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Les causes de la Grande Dépression sont l'ensemble des causes et des mécanismes présidant au déclenchement et à la perpétuation de la Grande Dépression.
Dès le déclenchement de la crise, des économistes, historiens et journalistes cherchent à comprendre les origines et les causes de la Grande dépression. Les premiers ouvrages publiés dans les années 1930 sont généralement peu explicatifs et normatifs, et plus descriptifs. Ils se concentrent souvent sur un facteur explicatif, dont notamment la spéculation financière ; c'est le cas de l'ouvrage La Grande Dépression de Lionel Robbins (1934). Ce sera aussi le cas de La Crise économique de 1929 de John Kenneth Galbraith, sorti en 1955.
Enfin, l'historien de l'économie Charles Kindleberger estime qu'il faut faire appel à plusieurs facteurs pour expliquer la crise[1].
Chaque courant économique a cherché à expliquer la crise. C'est notamment le cas du keynésianisme, dont l'ouvrage fondateur, la Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), explique la dépression par la thèse de la sous-consommation, c'est-à-dire l'absence de débouchés. L'explication de l'économie marxiste touche à la concentration des richesses entre quelques mains, mais elle n'explique pas l'emballement de 1928-1929, ni les modalités détaillées de la crise. L'explication monétaire, dans sa version soutenue par Milton Friedman et Anna Schwartz dans Une histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960 (1963) sera elle aussi jugée partielle.
L'explication la plus répandue de la Grande Dépression est celle exposée par Milton Friedman et Anna Schwartz dans Une histoire monétaire des États-Unis, 1867-1960. Ils montrent que la Réserve fédérale des États-Unis a géré sa politique monétaire d'une telle manière qu'elle a causé une chute de la masse monétaire américaine de plus de 30 %. Cela a agi comme une contrainte forte sur les achats et investissements des agents, tout en faisant baisser le niveau des prix, réduisant les perspectives de profits et déprimant l'économie[2].
La thèse monétariste de Friedman et Schwartz reconnaît un facteur sous-jacent de la mauvaise réponse de la Fed. Ils remarquent que la Réserve fédérale a agi de manière rationnelle en vue de protéger le système de l'étalon-or : « certainement, la priorité affichée au maintien de l'étalon-or était la raison pour l'augmentation forte des taux d'escompte en octobre 1931, après que la Grande-Bretagne eut quitté l'étalon-or et que l'or s'échappait des États-Unis »[3].
L'économiste libéral français Jacques Rueff, dans son essai Le Pêché monétaire de l'Occident (1971), voit dans l'établissement du Gold Exchange Standard par la conférence de Gênes au début des années 1920 la cause profonde de la Grande dépression. Le système de l'étalon-or qui prévalait avait pour conséquence que tout déficit de la balance des paiements provoquait une sortie d'or du pays ; or, la banque centrale ne pouvait à l'époque créer de la monnaie que proportionnellement à l'or. Les banques privées avaient donc elles aussi les poings liés par le stock d'or national, lui-même lié à la balance des paiements.
Ce système se voulait stabilisateur, et tout déséquilibre devait automatiquement converger vers un nouvel équilibre. En effet, tout déficit de la balance des paiements, en provoquant une baisse du stock d'or et donc une diminution de la quantité de monnaie fiduciaire en circulation, doit théoriquement permettre une baisse des prix nationaux et une reprise de la compétitivité des produits exportés.
Or, dans un système d'étalon-or où une monnaie est utilisée comme monnaie de réserve à l'international, le pays qui émet cette monnaie est privilégié : lorsque sa balance est déficitaire, il voit sa monnaie revenir chez lui, car les entreprises étrangères qui détiennent la monnaie du pays souhaitent la réinvestir dans le pays où la monnaie a cours légal. Ainsi, à l'instar du système du pétrodollar des décennies plus tard, à chaque fois que les États-Unis sont en déficit commercial, les dollars avec lesquels ils paient leurs importations aux pays étrangers sont réinvestis par ces pays en Amérique. Cela sert de base par l'intermédiaire du multiplicateur de crédit à de nouveaux crédits qui aggravent les déficits. Le Gold Exchange standard a donc tendance à accroître sans limites l'endettement du pays privilégié.
Dans le cas des États-Unis avant 1929, l'endettement global s'est mis à grimper de plus en plus vite jusqu'à dépasser 370 % du PIB. L'efficacité marginale du capital (le taux de rendement de l'investissement actualisé à l'époque zéro) a baissé. La spéculation a remplacé l'investissement industriel dont le rendement a beaucoup baissé, lequel est entièrement financé par le crédit. La bourse a connu une expansion aussi spectaculaire qu'intenable. Finalement, c'est toute la pyramide de dettes qui s'est écroulée, d'autant plus vite et fort qu'elle était plus haute. Comme cette pyramide avait ses racines dans les déséquilibres financiers mondiaux, c'est le monde entier qui a été atteint et les circuits économiques internationaux ont été électrocutés suivant un effet domino[4].
Cette analyse de Rueff est renforcée par celles d'économistes plus récents, qui font appel à la théorie de la dette souveraine pour expliquer cette crise. Lors de la conférence de quatre banques centrales (Banque d'Angleterre, Banque de France, Reichsbank et Réserve fédérale des États-Unis) qui se tient à Long Island en , une décision capitale mais insuffisante est prise : la Fed accepte de réduire son taux d'intérêt, sachant que son directeur, Benjamin Strong s'y oppose, laissant entendre que, si rien n'est fait, « dans un ou deux ans, le mécanisme de recyclage qui permet à l'Allemagne de financer ses paiements de réparation [et toute son économie] via les prêts américains allait tomber en panne, provoquant la pire dépression de l'histoire[5]. La seule question est de savoir si la crise va éclater en Allemagne ou aux États-Unis ». En , les experts du plan Young décident de se réunir pour rééchelonner la dette souveraine allemande qui est, de facto, aux mains des investisseurs américains. On assiste alors à une première secousse de mouvements liquidateurs, bien avant le mardi . Pour donner une idée du volume des capitaux en jeu, il faut revenir sur la structure même du marché obligataire en 1928-1929, là où s'alimentent États et entreprises, et la peur générale que l'Allemagne refuse de payer (ce qu'elle fit), plusieurs dizaines de milliards de dollars, entraînant l'impossibilité pour la France et la Grande-Bretagne de reverser aux Américains en contrepartie les annuités d'emprunts contractés entre 1914 et le début des années 1920[6].
Les États-Unis, après une phase de très forte croissance depuis les difficultés d'avant-guerre, ont accumulé la richesse du monde (l'Europe étant ruinée) et cette richesse n'a pas été assez diffusée dans la société malgré des théories comme le fordisme. La concentration de la richesse a réduit les possibilités de consommation que l'appareil de production permettait. John Maynard Keynes a donné une certaine caution à cette explication en expliquant que les riches dépensaient proportionnellement moins que les pauvres. Autrement dit, bien que l'augmentation du revenu provoque une augmentation de la consommation, celle-ci augmente dans une proportion moins élevée que celle du revenu chez les riches ; inversement, les pauvres ont une consommation qui augmente plus vite que l'augmentation du revenu. Une augmentation de l'épargne de la part des plus riches provoquerait ainsi une situation de sous-investissement et donc de sous-emploi. Cette vision n'explique ni la mécanique d'emballement de 1928-1929 ni les modalités détaillées de la crise elle-même et en particulier ses dimensions internationales.
C'est évidemment la thèse des marxistes qui reprennent les thèses de Marx de la suraccumulation du capital et de la baisse (tendancielle, pour reprendre l'expression de Marx) du taux de profit qui sont à l'origine des multiples crises survenant dans le système capitaliste : la suraccumulation du capital entraîne une surproduction de biens de production par rapport aux biens de consommation[7]. La crise de 1929 est vue comme « finale » par les marxistes. Toutefois, l'économiste soviétique Nikolaï Kondratiev (théoricien des cycles longs allant de 30 à 50 ans) affirmait que cette crise n'était que cyclique et circonstancielle, et que par conséquent le capitalisme reprendrait son expansion après la crise. Cette théorie considérée comme « pro capitaliste » par le régime soviétique vaudra à Kondratiev d'être fusillé en 1938 par le régime de Staline lors des Grandes Purges.
Une explication proche est celle des « théoriciens de la régulation » qui pensent que les économies développées ont été déstabilisées par les progrès de l'organisation scientifique du travail (OST). Le taylorisme a en effet permis une augmentation très importante de la production : Robert Boyer a ainsi calculé que la production par tête (productivité du travail) a augmenté en France de 6 % par an entre 1920 et 1960. En revanche, les salaires réels (les salaires nominaux réduits de l'inflation) ont progressé de seulement 2 % par an en France sur la même période, ce qui explique l'apparition d'une situation de surproduction et le déclenchement de la crise[8]. Ces thèses malthusiennes sont restées marginales.
Dans cette vision, la crise n'est qu'un épisode de plus du cycle économique d'une dizaine d'années. Il n'aurait pris son allure de dépression qu'à la suite de mauvaises réactions de la part de l'État fédéral américain (attentisme : « la reprise est au coin de la rue ») ou de la nouvelle banque centrale, la FED, qui aurait restreint le crédit là où il fallait ouvrir les vannes (thèse de Milton Friedman). D'autres dans la même approche cyclique supposeront comme Kondratieff que la crise a été particulièrement longue et violente par l'effet de mouvements de longues périodes sur l'innovation. L'innovation se serait tarie alors que l'électrification et les chemins de fer avaient été les moteurs de la croissance précédente. Ils auraient fini par s'arrêter. Cependant, les observateurs modernes pensent plutôt que la période a été riche en innovation : téléphonie fixe, TSF, début même de la télévision, automobile, aviation, électroménager, publicité, nouvelles idées de management, etc.
C'est la thèse de Charles Kindleberger, un auteur qui tient l'analyse monétariste pour erronée, car trop focalisée sur la politique monétaire aux États-Unis et négligeant des éléments importants tels que le rôle de la spéculation sur les valeurs mobilières, la mise en œuvre tardive du Glass-Steagall Act, l'incapacité des États-Unis à se comporter en nation créancière, la dislocation de l'Europe après la Première Guerre mondiale[9](1914-1918). De façon plus générale, cet auteur refuse d'entrer dans la controverse des années 1970 entre monétaristes et keynésiens qui offrent, pour lui, deux explications uni-causales : les premiers pensant qu'une « croissance insuffisante de la masse monétaire a provoqué une baisse de la dépense », les seconds qu'une « baisse indépendante et autonome de la dépense a entraîné une diminution de la masse monétaire »[1]. Ce qui va l'intéresser c'est de répondre à la question : pourquoi l'impulsion initiale n'a pu être contenue ni par les forces automatiques (étalon-or) ni par des mécanismes de décision politique.
Pour lui si l'impulsion initiale n'a pu être maintenue, cela tient à la « forte instabilité latente du système » liée à de nombreux facteurs tant financiers que monétaires ou relevant de l'économie réelle. Sa thèse principale, inspirée de la théorie des jeux, est qu'en l'absence d'un pays dirigeant capable de fixer des règles, de les faire respecter et éventuellement de prendre plus que sa part de charges, les pays préfèrent adopter des solutions non coopératives[N 1], dont tout le monde pâtit[10]. Pour les tenants de cette thèse qui sera plus tard connue sous le nom de théorie de la stabilité hégémonique, si la crise de 1929 a engendré une dépression si longue et si dure c'est que le Royaume-Uni n'était plus en mesure d'assumer son ancien rôle dirigeant et que les États-Unis ne voulaient pas encore assumer leurs responsabilités à savoir[11] :
La longueur et la gravité de la crise qui verra la ruine de nombreuses familles, le développement d'un immense chômage, la faillite de milliers de banques et celle de dizaines de milliers d'entreprises a conduit à mettre en cause la manière dont les politiques économiques ont été conduites.
L'accusation d'aveuglement et de pusillanimité est bien prouvée par l'affirmation du Président de la Bourse de Wall Street qui s’exprime ainsi en : « Bien des gens n’ont pas compris que c’en est apparemment fini des cycles économiques tels que nous les avons connus. Quant à moi, je suis convaincu de l’essentielle et fondamentale solidité de la prospérité américaine »[réf. nécessaire]. Ensuite l'idée constamment répétée que la prospérité était « round the corner » et qui expliquait qu'on ne fît rien a été mise systématiquement en cause. La critique de Keynes à partir de son livre majeur, Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie (1936), expliquera que lorsqu'un équilibre de sous-emploi s'est installé, seul l'investissement public via des politiques de relance permet de retrouver le plein emploi. Ces idées n'étaient pas celles du temps où on attendait plutôt d'une baisse des prix et des salaires les conditions de la reprise.
Des recherches récentes ont mis en avant le rôle de la France dans la pression déflationniste de la Grande Dépression. Dans les années qui précèdent la crise, la France accumule des réserves d'or et de changes, qu'elle ne stérilise pas. Cela retire de l'or des marchés mondiaux, or cet or n'est pas compensé par de nouvelles émissions de monnaie. Cela provoque des tensions à la baisse sur les prix[12].
Des mesures protectionnistes (par exemple, la loi Hawley-Smoot) entraînèrent une augmentation des droits de douane sur les importations, afin de protéger les producteurs locaux (mis en danger par la compétition internationale). En réponse à cette politique, d'autres pays augmentèrent à leur tour leurs droits de douane (à titre de représailles). D'une façon plus générale, les grands empires, britannique et français, se replient sur eux-mêmes et ne recherchent plus le commerce international devenu trop dangereux, faute de monnaie mondiale.
Selon l'historien économique Paul Bairoch, les années 1920 à 1929 sont généralement décrites à tort comme des années de montée du protectionnisme en Europe. En fait, selon lui, d'un point de vue général, la crise a été précédée en Europe par la libéralisation du commerce. La moyenne pondérée des droits de douane est restée globalement la même que dans les années précédant la Première Guerre mondiale : 24,6 % en 1913, contre 24,9 % en 1927. En 1928 et 1929, les droits de douane ont été abaissés dans presque tous les pays développés[13]. En outre, la loi Smoot-Hawley sur les tarifs douaniers a été signée par Hoover le 17 juin 1930, tandis que le krach de Wall Street a eu lieu à l'automne 1929.
Paul Krugman écrit que le protectionnisme ne conduit pas à des récessions. Selon lui, la diminution des importations (qui peut être obtenue par l'introduction de droits de douane) a un effet expansionniste, c'est-à-dire favorable à la croissance. Ainsi, dans une guerre commerciale, puisque les exportations et les importations diminueront de manière égale, pour le monde entier, l'effet négatif d'une diminution des exportations sera compensé par l'effet expansionniste d'une diminution des importations. Une guerre commerciale ne provoque donc pas une récession. En outre, il note que le tarif Smoot-Hawley n'a pas provoqué la Grande Dépression. Le déclin du commerce entre 1929 et 1933 « était presque entièrement une conséquence de la Dépression, pas une cause. Les barrières commerciales étaient une réponse à la Dépression, en partie une conséquence de la déflation »[14].
Jacques Sapir explique que la crise a d'autres causes que le protectionnisme[15] en faisant remarquer que « la production intérieure des grands pays industrialisés régresse […] plus vite que le commerce international ne se contracte. Si cette baisse (du commerce) avait été la cause de la dépression que les pays ont connue, on aurait dû voir l'inverse ». « Enfin, la chronologie des faits ne correspond pas à la thèse des libres-échangistes […] L'essentiel de la contraction du commerce se joue entre et , soit avant la mise en place des mesures protectionnistes, voire autarciques, dans certains pays, à l'exception de celles appliquées aux États-Unis dès l'été 1930, mais aux effets très limités »[16]. Il relève que « la contraction des crédits internationales est une cause majeure de la contraction du commerce ». Ces liquidités s'effondrent en 1930 (-35,7 %) et 1931 (-26,7 %). Une étude du National Bureau of Economic Research met en évidence l'influence prédominante de l'instabilité monétaire (qui entraîna la crise des liquidités internationales[15]) et de la hausse soudaine des coûts de transport dans la diminution du commerce durant les années 1930[17].
C'est également l'opinion défendue par Maurice Allais, prix Nobel d’Économie :
« Mon analyse étant que le chômage actuel est dû à cette libéralisation totale du commerce, la voie prise par le G20 m’apparaît par conséquent nuisible. Elle va se révéler un facteur d’aggravation de la situation sociale. À ce titre, elle constitue une sottise majeure, à partir d’un contresens incroyable. Tout comme le fait d’attribuer la crise de 1929 à des causes protectionnistes constitue un contresens historique. Sa véritable origine se trouvait déjà dans le développement inconsidéré du crédit durant les années qui l’ont précédée. Au contraire, les mesures protectionnistes qui ont été prises, mais après l’arrivée de la crise, ont certainement pu contribuer à mieux la contrôler. »
— Maurice Allais dans Lettre aux français : « Contre les tabous indiscutés »[18]
Milton Friedman était également d'avis que le tarif Smoot-Hawley de 1930 n'avait pas causé la Grande Dépression. Douglas Irwin écrit : « la plupart des économistes, tant libéraux que conservateurs, doutent que Smoot Hawley ait joué un rôle important dans la contraction qui a suivi »[19],[20]
Selon William J. Bernstein : « Entre 1929 et 1932, le PIB réel a chuté de 17 % dans le monde et de 26 % aux États-Unis, mais la plupart des historiens économiques estiment aujourd'hui que seule une infime partie de cette perte énorme du PIB mondial et du PIB des États-Unis peut être attribuée aux guerres tarifaires. Au moment du passage de Smoot-Hawley, le volume des échanges ne représentait qu'environ 9 % de la production économique mondiale. Si tous les échanges internationaux avaient été éliminés, et si l'on n'avait pas trouvé d'utilisation intérieure pour les marchandises précédemment exportées, le PIB mondial aurait chuté du même montant – 9 %. Entre 1930 et 1933, le volume du commerce mondial a chuté d'un tiers à la moitié. Selon la façon dont on mesure la chute, cela représente 3 à 5 % du PIB mondial, et ces pertes ont été partiellement compensées par des produits nationaux plus chers. Ainsi, les dommages causés n'auraient pas pu dépasser 1 ou 2 % du PIB mondial, ce qui est loin des 17 % enregistrés pendant la Grande Dépression… La conclusion inéluctable : contrairement à la perception du public, Smoot-Hawley n'a pas causé, ni même aggravé de manière significative, la Grande Dépression[21] »
Selon Peter Temin (en) : « Un tarif, comme une dévaluation, est une politique expansionniste. Cela détourne la demande des producteurs étrangers aux producteurs d'origine. L'argument populaire, cependant, est que le tarif a causé la dépression américaine... que le tarif a réduit la demande pour les exportations américaines en induisant des tarifs étrangers de représailles. Les exportations ont été de 7 % du PNB en 1929. Elles ont diminué de 1,5 pour cent du PNB de 1929 au cours des deux prochaines années. Compte tenu de la chute de la demande mondiale dans ces années… tout cela ne peut pas être attribué à des représailles du tarif Smoot-Hawley. Même si c'est le cas, le PNB réel est tombé plus de 15 % au cours de ces mêmes années. Avec un multiplicateur raisonnable, la baisse de la demande d'exportation ne peut être qu'une petite partie de l'histoire. Et il doit être compensé par l'augmentation de la demande intérieure du tarif. Tout effet contractif net du tarif était faible »[22]
Ian Fletcher indique que le tarif Smoot-Hawley ne s'appliquait qu'à environ un tiers du commerce aux États-Unis : environ 1,3 % du PIB. Le tarif moyen des États-Unis sur les marchandises assujetties[23] est passé de 40,1 % en 1929 à 59.1 en 1932 (+19 %). Or il était systématiquement supérieur à 38 % tous les ans de 1865 à 1913 (de 38 % à 52 %). De plus, il a augmenté aussi fortement en 1861 (de 18,61 % à 36,2 % ; +17,6 %), entre 1863 et 1866 (de 32,62 % à 48,33 % ; +15,7 %), entre 1920 et 1922 (de 16,4 % à 38,1 %; +21,7 %) sans produire de dépressions mondiales[24].
Indépendamment de la question du protectionnisme, l'explosion du système monétaire international défini à la conférence de Gênes conduit à des redéfinitions des valeurs en or des principales devises et à une suite de dévaluations (baisse de la valeur des monnaies nationales par comparaison avec les devises des pays partenaires) qui faussent les termes de l'échange international et provoquent des troubles sur tous les marchés de biens et de services internationaux. On constatera que ces quatre contestations des politiques menées dans les années 1930 sont à la base des politiques suivies actuellement : gonflement des liquidités par la banque centrale, refus du protectionnisme, refus (verbal mais acceptation de facto) des dévaluations compétitives, activisme d'État via des plans de relance massifs.
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