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comédie de Molière De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Les Fourberies de Scapin est une comédie de Molière en trois actes (comportant respectivement cinq, huit, et treize scènes) et en prose, créée au théâtre du Palais-Royal à Paris le .
Cette comédie de Molière est fortement empreinte de comédie italienne. À sa création, le spectacle n'obtient pas un grand succès public. Nicolas Boileau lui reproche son côté populaire et Fénelon l'exagération des caractères. Elle est au cours des siècles suivants devenue l'une des pièces les plus jouées du répertoire théâtral français. Son intrigue est en partie inspirée du Phormion de Térence[1].
Au moment de la création de la pièce, le théâtre du Palais-Royal était en pleine rénovation. Afin de poursuivre l'activité théâtrale dans cet espace aux dimensions vraisemblablement réduites, Molière écrivit, rapidement semble-t-il, une pièce qui pouvait être montée facilement et qui ne nécessitait qu'un décor sommaire[2]. Bien que reprenant leur intrigue du Phormion de Térence, Les Fourberies de Scapin sont plus proches de l'esprit de la commedia dell'arte que de la « grande comédie » dont l'auteur latin passait pour le modèle, ce que Boileau devait reprocher à la pièce dans son Art poétique en 1674[3].
Les Fourberies de Scapin furent représentées pour la première fois le au théâtre du Palais-Royal, où la pièce n'obtint qu'un succès limité (la recette de la soirée s'éleva à 545 livres, ce qui était une somme assez maigre pour une première.) Les représentations s'espacèrent rapidement et Molière n'interpréta, jusqu'à sa mort en , que dix-huit fois le rôle de Scapin[4].
Reprise par ses anciens compagnons de scène après la mort du dramaturge, la pièce obtint en revanche un immense succès, et fut représentée 197 fois entre 1677 et la mort de Louis XIV en 1715. Elle est par la suite devenue l'une des pièces les plus jouées du répertoire théâtral français[2].
Personnages des Fourberies de Scapin | |
Personnage | Lien avec les autres personnages |
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Scapin (personnage venant de la commedia dell'arte, dont le nom italien est Scappino) | Valet de Léandre, fourbe |
Silvestre | Valet d'Octave |
Octave | Fils d'Argante et amant de Hyacinte. |
Léandre (personnage utilisé dans de nombreuses pièces de Molière notamment le Médecin malgré lui) | Fils de Géronte et amant de Zerbinette |
Hyacinte | Fille de Géronte et amante d'Octave |
Zerbinette | Une Égyptienne, reconnue fille d'Argante et amante de Léandre |
Argante | Père d'Octave et de Zerbinette |
Géronte | Père de Léandre et de Hyacinte |
Nérine | Nourrice de Hyacinte |
Carle | Fourbe |
Deux porteurs |
En l’absence de leurs pères partis en voyage, Octave, fils d’Argante, s'est épris de Hyacinte, jeune fille pauvre et de naissance inconnue qu’il vient d’épouser, tandis que Léandre, fils de Géronte, est tombé amoureux d'une « jeune Égyptienne », Zerbinette, de passage dans sa troupe .
Argante, père d'Octave, revient en ville pour le marier. Il ne sait pas que son fils s'est marié pendant son absence. Octave, très inquiet de la réaction paternelle à l’annonce de son union et, de plus, fort à court d’argent, implore l'aide de Scapin, valet de Léandre. Mais cet « habile ouvrier de ressorts et d’intrigues » ne parvient pourtant pas à faire fléchir le vieillard.
Argante répète à Géronte une nouvelle qu’il tient d’une indiscrétion de Scapin : Léandre a commis une grave erreur. Aussi le jeune homme, fort mal accueilli par son père, tance-t-il vertement le valet pour sa trahison. Mais il quitte bientôt son ressentiment pour le supplier de lui venir en aide : il lui faut payer une rançon pour Zerbinette s’il ne veut pas la voir enlevée par les Égyptiens.
Par de hardis stratagèmes, l’inventif Scapin ne tarde pas à extorquer la somme aux deux vieillards. Mais Scapin entend encore se venger de Géronte qui l’a desservi auprès de Léandre. Aussi lui fait-il croire qu’un prétendu frère de Hyacinte est à sa poursuite, résolu à lui ôter la vie pour le punir de vouloir faire rompre le mariage. Afin de le soustraire à ce danger, Scapin cache sa victime dans un sac, et lui donne de violents coups, tout en feignant de le protéger des spadassins qui sont à sa recherche.
La fourberie de Scapin est éventée, et Géronte lui ferait payer cher sa fourberie, si par une diversion opportune une double reconnaissance ne révélait en Hyacinte la fille de Géronte, et en Zerbinette celle enlevée à Argante. Scapin, qui feint d'être à l'agonie par suite d’un accident, demande et obtient le pardon des vieillards.
De cette œuvre, une réplique est passée non seulement à la postérité mais aussi dans le langage populaire : « Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » (la galère turque où Léandre est retenu prisonnier). Cette scène n'est pas d'ailleurs directement de Molière, mais de Cyrano de Bergerac, qui la fit apparaître dans sa pièce Le Pédant joué, écrite en 1654[5].
Nicolas Boileau, dans L'Art poétique, rejette l’esthétique de cette pièce par ces vers également célèbres : « Dans ce sac ridicule où Scapin s’enveloppe, /Je ne reconnais plus l’auteur du Misanthrope ». Il en condamne la teneur farcesque, opposée à la conception mesurée qu'il défend de la comédie, et reproche à Molière d'avoir voulu complaire à un public populaire[6].
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