Intervention israélienne au Liban en 1982
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L’intervention militaire israélienne au Liban de 1982, l’opération Paix en Galilée (en hébreu : מבצע שלום לגליל - של"ג, translittération Mivtsa Shalom LaGalil), ou l’invasion du Liban de 1982 (en arabe : غزو لبنان عام 1982, translittération Ghazou Loubnan ‘Am 1982), au cours de laquelle l'armée israélienne a envahi le Sud du Liban à partir du 6 juin 1982 dans le but de faire cesser les attaques palestiniennes de l'OLP lancées depuis le Liban, et fait le siège de Beyrouth, la capitale. L'objectif déclaré d'Israël est de détruire l'Organisation de la libération de la Palestine qui lance des attaques depuis le Liban. 20 000 Libanais et Palestiniens, en majorité des civils, sont tués, selon un bilan de l’Associated Press[3],[4], ainsi que 670 soldats israéliens, dans des combats qui prennent fin le 12 août 1982.
Intervention israélienne au Liban de 1982
Des troupes israéliennes au Liban-Sud, juin 1982.
Date |
– (3 mois et 23 jours) |
---|---|
Lieu | Liban du Sud |
Issue | Victoire tactique israélienne qui finit toutefois par devoir quitter le Liban ; occupation militaire du Liban-Sud |
Menahem Begin Ariel Sharon David Ivry (en) (force aérienne) Ze'ev Almog (en) (marine) Rafael Eitan Pierre Gemayel Saad Haddad |
Yasser Arafat Hafez el-Assad Mustafa Tlass Abdul Rauf al-Kasm Georges Haoui Assaad Hardan Marwan Fares Ragheb Harb Nabih Berri Ibrahim Qoleilat ![]() Abdullah Öcalan Mahsum Korkmaz |
657 tués 2383 blessés[2] |
2 130 morts, rebelles et civils 1 600 prisonniers |
Guerre civile libanaise - Conflit israélo-arabe
Batailles
L'ONU envoie à Beyrouth une Force multinationale de sécurité, sollicitée par les autorités libanaises. Cette Force multinationale assure l'évacuation des combattants de l'OLP hors du Liban fin août 1982[5].
Le massacre de Sabra et Chatila, à Beyrouth-Ouest, est commis par les phalanges libanaises, mouvement paramilitaire chrétien de droite, alliées d'Israël, pendant que l'armée israélienne occupe encore cette partie de la ville, en septembre 1982.
Israël se retire du Liban trois ans plus tard en 1985, après avoir élargi au sud du pays sa zone dite « de sécurité », confiée à ses supplétifs chrétiens libanais, établie depuis sa précédente invasion du Liban en 1978[6]. Le retrait d'Israël et de ses alliés de cette zone tampon n'a lieu qu'en mai 2000.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a exigé le retrait sans condition d'Israël hors du Liban dès le premier jour de l'invasion.
Contexte
Résumé
Contexte
Cette invasion succède à celle 1978, date à laquelle le gouvernement israélien avait décidé d'une offensive dans le Sud du pays, appelée l'opération Litani[6]. L'objectif de cette guerre de 1978 était de repousser les milices palestiniennes au nord du pays et de s'emparer de la rivière Litani. Après plusieurs semaines en territoire libanais, les troupes israéliennes se sont retirées partiellement, laissant la région à l'Armée du Liban-Sud alliée d'Israël.
Le facteur immédiat qui déclenche la guerre de 1982 est une tentative d'assassinat, le 3 juin 1982, visant l'ambassadeur d'Israël à Londres, attribuée à tort à l'Organisation de la libération de la Palestine. Les services de renseignements israéliens découvrent rapidement que l'OLP n'est pas responsable de cet attentat[6], commis en réalité par des Palestiniens hostiles à cette organisation politique ; toutefois, le gouvernement de Menahem Begin ne tient pas compte de cette information et déclenche une offensive contre le Liban[7]. Jusqu'au cessez-le feu conclu 8 mois avant l'invasion entre l'OLP et Israël[8] l'OLP lançait du sud du Liban des tirs de katioucha sur le nord d'Israël[9],
Deux éléments contextuels sont déterminants : l’arrivée au pouvoir de Menahem Begin, chef du parti de droite Likoud en 1977[6] ; le traité de paix israélo-égyptien en 1979. Menahem Begin est en effet un tenant d'une politique plus dure envers les Palestiniens[6]. La paix conclue entre Israël et l'Egypte permet à l'Etat hébreu d'ouvrir un nouveau front sans craindre une guerre avec le voisin égyptien[10].
L'objectif déclaré d'Israël est la destruction des infrastructures de l'OLP[7].
L'opération s'effectue avec l'accord de l'administration américaine de Ronald Reagan, laquelle a fixé néanmoins comme condition qu'Israël n'aillé pas au-delà de 40 km à l'intérieur du territoire libanais[7]. Par ailleurs les responsables israéliens s'engagent auprès des Etats-Unis pour que la guerre dure 72 heures, « puisqu’elle a uniquement pour but de détruire l’artillerie palestinienne qui menace le Nord du pays », d'où le nom de code « Paix en Galilée »[7]. Le parti travailliste israélien consent à soutenir la droite au pouvoir dans son action militaire en fonction de ces engagements[7].
De 1979 à 1983, les services secrets israéliens mènent une campagne à large échelle d’attentats à la voiture piégée qui tuent des centaines de Palestiniens et de Libanais, civils pour la plupart, revendiqués par le « Front pour la libération du Liban des étrangers » (FLLE). Le général israélien David Agmon indique qu'il s'agissait de « créer le chaos parmi les Palestiniens et les Syriens au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne, pour leur donner l’impression qu’ils étaient constamment sous attaque et leur instiller un sentiment d’insécurité. » Le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman précise que l'objectif principal était de « pousser l’Organisation de libération de la Palestine à recourir au terrorisme pour fournir à Israël la justification d’une invasion du Liban[11].
En 1982, lorsque l’armée israélienne pénètre au Liban, il y a sur place 150 000 combattants appartenant à de multiples factions locales : Phalanges, Parti socialiste progressiste, Amal, Organisation de libération de la Palestine, etc., et de dix-huit nationalités, le tout sur un territoire grand comme un département français[12].
Protagonistes
Résumé
Contexte
Israël et ses alliés
L'armée israélienne, Tsahal, est soutenue par l'Armée du Liban-Sud et les Phalanges libanaises, des milices libanaises majoritairement chrétiennes.
Le Premier ministre israélien de l'époque est Menahem Begin tandis que Rafael Eitan est le chef d'État-major de Tsahal et Ariel Sharon, le ministre de la Défense.
L'OLP et ses alliés

Le principal adversaire de Tsahal est l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), alliée aux forces armées syriennes et à plusieurs groupes de résistants libanais dont les plus importantes sont le Parti socialiste progressiste de Walid Joumblatt et les milices de Amal, du Parti social nationaliste syrien ainsi que celle du Parti communiste.
Le 16 septembre 1982, le Parti communiste libanais et deux autres partis de gauche, l’Organisation de l'action communiste au Liban (OACL) et le Parti d'action socialiste arabe, créent le Front de la résistance nationale libanaise, ou Jammoul selon l’acronyme arabe[13].
Le chef du Fatah et de l'OLP est Yasser Arafat.
Effectifs des belligérants
Israël | Syrie | OLP | |
---|---|---|---|
Effectifs | 76 000 | 22 000 | 15 000 |
Chars de combat | 800 | 352 | 300 |
Véhicule blindé de transport de troupes | 300 | 150 | |
Arme antichar | 200 | - | 2-300 |
Artillerie | - | 300 | 350+ |
Canon antiaérien | - | 100 | 250+ |
Total des avions des belligérants | 634 | 450 | 0 |
Total des avions impliqués | 364 | 96 | 0 |
Avion d'attaque au sol | 275 | 225 | 0 |
Hélicoptère d'attaque | 42 | 16 | 0 |
Lanceur de missile surface-air | - | 125 | - |
Pertes humaines
Au Liban, 20 000 personnes sont tuées, « principalement des civils » selon la BBC[15]. Un bilan plus détaillé du nombre des victimes au Liban de l'invasion israélienne établi par l'Associated Press en 1991 faisait état de « plus de 19 000 Libanais et Palestiniens, principalement des civils, tués et 30 000 blessés » ; l'OLP compte dans ses rangs « 1 000 morts et 6 000 prisonniers » ; quant aux pertes syriennes, elles sont de 370 morts et 1 000 blessés[16].
L'armée israélienne perd 670 soldats lors de ce conflit, portant à 1 216 le nombre total de soldats tués entre les années 1982 et 2000.
Déroulement
Résumé
Contexte
L'OLP tire sur les villes israéliennes à partir de Beyrouth, mettant en danger les populations civiles. De son côté, l'armée israélienne opère une contre-attaque dans les camps palestiniens du Liban-Sud, qui refusent majoritairement de se rendre. D'une manière générale, la frontière entre civils et militaires est devenue extrêmement ténue pour tous les belligérants.
Dès le , un premier cessez-le-feu est proclamé entre les groupes armés palestiniens postés dans le Liban-Sud et l'armée israélienne, mais le refus de l'OLP de quitter Beyrouth entraîne la reprise des combats[9].
Fin de l'intervention
Au milieu du mois d’, un accord est trouvé pour l’évacuation des combattants Palestiniens et des forces syriennes de Beyrouth. L’évacuation est réalisée sous l’égide d’une force internationale[17]. Les Palestiniens sont évacués par voie maritime notamment vers Tunis, et les Syriens évacués par la route vers le territoire annexé dans la région de la Bekaa. L’évacuation est achevée le .
Les forces françaises sont présentes à Beyrouth du au , les forces américaines du au , les forces italiennes du au . Les forces internationales quittent le Liban plus tôt que prévu, sans avoir réalisé les objectifs 2) et 3) de leur mission[17], et l'assassinat de Bachir Gemayel a lieu le .
Le 30 août, Yasser Arafat est évacué de Beyrouth notamment grâce au soutien de la France et des Etats-Unis[18].
Bachir Gemayel qui venait d'être élu président de la république, était allié à Israël et voulait reconstruire le Liban en faisant la paix avec son voisin. Il est mort assassiné via l'explosion d'une bombe par Habib Chartouni, membre du Parti social nationaliste syrien[19]. Ce meurtre engendra le massacre de Sabra et Chatila.
Noms donnés à l'invasion israélienne
Résumé
Contexte
Les autorités israéliennes ont attribué un nom de code officiel à l'opération, « Paix en Galilée », en référence à la région du nord d'Israël exposée aux tirs palestiniens. Toutefois, la progression de l'armée israélienne bien au-delà du sud du Liban, jusqu'à la route Beyrouth-Damas, a paru, en Israël même, peu en rapport avec ce nom de code[20], qui a été perçu comme un euphémisme[21]. La spécialiste de politique et communication Dalia Gavriely-Nuri analyse le choix du nom comme une forme de normalisation et de justification de la guerre, présentée comme le contraire d'une entreprise belliqueuse - comme une opération pacificatrice, par conséquent légitime[22]. La résonance inoffensive du nom de code vise à détourner l'attention du public de l'image de la violence militaire[23]. Pour Piki Ish-Shalom, « Paix en Galilée » est « un exemple d’échec de la définition par la dénomination » dans la mesure où les Israéliens eux-mêmes perçoivent les événements de 1982 comme une guerre, non comme une simple opération, bien que le gouvernement n'ait jamais reconnu mener une guerre au Liban[24].
Après la guerre de 2006, où l'armée israélienne a de nouveau franchi la frontière, l'invasion de 1982 a pris en Israël le nom de « première guerre du Liban », tandis que le conflit de 2006 a été appelé par les Israéliens « deuxième guerre du Liban »[6],[25],[26]. Le nom de « deuxième guerre du Liban » a constitué un aveu rétrospectif, car pour parler de « deuxième » guerre, il faut qu'il y en ait eu une première[26].
L'invasion est parfois appelée « quatrième guerre israélo-arabe »[10], « cinquième guerre israélo-arabe »[10], « sixième guerre israélo-arabe »[27].
Références
Bibliographie
Voir aussi
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