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cinéma sous format numérique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le cinéma numérique désigne la production et la diffusion d'œuvres cinématographiques à partir d'un format numérique professionnel normalisé et sécurisé par des normes internationales ISO[1]. Projetés au moyen d'appareils numériques, les films sont distribués en salle par fichier informatique, sur support physique (disque dur) ou par Internet[2] ,[3],[4],[5]. Avec l'abandon du 35 mm et la dématérialisation des longs métrages cinématographiques, le cinéma numérique permet la diffusion des films sur les plateformes numériques[6] : Netflix, Amazon Prime Video, Groupe Canal+, OCS Go.
En 2022, le cinéma numérique 4K est le nouveau standard imposé pour les projections premium (films et séries) durant la postproduction en salles de vision privée, dans les cinémathèques et les archives du film[7].
Le projecteur de cinéma numérique est calibré en colorimétrie et en luminance, et couplé à un serveur de contenus sécurisés. Ces derniers sont des fichiers DCP stockés sur disques durs dans un serveur dédié et remplacent aujourd'hui le film argentique, quasi disparu[8].
En Amérique du Nord, le 18 juin 1999, démonstration publique de la technologie DLP Cinema de Texas Instruments dans deux salles à Los Angeles et New York pour la sortie du film de George Lucas Star Wars, épisode 1 : La Menace fantôme[9].
Le 2 février 2000, démonstration publique de la technologie DLP Cinema de Texas Instruments par Philippe Binant sur un écran à Paris pour la sortie du film Toy Story 2[10].
Création, en mars 2002, du Digital Cinema Initiatives (DCI) regroupant les principaux studios américains (Disney, Fox, MGM, Paramount, Sony Pictures, Universal et Warner Bros.) pour développer les standards du cinéma numérique[11].
Au 3 mai 2016, 98,2 % des écrans du parc mondial sont équipés en cinéma numérique[12].
Le cinéma numérique, partie intégrante de la troisième révolution industrielle[13], est une « innovation majeure pour l'exploitation cinématographique » (Claude Forest)[14]qui révolutionne en profondeur tous les secteurs de l'industrie du cinéma. Le développement du cinéma numérique se fonde sur un standard[15] proposé par les 7 principaux studios américains réunis dans une structure commune appelée Digital Cinema Initiatives (DCI)[16]. Ce standard permet de disposer d'équipements qui exploitent les films quelle que soit leur origine, sous réserve que leur préparation, ou encodage, soit effectué en respectant ce standard. Repris par la SMPTE avec le standard SMPTE 428-1, il fait l'objet de normalisations ISO publiée 2008 sous les références ISO 26428-1[17] et suivantes.
Le DCI reconnaît deux principales technologies conformes à ses spécifications : le DLP Cinema de Texas instruments[18] et le SXRD de Sony[19].
Certains couples de lecteurs-projecteurs sont capables depuis 2010 de jouer des films à des cadences d'images étendues. En plus de 24 et 48 i/s (images par seconde), la cadence de 25 i/s est disponible sur une grande majorité d'installation. Mais de nouvelles cadences d'image apparaissent sur les équipements :
Jusqu'en 2005, un nombre extrêmement réduit de cinémas se sont dotés de projecteurs numériques[24]. À partir de 2006, du fait de la mise en place aux États-Unis de mécanismes aidant les cinémas à procéder à cet investissement, survient le décollage commercial de cette technologie, outre-atlantique, puis dans les autres pays, en Europe et en Asie notamment. Fin 2009, le succès planétaire du film de James Cameron Avatar[25], plébiscité dans sa version en relief 3D, a vaincu les dernières réticences et provoqué une forte accélération des investissements des cinémas pour s'équiper.
L'abaissement progressif du coût des projecteurs numériques rend possible et envisageable le déploiement intensif d'un parc de dernière génération.
Expériences cruciales faisant partie intégrante de la troisième révolution industrielle[13] :
Historique du déploiement du cinéma numérique en France[32],[33].
Les équipements peuvent être mis à niveau de manière logicielle pour devenir compatibles avec les derniers standards. Une mise à niveau matérielle (kit mécanique « GORE ») est proposé par Texas Instrument pour permettre aux projecteurs de série 1 d'atteindre le niveau de sécurité exigé par la norme DCI.
Les fabricants de lecteurs et projecteurs doivent faire certifier les équipements qu'ils commercialisent comme étant conformes aux exigences de la norme DCI, dont le but principal est de garantir une bonne sécurisation du système afin d'éviter la contrefaçon des œuvres. Cette certification est délivrée par des entités de test qui déroulent la dernière version du test CTP (Compliance test plan)[53] édicté par le DCI en septembre 2010. Fin 2011, seuls deux organismes, l'un aux États-Unis, l'autre au Japon, sont chargés de faire passer ces tests CTP. Comme la grande majorité des équipements déployés dans les salles l'ont été avant la publication de la dernière version du test CTP, leur conformité n'est donc pas garantie. Les fabricants doivent cependant - après avoir obtenu la certification - fournir les mises à jour nécessaires afin de se conformer à ces exigences.
L'enjeu de la conformité des installations pour les exploitants est de taille : le studio Paramount, un des fondateurs du DCI, souhaite imposer l'utilisation de systèmes certifiés. Pour cela, il pourrait refuser de déliver les clés KDM permettant de jouer les films qu'il distribue aux exploitants qui n'ont pas fait la preuve que leur système de projection est certifié conforme[54].
Ces entités peuvent être qualifiées selon les cas de « tiers financeur », de « tiers collecteur » de frais de copies virtuels, de « tiers opérateur » ou de « tiers investisseur ». Elles proposent des solutions techniques et financières permettant le déploiement de l'équipement pour la projection numérique. Elles mettent en place un mécanisme financier reposant sur des frais de copies virtuels (FCV).
Sur le marché français, on trouve les acteurs suivants :
Sur le marché Européen, on trouve :
Sur le marché nord-américain, on trouve :
Le CNC a attendu la mi-2009 pour annoncer un premier plan d'action visant à aider les cinémas français à s'équiper pour la projection numérique[56]. Envisagé sous forme d'un fonds de mutualisation alimenté par les distributeurs de film, ce dispositif sera rejeté début 2010 par l'Autorité de la Concurrence[57].
Deux dispositifs ont depuis été mis en place afin de faciliter l'équipement des cinémas pour la projection numérique :
Ces dispositifs, qui avalisent de fait le mécanisme des frais de copies virtuels institué par les tiers-investisseurs, font de la France l'un des premiers pays à avoir mis en place une politique publique de soutien à la mutation numérique pour l'ensemble des salles de cinéma.
En production, les rushs sont disponibles aisément et rapidement pour contrôle et approbation. Le réalisateur peut faire de nombreuses prises pour une même scène, sans penser au coût de la pellicule. En post-production, le montage et l’étalonnage en numérique apporte un gain de temps théorique[58] et une richesse fonctionnelle et créative. Les effets spéciaux numériques, le sous-titrage, les génériques, le doublage, l'audio-description, la musique et le son tirent tous un grand parti du numérique en termes d'outils, de coût et de délai. La FICAM indique que fin 2009, la postproduction numérique concernait déjà plus de 70 % de films. La postproduction traditionnelle photochimique ne représentait en 2009 que 22 % des films, contre 52 % en 2007. En 2011, c'est près de la totalité des films qui sont post-produits en numérique.
La projection en numérique permet de baisser les coûts du distributeur : la fabrication d'une copie 35 mm d'un long métrage coûte entre 1 000 à 2 000 euros (selon le métrage), contre 100 à 200 euros pour la distribution sous format numérique. Un disque dur est directement réutilisable, du moins pour quelques cycles (effacement + remplissage). Le coût de destruction/recyclage des pellicules, et préalablement le coût de la récupération des copies d'exploitation 35 mm sont aussi à la charge des distributeurs.
Avec la dématérialisation des transferts, cette étape impliquant le disque dur et son acheminement disparaît et est remplacée par le transfert de fichiers par l'intermédiaire de réseaux de télécommunication comme Internet (accès ADSL ou fibre optique), les satellites de télécommunications[4],[5] (antenne parabolique de réception).
Le cinéma sans cabine désigne une salle de cinéma où les équipements de projection numérique ne sont plus installés dans une cabine, mais directement dans la salle elle-même, le plus souvent au plafond[61],[62].
Son apparition a été permise par la combinaison de plusieurs facteurs :
Avantages :
Inconvénients :
En 2017, Samsung lance Cinema LED Screen, sa technologie d'affichage sur écran LED, de type afficheur, donc sans cabine ni projecteur. Elle est d'abord déployée dans un cinéma en Corée (le Lotte Cinema World Tower) avec une largeur d'écran de 10,3 mètres. En mars 2018, c'est une version compatible 3D qui est installée dans un cinéma en Suisse (le Arena Cinemas de Zurich). Cette technologie d'affichage est compatible DCI, 4K et HDR. Mais ne permet pas une reproduction optimale du son : l'écran n'étant pas transsonore.
En 2022, c'est au tour de LG Electronics de lancer une technologie similaire, elle aussi compatible 3D, sur écran LED composé de panneaux unitaires assemblés pour composer l'écran dans la taille souhaitée. C'est le cinéma français Alcazar à Asnières qui en est le premier équipé au monde[63].
La projection à effet panoramique utilise en plus de l'écran en face des spectateurs, les deux côtés pour y projeter aussi du contenu cinéma, lié à la scène projetée au centre.
La société sud-coréenne CJ a développé une technologie de projection sur les deux côtés en plus de l'écran de face. ScreenX est le nom commercial de cette technique de projection, parfois nommé également cinéma à 270 degrés. En France, le déploiement commence à l'été 2018 dans quelques cinémas Gaumont de Paris.
Sans aller jusqu'à la projection d'image cinéma sur trois plans, la technologie d'immersion visuelle LightVibes de Philips se base sur des panneaux lumineux latéraux qui diffusent un éclairage de couleur liée à la portion latérale de l'image cinéma projetée sur l’écran centrale, produisant un effet de prolongation de l'univers visuel et atténue la coupure des bords de l'écran cinéma en prolongeant l'environnement lumineux au-delà de cet écran. C'est un peu l'équivalent en salle de cinéma de la technologie Philips AmbiLight pour les téléviseurs.
La projection d'images numériques offrant des contrastes élargis, de type haute dynamique lumineuse (HDR) est désormais possible pour les films qui disposent de ces informations, conçues en post-production, mais uniquement sur des projecteurs compatibles, comme ceux certifiés Dolby Vision ou Eclair Color.
Les contenus DCP peuvent être « masterisés » et contenir plusieurs mix audio : son multicanal 5.1 ou 7.1 au format de piste ouvert (canal audio non compressé au format PCM), mais aussi des extensions pour le son immersif dans des formats propriétaires comme Dolby Atmos ou Auro-3D de Barco. Les salles doivent alors être équipées de manière correspondante pour bénéficier de ces améliorations du rendu immersif du son spatialisés. Lors de la phase d'installation, il est nécessaire de calibrer l'installation sonore du cinéma pour ajuster la reproduction du son à la configuration de la salle.
La copie numérique d'un film peut être fabriquée de manière à disposer de pistes supplémentaires permettant un meilleur accès à l'œuvre pour les personnes présentant un handicap, notamment en faisant appel à l'audiodescription et au sous-titrage pour sourds et malentendants. La salle doit être équipée pour permettre de restituer ce service aux seuls spectateurs qui en ont l'usage.
Concernant la programmation des films en salles, les petits exploitants n'ont plus à attendre de récupérer les copies (usées) des films après quelques semaines d'exploitation par un précédent cinéma, les copies numériques étant disponibles pour toutes les salles en même temps et ne s'usent pas. Cependant, les distributeurs souhaitent conserver la maîtrise de la stratégie de leur plan de sortie et pourront refuser de servir toutes les demandes de copie en première semaine d'exploitation. Le régulateur (en France, le CNC) devra garantir l'équilibre de la filière par l'accès des salles aux programmes et par l'accès des programmes aux salles. Concernant la diversité culturelle, chaque salle peut continuer de décider de sa programmation et chaque distributeur pourra servir une copie de son film aux salles qui le souhaitent, alors qu'avec les copies sur bobines 35 mm, leur nombre était limité par les moyens financier du distributeur.
L'avant-séance qui est traditionnellement constituée d'un enchaînement de films publicitaires et de films-annonces peut facilement être enrichie de films d'auto-promotion pour le cinéma (annonce d'une opération spéciale, d'un festival, d'une avant-première…) et de nouveaux contenus éditorialisés (interview de vedette ou du réalisateur du film qui va suivre ou qui sortira prochainement ; court métrage…).
De plus, les contenus publicitaires pourront prochainement devenir beaucoup plus dynamiques, comme pour les écrans publicitaires en télévision, et s'adapter au film programmé, à l'horaire et au jour de la séance, à son potentiel de spectateurs, au lieu où se trouve le cinéma, bref à la démographie des spectateurs de cinéma. Cela pourrait entraîner un bouleversement dans la tarification des films publicitaires et ferait passer le « média cinéma » dans la catégorie des médias ciblant leur audience, pour chaque campagne publicitaire.
Pour les annonceurs, le coût de distribution d'une publicité au format cinéma numérique (fabrication et transport d'un DCP) est également beaucoup plus faible qu'en 35 mm (kinescopage et tirage, acheminement des copies physiques, récupération et recyclage), ouvrant ainsi le marché à davantage d'annonceurs.
Pour les exploitants et les régies publicitaires, cette multiplication des contenus d'avant séance et leur programmation à la séance va devenir un vrai casse tête (pour donner un ordre de grandeur : 2 000 écrans x 52 semaines x 20 séances x 10 spots soit 21,6 millions de combinaisons pour une année), des sociétés comme Mediavision (France) ou Unique (Norvège) proposent déjà des solutions spécifiques pour gérer les campagnes au niveau d'un cinéma ou d'une régie (2 000 écrans en France, 15 à 20 000 écrans aux États-Unis).
Le numérique pose des problèmes liés aux supports physiques numériques qui contiennent les fichiers et à leurs caractéristiques d'usure dans le temps. Une solution envisagée est de conserver quelques copies sur film 35 mm à des fins patrimoniales, les fabricants de pellicules proposent des films spécialisés pour cet usage. Une autre consiste à régénérer la copie numérique (les fichiers) en la transférant régulièrement (par exemple, tous les 3 à 5 ans) sur un support physique neuf et de dernière technologie. La technologie actuellement envisagée comme support physique de conservation patrimoniale est le disque optique numérique, enclos dans une cartouche de protection, de type WORM (Write Once Read Many). La norme AFNOR NF Z 42-013 peut servir de guide de bonne pratique en cette matière. La norme européenne EN 17650 définissant le format CPP (Cinema Preservation Package) pourrait prendre le relai si elle est adoptée par l'industrie. Un point important à considérer : les copies d'exploitation en numérique (DCP) sont chiffrées et nécessitent une clé (KDM) pour la lecture. Ce sont donc les masters numériques DCDM (Digital Cinema Distribution Master) qui doivent être conservés (ils ne sont pas chiffrés). Par contre, ces masters ne sortent pas des laboratoires. On voit ici que les heureux hasards qui dans l'histoire du cinéma ont fait découvrir des films ou des versions non-censurées qu'on pensait perdus ne seront plus si faciles avec le numérique.
En France, le CNC est l’organisme dépositaire du dépôt obligatoire des films. En 2011, c'est toujours un « élément intermédiaire de tirage ou copie positive neuve »[64] qui doit être remis. Un film sorti uniquement en numérique pour l'exploitation en salle devra donc quand même faire l'objet d'un tirage sur pellicule pour le dépôt légal.
En 2018, le dépôt légal peut aussi se faire en déposant une copie numérique, sur disque dur ou clé USB, non chiffré au format Apple Pro Res ou DNxHD codec[65], mais doit toujours être accompagné d'une copie photochimique.
Le numérique apporte une grande richesse d'outils pour la restauration des films anciens qui souvent présentent des défauts. Le film, préalablement nettoyé et physiquement restauré, est ensuite scanné ou passé au télécinéma (deux procédés permettant de numériser la pellicule). Ensuite, il est souvent numériquement restauré, notamment pour effacer les rayures, combler les trous dans une image détériorée par interpolation avec les images précédentes et suivantes, stabiliser des images, retrouver une teinte d'origine, etc. Une fois numérisée, l'œuvre peut être conservée et surtout, elle est de nouveau disponible pour être exploitée en salle de cinéma ou sur d'autres supports, lui offrant une seconde vie.
La fabrication, puis le recyclage des pellicules photochimiques (argentiques) sont très coûteux et ont un impact non négligeable sur l'environnement. Toutefois, la fabrication de disques durs reste à ce jour une industrie polluante.
Sans compter le poids du transport de 30 kg environ pour une copie 35 mm et moins de 1 kg pour un disque dur avec sa caisse de transport.
L'impact écologique du passage au numérique est donc positif, la filière traditionnelle 35 mm étant fortement génératrice de pollution du fait du caractère photochimique des supports de projection. Si on omet l'impact écologique de la fabrication et de l'utilisation des réseaux de communication, la livraison dématérialisée de copies numériques a aussi un impact positif sur le bilan carbone, comparé au transport routier.
Le remplacement de la source lumineuse par la technologie laser dans les projecteurs numériques équipés de lampe au xénon permet de réduire considérablement le dégagement de chaleur et la consommation électrique de la projection, ainsi que le besoin en climatisation du cinéma.
En France, la loi n°2010-1149 du 30 septembre 2010 relative à l'équipement cinéma numérique des salles de cinéma fait référence aux normes internationales ISO concernant la projection cinéma numérique (Normes ISO 26428, 26429, 26430, 26431, 26432[17]). Cette norme reprend les niveaux d’exigences demandés par le DCI (Digital cinema initiatives, créé par les majors américaines pour poser des normes en matière de cinéma numérique). Les spécifications retenues par ces standards sont extrêmement précises et vont de la colorimétrie à la luminance des images en s’intéressant également au « taux de lumière parasite résiduelle » et à la sécurisation. La norme française AFNOR NF S27-100 élaborée par la CST en 2005 a été publiée en juillet 2006. Les normes ISO ont été publiées en 2008 et 2009, puis mis à jour en 2012.
Chronologie de la standardisation :
Les spécifications du DCI
La version 1.0 des spécifications Digital Cinema System Specification (DCSS) a été publiée le 20 août 2005. En avril 2009, la dernière version de ces spécifications est numérotée 1.2. Depuis la Society of Motion Picture and Television Engineers (SMPTE), l'Union Internationale des Télécommunications (UIT), l'International Organization for Standardization (ISO), l'European Digital Cinema Forum (EDCF)[68], le Digital Cinema Consortium of Japan (DCCJ)[69] travaillent sur ce document afin d'établir des normes internationales.
Les spécifications du DCI (Digital Cinema Initiatives) concernent la chaîne de production cinéma, du tournage (argentique ou numérique) à la projection (numérique) en passant par la postproduction (numérique).
Le DCI distingue 3 grands ensembles dans cette chaîne :
Master 2K 2D : définition de 2048 X 1080. Pas de compression. 24, 25, 30, 48, 50, ou 60 images par seconde. Espace colorimétrique X'Y'Z'. Quantification : 12 bits. 6-8 pistes audio. Sous-titres.
Master 4K 2D : définition: 4096 X 2160. Pas de compression. 24, 25, ou 30 images par seconde. Espace colorimétrique X'Y'Z'. Quantification : 12 bits. 6-8 pistes audio. Sous-titres.
Niveau 1 : DSM 4K à 24 Hz. Rapport d'image : 1,896. Pixels carrés, 8 847 360 pixels par image.
Niveau 2 : DSM 2K à 24 Hz. Rapport d'image : 1,896. Pixels carrés, 2 211 840 pixels par image.
Niveau 3 : DSM 2K à 48 Hz. Rapport d'image : 1,896. Pixels carrés, 2 211 840 pixels par image.
Des niveaux supplémentaires ajoutés en 2009 ajoutent les cadences de 25, 30, 50 et 60 i/s en 2K, et 25 et 30 i/s en 4K
Des niveaux supplémentaires ajoutés en 2013 ajoutent les cadences de 96, 100 et 120 i/s en 2K permettant la projection 3D a 48, 50 et 60 i/s/œil en 2K
Niveau 1 : 4096 x 1714 (rapport 2,39:1, pixel carré) ou 3996 x 2160 (rapport 1.85:1, pixel carré)
Niveau 2 : 2048 x 858 (rapport 2,39:1, pixel carré) ou 1998 x 1080 (rapport 1.85:1, pixel carré)
En 2D, les cadences d'images normalisées en premier lieu étaient : 24 et 48 i/s (images par seconde). Depuis 2009 (SMPTE) et 2011 (confirmation ISO), la norme rajoute les cadences : 25 i/s, 30 i/s, 50 i/s et 60 i/s pour le 2K et 25 i/s et 30 i/s pour le 4K. Depuis 2013 (SMPTE) la norme rajoute les cadences : 96 i/s, 100 i/s et 120 i/s (HFR).
La 3D utilise les mêmes cadences mais en utilisant un image sur deux pour un œil, puis l'autre, en alternance. La vitesse perçue s'en trouve donc divisée par deux. Grâce aux nouvelles vitesses de 96, 100 et 120, les projections stéréoscopiques à 48, 50 et 60 i/s par œil sont devenues possibles. Les vitesses jusqu’à 60 i/s (ou 30 i/s par œil en 3D) sont possibles sur les installations normales, par contre les vitesses de 96, 100 et 120 (48, 50 ou 60 en 3D) ne sont possibles que sur les équipements fournis après janvier 2012 avec le Média Bloc Intégré au projecteur (IMB, Integrated Media Block).
La projection 4K est limitée à 30 i/s maximum ce qui rend la projection 3D en 4K impossible.
Vu que les cadences autres que 24 i/s ont été ajoutées plus tard, il est possible qu'un équipement de salle ne soit pas encore à jour. Être à jour pour la restitution de la vitesse de 25 i/s est devenu une obligation en France (AFNOR) depuis janvier 2014.
En projection 3D stéréoscopique 24 i/s, on utilise souvent la projection « triple flash » qui affiche la même image trois fois. (Excepté projecteurs Sony)
Seize pistes numériques PCM Wave, 48 kHz 24 bits et pouvant aller jusqu'à une fréquence d'échantillonnage de 96 kHz 24 bits. Les huit dernières pistes sont en réserve pour de futurs formats ou à définir par les usagers. Le son numérique n'est plus compressé, alors que c'est le cas pour le cinéma traditionnel sur supports photochimique, où les formats de compressions sont entre autres : AC3, DTS ou SDDS.
Huit pistes sont identifiées et normées.
Un nouveau format multicanal est présenté en 2010 (pour le cinéma numérique et le cinéma 3D) sous la dénomination « Dolby Surround 7.1 »[72].
Vidéo : Les composantes de couleur (XYZ, pas RGB) sont quantifiées sur 12 bits (valeurs de 0 à 4095), soit 36 bits par pixel (68,7 milliards de combinaisons)
Audio : Échantillonnage à 48 ou 96 kHz, quantification sur 24 bits par échantillon. Le niveau de référence est défini à -20 dB FS.
Le Digital Cinema Package (DCP) est la copie d'exploitation destinée à être envoyée dans les salles.
La syntaxe pour la description des éléments du DCP (métadonnées) est le XML. La norme de réduction de débit pour les images est la compression JPEG 2000 (compression par ondelettes). Chaque image est compressée indépendamment des autres qui la précèdent ou qui la suivent (images I, ou intra). L'audio n'est pas compressé, le format retenu est le PCM. Le format de fichier pour le conteneur des essences image et audio est le MXF. Il y a un conteneur MXF qui contient les images, un autre pour l'audio. Il peut y avoir d'autres conteneurs MXF, autant que de pistes audio.
Lors de la fabrication de la « copie 0 » au format DCP à partir du DCDM, le « packaging » abouti au chiffrement des pistes audio et images. Une clé de lecture principale (dite « clé primaire ») est générée.
Sur longue distance, l'acheminement du DCP vers les cinémas peut s'effectuer sur support physique (disque dur), par réseaux de télécommunication terrestre (par exemple, accès ADSL ou fibre optique installé dans le cinéma) ou par satellite[4],[5]. Il s'agit de transporter des fichiers. Le DCI ne spécifie rien dans la norme concernant le transport dématérialisé, seule l'interface USB est requise sur le lecteur D-Cinema en cabine pour le chargement de contenus à partir d'un disque dur. Par contre, concernant la livraison par disque dur, le DCI requiert au minimum l'interface de connexion USB 2 et le disque doit être formaté avec un système de fichier ext3, cependant, certains serveurs acceptent aussi les disques en NTFS.
En France, les sociétés Globecast (Cinema Delivery), CinemaNext (EclairPlay) et CN FILMS (Cinego Stock) permettent la livraison de DCP par réseau.
En local (dans la cabine de projection), le lien entre le lecteur (serveur) et le projecteur se fait sur une double liaison HD-SDI (SMPTE 292-2006) à 1,495 Gbit/s chacune, aussi appelée CineLink 2 (normalisé par le SMPTE sous la référence RDD20). Les données circulant sur cette liaison sont chiffrées, empêchant ainsi de réaliser un enregistrement numérique de la sortie du lecteur. De plus, des données identifiant la salle de cinéma et la séance sont insérées en filigrane (watermarking) dans l'image à la projection, de manière invisible, assurant une protection contre l'enregistrement du film projeté à l'aide d'un caméscope.
Depuis 2010, on a vu l'émergence de projecteurs intégrant directement dans un seul et même équipement les fonctions de serveur média (IMB, Integrated Media Block) jusqu'ici implémenté dans le lecteur (serveur) externe, simplifiant ainsi l'équipement des cabines, tout en sécurisant davantage les contenus qui sont désormais déchiffrés au sein même du projecteur.
La plupart du temps, les DCP sont chiffrés. Seules les salles qui auront reçu une clé KDM leur donnant le droit d'exploiter commercialement pendant une certaine période de temps ce contenu pourront le lire. Cette clé KDM (Key Delivery Message) est liée à la fois au film (elle contient de manière chiffrée la 'clé primaire' du DCP) et à l'équipement de la cabine de projection numérique : le couple lecteur-projecteur. Il s'agit d'un fichier de petite taille qui est envoyé la plupart du temps à l'exploitant du cinéma par courrier électronique (e-mail)[82].
Une base de données nationale contenant les certificats (l'équivalent des numéros de série) des équipements de projection (lecteurs et projecteurs) est mise en place afin de pouvoir générer les clés KDM pour les salles équipées pour le cinéma numérique. Cette base sert également à référencer les équipements qui auraient été volés, afin de les rendre incapables de lire les contenus protégés (via une liste des certificats révoqués). Avant la mise en place de cette base nationale, seules existent les bases propres à chaque vendeur d'équipements pour les équipements qu'il a vendus.
C'est le distributeur du film qui établit une KDM pour autoriser la projection de son film dans une salle à une période donnée. Une KDM est créée à partir :
En France, le CNC a mis en place en 2010 cette base des certificats, dénommée « Application de Recensement des Certificats Numériques d’Exploitation », autrement dit : « ARCENE ». Il y a deux types d’accès : pour les exploitants, via une authentification faible par identifiant-mot de passe ; pour les fabricants d'équipements et les installateurs, via une authentification forte par un dispositif d'identification matérialisé par une clé USB sécurisée.
Les principaux projecteurs de cinéma numérique sont de marque Barco, Christie ou NEC (technologie DLP CINEMA), mais aussi Sony.
Les librairies (lecture et/ou stockage) sont fournies par SmartJog, Doremi (DCP-2000 avec 3 disques en RAID 5[83], DCP-2K4 évolution du précédent avec 4 disques en RAID 5[84], ShowVault/IMB[85]), Ymagis, XDC, Dolby, Unique[86]… Les films y sont stockés sur des disques durs montés en RAID, un procédé qui apporte une certaine tolérance de panne.
Les librairies de stockage (Smartjog, Ymagis) sont aussi utilisées pour recevoir par réseau (via la connexion ADSL ou satellite) des bandes-annonces ou des films.
Les serveurs de lecture permettent de commander le projecteur, le processeur son et les lumières dans la salle via des macros.
Il existe aussi des Integrated Media Server (IMS) qui sont des projecteurs intégrant les fonctions de stockage, déchiffrement et décompression, comme le NC900C de NEC ou le DP2K-10Sx de Barco par exemple[87],[88],[89].
Un TMS (Theater Management System) permet de piloter l'ensemble du matériel numérique équipant les cabines d'un cinéma, y compris les lumières ou les rideaux.
En cinéma numérique, l'application à la projection cinématographique de sources de lumière fondées sur l'effet laser permet de réaliser un espace colorimétrique plus grand et d'augmenter le rapport de contraste[90], mais également de diminuer à la fois la consommation électrique et le dégagement de chaleur, par rapport aux lampes à xénon. Il est possible de remplacer une source lumineuse Xenon par un kit laser sur des projecteurs existants.
Deux famille de technologies laser sont disponibles : le laser RGB (avec trois diodes en rouge, vert et bleu) et phosphore. La puissance lumineuse et l'espace colorimétrique sont meilleurs en RGB, mais le coût est plus important.
La volonté de l'industrie cinématographique d'améliorer sans cesse la diffusion sonore a conduit, en cinéma numérique, à l'évolution de l'acoustique et de la sonorisation des salles de cinéma :
Le son des œuvres cinématographiques est mixé en post-production avec l'objectif d'une restitution dans le cadre d'une salle de cinéma.
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