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critique littéraire, linguiste, écrivain et philosophe anglo-franco-américain De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Francis George Steiner, né le à Neuilly-sur-Seine (France) et mort le à Cambridge (Royaume-Uni), est un érudit, critique littéraire, linguiste, écrivain et philosophe franco-américain, spécialiste de littérature comparée et de théorie de la traduction.
Juré du prix Brooker (d) | |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Francis George Nathaniel Steiner |
Nationalité |
France puis États-Unis |
Formation | |
Activités | |
Conjoint |
Zara Steiner (à partir de ) |
Enfants |
La Mort de la tragédie Après Babel Réelles présences Le transport de A.H. Dans le château de Barbe-Bleue |
Auteur de nombreux essais sur la théorie du langage et de la traduction ainsi que sur la philosophie de l'éducation, il est surtout réputé pour ses critiques littéraires, notamment dans The New Yorker et le Times Literary Supplement.
Archétype de l'intellectuel européen, George Steiner est pétri de plusieurs cultures du fait de son éducation trilingue (allemand, français et anglais). Ardent défenseur de la culture classique gréco-latine, il fait partie des penseurs européens contemporains aptes à lire dans le texte des œuvres écrites en de nombreuses langues (outre le grec et le latin. Il maîtrise cinq langues vivantes) et écrit généralement en anglais.
Il est docteur honoris causa de nombreuses universités et membre de la British Academy.
George Steiner naît le à l'hôpital américain de Paris de Neuilly-sur-Seine[1]. Ses parents, Frederick George Steiner, d’ascendance tchécoslovaque[2], et Else Steiner (née Franzos), étaient des Viennois Juifs. Sa sœur aînée, Ruth Lilian, était née à Vienne en 1922. Frederick Steiner était avocat principal à la Banque centrale d'Autriche et Else Steiner participait à la vie mondaine de Vienne. Mais « une haine systématique et doctrinale des Juifs bouillonnait et empestait sous les libéralités scintillantes de la culture viennoise », écrira-t-il[3].
Cinq ans plus tôt, la famille avait ainsi quitté l'Autriche pour la France, sentant croître la menace de l'antisémitisme. Frederick Steiner était persuadé que les Juifs étaient « des étrangers, en danger partout où ils allaient »[4] et il avait pourvu ses enfants d'un bagage de langues. Le jeune George grandit donc avec trois langues maternelles, l'allemand, l'anglais et le français, puis l'italien[5] ; sa mère était polyglotte et avait l'habitude de « commencer une phrase dans une langue et de la terminer dans une autre »[4]. Alors que le garçon a six ans, son père, qui croyait qu'une éducation classique était indispensable, lui apprend à lire l'Iliade en grec ancien, lui faisant croire qu'il n'existait pas de traduction allemande[4],[6]. Il disait à son fils : « Avec la lecture, tu ne seras jamais seul » et citant Baruch Spinoza : « La chose excellente doit être très difficile »[7]. Sa mère, pour laquelle « il était indigne de s'apitoyer sur soi-même »[4] aida son fils à surmonter un handicap : il était né avec un bras droit atrophié. Au lieu de le laisser devenir gaucher, elle insista pour qu'il utilisât la main droite[4] et lui dit que c'était une chance car ainsi, il n'aurait pas à faire son service militaire[8].
George Steiner commença à étudier au lycée Janson-de-Sailly de Paris. En 1940, au début de la Seconde Guerre mondiale, son père se réfugie avec sa famille, cette fois à New York, embarqués sur le dernier bateau parti de Gênes[5]. Moins d'un mois après, les nazis occupaient Paris et, des nombreux enfants juifs qui s'étaient trouvés dans la classe à l'école de George, il n'y en eut que deux, dont lui, pour survivre à la guerre[4]. Une nouvelle fois, l'intuition de son père avait sauvé sa famille et cela donna à Steiner l'impression d'être une sorte de survivant, ce qui par la suite devait influencer profondément ses écrits : « Ma vie entière a été hantée par la mort, le souvenir et la Shoah »[4]. Il est devenu un « vagabond reconnaissant », disant que « les arbres ont des racines et moi j'ai des jambes, c'est à cela que je dois ma vie »[4]. Il passa le reste de ses années d'études au lycée français de New York à Manhattan et devint citoyen américain en 1944.
Sorti du lycée, Steiner étudia à l'université de Chicago la littérature aussi bien que les mathématiques et la physique. Il obtint un Bachelor of Arts en 1948 puis un MA degree en 1950 à l'université Harvard. Il suivit ensuite des cours au Balliol College à l'université d'Oxford grâce à une bourse Rhodes.
Après sa thèse de doctorat à Oxford, une première version de The Death of Tragedy fut d'abord refusée (Faber & Faber devait la publier par la suite) ; il interrompit alors ses études pour enseigner l'anglais au Williams College (Massachusetts).
Au début des années 1950, il fit la connaissance de Zara Shakow, New-Yorkaise d'origine lituanienne. Elle aussi avait étudié à Harvard et c'est à la suggestion de leurs anciens professeurs qu'ils se rencontrèrent à Londres[9]. « Les professeurs avaient gagé... que nous nous marierions si jamais nous nous rencontrions. » Ils se marièrent en 1955, l'année où George passa son doctorat à l'université d'Oxford[3],[4].
Le couple aura un fils, David, professeur d'éducation et président d'Université, ainsi qu'une fille, Deborah devenue philologue classique[10].
George Steiner dira souvent que « sa vie serait inconcevable sans Zara » dont il recherchait les conseils, reconnaissant chez elle « une douceur extraordinaire, capable d'atténuer comme un baume sa dureté de tempérament »[11]. Unis pendant des décennies, les deux membres du couple Steiner mourront à quelques jours d'intervalle[2].
Après le Williams College de Williamstown, il enseigna à Innsbruck, à Cambridge (où il cofonde le Churchill College, en 1962[5],[7]) et à Princeton, puis il devint professeur de littérature comparée à l'Université de Genève en 1974, où il enseigna jusqu'en 1994.
Il écrira dans son autobiographie intellectuelle, Errata : « L'exposition depuis la petite enfance à ces ordonnances d'excellence, le désir de partager avec d'autres la responsabilité et la transmission dans le temps, sans lesquels le classique fait silence, fit de moi exactement ce que voulait mon père : un professeur »[7].
Il fut, entre 1952 et 1956, éditorialiste en tant que critique littéraire à l'hebdomadaire londonien The Economist[5]. Il écrira également pour le New York Times ou leTimes Literary Supplement et collaborera trente années au New Yorker, effectuant aussi des reportages sur les maîtres d'échecs, une de ses passions avec la musique ou le théâtre[7],[12].
Il était parti interviewer Robert Oppenheimer qui le fit entrer à l’institut de Princeton ; c’est le « tournant » de sa vie[5].
Pendant les années 1980 et 1990, il se rapproche aussi du philosophe maurrassien Pierre Boutang, avec lequel il dialogue en 1987 à propos de l'Antigone de Sophocle et du sacrifice d'Abraham, à la télévision française, puis en 1994 dans un ouvrage commun[13]. Ils partageaient un intérêt commun pour les classiques de la littérature occidentale (Homère, Sophocle, Dante, Shakespeare, Joyce, Poe, Rimbaud, Dostoïevski), de la philosophie (Platon, Heidegger) et pour l'exégèse judéo-chrétienne. Il considérait d'ailleurs l'Ontologie du secret, la thèse de Boutang, comme un « des maîtres-textes métaphysiques de notre siècle ». On a pu lui reprocher ses discussions avec Pierre Boutang, admirateur de Charles Maurras[14],[15].
Il a tout ce temps donné de nombreuses conférences à travers le monde et, nommé professeur émérite à sa retraite, il a enseigné quelque temps au St Anne's College d'Oxford (1994-1995) puis à Harvard (2001-2002)[6].
Il meurt le dans sa maison de Cambridge, quelques jours avant son épouse[2].
Son traducteur Jean-Emmanuel Dauzat estime que[7] :
« La longévité de son œuvre aidant, George Steiner est désormais un personnage de roman, voire de pièce de théâtre ».
George Steiner fut enthousiasmé par le roman Les Deux Étendards de Lucien Rebatet. Il chercha à le faire traduire et publier par un éditeur américain. Steiner écrivit à Rebatet à ce sujet et prit l'initiative d'une rencontre en à Paris ; une brève correspondance s'ensuivit entre les deux écrivains. Rebatet écrivit à Steiner : « J'ai écrit beaucoup de choses outrées, que je ne signerais plus aujourd'hui. J'ai contribué à la brutalité du siècle ». Malgré cet aveu, Rebatet refusa de battre sa coulpe « parce que je voudrais que d'autres le fassent avec moi ». Ce refus persistant finit par conduire à la fin de leur relation. Dans son ultime lettre à Rebatet, Steiner écrivit, à propos des juifs : « Notre maladie héréditaire, c'est d'être juste envers ce qui est grand dans le monde de l'Esprit »[16].
Pour chaque œuvre, la première date mentionnée est celle de première publication en français. En cas de traduction (presque toutes les œuvres de George Steiner ont d'abord paru en anglais), la seconde date (entre parenthèses) est la date de première publication dans la langue originale. L'ordre est celui de la première publication quand elle est connue, à défaut la publication de la traduction en français. George Steiner, Œuvres, Gallimard, collection « Quarto, 2013 », sous la direction de Pierre-Emmanuel Dauzat, contient des reprises et certaines traductions originales.
Pour une bibliographie plus complète des œuvres en anglais, voir Wikipedia en anglais.
Voir aussi la reprise d'articles et de conférences dans « Passions impunies ».
Entre autres distinctions, George Steiner a été récompensé par :
George Steiner est docteur honoris causa de plusieurs universités :
Il a reçu de nombreux prix, parmi lesquels :
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