Loading AI tools
archevêque catholique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jacques Gélu (ou Gelu), né à Yvois vers 1376 et mort à Embrun le , est un prélat français du XVe siècle, archevêque de Tours puis archevêque d'Embrun. Il fut l'ambassadeur de l'empereur du Saint-Empire, du roi de France et du pape pour différentes missions diplomatiques.
Archevêque de Tours puis d'Embrun |
---|
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Activité |
Prélat catholique, ambassadeur |
Consécrateurs |
Gérard de Montaigu le Jeune, Bernard de Chevenon, Jean d’Arconvalle (d) |
---|
|
D'origine obscure, Jacques Gélu est né à Yvois, dans le diocèse de Trèves, entre 1371 et 1376. Il fait ses classes à Paris et y devient maître ès arts en 1391. Il est reçu bachelier ès décrets en 1395. Le il est reçu licencié ès lois de l'université d'Orléans, et est pourvu le d'une chaire de jurisprudence dans cette faculté des décrets[1].
Louis Ier d'Orléans, duc d'Orléans, frère du roi Charles VI, instruit de son mérite, le créa maître des requêtes de son hôtel, le .
Un office de conseiller au parlement de Paris ayant été mis au concours, Gélu l'emporta sur quatorze concurrents, le . Il est reçu par Jacques de Ruilly président du Châtelet.
Le duc d'Orléans, son protecteur ayant été assassiné le , Charles VI nomme Jacques Gélu au service des princes Jean et Charles, qui portèrent successivement le titre de dauphin.
Au mois de , il est nommé président du Conseil delphinal, charge qu'il remplit jusqu'en . Il signe, avec d'autres officiers du Conseil et Guillaume de Layre, gouverneur du Dauphiné, le traité du entre le dauphin et Téodat de Lestang, évêque de Saint-Paul-Trois-Châteaux, par lequel le dauphin est admis au paréage de la ville. Il est remplacé au Conseil delphinal en 1409 par Guillaume Gelinon. Le , Jacques Gélu écrit à l'archevêque Michel Étienne et au chapitre canonial d'Embrun pour obtenir le premier canonicat vacant.
Le , le dauphin, à qui le roi avait confié l'administration de toutes les finances du royaume, l'établit général des finances.
Jacques Gélu est nommé archevêque de Tours le , « en présence de 17 cardinaux, dans la ville de Constance, en Allemagne, où le concile se trouvait pour lors assemblé »[2] lors de sa première session. Il fait son entrée solennelle dans la ville le , et repart fin pour les autres sessions du concile de Constance, qui durera jusqu'en 1418, lors duquel l'antipape Benoît sera déposé. En 1415, il est à Perpignan avec l'empereur Sigismond pour induire Pierre de Lune (Pedro de Luna), l'antipape Benoît XIII, à donner sa démission et faire cesser le schisme dans l'Église[3].
Le concile ayant statué qu'il serait adjoint aux cardinaux, pour l'élection du nouveau pape, cinq députés de chaque nation, Jacques Gélu est du nombre des cinq prélats français. Il est donc député pour participer au conclave qui élit Martin V (11 novembre 1417), où il obtient même 8 voix pour lui-même[4]. Fin mars ou début avril 1418[5], il apporte au gouvernement du roi la garantie de la validité de l’élection d’Oddo Colonna au souverain pontificat. De plus, le pape apporte un message de paix et d’estime à l’égard du « roi très-chrétien »[6]. Le 14 avril 1418, au cours d’une messe célébrée par Jacques Gélu, le dauphin reconnaît officiellement en présence du comte Luc Fieschi la validité de l’élection de Martin V.
Des manuscrits richement enluminés lui ayant appartenu à l'époque, telles les Décrétales de Grégoire IX, sont aujourd'hui encore conservés[7].
Depuis 1418, Jacques Gélu se montre notoirement favorable au dauphin Charles, à tel point que les Bourguignons cherchent à le tuer. C'est ainsi que le , il fuit Paris avec le dauphin pour échapper aux partisans du duc de Bourgogne qui ont été introduits dans la ville.
En , il quitte Tours pour se rendre par voie maritime en Espagne auprès du roi de Castille, afin de solliciter des secours pour le dauphin-régent : 20 galères et 60 gros navires. Il est de retour le . Mais le traité de Troyes (1420) ruine ses efforts. Il écrit alors au roi Henri V pour le raisonner et le rappeler au respect dû à son royal beau-frère. Il rencontre à Redon le duc de Bretagne (dont le duché relève de sa juridiction métropolitaine de Tours) pour l'inciter à se ranger définitivement dans le camp des Armagnacs, puis rédige une sorte de « lettre ouverte » adressée à tous les seigneurs et barons bretons, mais sans succès[8].
Fin , il se rend à Rome, d'où le pape Martin V l'envoie en mission vers Jeanne, reine de Naples, et le roi d'Aragon Alphonse V, pour rétablir la paix entre eux et le roi Louis III d'Anjou au sujet de leur prétention à la couronne de Naples.
Au mois de , il permute avec Philippe de Coëtquis pour l'archevêché d'Embrun, dont il était déjà chanoine depuis 1409. Il devient ainsi archevêque-prince d'Embrun, comte de Beaufort et de Guillestre, avec droit de frapper monnaie[9].
Transféré au Sud-Est du royaume, il quitte les cercles de pouvoir et goûte alors une certaine retraite dans les Alpes, où il s'investit dans la vie spirituelle de son territoire. Il commence par dresser la liste officielle de ses prédécesseurs[10]. Il réside à Guillestre, d'où il réforme son diocèse et en rédige l'histoire[11]. Il visite les paroisses et y prêche en langue locale, exhorte son clergé, mène des travaux d'église et fait intervenir l'inquisiteur contre les Vaudois des vallées[12].
Grand politique, c'est aussi un homme de foi et d'espérance[13]. Il rédige son autobiographie : Vita Jacobi Gelu ad annum 1421 ab ipso conscripta, qui est un hymne d'action de grâce rendu à Dieu pour les bienfaits qu'il en a reçus.
Depuis son observatoire alpin, il s'inquiète toujours de l'évolution des événements politiques lorsqu'au printemps 1429, deux de ses correspondants : Jean Girard, président au parlement de Grenoble (qui lui succèdera sur le siège archiépiscopal d'Embrun), et Pierre l'Ermite, chanoine de Tours et conseiller intime du dauphin, lui parlent d'une pucelle de 17 ans, messagère de bons présages. Les minutes conservées de lettres de Gélu fournissent la première mention de l'arrivée de Jeanne d'Arc à Chinon (25 février 1429)[14].
Au début, Jacques Gélu appelle à la prudence et conseille jeûnes et prières pour obtenir un éclairage divin, tout en recommandant que ladite jeune fille soit examinée de près. Mais en arrière-fond, il veut croire à une intervention divine, comptant sur la miséricorde de Dieu pour la France. C'est à Poitiers que Jeanne d'Arc subissait dans le même temps un examen approfondi, où les théologiens se prononçaient favorables à sa mission.
Apprenant la victoire d'Orléans (8 mai 1429), il n'y a plus de doute pour lui : « Jehanne est l'envoyée de Dieu au dauphin pour être comme son ange ». En , il rédige un traité[15] appelé De adventu Johanne (De la venue de Jeanne), dans lequel il cherche à défendre la mission divine de Jeanne d'Arc. Le traité commence par ces mots : « Les merveilles qui viennent de s'opérer pour l'éternelle gloire de Votre Altesse et la Maison de France retentissent à toues les oreilles ; une toute jeune fille en est l'instrument. Les doctes se partagent : les uns y voient l'effet d'une providence (...), les autres regardent la Pucelle comme le jouet de l'esprit du mal »[16]. Il conclut, paraphrasant saint Paul (1 Cor. 1, 27) : « Dieu choisit ce qui est faible pour confondre les forts », et ainsi : « Nous voudrions que le roi s'y conformât comme à un avertissement inspiré par Dieu pour l'exécution de la mission confiée »[17].
Sans doute écrit à la demande de la cour de Charles VII, il y fait preuve de sa maîtrise des méthodes scolastiques et théologiques, telles qu'on les retrouve dans la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin[18]. Son plan suit les quatre causes définies par Aristote dans ses ouvrages de logique[19], en posant cinq questions auxquelles il répond point par point avec rigueur intellectuelle :
Le résumé de ses réponses tient en ceci :
Pourtant, Jacques Gélu n'aura jamais l'occasion de rencontrer la Pucelle d'Orléans. Ayant appris que Jeanne était capturée, il écrit de nouveau au roi Charles VII pour lui demander, outre des prières publiques pour obtenir la délivrance de la Pucelle, de n’épargner « aucun moyen, ni argent ni quelque prix que ce soit » sous peine d’être taxé d’ingratitude[20].
Mais son traité n'aura pas le même impact que celui du chancelier Jean de Gerson, qui défendait également avec force Jeanne d'Arc[21]. Il est remarquable que dans le même temps, en juin 1429, le théologien allemand Henri de Gorkum rédigeait un mémoire sur la Pucelle d'Orléans avec la même démarche intellectuelle thomiste et intitulé Sur une certaine jeune fille qui autrefois chevaucha en France[22].
En 1431, le pape Eugène IV le consulte à propos du concile de Bâle. Un historien relève : « On le regardait comme un oracle infaillible qu’on s’empressait de consulter »[23].
L'année qui suit le supplice de Jeanne d'Arc, le , Jacques Gélu meurt de la goutte à Embrun. L'empereur Sigismond venait de confirmer les privilèges[24] de l'Église d'Embrun, qualifiant son archevêque de « conseiller du palais impérial, dévot fidèle et très aimé de Nous ».
Les 30 et 31 juillet 1932, des festivités religieuses sont organisées à Embrun pour le 5e centenaire de sa mort, en présence du nonce apostolique, Mgr Maglione, de l'archevêque de Lyon, le cardinal Maurin, du maire de la ville et du sénateur Toy-Riont[25].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.