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Les familles patriciennes de Gênes désignent les familles de l'aristocratie génoise, bien plus exactement qu'une « noblesse » (bien que parfois qualifiée comme telle[1]), qui constitue à Gênes « un certain milieu, devenu bientôt une classe avec ses privilèges »[1] ayant en haute considération la richesse, presque comme une ploutocratie[1].
Dans un premier temps, Gênes ne comptait que des comtes et marquis dont les fiefs se situaient hors les murs. Ils demeurèrent presque hors du cadre de la République et ne furent jamais vraiment absorbés, même si certains eurent d'importantes descendances à la ville[1].
Les descendants de vicomtes ont joué un rôle beaucoup plus important, dont descendent notamment les Della Volta, Spinola, De Mari, Advocato, Castello, Embriaco, Caffaro et d'autres - sachant que les généalogies de beaucoup d'autres familles génoises se prévalant de cette origine sont douteuses[1].
Avec la succession des consuls à partir du XIe siècle émerge progressivement, entre 1150 et 1250[1], une aristocratie tirant son titre de la participation aux affaires de l'Etat[1] : Longhi, Embriaco, Spinola, Fornari, Malocello, Castelli, De Mari...
Si quelques grandes familles génoises descendent très exceptionnellement de marquis et de comtes, soit de vicomtes de l'époque impériale[1], la république de Gênes a interdit, plusieurs fois et jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, les titres et qualifications nobiliaires. En revanche, après les efforts de conciliation du XVIe siècle, le Liber Nobilitatis y a tracé le cadre de la vie politique, et indirectement de la vie sociale, jusqu'en 1797[1], dans la mesure où sont nobles les familles qui y sont inscrites[1].
Originellement, les familles patriciennes comme les Doria, Spinola, Grimaldi, Bisagni, Lomellini ou Brignole Sale n'avaient ni blason ni titre. Par la suite, chaque famille obtint titres et héraldiques.
A Gênes contrairement à l'ancienne Rome ou à Venise, le statut de patricien n'existe pas, on disait nobila donna. Les patriciens portent les titres de illustrissimes noté D.D. ou très excellents (excellentissimes) noté D. et surtout le titre de Magnifique, devant le nom. On désignait l'ensemble des patriciens par le substantif de Les magnifiques.
Enfin, afin d'obtenir une équivalence de ce titre dans les grandes cours européennes, les nobles à Gênes portaient le titre de marquis, le seul reconnu par la république. Une exception toutefois, les Doria : prince de Melfi et duc de Tursi. Les patriciens de Gênes se considéraient comme les égaux des princes du sang car chacun d'eux était susceptible de devenir le futur doge.
Ces familles sont les plus anciennes et les plus prestigieuses :
La vie des institutions de la commune est dans un premier temps dominée par les rivalités entre les quatre grandes familles : les Fieschi, les Grimaldi, les Doria et les Spinola. La ville est divisée entre de véritables quartiers fortifiés, chacun d'entre eux dominé par des familles patriciennes avec leurs églises et sanctuaires, leur palais et leurs tours. De 1052 à 1190, Gênes est dirigée par des consuls, remplaçant les comtes de la maison d'Este.
Au fil du XIIe siècle, la guerre civile apparaît comme presque permanente entre les diverses factions[1]. Cette situation aboutit à la mise en place à la tête de l'État d'un podestat étranger, en 1190, comme arbitre entre les partis[1]. A cela s'ajoute les conflit interne à la cité entre les factions guelfe et gibeline, cette dernière ayant comme principal acteur la famille les da Mare.
De 1270 à 1300 environ, les Spinola et les Doria s'unirent pour conquérir le pouvoir et le garder en se faisant régulièrement nommer « capitaine de la liberté et Défenseur du peuple »[1].
Les doges perpétuels mis en place en 1339 ne pouvaient pas être des membres des familles nobles (mesure étendue 20 ans plus tard à un grand nombre de fonctions publiques). Quelques familles du parti populaire[1] se disputèrent le pouvoir jusqu'à la réforme de 1528 :
La lutte fut particulièrement vive entre les Adorno, généralement appuyés par les Spinola et les Doria (parti gibelin), et les Fregoso, soutenus par les Fieschi et les Grimaldi (parti guelfe)[1].
Les anciennes institutions cèdent la place à une république oligarchique ou aristocratique puisque le gouvernement est placé entre les mains des nobles (près de 800 patriciens), répartis en 28 alberghi, les factions qui rassemblent les grandes familles de la noblesse génoise telles que les Doria, Grimaldi, Fieschi, Spinola, Sauli, de Ferrari, Brignole Sale, Lomellino (it), Balbi (it), Durazzo, Giustiniani, Pareto, etc. Les familles dont les membres ont exercé des charges politiques avant la révolte populaire de 1506.
Cinq de ces alberghi, anciennes conestagi, tinrent à ne pas être qualifiées de « nobles » mais de « populaires » : Giustiniani, Fornari, De Franchi, Sauli et Promontorio[1]. En effet, une profonde césure oppose alors les nobles dits anciens (familles apostoliques) aux nobles dits nouveaux (anciennes familles populaires telles les Brignole, les Sauli...). Cette division des familles patriciennes est à l'origine de la guerre civile génoise de 1575-1576 et se manifeste par des pratiques de classe. Ainsi, les nobles anciens se consacraient à la finance et à la banque tandis que les nobles nouveaux pratiquaient le négoce de textile (coton, soie, laine...). De même, les meilleures familles vivaient autour de Saint-Luc tandis que les autres vivaient autour de Saint-Pierre[1].
A Gênes comme à Venise, 5 % des citoyens étaient nobles (contre 0,09 % en France par exemple). Le pouvoir restait cependant entre les mains des familles les plus riches (une vingtaine de personnes seulement, parmi les plus riches du monde !), moins d'une dizaine au XVIIIe siècle dont les Brignole Sale, Doria, Spinola et Grimaldi, tandis que de nombreux patriciens frôlaient souvent la mendicité.
Le , les nouvelles lois de la République génoise sont publiées dans l'église Santa Croce de Gênes. Celles-ci abolissent les alberghi : les familles nobles reprennent leur nom original. Sont reconnues « nobles » les familles inscrites au Liber aureus nobilitatis Janue vite qualifié de Libro d'oro (livre d'or), demandé par Andrea Doria en 1528[3]. Des descendants de petits marchands ou d'artisans qui avaient joué un rôle au sein de l'Etat y côtoient ceux d'hommes qui ont joué un rôle historique considérable[1]. La noblesse ne dépend en effet d'aucun titre, mais du droit de participer aux affaires publiques. Cette situation durera deux cents ans, jusqu'à l'abolition du Livre d'or par la France, soutenue sans réserve par la population[1]..
Sur les 79 doges biennaux qui se succédèrent entre 1528 et 1797 (n pour case nuove (nobles nouveaux), v pour case vecchie (nobles anciens)) :
Autres familles :
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