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érudit français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Étienne Dolet, né à Orléans probablement le et mort sur le bucher le à Paris, est un humaniste, écrivain, poète et imprimeur français.
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Louise Giraud (d) |
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Guillaume Budé (épistolier) |
Né dans une famille modeste, il vit à Orléans jusqu'à l'âge de douze ans. Il part en 1521 pour Paris où il étudie les lettres latines pendant cinq ans auprès de Nicolas Bérault, professeur de Gaspard II de Coligny. En 1526, selon la tradition humaniste, il commence son tour des universités européennes. Il se rend à Padoue pour parfaire sa connaissance des lettres latines et surtout celle de Cicéron, sous la direction de son maître et ami Simon de Villanova. À la mort de ce dernier, Étienne Dolet s'attache en qualité de secrétaire à Jean de Langeac, évêque de Limoges et ambassadeur de France à la république de Venise. Il y suit les cours de Battista Egnazio sur Cicéron qui devient pour Dolet son « maître à écrire et souvent à penser »[1].
Il rentre en France au cours de l'année 1529 et il est inscrit à l’université de Toulouse en 1532, pour suivre des cours de droit et de jurisprudence. Élu orateur de la Nation Française, il prononce un violent réquisitoire en octobre 1533 sur la barbarie toulousaine, puis en janvier une diatribe sur les superstitions religieuses et la brutalité des Gascons[2]. Il est emprisonné en mars 1534 et, malgré la protection de Jean de Pins, il est finalement banni par un décret du parlement de Toulouse en 1534.
Il arrive à Lyon le , avant d'en repartir pour quelques mois qu'il passe à Paris. Il revient ensuite à Lyon, s'intègre dans le cercle des humanistes lyonnais, fréquente Clément Marot et Rabelais, mais également Guillaume et Maurice Scève, Jean de Tourne et l’imprimeur Sébastien Gryphe pour qui il devient correcteur.
En 1535, grâce à l’imprimeur Sébastien Gryphe, il publie le Dialogus de imitatione Ciceroniana, ouvrage ranimant la querelle du Cicéronianisme. Dans cet ouvrage, il renvoie dos à dos Erasme et Luther, accusés de conduire la religion chrétienne à la ruine.
En décembre 1536, au cours d'une rixe, il tue un peintre surnommé Compaing qui, prétend-t-il, voulait l’assassiner. Il fuit Lyon et gagne discrètement Paris pour implorer la grâce du roi. Il obtient en février 1537 des lettres de rémission. Il sera néanmoins emprisonné quelques semaines lors de son retour à Lyon.
Le 6 mars 1538, il obtient de François Ier un avantageux privilège qui lui accorde pour dix ans la possibilité d’imprimer tout ouvrage en latin, grec, italien ou français, de sa plume ou sous sa supervision. Il en fera profiter divers éditeurs avant de pouvoir à son tour s'installer comme imprimeur en 1539. C'est dans ces années qu'il publie les deux premiers volumes du Commentariorum linguae Latinae, un ambitieux dictionnaire étymologique du latin, projet conçu dès son adolescence et grand œuvre de sa vie.
Avec le concours financier d'Hellouin Dulin, il ouvre une imprimerie rue Mercière à Lyon. En quatre ans, il sort près de 90 ouvrages, tant des manuels pour étudiants que des textes classiques en français ou en latin, que de la littérature du temps, Clément Marot, Rabelais (une édition contrefaite de Gargantua qui entraîne la brouille des deux hommes). Un de ses grands succès d'édition sera son ouvrage sur la Manière de bien traduire.
Un quart de cette production est consacré à des ouvrages religieux. Il publie ainsi une version en français du Nouveau testament et L'Institution de la religion chrétienne de Calvin. Il n’ignore pas les dangers auxquels il s'expose. La publication en 1538 de son Cato Christianus produit même l'effet inverse. Ce catéchisme est fait sur le modèle des Disticha Catonis (Distiques de Caton), ouvrage très à la mode[3] au XVIe siècle[4]. Le Cato Christianus est interdit à la vente dès sa sortie, condamné le 2 octobre 1542 et fait partie de l'autodafé de février 1544, sur le parvis de l'église Notre-Dame.
En 1542, il publie donc des ouvrages religieux qui attirent l'attention de l'inquisiteur Matthieu Ory. Il est incarcéré en août 1542 dans les prisons lyonnaises, accusé d'être l'auteur d'ouvrages pernicieux et de ne pas croire en l'immortalité de l'âme. Condamné pour avoir imprimé certains de ces ouvrages, mangé de la viande pendant le carême et avoir prétendu préférer le sermon à la messe, il fait appel comme d'abus devant le parlement de Paris, ce qui lui permet d'être transféré des prisons de Roanne à la Conciergerie où il reste 15 mois[5]. Il obtient de nouvelles lettres de rémission grâce à l’intervention de l'évêque de Tulle, Pierre Duchâtel et retourne à Lyon pour reprendre ses activités.
Il est emprisonné une seconde fois en 1544, après la découverte de ballots de livres hérétiques portant sa marque d'imprimeur. Il réussit cependant à s'évader et se réfugie dans le Piémont. Il est rentré imprudemment en France car il pensait pouvoir imprimer à Lyon des lettres pour en appeler à la justice du roi de France, de la reine de Navarre et du Parlement de Paris. C’est dans ces circonstances qu'il publie le Second Enfer, un recueil de lettres adressées aux puissants et destinées à le défendre contre ses accusateurs. Ces lettres sont suivies par deux traductions de Platon, l’Axiochus et une traduction de l’Hipparchus (ou Hipparque, également apocryphe), sous-titré « de la convoytise et affection de gaigner[6]».
Son troisième procès porte sur l'affaire des ballots de livres, complot certainement organisé par des maîtres-imprimeurs lyonnais. Il lui est également reproché la traduction d'un passage de l'Axochius : « Après la mort, tu ne seras rien du tout ». Dolet a appuyé sa traduction en ajoutant les mots « du tout ». La faculté de théologie de la Sorbonne veut y voir une preuve de l'hérésie de Dolet : il ne croit pas dans l'immortalité de l'âme[7].
Le , il fait amende honorable sur le lieu de son supplice en invoquant la Vierge et son saint patron. Selon un retentum de son jugement, il obtient grâce à cela la possibilité d'être pendu, avant que d'être jeté avec ses livres dans son bûcher, sur la place Maubert. Cette place est réservée aux bûchers des imprimeurs : quatre y sont étranglés puis brûlés en 1546.
Une tradition apocryphe rapporte qu'il aurait composé un pentamètre sur le chemin du bûcher : Non dolet ipse Dolet, sed pia turba dolet « Ce n’est pas Dolet lui-même qui s’afflige, mais la multitude vertueuse »)[8],[7], qui lui attira la réponse suivante du prêtre qui l'accompagne : Non pie turba dolet sed Dolet ipse dolet (« ce sera bien Dolet qui souffrira et personne d’autre »)[7].
On ne sait pas si Dolet doit être classé parmi les représentants du protestantisme ou parmi les défenseurs d’un rationalisme antichrétien. Cependant, on sait qu’il n'était pas reconnu par les protestants de son temps et que Jean Calvin l’avait formellement condamné, tout comme Théodore Agrippa d'Aubigné et son maître Simon de Villanova, pour blasphèmes à l’encontre du Fils de Dieu.
Mais, à en juger par le caractère religieux de nombre de livres qu’il a publié, une telle condamnation est certainement déplacée. Sa défense perpétuelle de la lecture des Écritures en langue vulgaire est particulièrement notable[9].
Ses principaux ouvrages sont :
Étienne Dolet a aussi laissé des poésies latines et françaises, des traductions françaises de quelques écrits de Platon et de Cicéron, des pamphlets de circonstance, dont deux sur son emprisonnement, intitulés le Premier et le Second Enfer (1544). Étienne Dolet écrivit aussi un autre pamphlet, où il demande qu'il soit possible de lire la Bible en langue vulgaire, et qui fut brûlé.
Une statue en bronze d’Étienne Dolet est érigée sur la place Maubert à Paris, à l'endroit même de son bûcher. Elle est inaugurée le dimanche 19 mai 1889 à 14 heures[11]. Elle représente l'humaniste debout, les mains liées avec une presse d'imprimerie à ses pieds[12]. La veille, la Société de la libre-pensée du 5e arrondissement (groupe Étienne Dolet) avait organisé à la mairie du même arrondissement une conférence intitulée « Étienne Dolet, sa vie, son œuvre, son martyre », par le citoyen Bourneville, député de la Seine[13]. Au bas de la statue figure la phrase qu'il aurait prononcée en latin avant sa mort : « Non dolet ipse dolet, sed pia turba dolet »[14].
Le monument est immortalisé par André Breton dans son roman Nadja (1928).
Cette statue, lieu de ralliement des dreyfusards, anticléricaux et libres penseurs, est enlevée et fondue en 1942 pendant l'Occupation, et n'a jamais été remplacée, malgré quelques tentatives[8]. À la fin de la guerre, il ne restait que le socle, disparu en 1980 lors du réaménagement de la place[15].
Un buste à son effigie est inauguré en 1933 à Orléans dans le jardin Hardouineau, puis enlevé et fondu en 1942. Un nouveau monument en pierre est créé par le sculpteur Van Den Noorgaete en 1955. Il est installé dans le même espace vert de la commune, dans le jardin de l'ancienne mairie, de nos jours appelé jardin de l'Hôtel-Groslot. Il est inauguré en présence de nombreuses associations laïques[16].
L'association Pour un monument à la mémoire d'Etienne Dolet, Place Maubert à Paris[17] a été créée en 2017 pour re-ériger un monument à sa mémoire. Le sculpteur Anselm Kiefer a accepté de s’associer à ce projet [18].
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