Loading AI tools
homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, né à Versailles le et mort à Paris le , victime d’un attentat perpétré la veille à sa sortie de l’opéra, est un prince de la maison de Bourbon. Il est le fils cadet du roi Charles X et de Marie-Thérèse de Savoie.
Titulature | Duc de Berry |
---|---|
Dynastie | Maison de Bourbon (branche d’Artois) |
Distinctions |
Ordre du Saint-Esprit Ordre de Saint-Louis Décoration du Lys[1] Grand-croix[2] de la Légion d’honneur Ordre de la Toison d’or |
Nom de naissance | Charles-Ferdinand d’Artois |
Naissance |
Château de Versailles (France) |
Décès |
(à 42 ans) Opéra de la rue de Richelieu (France) |
Père | Charles X |
Mère | Marie-Thérèse de Savoie |
Conjoint | Marie-Caroline de Bourbon-Siciles |
Liaison | Amy Brown |
Enfants |
Louise d'Artois Henri d'Artois, duc de Bordeaux, comte de Chambord Charlotte de Bourbon, comtesse d’Issoudun Louise de Bourbon, comtesse de Vierzon John Freeman (supposé) |
Signature
Charles-Ferdinand d’Artois naît le et il est ondoyé le même jour dans la chapelle du château de Versailles par Joseph de Cheylus, évêque de Bayeux, en présence du roi Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette[3] (qui n'ont toujours pas d'enfants après sept années de mariage, et alors que leur fille aînée ne naîtra que le 19 décembre 1778).
Le , Charles-Ferdinand d’Artois et son frère Louis-Antoine sont baptisés dans la chapelle royale du château de Versailles par Armand de Roquelaure, évêque de Senlis. Leurs parrains respectifs sont Charles III, roi d'Espagne (représenté par Louis-Stanislas-Xavier, futur Louis XVIII) et Louis XVI, leurs marraines Marie-Antoinette d'Espagne, reine de Sardaigne (représentée par Marie-Joséphine de Savoie) et Marie-Antoinette d'Autriche[4].
Son père, le comte d'Artois, futur roi Charles X, confie l'éducation de ses deux fils au duc de Serent comme gouverneur[5] ; celui-ci attacha au duc de Berry et à son frère, MM. de La Bourdonnaie et d'Harbouville en qualité de sous-gouverneurs, et M. de Provenchères, comme premier valet de chambre ; l'abbé Marie, professeur de mathématiques au collège Mazarin, et l'abbé Guenée, de l'Académie des sciences, furent nommés sous-précepteurs[6] ; il manifeste un goût prononcé pour la chose militaire, la musique et le dessin[7].
Dès le début de la Révolution française, l'enfant suit son père en émigration. Le départ des princes du sang inaugure la fuite des opposants à la Révolution française. De 1792 à 1797, il sert dans l'armée de Condé puis passe en Grande-Bretagne. Là, il a une liaison avec Amy Brown (1783-1876), avec laquelle il se marie secrétement sans consentement royal. Ensemble, ils ont quatre enfants dont deux filles, qui seront reconnus par la famille royale sur son lit de mort.
À partir de 1807, le comte de La Fare, évêque de Nancy, est chargé par Louis XVIII de lui verser, ainsi qu'à son frère Louis-Antoine, duc d'Angoulême, des sommes importantes pour l'entretien de sa Maison et les pensions de l'armée des princes pour assurer la subsistance de ses compatriotes. Toutes les communications du continent avec l'Angleterre sont interdites et les militaires de l'armée de Condé ne peuvent plus recourir à Londres pour y toucher du gouvernement britannique leurs pensions alimentaires. Monsieur de La Fare est chargé d'ordonnancer et de vérifier le paiement de ces pensions sur des maisons de banque de Vienne, notamment celle du baron de Boesner, banquier viennois, qui placent les fonds sur Hambourg et Augsbourg ainsi que chez M. A. Gnecco & Cie et M. Heath & Cie à Gênes. Pour les mois de mars et d'avril 1807, le versement est de 18 676 livres tournois (soit environ 149 408 euros[réf. nécessaire]), compte tenu de la commission de 130,5 livres du baron de Boesner. Parmi les bénéficiaires des pensions, on trouve les noms du marquis de Montaignac, du capitaine chevalier de Badasset et du marquis d'Anjorrant entre autres. Monsieur de La Fare exerce cet emploi périlleux jusqu'à la Restauration.
Le duc de Berry retourne en France lors de la Première Restauration avec son père, Amy Brown et ses petites-filles qu'il confie au duc de Coigny. Il y a un débat entre historiens sur l'existence d'un mariage en Angleterre entre le duc de Berry et Amy Brown (mariage catholique annulé secrètement par le Vatican ou mariage anglican que le duc a ignoré lorsqu'il s'est marié en 1816 à la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles)[8]. Pendant les Cent-Jours, il suit Louis XVIII à Gand. Il est nommé par le roi colonel général des Chevau-légers-lanciers.
Politiquement, le prince passe pour un opposant à Louis XVIII et est donc un ultra-royaliste et réactionnaire au sein de la famille royale[9] ; il est proche de la franc-maçonnerie[10],[11] et le maréchal Pierre Riel de Beurnonville présente à Louis XVIII, le projet de le porter à la Grande Maîtrise du Grand Orient de France, mais il ne semble pas prouvé que ce projet ait été formellement accepté par le roi, ce qui n'empêcha pas le Grand Orient de s'en prévaloir[12].
Louis XVIII n'a pas d'enfant, et le duc de Berry est le deuxième fils du futur Charles X. En tant qu'héritier du trône (après son père et son frère aîné), les ennemis des Bourbons voient en lui l'avenir de la famille royale. Il est poignardé à sa sortie de l’Opéra de la rue de Richelieu le dimanche gras , vers onze heures du soir, par Louis Pierre Louvel, un ouvrier bonapartiste qui veut éteindre en lui la race des Bourbons[13]. Le duc meurt mais l'assassin échoue dans son dessein puisque naît, quelques mois plus tard, le duc de Bordeaux, « l'enfant du miracle » selon Lamartine.
Le prince ne meurt pas sur-le-champ, il a la force d'arracher l'alêne plantée dans sa poitrine puis il tombe momentanément en syncope. Transporté dans une des salles du théâtre, il expire le lendemain à six heures du matin. Au cours de sa longue agonie, le prince révèle que son épouse, Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, est enceinte. Il avoue l'existence de deux de ses enfants naturels[14],[15]. Il demande que son assassin soit gracié et regrette de mourir de la main d'un Français.
Conséquence du deuil royal, le préfet de police Jules Anglès promulgue le jour même une ordonnance interdisant les réjouissances du Carnaval prévues dans les rues de Paris les 14 et 15 février (lundi et mardi gras). La bourse, les bals, les spectacles et tous les lieux publics sont fermés[16]. Par la suite, l’opéra de la rue de Richelieu est rasé sur ordre de Louis XVIII, afin de faire disparaître le lieu du drame. À son emplacement se trouve aujourd’hui le square Louvois, rue de Richelieu.
Charles-Ferdinand d’Artois est inhumé dans la basilique Saint-Denis, ses entrailles sont conservées à Lille, dans un monument funéraire érigé dans l’église Saint-Maurice et son cœur se trouve dans la chapelle du château de Rosny.
Après sa mort, un monument expiatoire est bâti place Louvois (actuel square Louvois), à l'emplacement de l'opéra de la rue de Richelieu. Ce bâtiment doit contenir un monument funéraire en l'honneur du prince, œuvre des sculpteurs Dupaty, Cortot et Cartelier. Mais, après la révolution de 1830, le monument expiatoire est détruit et le monument funéraire est amené à Saint-Denis près de la dépouille du prince. Il reste entreposé pendant plus d'un siècle dans un débarras occupant la crypte-chapelle des Bourbons. En 1976, à la suite de la restauration de celle-ci, il est remonté derrière le chevet de la basilique, près de la sacristie du XIXe siècle[17].
Toujours à Paris, la rue de Berri lui rend hommage.
Sa veuve fait élever en sa mémoire entre 1820 et 1824 à Rosny-sur-Seine, où ils possédaient un château, un hospice composé de deux ailes (l'une pour soigner les malades, l'autre pour élever les enfants pauvres) et d'une chapelle où le cœur du duc devait être déposé.
Une rue Duc-de-Berry est inaugurée le à La Gorgue (Nord), en présence du prince Rémy de Bourbon Parme[18], descendant de la fille de Charles-Ferdinand d'Artois.
Dès le début de la Révolution française, il émigre avec son père à l'instar de nombreux gentilshommes. De 1792 à 1797, il sert dans l'armée de Condé puis passe en Grande-Bretagne. En 1805, il a une liaison avec Amy Brown (1783-1876), qu'il épouse secrétement. La même année, elle donne naissance à un fils, John, puis en 1807, Amy donne naissance à un autre fils, nommé Robert Freeman. Par la suite, elle accouche de deux autres enfants, dont il avoue à son épouse, la princesse Marie-Caroline des Deux-Siciles, l'existence sur son lit de mort. Au total, le couple aurait eu quatre enfants :
En 1814, la famille royale fait annuler son prétendu mariage avec Amy Brown.
En 1816, il épouse en la cathédrale Notre-Dame de Paris la princesse Caroline de Bourbon-Siciles (1798-1870), fille aînée de François Ier des Deux-Siciles (1777-1830) et de Marie-Clémentine d'Autriche (1777-1801), dont il a quatre enfants, dont deux parviennent à l'âge adulte :
Le duc de Berry laisse, outre ses enfants légitimes et légitimés susmentionnés, deux fils naturels illégitimes, issus de sa liaison avec Eugénie-Virginie Oreille (1795-1875) :
De sa liaison avec Mary Bullhorn, comédienne d'origine écossaise, naquit une fille en 1807. Rentrée en France en 1815, elle est naturalisée par ordonnance royale et prend le nom de Marie de la Boulaye. Elle sera mariée à Henri-Louis Bérard, dont descendance.
Il aurait eu également d’une liaison avec Marie-Sophie de La Roche (1795-1883), deux autres fils[21] :
De sa liaison avec Lucie Cosnefroye de Saint-Ange (1797-1870), comédienne – fille illégitime de la portraitiste Adèle de Romance (Adèle Romany/Adèle Mercier) et de Gabriel François Cosnefroye de Saint-Ange "Mort avant 1819, frère du chevalier de Beaune" – naquit une autre fille : Alix Mélanie Cosnefroy de Saint-Ange (Née le - rue de Richelieu à Paris - Décédée le - Château de Villette par Sarron (Oise)) [Note 6],[Note 7].
Le meurtre en février 1820 du duc de Berry par Louis-Pierre Louvel, un bonapartiste, engendre immédiatement la chute du ministre de la Police Élie Decazes. Ce dernier est en effet considéré comme responsable du crime et, dès lors, la presse ultra se déchaîne contre lui, certains allant même jusqu'à demander sa mise en accusation.
Decazes est un homme politique haï des ultras et du comte d’Artois, le futur Charles X, père du défunt duc de Berry et frère du roi Louis XVIII. Redoutable manœuvrier, il a épuré l’administration des ultras aux élections de 1816. Il rompt également avec la droite du duc de Richelieu et, ministre de l’Intérieur, s'impose comme le chef officieux d’un cabinet théoriquement dirigé par Dessolle jusqu’en novembre 1819. Il mène une politique qui se veut libérale (sans pour autant le dire ouvertement), en s’appuyant sur les doctrinaires (qui ont choisi Louis XVIII et qui lui sont donc favorables). Son ambition est alors de « royaliser la nation et nationaliser les royalistes » ; il doit, pour ce faire, manœuvrer avec des groupes parlementaires méfiants. Désireux de développer l’économie française, il met en place des actions en faveur de l’agriculture, de l’industrie, et du commerce. Il aide également le développement de la presse grâce à la loi de mars 1819, la loi De Serre : désormais, pour fonder un journal, il suffit d’une déclaration et du dépôt d’un chèque de 10 000 Francs. L’autorisation préalable et la censure sont abolies. Cela permet à la presse nationale et régionale, qu'elle soit ultra ou libérale, de se développer.
Decazes s’attire au fil des mois les foudres des ultras, qui le trouvent trop libéral, mais aussi celles des libéraux, qui critiquent la timidité de ses réformes. Il tente de se rapprocher des ultras pour modifier la loi électorale, dans un sens plus favorable aux grands propriétaires, ce qui l'amène à la tête d’un gouvernement plus conservateur en novembre 1819. Dans les semaines qui précèdent la mort du duc de Berry, il tente de mettre en place sa réforme électorale.
Après l'assassinat du duc, la chambre des pairs refuse de voter la loi, il est alors contraint de démissionner. Chateaubriand écrit, dans ses mémoires : « le pied lui a glissé dans le sang ». La mort du duc de Berry marque donc la fin d’une expérience qui n'a pas réussi réellement à trouver sa place entre une droite ultra statique et une gauche libérale qui glisse vers une opposition de plus en plus forte dès lors que les libertés sont remises en cause.
Après la démission de Decazes, la politique du pays change radicalement. Le roi Louis XVIII rappelle le duc de Richelieu à la tête du gouvernement, pour un deuxième ministère.
Les libertés individuelles et les libertés de la presse sont suspendues, la censure et l’autorisation préalable pour fonder un journal sont rétablies.
De plus, les ultras imposent le vote d’une loi électorale destinée à freiner la montée des libéraux ; de nombreuses réactions éclatent, comme la manifestation des étudiants qui se rendent au palais Bourbon pour protester. La loi voulue par les ultras est cependant votée le 30 juin 1820. Cette loi, appelée loi du « double-vote », réorganise l’élection des députés. En effet, 258 d’entre eux seraient élus par tous les électeurs lors d’un scrutin d’arrondissement, et les 172 restants seraient élus dans les chefs-lieux par le quart des électeurs les plus imposés. Ces derniers voteraient donc deux fois. Une autre loi électorale permet également de faire passer certains des électeurs « suspects » sous la barre d’imposition des 300 francs, nécessaire pour avoir le droit de vote. Cela permet donc aux ultras de remporter une large victoire aux élections de novembre 1820, et d’écraser les oppositions.
En outre, le , les universités sont contrôlées par les autorités ; le , l’enseignement secondaire est placé sous surveillance du clergé.
Richelieu doit nommer des ultras au sein du gouvernement. Il est contraint de démissionner en raison des exigences toujours plus grandes de ses ministres. Il est remplacé en décembre 1821 par Joseph de Villèle, qui continue une politique ultra dans la lignée de celle de Richelieu : il place les universités sous tutelle de l’Église, la presse est de plus en plus contrôlée, et il lutte contre la Charbonnerie.
Le cabinet des arts graphiques du musée Carnavalet et son cabinet de numismatique conservent de nombreuses estampes et médailles relatives à l'assassinat du duc de Berry, qui introduisent un parallèle entre sa mort et celles d'Henri IV, Louis XVI et Marie-Antoinette.
Grand Prieur de l'Ordre de Malte |
Chevalier de l'ordre de la Toison d'Or (1814) |
Chevalier des ordres du Roi (31 mai 1789) | |
Grand-croix de l’ordre royal de la Légion d'honneur (3 juillet 1816)[23] | |
Grand-croix de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis (10 juillet 1816)[24] | |
Décoration du Lys |
D’azur aux trois fleurs de lys d’or et la bordure crénelée de gueules.[25]
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.