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L'imparfait de l'indicatif est un tiroir verbal de la conjugaison des verbes français. Son nom provient du latin imperfectus, signifiant : inachevé, incomplet. L'imparfait est un temps simple du mode indicatif, c’est-à-dire qu'il présente une action réelle et la situe dans le temps. Il existe également un imparfait du subjonctif en français.
On classe traditionnellement les usages de l'imparfait en deux catégories : temporel et modal. Dans la première, l'imparfait situe le procès exprimé par le verbe dans le passé, sauf dans le cas de la concordance des temps. Ses emplois modaux semblent plutôt exprimer un décalage avec la réalité (hypothèse, situation imaginaire) ou une attitude particulière vis-à-vis de l'interlocuteur (usage hypocoristique par exemple).
L'imparfait présente l'action dans son déroulement, en cours d'accomplissement ou répétée durant un moment du passé connu de tous les participants à l'échange linguistique, même s'il s'agit d'une connaissance tacite. C'est une des différences avec le passé composé, qui lui peut exprimer qu'un événement a eu lieu à un moment inconnu du passé. En évoquant un étranger qui parle français, on peut dire : Il a appris le français, même si on n'a pas la moindre idée de quand cet apprentissage a eu lieu. En effet, en l'absence de complément de temps explicite, le passé composé, à l'origine présent accompli, signifie naturellement : l'événement s'est accompli avant le moment d'énonciation, donc dans le passé. Par contre, Il apprenait le français n'a de sens que si l'on sait de quel moment on parle.
Dans la mesure où son temps de référence est en principe dans le passé, l'imparfait de l'indicatif indique souvent que l'événement n'appartient plus / pas à l'actualité de l'énonciateur, qu'il s'agit d'une période révolue[1]. C'est pourquoi on l'utilise volontiers pour évoquer les états anciens, mettre le passé en contraste avec le présent :
Il est souvent employé en toile de fond d'un événement au passé simple ou au passé composé : parler d'un événement à l'imparfait, c'est placer cet événement à l'arrière plan ; en employant le passé simple ou le passé composé, on met, au contraire, l'événement au premier plan ; le moment où a lieu cet événement de premier plan est le temps de référence de l'événement à l'imparfait.
Marc Wilmet[2] fournit divers exemples d'emploi de l'imparfait sans référence au passé :
Contrairement aux exemples précédents, communément compris et utilisés, l’imparfait hypocoristique, bien qu'attesté par de nombreuses sources[3], est plus discuté, connu de certains locuteurs seulement, et plus difficile à interpréter. Il peut être employé notamment lorsqu'on s'adresse à un petit enfant ou à un animal domestique (qui ne sont donc pas en mesure de répondre) :
Un emploi dit « ludique » ou « préludique » mettant en place une situation imaginaire de jeu est aussi attesté[5]. Le conditionnel peut aussi être utilisé de cette manière.
On peut mentionner aussi l'imparfait des commerçants ou « imparfait forain »[2], dont la valeur semble mi-temporelle, mi-modale :
Il est peut-être lié à l'imparfait d'atténuation — politesse parfois utilisé pour solliciter une réponse ou un service :
L'imparfait est parfois employé dans la littérature à la place des temps de narration habituels tels que le passé simple ou le présent[6] : c'est par exemple une des caractéristiques du style de Georges Simenon[7], mais aussi de Marcel Proust[3].
Pour former l'imparfait, on utilise le radical du verbe à la première personne du pluriel au présent de l'indicatif. On ajoute à ce radical les terminaisons de l'imparfait.
Aimer
Lancer (-cer, c–ç)
Manger (-ger, g–ge)
Finir
Sortir
Avoir
Être
Autrefois, les terminaisons de l'imparfait s'écrivaient avec un « oi » au lieu de « ai » (et se prononçaient « oué »). La réforme orthographique consistant à écrire « ai » pour « oi », notamment pour les imparfaits, a été préconisée par quelques grammairiens et auteurs du XVIIe siècle (Berain, Milleran), puis au XVIIIe (de Vallemont, Girard), mais elle a été surtout promue par Voltaire. Il la met en œuvre en 1734 pour les substantifs, puis en 1752 pour l'imparfait.
Bien que contestée, notamment par d'Alembert, la nouvelle orthographe se répand néanmoins et est consacrée dans le Dictionnaire critique de Jean-François Féraud en 1787. Les éditeurs Didot l'adoptent en 1798 et les formes en « oi » finissent par disparaître lors de la réforme de l'orthographe française de 1835[8].
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