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utilisation de sels métalliques d'argent pour colorer différents objets, notamment en histologie De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La coloration à l'argent est l'utilisation de sels métalliques d'argent pour colorer différents objets, notamment en histologie.
Ce colorant sert à identifier des composants intra et extracellulaires, notamment l'ADN et les protéines.
Le jaune d'argent est une teinture à base d'argent, aujourd'hui sous la forme de chlorure ou de sulfure d'argent (mélange de sels d'argent et d'ocre jaune neutre) utilisée comme peinture sur verre. Il se pose sur la face externe ou interne du verre, se cuit comme une grisaille et pénètre par le processus de cémentation[1].
Le jaune d'argent est une peinture qui doit être cuite. Pour une bonne adhésion, elle doit être supérieure à la température de transition vitreuse du verre (qui se situe pour le verre soufflé, entre 440 et 530 °C) et proche de sa température de ramollissement (630 °C)[2].
D'un point de vue chimique, pendant la cuisson, les ions d'argent pénètrent dans la couche superficielle du verre, tandis que les ions de potassium ou de sodium qu'il contient en sortent[3].
La coloration du verre par le jaune d'argent commence à apparaître autour de 540°. Le plus souvent, le jaune d'argent est cuit en même temps que la grisaille, c'est-à-dire autour de 620°, mais la cuisson du jaune d'argent peut être poussée jusqu'à 660°. Les variations dans la coloration dépendent de plusieurs facteurs : la nature du verre, le degré de concentration du produit, la température de cuisson (coloration plus orangée à basse température, plus citron à haute température), le temps de cuisson (plus la cuisson est prolongée, plus la couleur devient intense)[4].
Les températures de cuisson du jaune d'argent sont généralement pour le verre soufflé supérieures ou égales à 580 °C[2].
Le jaune d'argent est utilisé comme peinture sur verre dans le domaine de la verrerie islamique dès le VIIIe siècle : les verriers islamiques d'Égypte du VIIIe au XIIe siècle ont employé le jaune d'argent pour décorer des coupes ou des vases. Les analyses de fragments de verres fatimides conservés au musée du verre de Corning faites par Robert Brill en 1970 ont confirmé qu'il s'agissait bien d'une teinture obtenue grâce à l'argent[5].
Dans le domaine du vitrail, il est utilisé à partir des années 1300 (Angleterre, et Normandie)[3]. Il permet notamment de souligner les architectures, de varier à l'infini et d'enrichir la composition des vitraux, conformément aux canons du gothique flamboyant[6].
Les recettes mentionnées par des traités médiévaux montre historiquement l'emploi de limaille d'argent avant les formes sulfurées ou chlorurées qui, elles, sont mentionnées par Pierre Le Vieil dans son traité sur la peinture sur verre publié en 1774[7].
Ainsi, selon la légende rapportée par Pierre Le Vieil dans une note du dit ouvrage, le jaune d'argent a été obtenu par un moine du XVe siècle qui aurait laissé tomber par mégarde un bouton d'argent dans le four destiné à la cuisson des verres peints. La légende prouve par elle-même que ce ne sont point tant le sulfure ou le chlorure d'argent qui produisent la coloration du verre, mais bien l'ion d'argent en tant que tel, qu'il soit issu de sels métalliques ou du métal pur[3].
Plusieurs recettes de jaune d'argent à partir de limaille pure d'argent sont relatées dans les écrits du peintre verrier Toscan Antoine de Pise.
Le traité d’Antoine de Pise a été rédigé en Toscane et date de la fin du XIVe ou du tout début du XVe siècle. Il est signé du nom du peintre verrier Antoine de Pise, documenté sur le chantier de la cathédrale Santa Maria del Fiore de Florence à la fin du XIVe siècle et dont une seule œuvre nous est parvenue. Il est possible que l’artiste, mentionné dans les archives de l’Opera del Duomo de Florence, soit le même qu’un certain prêtre Antonio da Lecce, attesté sur le chantier de la cathédrale de Pise à la fin du XIVe siècle[8].
Le texte a manifestement été dicté par un authentique peintre verrier, soucieux de décrire la pratique de son art. Homme de son temps, Antoine de Pise décrit aussi une nouvelle technique de coloration du verre, née au tout début du XIVe siècle en France : le jaune d’argent[8].
La première recette donnée par Antoine de Pise est une recette de jaune d'argent à la tempera, au folio 2v de son traité :
« Pour faire la couleur jaune, prends de la limaille d'argent fin, et mouds cette limaille sur un porphyre, qu'elle devienne fluide comme de l'eau. Et puis, lorsque tu viens à peindre, mets-la sur le verre blanc là où tu veux qu'il devienne jaune, et tu en mets aussi peu que tu peux avec la tempera d’œuf liquide. » « Façon de faire la tempera pour diluer ces couleurs : Prends un œuf et casse-le, et mets-le dans une écuelle avec le jaune et le blanc ensemble. Et puis prends une petite branche de figuier, et coupe-la finement, et mets-la dans l'écuelle où tu as mis l'œuf, et mets un demi-verre d'eau avec cet œuf et ce figuier, et puis bats-les bien ensemble. Et de cette tempera, tu mettras dans la couleur [c'est-à-dire la grisaille ou l'argent broyé] par petites doses, au fur et à mesure que tu peins ou tu fais peindre, et maintiens toutefois de l'eau dans la couleur afin qu'elle ne sèche pas. »[3]
Le medium de la tempera, très utilisé en Italie à la même époque dans le domaine de la peinture de chevalet, n'est pas mentionnée pas les traités médiévaux antérieurs, comme le traité du Moine Théophile, qui ne mentionne pour la peinture sur verre dans son traité que le vin et l'urine comme medium pour la peinture sur verre[9],[3].
D'autres textes plus tardifs mentionnent le vinaigre ou la gomme arabique : Giorgio Vasari raconte que son maître Guillaume de Marcillat liait ses grisailles avec de la gomme arabique, médium et liants toujours utilisés de nos jours pour la grisaille et les émaux[10],[3].
La seconde recette d'Antoine de Pise se rapproche de celle utilisée de nos jours, elle figure au folio 7v :
« Si tu veux faire ce jaune plus dense de couleur, mets-y un peu de l'ocre qui est utilisée par les peintres. Et si tu en mettais trop, le verre deviendrait rouge, mais la couleur ne serait pas belle ; elle semblerait sale »[3].
À la fin du XIXe siècle, dans le Nouveau manuel complet de la peinture sur verre, sur porcelaine et sur émail : traitant de l’emploi des couleurs et des émaux sur le verre et sur la porcelaine, les auteurs parlent du jaune d'argent en ces termes :
Pour le jaune à base de chlorure d'argent :
C'est une coloration du verre que l'on obtient sans l'intermédiaire d'aucun fondant. La substance colorante est l'argent métallique.
Le procédé consiste à recouvrir les parties du verre que l'on veut colorer, d'une pâte composée de chlorure d'argent et d'ocre jaune calcinée, broyés ensemble avec de l'eau. Lorsque le verre a été chauffé au rouge dans le moufle, on enlève, au moyen d'un grattoir, la couche d'ocre adhérente, qui laisse voir alors le verre coloré. Le jaune obtenu varie du jaune serin au jaune-rouge pourpre.
On emploie l'argile ferrugineuse, connue sous le nom d'ocre jaune. Cette argile a besoin d'être calcinée. Sans cela, lorsqu'elle serait portée la température rouge, la couche du cément appliqué sur le verre offrirait une multitude de fissures, produites par la contraction que subissent les argiles à une chaleur élevée. Les parties du verre correspondant à ces fissures seraient dépourvues de coloration. C'est pourquoi l'ocre jaune doit être chauffée à une température pour le moins égale à celle que doit supporter le verre dans le moufle.Les quantités relatives de chlorure d'argent et d'ocre calcinée sont :
Chlorure d'argent : 1 Part / Ocre : de 6 à 12 Parts
Une plus grande proportion de chlorure pourrait faire adhérer trop fortement le cément au verre. Le chlorure et l'argile sont broyés avec soin sur une tablette de verre, avec une suffisante quantité d'eau pour en faire une bouillie que l'on applique sur le verre, en couche épaisse, au moyen d'un pinceau[11].
Pour le jaune à base de sulfure d'argent :
Dans une capsule placée sur un bain de sable chaud, on met de l'argent vierge que l'on fait dissoudre dans de l'acide nitrique, puis on y ajoute de l'eau et de l'acide sulfurique. Il en résulte un précipité blanchâtre que l'on lave à plusieurs eaux.
Quand on veut l'employer, on le mélange avec de l'ocre jaune, on broie le tà l'eau) à l'aide d'un pinceau sur la lame de verre qu'il s'agit de colorer. Quand la cuisson est terminée, on gratte la surface du verre, et la poudre ocreuse qui tombe peut encore resservir au mème usage.
L'intensité de la coloration jaune, qui arrive mème quelquefois jusqu'au rouge, varie en raison directe de la proportion d'argent introduite dans le mélange et de l'élévation de la température[11].
L'auteur précise que l'emploi du sulfure et du chlorure n'a pas d'incidence dans le processus même de la cémentation, qui reste le même, avec échange des ions en surface. Cependant, il nous dit que l'emploi du chlorure permet des nuances de jaune plus claires tandis que l'emploi du sulfure permet d'avoir de manière plus sûre des teintes tirant sur l'orange et le rouge[11].
Aujourd'hui, le jaune d'argent est produit et commercialisé par le peintre verrier Hervé Debitus[12], fabricant de grisailles et de jaunes d'argent, produits qu'il a reconstitués après de longues recherches menées à partir de recettes anciennes[3].
Il s'agit d'un jaune d'argent composé d'ocre et de sulfure ou chlorure d'argent, et il y a plusieurs types disponibles :
Les prix vont de 300 à 900 € par kilo de peinture en poudre[13].
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