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homme politique espagnol De Wikipédia, l'encyclopédie libre
José Patiño Rosales, né à Milan (alors possession espagnole) le et mort à La Granja (province de Ségovie) le , est un homme d'État espagnol durant le règne de Philippe V d'Espagne, secrétaire d'État de 1734 à 1736.
José Patiño Rosales | |
Fonctions | |
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Secrétaire d'État d'Espagne | |
– (5 jours) |
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Monarque | Philippe V |
Prédécesseur | Juan Bautista Orendayn y Azpilcueta |
Successeur | Sebastián de la Cuadra y Llerena |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Milan (Duché de Milan) |
Date de décès | (à 70 ans) |
Lieu de décès | Real Sitio de San Ildefonso (Espagne) |
Nationalité | Espagnole |
Profession | Diplomate Économiste Fonctionnaire |
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Le père de José, Lucas Patiño de Ibarra, noble d'origine galicienne, est marquis de Castellar, membre du Conseil Privé et Veedor General del Ejército, Inspecteur Général des troupes espagnoles stationnées dans le duché de Milan, alors possession espagnole. Sa mère, née Beatriz de Rosales y Facini, lui légua son nom de famille suivant l'usage espagnol.
La famille Patiño avait pris parti pour les Bourbons et contre les Habsbourgs dans la lutte qui opposait ces deux dynasties pour le choix d'un successeur au roi d'Espagne Charles II.
Le frère de José, Baltasar (Milan 1667 - Paris 1763) fut intendant général d'Aragon, puis secrétaire d'État de la Guerre. Disgracié en 1725, il revint en grâce en 1726, et fut nommé ambassadeur d'Espagne à Paris, où il chercha à contrecarrer la politique du cardinal Fleury.
Destiné à la prêtrise, José fait de solides études de théologie. Il fait partie, pendant 11 ans, de la Compagnie de Jésus, puis quitte les ordres. Il fut présenté à Philippe V en 1702 après la bataille de Luzzara (en Émilie, les franco-espagnols y battirent les autrichiens du Prince Eugène). Patiño, qui avait obtenu une charge au Sénat de Milan, rentra en Espagne quand, à la fin de la Guerre de Succession d'Espagne, les Espagnols durent appliquer les clauses du traité d'Utrecht (1713) et évacuer l'Italie : le Milanais, Naples et la Sardaigne (et les Pays-Bas) allaient à l'Autriche - et le Duc de Savoie récoltait la Sicile.
Patiño fut d'abord nommé membre du "Conseil des Ordres Militaires" par le roi Philippe V (1707).
Il fut ensuite nommé Intendant d'Estrémadure. À ce poste de haute responsabilité, Patiño géra de son mieux les désastres de la guerre de Succession d'Espagne dans la Provincia de Extremadura et essaya d’atténuer à Càceres comme à Badajos les souffrances de la population. Le flux et reflux des troupes Franco-Espagnoles (commandées par Berwick) et des troupes Anglo-Portugaises (menées par Schoemberg) avait en effet dévasté cette province limitrophe du Portugal.
Nommé ensuite président ("intérimaire") de la Junta de Justicia y Gobierno de Cataluña de 1714 à 1716, Patiño va s'appliquer, en grand commis de l'État et en bon serviteur du roi (et suivant l'exemple du conseiller royal Jean Orry) à y abolir le particularisme et à en "castillaniser" les institutions.
Le pouvoir central avait bien choisi son moment : Aragon et Valence étant aux mains de Philippe V depuis la bataille d'Al Mansa (1707), à la fin de la Guerre de Succession, Barcelone assiégée était prise (1714), Majorque reconquise (1715) et la Catalogne qui avait pris le parti des Habsbourg était à terre.
Barcelone en particulier avait beaucoup souffert : prise aux partisans des Habsbourg en par Philippe V et le maréchal Tesse (qui avait appliqué une politique de terreur en Catalogne comme en Aragon) - puis reprise par les Anglais (qui d'ailleurs avaient pris Gibraltar le 25 aout 1704, et gardèrent el Peñon, le Rocher, par la suite…), la capitale de la Catalogne était finalement tombée aux mains des Franco-Espagnols le , après un siège long et féroce.
Patiño d'une part géra l'occupation en mettant sous séquestre les biens des partisans des Habsbourg et en revivifiant le commerce local - et d'autre part s'attacha à la fois à réformer durablement les institutions catalanes, et à drainer vers les coffres royaux les impôts de la riche Catalogne.
Il créa le Real Catastro (Cadastre Royal), compilation de tous les biens fonciers des Catalans, ceux de l'Église étant exemptés sous certaines conditions d'antériorité. Cette innovation sans précédent en Espagne devait permettre à l'administration de l’Hacienda une levée de l'impôt régulière et sans contestation possible car fondée sur documents et archives.
Évidemment le passage des arpenteurs royaux sur leurs terres et les investigations sur la valeur agricole de chaque parcelle indisposa fortement les Catalans. Des questionnaires à remplir avaient même été envoyés dans chaque paroisse. Les propriétaires cherchèrent avec ensemble à éluder les investigations, à minorer la valeur foncière des biens, ou à attribuer la propriété de telle ou telle parcelle à un de leurs parents ecclésiastiques. Mais quand le montant du nouvel impôt foncier, prétendu équivalent à celui que payaient déjà les Castillans, fut connu (il s'élevait à un million et demi de pesos), la révolte gronda. Finalement le montant de l'impôt foncier exigible fut diminué de moitié.
Surtout, Patiño inspira au pouvoir central les décrets de Nueva Planta (in extenso : Nueva Planta de la Real Audiencia del Principado de Cataluña establecido por Su Majestad…) qui tend à éliminer les institutions traditionnelles de la Catalogne.
Patiño a laissé aux Catalans le souvenir d'un administrateur centralisateur qui, héritier de l'esprit des vainqueurs de la Bataille des Comuneros (1521), a cherché à annuler les privilèges et libertés (les fueros) qui leur restaient, et de plus a voulu imposer chez eux l'usage du castillan aux dépens de la llengua catalana (cf note I). Ces atteintes à l'autonomie culturelle, législative et économique des Catalans entraînèrent une exaspération des mouvements fueristes qu'Alberoni eut à réduire, en particulier en 1720.
Nommé par la suite (1717) Intendant Général de la Marine, sur recommandation du cardinal Giulio Alberoni alors tout puissant, Patiño s'inspira de Colbert et entama des réformes décisives sur le modèle français : son "Ordenanza de la Armada" (Ordonnance pour la Flotte de guerre), touchait tant les galères de Méditerranée que les escadres de l'Atlantique et les galions du Pacifique. Patiño Rosales ressuscita la puissance navale espagnole en dotant l’Armada de 31 vaisseaux de ligne (10 armés de 70 canons, et 21 armés de 60 canons), 15 frégates, et d'un grand nombre de petites unités.
Il créa sur le modèle français l'école des Caballeros Guardamarinas (aspirants-officiers de marine).
Il favorisa le développement du port atlantique de Càdiz Cadix en y transférant la Casa de Contratación (Administration et Archives des Colonies), située à Séville depuis près de deux siècles - et en construisant des arsenaux : à Carthagène, El Ferrol, Puntales, ainsi que celui de La Carraca à San Fernando (au sud de Cadix).
La Marine espagnole reconnaissante a lancé en 1994, justement à El Ferrol, le Patiño, un gros B.A.C. (Buque de Abastecimiento de Combate, Bateau d'Approvisionnement de Combat), de 170 m de longueur HT et 17045 T en charge, qui perpétue l'esprit du ministre José Patiño Rosales dont la devise était d'ailleurs : « Venu pour servir, et non pour être servi ». Sur cet entrepôt flottant (qui peut cependant voguer à 20 nœuds) une infirmerie de dix lits et un bloc opératoire rappellent que Patiño s'est penché aussi, et en précurseur, sur le sort des malades et blessés de guerre. Sort qui à l'époque était plutôt confié, après les premiers soins par le chirurgien du bord, à la bonne nature et aux saints ad hoc.
Patiño chercha à appliquer de son mieux (sans doute à son corps défendant, car il connaissait les faiblesses de l'Espagne) les consignes aventureuses du cardinal Giulio Alberoni qui cherchait à satisfaire les désirs de la deuxième épouse de Philippe V : Elisabeth Farnèse régnait en lieu et place de Philippe V et voulait à tout prix reconquérir pour ses héritiers les territoires que l'Espagne possédait en Italie avant les traités d'Utrecht et de Rastadt (1714). Patiño Rosales s'appliqua à organiser les débarquements espagnols en Sardaigne (1717), puis en Sicile (1718), et à réparer les conséquences d'une défaite navale majeure de la Guerre de la Quadruple-Alliance : la bataille du cap Passaro ().
Après que la conspiration de Cellamare et du Duc du Maine contre le Régent eut été déjouée, l'Espagne vaincue, Alberoni désavoué et renvoyé (1719), Patiño Rosales chercha alors (en 1720, en Navarre) à limiter les effets des réactions de la France et de la Grande-Bretagne, qui s'étaient unies contre les prétentions de la reine d'Espagne.
Philippe V abdiqua en 1724, laissant le pouvoir à son fils Louis, mais celui-ci mourut quelques mois plus tard. Philippe V entama alors son second règne, qui ne fut ni plus énergique ni plus réaliste que le premier, mais il aura le bonheur de pouvoir confier les rênes du pouvoir à Don José Patiño
Le gobierno ilustrado (cf note II) de Patiño fut un heureux changement à la tête de l'Espagne, après les bévues du présomptueux et brouillon Alberoni, puis l'intermède joué par l'aventurier Ripperdá dont los Reyes (le couple royal) s'étaient entichés. Il est juste de convenir que Patiño bénéficia de circonstances favorables : d'une part le terrain avait été préparé par Alberoni, et d'autre part, Elizabeth Farnèse (qui comme lui venait de Parme, ce qui facilitait leur entente…) avait acquis grâce à ses échecs une expérience politique qui lui manquait au début de son règne.
Cependant il allait devoir (en particulier avec l'aide de sa marine restaurée) agir sur deux fronts : le front atlantique, qui assurait grâce aux colonies la survie économique de l'Espagne - et le front méditerranéen, que l'ambition de la reine maintenait ouvert.
Patiño Rosales (aidé par son frère Baltasar puis par le marquis de La Paz, qui mourut en 1733) lutta contre le népotisme et la corruption dans l'administration. Philippe V donnait lui-même l'exemple du laisser-aller ; son premier ministre redressa les Finances. De plus il dirigeait la Marine, las Indias (les colonies), les Affaires Étrangères et la Guerre, donc en fait gouvernait.
Comme l'a écrit Martín Fernández de Navarrete : cet administrateur intègre « économisa les deniers royaux, et libéra le peuple des contributions exceptionnelles ; la Maison du Roi fut payée ; l'armée équipée ; les rentes de la Couronne honorées, et el Erario Público (le Trésor Public) acquit une réputation égale à sa richesse ». Ces contributions exceptionnelles, qui en fait étaient devenues pérennes, portaient des noms qui attestaient de leur impopularité : el millón, la alcabala (une taxe sur les ventes)...
Patiño continua son effort en faveur de l’Armada : imitant aussi dans ce domaine Colbert (qui avait jeté les bases de l'Inscription maritime par ses ordonnances de 1668 et 1670), il créa un règlement du recrutement et de l'immatriculation des gens de mer.
En ce qui concerne l'armée de terre, il la renforça de 33 régiments de milice (1733), et créa le Corps des Intendants et le Corps des Invalides.
Pour redresser et protéger le commerce et l'industrie espagnols, Patiño mena une politique protectionniste (ordonnances de 1728). Ainsi, il interdit aux riches de porter des tissus de luxe et des soieries qui n'auraient pas été fabriquées en Espagne, ou importées officiellement. La création et la prospérité de l'industrie catalane des indiennes date de cette époque.
Patiño poussa les armateurs ibériques à s'associer pour créer, à l'exemple des Français et des Anglais, des Compagnies Commerciales : en 1728, celle de Caracas vit le jour ; en 1723, celle des Philippines ; en 1734, celle de Galice.
L'Espagne, une fois ses forces restaurées put montrer à nouveau sa puissance :
De 1733 à sa mort en 1736 Patiño Rosales tenta de réguler l'importation en Amérique espagnole de marchandises issues des manufactures anglaises. Mais l'application des conventions commerciales convenues avec l'Angleterre lors de la signature des traités d'Utrecht (et réitérées lors du Traité de Séville en 1729) se heurtait à la mauvaise foi des Britanniques : l'Angleterre voulait s'ouvrir encore plus le marché des colonies espagnoles, voire les conquérir.
Comme l'écrivit Voltaire dans son "Précis du siècle de Louis XV" (chapitre 27): « ...un intérêt plus concret était le but du ministère de Londres. Il voulait forcer l'Espagne à partager le commerce du Nouveau Monde ».
Après l'échec d'une ultime tentative de conciliation (Conférence du Prado 1738), l'Angleterre saisit un prétexte ridicule vieux de sept ans et, en dépit même des tentatives d'apaisement de Robert Walpole, déclara en 1739 la guerre à l'Espagne : ce fut la guerre de l'oreille de Jenkins, qui fut un désastre pour la Grande-Bretagne.
Philippe V, complètement hors de la réalité quotidienne, reconnut bien tardivement la valeur de Patiño : il ne le nomma Secretario del Estado (poste qui de nos jours correspondrait à Président du Conseil) qu'en 1734 et ne le fit Grand d'Espagne qu'en , 2 mois avant sa mort (). Il est vrai que Patiño devait compter avec beaucoup d'ennemis : les autonomistes, les Jésuites, le parti aristocratique, les Anglais et les Habsbourgs et leurs partisans…
L'héritage laissé par l'honnête et rigoureux Patiño Rosales s'avéra si modeste que le roi dut payer les funérailles de son Secratario de Estado sur sa cassette et doter sa nièce, la comtesse de Fuenclara.
Le peuple espagnol pleura Patiño Rosales, alors qu'il se réjouit, dix ans plus tard, à la mort de Philippe V...
Le successeur de Patiño fut José del Campillo, qui gouverna l'Espagne de 1736 à 1743 en suivant l'impulsion de son prédécesseur.
Richard Walter, chapelain du Centurion qui rédigea un récit du Voyage du Commodore Anson (1740-1744), mentionne Patiño Rosales lorsqu'il décrit (Livre II, chapitre X) le trafic transpacifique assuré par les galions espagnols entre Manille et Acapulco. Avant de décrire comment Anson réussit à capturer le galion de Manille, Walter assure que c'est la Compagnie de Jésus qui a organisé le circuit et utilise les énormes bénéfices qu'il engendre pour étendre son influence temporelle et spirituelle en Asie. Cette mainmise, poursuit Walter, perdure bien que le premier ministre Patiño Rosales ait essayé de faire retomber cette manne dans les coffres royaux...
De 1715 à 1735 (pendant la période d'exercice de Patiño Rosales) Alain-René Lesage écrivit, continua et remania son Gil Blas de Santillane. Lesage fut un grand connaisseur de l'Espagne et en fit son terrain d'observation favori, ce qui lui permit de brocarder impunément la France selon le principe « ridendo castigat mores ». De même, en décrivant les tribulations de Gil Blas, le séide du duc de Lerme (ministre prévaricateur de Philippe III d'Espagne, qui fut disgracié en 1618 et obligé de rendre gorge), Lesage attire, sans danger pour lui, l'attention de ses contemporains sur la gestion impeccable de Patiño Rosales. Sade n'assurait-il pas avoir voulu dépeindre le vice pour inciter à la vertu?
Voltaire, s'il mentionne abondamment Alberoni, ne cite pas le nom de Patiño, mais note (chapitre 1) que grâce à son successeur, « cependant une partie des projets d'Alberoni commençait à s'effectuer, tant il avait préparé de ressorts ».
Voltaire décrit aussi (chapitre 27) comment les mesures protectionnistes et la restauration de la marine espagnole eurent pour corollaire une réaction hostile de l'Angleterre, la guerre de l'oreille de Jenkins :
« Cette balance (l'équilibre des forces européennes) bien ou mal entendue était devenue la passion du peuple anglais ; mais un intérêt plus concret était le but du ministère de Londres. Il voulait forcer l'Espagne à partager le commerce du Nouveau Monde »
Voltaire décrit par ailleurs (chapitre 9) l’asiento et le navío de permiso, des privilèges commerciaux accordés par l'Espagne à l'Angleterre, qui en abusa et en prit prétexte pour déclencher la guerre de l'oreille de Jenkins.
Saint-Simon cite rapidement Patiño au milieu d'une analyse entomologique de la cour de Philippe V d'Espagne ; s'il s'étend au long de plusieurs chapitres sur les particularités de l'étiquette et la nomenclature des grands d'Espagne, il n'accorde à Patiño que quelques lignes et l'expédie ainsi dans le tome 32, page 3 :
« Alberoni en avait confié le soin (il s'agit de l'invasion de la Sicile en 1718) à Patiño, avec le titre d'Intendant Général de la Marine. C'était l'unique espagnol qu'il eut jamais jugé digne de sa confiance et capable de bien servir. Il avait été dix-huit ans aux Jésuites ; il figura depuis de plus en plus, et est mort enfin Grand d'Espagne et Premier Ministre, avec autant de pouvoir et de probité qu'en avait eu Alberoni. Il se vantait en attendant d'avoir anéanti les conseils, rétabli le commerce et la marine, réparé les places et l'artillerie, construit et augmenté des ports, détruit la Contractation et le Consulat de Séville, bridé pour toujours l'Aragon, et la Catalogne par la construction de la citadelle de Barcelone, et il se vantait de la santé du roi d'Espagne, suffisamment raffermie pour ne ralentir plus l'empressement des puissances étrangères de prendre des engagements avec lui »
Saint-Simon mentionne encore Patiño, du bout des lèvres (tome 15, chapitre XVIII des Mémoires) comme « l'homme de confiance d'Alberoni »... Chiche appréciation pour toute une vie de labeur au service de la patrie. Mais Saint-Simon est encore moins laudatif vis-à-vis de Colbert et de son œuvre (cf note III)...
Il s'agit de la reproduction par un certain Esteban Aparicio d'une œuvre d'un peintre inconnu. La trichromie renforce l'impression d'austérité : fond et habit noirs, linge de cou et manchettes blanches, liséré rouge de la cravate d'un ordre que la main droite, glissée dans l'entrebâillement de l'habit, révèle discrètement. L'homme, qui pourrait être un abbé de cour comme il y en eut tant au XVIIIe siècle, a une cinquantaine d'années. Ses traits réguliers (front haut, grand nez droit, menton accentué), d'une beauté classique, suggèrent la bonté, la volonté, la franchise. L'intelligence, tempérée par une certaine réserve, brille dans les yeux. La bouche accuse néanmoins un discret pli d'amertume. La main gauche tient en évidence, entre l'index et le majeur, une feuille de papier pliée (symbole de l'intellectuel), sur laquelle est peut-être écrite la devise de José Patiño : « Venu pour servir, et non pour être servi ».
Le ministre tout-puissant a été peint à 70 ans environ, alors qu'il arrive à la fin de sa vie. Il arbore maintenant avec une certaine ostentation la cravate de la Toison d'or, et sur le cœur la plaque ovale d'un ordre (croix verte sur fond blanc). L'habit de soie ardoise est richement orné. Mais le ventre distend le gilet doré, et les traits sont empâtés et affaissés : double menton, nez busqué à la façon des derniers portraits de Louis XIV. Cependant, on peut encore lire sur ses traits fatigués la perspicacité et la volonté. Et aussi un certain contentement de soi, et un orgueil contenu : à la fin de sa vie, le vieux ministre sait qu'il a bien servi l'Espagne, et aussi mené la vie dure à ses ennemis...
Hacer de nueva planta signifie en castillan "refaire entièrement" - les fueros sont les libertés (compilées dans des recueils nommés aussi fueros) contre lesquelles les rois d'Espagne ont toujours lutté, et qui ne furent prises en compte que par l'éphémère Constitution de 1812. (fueros signifie aussi "morgue, audace"...)
Documents décrivant l'action centralisatrice de Patiño en Catalogne :
1/ www.tvcatalunya.com/historiadecatalunya/personatges/per 102337771.htm
2/ www.tvcatalunya.com/historiadecatalunya/document/doc 102339810.htm
3/ "La persecucio politica de la LLENGUA CATALANA, historia de las mesures preses contra el seu us des de la Nova Planta…" par Francesc Ferrer i Girones, 1985, Ediciones 62.
4/ "Valores y narrativa : axologia educativa de Occidente" par Octavi Fullat, 2005, edicion Genis (Universidad de Barcelona)
5/ " Modernizacion fiscal ? La implantacion del CATASTRO en Cataluña ", par Llorenç Ferrer Alos, Université de Barcelone (in http://www.catastro.meh.es/esp/publicaciones/CT/CT 46/03/LLorenc Ferrer.pdf)
6/ "José Patiño, l'exterminador de Cataluña" https://www.sapiens.cat/epoca-historica/historia-moderna/catalunya-1714/jose-patino-l-exterminador-de-catalunya_14767_102.html
7/ Lettre de Patiño a l'Eveque de Barcelone: "Ce qui convient au service de S.M. et au vrai bien être de ces autochtones, est d'essayer de les faire oublier ce qu'ils ont été et que leur Gouvernement soit aussi uniforme que possible à celui de toutes les Provinces de S.M. ..." (Madrid, le 11 mai 1734)
8/ Lettre du Gouverneur Militaire de la Catalogne a Patiño: "... je manquerais à mon devoir si je n'avertis à V.E. des voix qui courent par ce pays, dont les autochtones n'ont pas perdu la mémoire, ni l'espoir de ses anciens privilèges, que pour les avoir sont capables te tenter presque l'impossible." (Barcelone, le 2 avril 1735)
1/ Quand il décrit (Tome 5) le "Caractère de Louis XIV", St-Simon juge que la dureté et la duperie ont régné dès le début de l'exercice du pouvoir par le roi : "Fouquet fut le malheureux sur lequel éclata la première (la dureté du roi). Colbert fut le ministre de l'autre (la duperie), en saisissant tout seul l'autorité des finances, et lui laissant accroire qu'elle passait tout entière entre ses mains par les signatures dont il l'accabla…".
2/ St-Simon rapporte avec délectation (Tome 6, chapitre V) la fureur du roi, quand l'épouse de Torcy commit la faute de ne pas céder sa place à la duchesse de Duras. Or Torcy, neveu du grand Colbert, fut secrétaire d'État aux affaires étrangères lors de la signature du Traité d'Utrecht, et son épouse était une Arnauld de Pomponne, mais tout cela n'était au mieux que de la noblesse de robe. Le roi s'énerva, et " enfilant là-dessus la généalogie des Arnauld qu'il eut bientôt épuisée, il passa à celle des Colbert qu'il déchiffra de même, s'étendit sur leur folie d'avoir voulu descendre d'un roi d'Écosse ". Et s'échauffant de plus en plus, le roi rappela que Colbert l'avait longuement tourmenté afin qu'il écrive personnellement, et par deux fois, au roi d'Angleterre pour lui demander de pousser ses généalogistes à établir la filiation des Colbert. Et Louis XIV eut le déplaisir de recevoir enfin, après relance, la réponse du roi d'Angleterre, qui déclarait qu'il n'y avait pas de roi d'Écosse parmi les ancêtres des Colbert, et de plus "l'assurait que son ministre était trompé par son orgueil…".
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