Lorsque l'Union nationale reprend le pouvoir, en 1966, les observateurs de l'époque croient qu'il s'agit de la fin de la Révolution tranquille et même d'un retour à l'ère Duplessis. Au contraire, Daniel Johnson poursuit les réformes commencées sous Lesage. Les Cégeps sont créés. La loi sur le Protecteur du Citoyen est adoptée. On met en place le ministère des Institutions financières.
Les relations Québec-Ottawa prennent une nouvelle tangente. Johnson exige la signature d'un nouveau pacte d'égal à égal avec le reste du Canada, sinon il déclenchera, dit-il, le processus devant mener à l'indépendance, de là son slogan "Égalité ou indépendance". Les négociations avec Ottawa ne sont cependant pas un succès, surtout avec l'entrée en scène de Pierre Elliott Trudeau.
Avec l'appui du président français, Charles de Gaulle, Johnson accroît significativement le rayonnement international du Québec. Expo 67 et le "Vive le Québec libre! du général De Gaulle le font connaître à travers le monde. En , le Gabon, sous la pression du président français, invite le ministre de l'Éducation québécois à la conférence annuelle des communautés africaines et malgaches, à Libreville, sans passer par Ottawa. Le mois suivant, le Canada, mécontent, rompt ses liens diplomatiques avec le Gabon.
: assermentation du cabinet Johnson devant le lieutenant-gouverneur Hugues Lapointe.
Été 1966: grève sauvage dans les hôpitaux sans aucun service essentiel. Il faut la menace d'une loi spéciale pour faire cesser le conflit.
Automne 1966: négociations avec Ottawa sur le régime fiscal. Johnson réclame 100% de l'impôt sur le revenu et sur les sociétés.
: première session de la 28e Législature. La loi sur les prêts et bourses aux étudiants est adoptée. Au cours des mois suivants, l'Assemblée législative discute de la création d'un ministère des Affaires interprovinciales et d'un ministère de la Fonction publique ainsi que d'une loi devant instituer un protecteur du citoyen.
: dépôt de la loi 21 créant les Collèges d'enseignement général et professionnel (les Cégeps).
: Création du Ministère des relations internationales, par l'adoption de la Loi modifiant la Loi du ministère des Affaires fédérales-provinciales et certaines lois connexes (Bill no 33)[1].
: Daniel Johnson rencontre Charles de Gaulle à l'Élysée. Les deux chefs d'État veulent établir une étroite collaboration entre le Québec et la France.
: Daniel Johnson annonce la construction d'une cité parlementaire à Québec. Le coût de la construction des immeubles, dont le Complexe G qui doit compter 30 étages, est établi autour de 30 millions $.
: la phrase du général de Gaulle (« Vive le Québec libre! »), lancée du haut du balcon de l'hôtel de ville de Montréal, déclenche un véritable séisme dans les relations Québec-Ottawa et Ottawa-Paris. Le , lors d'une conférence de presse à l'Élysée, il fait un discours de 19 minutes détaillant sa visite au Québec et ses motivations[2] (probablement jamais télédiffusé au Québec).
: François Aquin démissionne du caucus libéral et devient le premier député indépendantiste de l'Assemblée législative.
: le rapport de la Commission Castonguay recommande l'instauration d'un régime d'assurance-maladie universel, complet, public et obligatoire.
: Accord Johnson-Peyrefitte avec la France au sujet de la culture, l'éducation et les visites diplomatiques. Cela prévoit la création de l'Office franco-québécois pour la jeunesse.
: lors d'une conférence de presse, René Lévesque annonce qu'il préconise désormais la souveraineté politique du Québec doublée d'une association économique avec le reste du Canada, et publie au même moment un manifeste intitulé Un pays qu’il faut faire, précurseur du MSA et du livre Option Québec (1968).
: Au congrès du PLQ, le président de l'assemblée refuse le vote secret sur la proposition de la Souveraineté-Association. Le congrès rejette cette proposition de façon quasi unanime. René Lévesque quitte le parti libéral.
: Daniel Johnson affronte le ministre fédéral de la Justice, Pierre Elliott Trudeau, lors de la conférence fédérale-provinciale. Celui-ci lui nie la prétention d'être le seul porte-parole des francophones au Canada. Selon lui, ces derniers doivent obtenir l'égalité linguistique avec les anglophones et non un statut particulier qui mènerait tout droit à la séparation.
: Création de l'Office de la radio de Québec, appelé souvent Radio-Québec (aujourd'hui Télé-Québec), d'après une loi datant de 1945 (Duplessis) n'ayant pas encore été activée. Il commença par produire une série radio sur l'histoire du Québec et la série télévisuelle Les Oraliens. Ce n'est que quelques années plus tard que l'Office créa la station de télé Radio-Québec.
: Trudeau devient premier ministre du Canada et annonce des élections générales pour le .
: Lundi de la matraque : Trudeau assiste au défilé de la St-Jean, Bourgault (chef du 3e plus gros parti au Québec) est battu et arrêté pour sa simple présence. Trudeau décide de braver l'émeute.
: À la SRC, le journaliste Claude-Jean Devirieux est suspendu pour avoir dénoncé la brutalité policière la veille. La SRC déclenche une grève d'un jour en soutien à Devirieux. Trudeau remporte les élections et obtient un gouvernement majoritaire. Cette victoire n'est pas annoncée à la SRC, en raison de la grève.
: Daniel Johnson meurt d'une crise cardiaque à la veille de l'inauguration du barrage de Manic 5. Jean-Jacques Bertrand prend alors le relais.