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Élongation traumatique musculaire De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La déchirure musculaire (aussi appelée claquage ou déchirement[1]) correspond à l'élongation traumatique d'un muscle avec destruction d'une ou plusieurs fibres musculaires et éventuellement de tendons[2].
Spécialité | Médecine d'urgence |
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CIM-10 | M62.6, T14.3 |
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CIM-9 | 848.9 |
MeSH | D013180 |
Cet accident musculaire peut généralement être classé parmi les « lésions anatomiques d'origine intrinsèque », c'est-à-dire survenant spontanément et non à la suite d'un coup, d'une coupure, etc.
Il peut être très douloureux et implique une immobilisation de plusieurs semaines.
Cette blessure est bien connue des grands sportifs[3], notamment chez les sprinters, mais aussi dans de nombreux sports pour les muscles ischio-jambiers qui peuvent se déchirer lors d’étirement à faible vitesse et surtout durant leurs contractions excentriques[4]. Les danseurs, artistes de cirque et de scène sont aussi particulièrement concernés[5], mais elle n'est pas limitée aux athlètes : une déchirure peut se produire lors de tâches quotidiennes. Néanmoins, les personnes pratiquant un sport seraient plus susceptibles de subir une déchirure, sans doute en raison d'une augmentation de la masse ou de la force du muscle[réf. nécessaire].
La médecine sportive différencie parfois ces lésions selon leur gravité (ex : Guillodo & al, 2012)[6] :
Il existe des cas intermédiaires où il est difficile de prédire la possibilité de reprise sportive.
Bien que les déchirures au niveau de la cuisse et du mollet soient plus fréquentes, tous les muscles peuvent potentiellement être déchirés et/ou désinsérés, même des muscles apparemment bien protégés (dont par exemple ceux qui animent et contrôlent le globe oculaire[7]). Ainsi, le coup de fouet laryngien est un cas de laryngopathie traumatique, favorisé par le surmenage, le malmenage vocal, une laryngite, des troubles endocriniens (en période prémenstruelle et menstruelle), l'alcool, le tabac. Un autre cas particulier est celui des déchirures périnéales et des sphincters lors de certains accouchements (prévenues par l'épisiotomie, pratique parfois controversée[8])
Cette déchirure est caractérisée par :
avec d'éventuelles répercussions sur les liaisons tendon-os[9].
Typiquement, une déchirure musculaire se manifeste par les étapes suivantes :
Elle commence par un interrogatoire et un bilan clinique, souvent suivis ou accompagnés d'une échographie.
En 1990 les retours d'expériences réalisées dans les années 1980 par les centres médico-sportifs (CMS de Lyon par exemple) et une revue de la littérature[11] laissent penser que :
Elle vise à limiter les déficiences (douleurs, perte d'amplitudes articulaires et/ou de force musculaire), vérifier qu'il n'y a pas d'autres dégâts (fracture, rupture de tendon, désinsertion...) et à restaurer une bonne proprioception et stabilité musculaire[12].
La durée d'arrêt du sport est d'une semaine pour une lésion bénigne ne concernant pas un muscle sollicité dans ce sport et jusqu’à six semaines voire plus pour une lésion grave.
Selon une étude française de 2009, même dans les milieux sportifs théoriquement informés il est fréquent que le club sportif ne respecte pas le protocole RICE (pas de glace disponible ou appliquée dans 40 % des cas lors de cette étude de 1 an en Bretagne), pas de compression dans 80 % des cas[13] . En 1997, une étude danoise avait déjà montré que même les médecins urgentistes danois le sous-utilisent[14].
Ensuite, il est fréquent que le patient et/ou le kinésithérapeute ne respectent pas le traitement de rééducation prescrit par le médecin (notamment quand les symptômes s'estompent, alors que la lésion n'est cependant pas cicatrisée, et quand le patient n'a pas les moyens financiers ou matériels ou le temps disponible pour se déplacer chez le kinésithérapeute[13]), ce qui pourrait expliquer que la rééducation ait finalement un faible impact sur la guérison de la lésion musculaire (lors de cette étude, la conclusion était que « le temps d’indisponibilité sportive est statistiquement le même que la rééducation soit faite ou pas, avec ou sans musculation », aussi bien pour le groupe des traumatismes bénins (moins de 40 jours d'arrêt d'activité sportive) que pour les groupes des traumatismes plus graves (plus de 40 jours). Les auteurs concluaient que « la rééducation, telle qu’elle est faite par les kinésithérapeutes, ne permet pas une guérison plus rapide », et ils ont constaté des récidives de traumatisme, soit sur le même groupe musculaire (8 %), soit sur un autre groupe (28 %)[13]. Lors de cette étude il a été observé qu'« un tiers des kinésithérapeutes ne fait pas la musculation prescrite. Pourtant, la musculation, notamment excentrique, fait l’objet d’un consensus fort des médecins du sport face à une lésion musculaire »[13].
En cas de doute ou pour préciser les dégâts musculaires dans les cas les plus graves, une déchirure peut être mise en évidence par l'imagerie médicale[15] :
Le diagnostic différentiel visera à éliminer d'éventuelles incertitudes de confusion parfois possible avec l'entorse, une foulure ou une fracture.
Une déchirure musculaire est principalement causée par :
Une fois le diagnostic de traumatisme aigu par déchirure musculaire posé, le traitement comporte généralement 5 étapes avec une première phase dites P.R.I.C.E. (procédé mnémotechnique)[17], qui évoque les notions de :
Ensuite deux méthodes complémentaires peuvent être mobilisées :
Le contrôle de l'inflammation est essentiel durant cette phase (qui dure environ 10 jours[24]). Il vise à accélérer le processus de guérison, diminuer l'œdème et la douleur, ce qui passe en général par la prescription d'un médicament de type AINS (anti-inflammatoire non-stéroïdien)[25], ibuprofène par exemple, qui à la fois réduit l'inflammation immédiate et soulage la douleur ; toutefois, les AINS et notamment l'aspirine et l'ibuprofène, affectent la fonction plaquettaire (ce sont des « anticoagulants » ) et ne doivent pas être pris pendant la période où le tissu saigne car ils augmenteraient alors l’œdème par épanchement sanguin et donc le gonflement du membre touché. Quand le saignement interne est arrêté, les AINS peuvent alors être utilisés avec une certaine efficacité pour réduire l'inflammation et la douleur.
Durant cette phase de 10 jours, le repos est prescrit[24], avec si nécessaire une cryothérapie[24], contention[24], une position du muscle « en course interne »[24], voire si nécessaire une ponction de l'hématome[24].
Cette phase dure environ du jour 10 au jour 21.
Des séances douces de kinésithérapie sont recommandées, conjointement à une reprise progressive de l'appui si c'est un muscle de la jambe qui est touché. Le kinésithérapeute et le patient peuvent notamment utiliser la chaleur, des massages, une musculation statique[10]. La prise en charge s'appuie sur la « traction dirigée » et le renforcement musculaire qui permet aussi la meilleure cicatrisation de la lésion. Les délais, l'intensité et la longueur des exercices seront adaptés à la gravité de la lésion en fonction des données de l’examen clinique et toujours en respectant le seuil douloureux[10].
La mésothérapie peut faire appel à divers médicaments, ex. : piroxicam, lidocaïne 1 %, étamsylate (en), thiocolchicoside et à un apport en magnésium[10].
En fin de période de repos (de plusieurs semaines), du jour 21 à 45[26], des étirements, des massages transverses profonds de la cicatrice et une musculation dynamique peuvent être recommandés.
La pertinence et l'efficacité de certains types de massages sont discutées[27], de même que celles des traitements par ultrasons[28].
La (re)musculation (notamment excentrique) est consensuellement recommandée par la médecine sportive pour réparer les traumatismes musculaires[29]. Elle permet la rééducation mécanique. Elle évite une cicatrisation anarchique qui risque d'induire des douleurs chroniques et/ou des récidives[29]. L'activité de traction musculaire facilite la bonne orientation des fibres musculaires nouvelles, tout en réduisant les risques de fibrose musculaire[29]. Alors que l'immobilisation nuirait au contraire à la réorientation normale des fibres, tout en diminuant la vascularisation et l’innervation locales, essentielles pour la bonne cicatrisation[30].
La musculation excentrique se pratique d'abord en salle puis (pour le sportif) se prolonge par un travail pliométrique, sur le terrain[31].
Cependant, certains auteurs (ex : Sherry et Best en 2004) mettent en question la pertinence d'un vrai travail de musculation dans la rééducation des lésions musculaires[32] et une méta-ananlyse de Mason et al. (2007) sur la rééducation de lésions des ischiojambiers, ne conclut pas à des preuves de l’efficacité du travail musculaire[33].
La Procaïne, la vitamine E, la vitamine C peuvent être prescrites en mésothérapie épidermique.
Comprendre comment l'accident est survenu et l'ampleur de la blessure, ou s'il s'agit déjà d'une récidive permet aussi une rééducation plus apte à prévenir les récidives lésionnelles[4]. La médecine du sport cherche à élaborer des tests prédictifs de reprise sportive aussi précis que possible[34]. À ce jour, aucun test clinique, ni l’échographie, ni l’IRM ne permettent de garantir que la cicatrisation du muscle soit parfaite. Il est donc proposé de reprendre progressivement et prudemment les activités physiques ou sportives[35].
Parmi les séquelles possibles, on peut citer le risque de récidive et la thrombose veineuse profonde.
Dans ce cas le programme de rééducation peut et doit être adapté au type de séquelle[36].
Remarque :
Chez les sportifs, un bon échauffement et des entraînements réguliers, ainsi que des exercices musculaires de renforcement « excentrique » semblent pouvoir diminuer le risque de déchirure ou de récidive après une déchirure bien rééduquée, notamment au niveau des ischio-jambiers (l'une des blessures les plus fréquentes chez les sportifs), par exemple grâce au Nordic Hamstring[38].
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