis le Coran en doute ainsi que l'islam sacré ; il a blessé les musulmans dans leur dignité et a fait des louanges à l'Occident et aux sionistes. Il s'est attaqué à la langue arabe […]. Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays[14]. »
Il réitère par la suite ses menaces sur Ennahar TV, extension télévisuelle du quotidien arabophone Ennahar El Djadid, « réputé populiste » selon Le Monde[15].
À la suite de la plainte déposée par Kamel Daoud devant la justice algérienne au sujet de ces menaces publiques de mort, la justice algérienne rend son jugement le 8 mars 2016. Il est qualifié de « sans précédent » par l'avocat du plaignant. L'imam Abdelfattah Hamadache Zeraoui est condamné à six mois de prison dont trois mois ferme et l'équivalent de 450 euros d'amende[16].
Cependant, cette condamnation est annulée en juin 2016 par la cour d'appel d'Oran pour « incompétence territoriale »[17].
Il commence à publier au début des années 2000, d’abord un récit paru en Algérie seulement, La Fable du nain (2002), puis des recueils de nouvelles dont Minotaure 504 (2011), sélectionné pour le prix Goncourt de la nouvelle et pour le prix Wepler-Fondation La Poste[18] qui échoit finalement à Éric Laurrent.
En octobre 2013 sort son roman Meursault, contre-enquête, une réécriture de L'Étranger d'Albert Camus[19] : le narrateur est en effet le frère de « l'Arabe » tué par Meursault[20]. Le roman évoque les désillusions que la politisation de l'islam a entraînées pour les Algériens[21]. En Algérie, le livre est l'objet d'un malentendu :
« Sans l'avoir lu, de nombreuses personnes ont pensé que c'était une attaque de L’Étranger, mais moi je n'étais pas dans cet esprit-là. Je ne suis pas un ancien moudjahid. […] Je me suis emparé de L’Étranger parce que Camus est un homme qui interroge le monde. J'ai voulu m'inscrire dans cette continuation. […] J'ai surtout voulu rendre un puissant hommage à La Chute, tant j'aime ce livre[5]. »
L'ouvrage obtient en 2014 le prix François-Mauriac de la région Aquitaine et le prix des cinq continents de la Francophonie. Présent dans la dernière sélection du prix Goncourt 2014[22],[23], il est à une voix de le remporter (4 votes contre 5[24] pour Lydie Salvayre[25]). L'année suivante, il est couronné du prix Goncourt du premier roman 2015[26].
En 2015, Meursault, contre-enquête est adapté en monologue théâtral par Philippe Berling, metteur en scène et directeur du Théâtre liberté de Toulon. Sous le titre Meursaults[27], l'adaptation est jouée au 69e festival d'Avignon[28], au théâtre Benoît-XII.
En 2017, Zabor, ou Les Psaumes, fresque dépeignant la vie d'un enfant algérien à part, revient sur le goût de Kamel Daoud pour la langue française, et plus généralement l'acte d'écrire, « cet équilibrisme nécessaire, dit-il, entre l'évocation et la vie, ce lien difficile à couper entre mon écriture et la réparation[29]. » Son goût des livres est exposé dans sa contribution à BibliOdyssées, 50 histoires de livres sauvés (2019), intitulée « Textures ou Comment coucher avec un livre ».
En 2018, Le Peintre dévorant la femme, au prétexte d'une nuit passée au musée Picasso au milieu de ses peintures érotiques, lançant ses vues sur la séduction, l'émoi amoureux et désirant, l'étreinte, fait la passerelle entre l'Occident et le monde arabe à propos de la sexualité, de l'art, de la mémoire, de la place qui leur échoient dans chacune de ces ères civilisationnelles.
En 2024, il est lauréat du prix Goncourt pour son roman Houris[30].
Il est le premier titulaire de la chaire d'écrivain en résidence de l'Institut d'études politiques de Paris, au côté de Marie Darrieussecq[31].
Père de deux enfants, il divorce en 2008[4].
Il choisit de prendre la nationalité française en 2020[32].
Le , Kamel Daoud publie une tribune dans le journal Le Monde, où il évoque les agressions sexuelles du Nouvel An 2016 en Allemagne et voit en l'islamisme la cause principale d'un « rapport malade à la femme, au corps et au désir » dans le monde arabe[35].
Un collectif d'anthropologues, sociologues, journalistes et historiens l'accuse en retour de recycler « les clichés orientalistes les plus éculés » et d'« alimenter les fantasmes islamophobes d’une partie croissante du public européen, sous le prétexte de refuser tout angélisme » car considérer que « des valeurs doivent être “imposées” à cette masse malade, à commencer par le respect des femmes [est un] projet scandaleux, non pas seulement du fait de l'insupportable routine de la mission civilisatrice et de la supériorité des valeurs occidentales qu'il évoque[36]. »
L'écrivain est choqué :
« Je pense que cela reste immoral de m'offrir en pâture à la haine locale sous le verdict d'islamophobie qui sert aujourd'hui aussi d'inquisition. »
Il décide d'abord d’arrêter le journalisme[37],[38], mais produit à nouveau ses chroniques, pour Le Quotidien d'Oran[39] notamment.
À la suite de ces critiques, il reçoit le soutien de nombreux intellectuels, journalistes, écrivains ou personnalités, dont Boualem Sansal[40], Mohamed Mbougar Sarr[41], Philippe Lançon, Aude Lancelin[42], Michel Guerrin[43], Michel Onfray, Fawzia Zouari[44], Raphaël Enthoven, Jean-Yves Camus, Alexandra Schwartzbrod[45], Pascal Bruckner[46], Brice Couturier, Natacha Polony, Chantal Delsol, Jean Daniel, Marianne, Charlie Hebdo et le Premier ministre Manuel Valls[47].
Parmi ces soutiens, Laurent Bouvet estime qu'« une certaine gauche, politique et intellectuelle, c'est le cas aussi dans l'université et la recherche, se comporte de manière très complaisante avec l'islamisme » et emploie « à l'encontre de tous ceux qui ne pensent pas comme elle, des méthodes d'intimidation et de disqualification, notamment en usant et abusant du mot “islamophobie”[48]. »
La romancière franco-tunisienne Fawzia Zouari prend également la défense de Kamel Daoud en demandant
« qu'on cesse de critiquer d’un côté le silence des intellectuels musulmans sur les violences perpétrées par certains de leurs coreligionnaires, et d’appeler ces intellectuels à se taire dès lors qu’ils dérogent à la pensée correcte sur l’islam. Serions-nous assignés à une parole positive et aseptisée sur notre monde ? N’est-ce pas là une insidieuse façon de nous maintenir dans la mission subalterne d’allumer le feu du temple occidental et de flatter sa prétention à être la mesure de toute réflexion ? Dénoncer nos torts ferait-il de nous des « essentialistes » et des « culturalistes » ? Mais enfin, qui est essentialiste, si ce n’est celui qui fait précéder nos réalités par l'idée qu’il s'en fait et la détermine selon ses grilles de lecture ? Qui sont les orientalistes, si ce ne sont ces détracteurs de Kamel Daoud, qui, souvent, n’ont connu le monde musulman qu’à travers les livres ou pour le soumettre à leurs hypothèses de travail, quand ce n’est à l’absolutisme de principes dans lequel ils s’enferment ? Daignez donc, Messieurs Dames, reconnaître que les Kamel Daoud peuvent remettre en question votre savoir universitaire. Daignez avouer votre désarroi devant une nouvelle catégorie d’intellectuels arabes qui sort du paradigme de la défense radicale de l’islam tout autant que de son rejet excessif, et qui s’estime capable de penser par elle-même[49]. »
A contrario, l'hebdomadaire Politis publie un article d'Olivier Doubre intitulé « Peut-on critiquer Kamel Daoud ? », déplorant « une presse à sens unique »[50]. La tribune de Kamel Daoud est également critiquée par Rokhaya Diallo[51] et Éric Fassin[52].
Il se montre critique à l'égard du Hirak algérien dans un article de janvier 2020, « Où en est le rêve algérien ? »[53], qui suscite une polémique en Algérie[54]. Ainsi, pour le journaliste Adlene Mohammedi, « Kamel Daoud a émergé comme l’écrivain algérien incontournable, le chouchou des médias français et des événements littéraires. Ce niveau de respectabilité atteint par le romancier s’explique en partie par son talent, mais aussi par un discret positionnement politique »[55]. Il lui reproche ainsi de se faire le « chantre de l’ordre établi », tant en France qu'en Algérie. Il critique à nouveau le Hirak à la veille des élections législatives de juin 2021 et fustige les appels au boycott en déclarant que « manifester c’est bien, mais manifester pour moi n’est pas un programme politique », rajoutant que le Hirak est un « mouvement qui a trop duré sans réflexion sur l’avenir »[56].
En 2024, les éditions Gallimard sont interdites au Salon international du livre d'Alger, en raison de la présence sur les stands du salon du roman de Kamel Daoud, Houris, roman couronné par le premier prix Goncourt décerné à un écrivain algérien et publié en août de la même année[57], sous le prétexte d’une interdiction de parler de la décennie noire du terrorisme (1992-2002) par une loi du pouvoir algérien.
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