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recueil de contes de fées allemands publié pour la première fois en 1812 par les frères Grimm De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Contes de l'enfance et du foyer (en allemand : Kinder- und Hausmärchen, abrégé en KHM) est un recueil de contes populaires allemands publié par Jacob et Wilhelm Grimm, d'abord en deux volumes, parus successivement le et en [1]. De leur vivant, ils publieront sept éditions, la dernière en 1857. Lors de chaque nouvelle publication, ils tiendront compte des goûts du lectorat et créeront ainsi un trésor littéraire unique destiné surtout aux enfants. C’est notamment le manque de succès en 1812 qui incita les frères à réviser leurs textes.
Contes de l'enfance et du foyer | |
Page de titre du 1er volume de Kinder- und Hausmärchen (1812). | |
Auteur | Jacob et Wilhelm Grimm |
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Pays | Allemagne |
Genre | Conte |
Titre | Kinder- und Hausmärchen |
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Les contes — ceux repris dans la dernière édition — sont souvent désignés par un code constitué des trois lettres KHM (pour Kinder- und Hausmärchen) suivies d'un numéro allant de 1 à 200. Ainsi la version Grimm de Blanche-Neige, par exemple, est-elle désignée par le code KHM 53. Il existe un conte « numéro bis », KHM 151*, Les Douze Valets paresseux, de sorte que le recueil contient, depuis la dernière édition, en tout 201 histoires.
Le recueil est aujourd'hui le plus souvent rebaptisé en français Contes des frères Grimm, ou simplement Contes de Grimm. Depuis 2005, l'ouvrage figure au Registre international Mémoire du monde de l'UNESCO.
En 1803, les frères Grimm rencontrent les écrivains romantiques Clemens Brentano et Ludwig Achim von Arnim à l'Université de Marbourg, qui éveillent chez eux l'intérêt pour les vieux contes populaires. À Cassel, ils commencent à collecter et à mettre par écrit des contes qui, selon eux, étaient transmis depuis des générations. Parmi leurs sources figurent Dorothea Viehmann, une conteuse locale qui n'était pas une paysanne, comme les frères Grimm la présenteront, mais une femme cultivée[2], ainsi que deux familles huguenotes, les Hassenpflug et les Wild, qui leur font découvrir plusieurs contes d'origine française.
Ils s'inspirent également de la plume de Charles Perrault[3], dont les histoires, cependant, étaient non seulement issues de la tradition orale mais aussi puisées dans des recueils de collecteurs français et italiens, comme Giovanni Francesco Straparola et, surtout, Giambattista Basile, en qui les Grimm reconnaissent d'ailleurs le premier écrivain à avoir collecté des contes dans un recueil spécialement consacré à ce genre de récit.
De l'avis de bon nombre de chercheurs, le portrait que donnaient d'eux-mêmes les deux hommes, en collecteurs consciencieux d'anciennes traditions, n'est dans une large mesure qu'une coupable fiction du climat romantique de l'époque[réf. souhaitée] : leur recueil représente davantage un mélange de nouveaux textes, de contes littéraires et de contes populaires en partie largement remodelés. On peut en effet observer certains traitements parfois très importants subis par les contes simplement en comparant certains d'entre eux dans l'édition originale de 1812 et 1815 et leur version dans la dernière édition de 1857.
Dès octobre 1810, les frères Grimm mettent à la disposition de Clemens Brentano un premier manuscrit contenant 46 contes, dont au moins 13 tirés de sources littéraires (et dont trois sont d'origine française)[4]. À partir de mars 1811, Brentano ne leur ayant pas répondu, ils commencent à s'atteler au projet de publier un volume par eux-mêmes[5].
Le 20 décembre 1812, les frères Grimm publient le premier volume de la première édition, qui contient 86 histoires. Le second volume, 70 histoires, suivra en 1814. Pour la deuxième édition, deux volumes paraissent en 1819 et un troisième en 1822, totalisant 170 histoires. La troisième édition sort en 1837, la quatrième en 1840, la cinquième en 1843, et une sixième et une septième respectivement en 1850 et 1857. Au fil des éditions, des contes sont ajoutés, d'autres sont laissés de côté, jusqu'à la septième édition, dernière parue du vivant des deux frères, et qui comporte deux cent onze contes. Les différentes éditions sont toutes largement illustrées, d'abord par Philipp Grot Johann et, après la mort de celui-ci en 1892, par Robert Leinweber.
Les premiers volumes feront l'objet de nombreuses critiques du fait que, malgré l'intitulé « Contes de l'enfance », ils sont jugés comme ne convenant pas à des enfants, en raison à la fois des informations de nature scientifique qui y sont incluses et de certains sujets[6]. De nombreuses modifications intervenues au cours des différentes éditions – comme le fait de transformer la méchante mère dans la première édition de Blanche-Neige et de Hansel et Gretel en marâtre, sont sans doute en partie des concessions opérées en fonction de ces critiques. Ainsi, des allusions sexuelles ont été supprimées, comme la question de Raiponce demandant innocemment pourquoi sa robe autour de sa taille commence à la gêner, ce qui est une façon naïve de révéler qu'elle est enceinte, et les visites du prince à la marâtre. La violence, cependant, augmente quant à elle à de nombreux égards, en particulier dans les châtiments réservés aux méchants[7].
Pour satisfaire le goût contemporain du public bourgeois prédominant, d'importants détails seront aussi modifiés. D'édition en édition, les textes seront ainsi remaniés, en partie édulcorés et teintés de morale chrétienne et la terminologie sera germanisée pour cacher les origines françaises de la plupart des contes. Lorsque le conte Le Chat botté fut démasqué comme un conte français de Charles Perrault, il a dû quitter l’œuvre des frères Grimm, mais La Belle au bois dormant eut cependant le droit de rester. Dans leur préface de l'édition de 1815, les Grimm disent explicitement que leur recueil se veut éducatif. Wilhelm Grimm, qui sera pratiquement tout seul à revoir les contes à partir de la deuxième édition de 1819, y introduira quantité d'expressions et de formules métaphoriques.
Par le truchement de Perrault, et à cause de l'origine huguenote de Dorothea Viehmann et des familles de Cassel Hassenpflug et Wild – ceux-ci fréquentaient les Grimm, et Wilhelm devait même plus tard épouser l'une des filles Wild –, de nombreux contes littéraires et variantes de contes populaires français viendront également influencer le recueil. Pour obtenir un recueil de contes « purement allemands », quelques-uns des récits arrivés dans le domaine linguistique allemand mais venus de France, comme Le Chat botté ou La Barbe bleue, seront écartés dès la deuxième édition. Les modifications de cette nature ne seront cependant pas très nombreuses car les frères Grimm savaient fort bien que, par exemple, il existait également une version française, dotée d'une fin tragique, du Petit Chaperon rouge. De ce fait, une délimitation nationale posait problème, étant donné que quelques contes, comme Cendrillon, ont une origine et une diffusion plus largement européennes. Dans leur préface des Contes, les Grimm insistent pourtant sur le fait que leur recueil se compose de « vrais contes hessois », dont l'origine remonte aux anciens mythes nordiques et germaniques ; que Dorothea Viehmann, leur principale source, fût, non pas une paysanne hessoise, mais une couturière cultivée dont les racines étaient françaises, ils ne disent mot. Dans le manuscrit des Contes retrouvé en 1927 dans une abbaye alsacienne, on trouve cependant des notes concernant les origines françaises de certains récits et les parallèles avec les contes de Perrault.
En 1825, les frères Grimm publient une Kleine Ausgabe (« Petite édition »), une sélection de cinquante contes conçus pour de jeunes lecteurs. Cette version pour enfants connaîtra dix éditions successives de 1825 à 1858.
Le recueil des frères Grimm exercera une large influence. W. H. Auden, durant la Seconde Guerre mondiale, le célèbrera comme l'une des œuvres fondatrices de la culture occidentale[8]. Les contes eux-mêmes ont été utilisés à des fins très variées. Les Nazis les louaient comme des contes populaires montrant des enfants aux instincts raciaux sains en quête de conjoints « purs » concernant la race, à tel point d'ailleurs que les forces alliées mirent en garde contre ces récits[9]. Certains écrivains traitant de l'holocauste ont combiné leurs mémoires avec les contes, comme Jane Yolen dans Briar Rose[10].
L'œuvre des frères Grimm a influencé d'autres collecteurs, les inspirant dans la collecte de contes et les amenant à croire, d'une façon similaire, dans un esprit de nationalisme romantique, que les contes d'un pays étaient particulièrement représentatifs de celui-ci, en négligeant l'influence interculturelle. Parmi ces collecteurs figurent le Russe Alexandre Afanassiev, les Norvégiens Peter Christen Asbjørnsen et Jørgen Moe, l'Anglais Joseph Jacobs, ainsi que Jeremiah Curtin, un Américain qui recueillera des contes irlandais[11]. L'accueil reçu par leurs recueils ne fut pas toujours enjoué[Quoi ?]. Joseph Jacobs sera en partie inspiré du fait qu'il se plaignait que les enfants anglais ne lisaient pas de contes de fée anglais[12] et, selon ses propres termes, « ce que Perrault a commencé, les Grimm l'ont achevé »[13].
Trois œuvres individuelles de Wilhelm Grimm sont Altdänische Heldenlieder, Balladen und Märchen (1811), Über deutsche Runen (1821) et Die deutsche Heldensage (1829).
L'abréviation « KHM » est utilisée pour Kinder- und Hausmärchen, le titre original. À noter que les titres en français peuvent varier assez fortement selon les traductions[14].
Ces contes avaient été retranchés par les frères Grimm pour diverses raisons (amoralité, violence, origine étrangère, versions multiples, etc.). La numérotation est celle adoptée par Natacha Rimasson-Fertin (voir #Bibliographie).
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