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Dominique Bazelaire, en religion père Célestin de Saint-Dié (Saint-Dié, le - Nancy, le ), capucin, fut provincial de Nancy à trois reprises.
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Les Bazelaire pourraient tirer leur nom d'une origine bâloise. À une douzaine de lieues de Bâle, vers 1336, Albrecht Baseler, chevalier, tenait de l’évêque de Strasbourg un fief faisant partie du Haut-Mundat et relevant donc du ban de Rouffach, dans l’actuel Haut-Rhin[1].
En tous les cas, les Bazelaire étaient établis dès le XVe siècle en la cité d'Yvoix ou Ivoi, depuis nommée Carignan (Ardennes), dans le Comté de Chiny, où Jehan Ier Bazelaire, dit Petit Jehan (ca 1460 - avant 1505), fut cité à titre posthume dans un acte du . Il comptait plusieurs ecclésiastiques dans sa parenté :
Par une transaction du , Florent Ier Bazelaire (ca 1545 - après le ) vendit à son frère Jehan III Bazelaire l’Aisné (ca 1530 - après le ) ses droits héréditaires dans la succession paternelle et, fuyant probablement aussi bien les guerres qui achevaient de dévaster le duché de Luxembourg et le comté de Chiny, que la peste qui ravageait la ville d'Yvoix-Carignan[6], il alla s'établir à Saint-Dié-des-Vosges. Or, au tout début du XVIIe siècle, Jehan III Bazelaire l’Aisné (ca 1530 - après le ) quitta lui aussi Yvoix pour s'installer à Sainte-Catherine, aujourd'hui en Belgique, dont il était bourgeois en 1605 et échevin en 1607. Jehan III avait épousé en premières noces, avant le , une damoiselle Le Menusier, et en secondes noces, avant le , damoiselle Poncette Anthoine dite de Roussel († après le ).
Son fils, Jehan IV Bazelaire le Jeune (Yvoix ca 1550 - après le ), « bourgeois d’Yvoix-Carignan » en 1577, obtint de Salentin de Wahl, écuyer, prévôt d’Yvoix, de son beau-frère Martin Chardel, « chastelaijn héréditable et recepveur » d’Yvoix, de Thiébault de Hézecques, seigneur d’Inor et de Messencourt, de Poncelet Bonny, lieutenant, ainsi que de Jehan La Briche, Gérard du Mont, et Jacquemin Henriot, jurés, et de Jacquemin Corpel, clerc juré, un jugement du basé sur des reconnaissances émanant des justices de Neufchâteau et du Pays messin ainsi que sur des titres authentiques, établissant sa noblesse et celle de « ses prédécesseurs, ayeux, bisayeuls, parens et alliés »[7]. Toutefois, à Saint-Dié-des-Vosges, la descendance de Florent Ier Bazelaire tomba rapidement dans la roture et abandonna le style de vie et les attributs de la noblesse, jusqu'à la seconde moitié du XVIIe siècle où elle amorça un processus d'ascension sociale.
Fils aîné et second enfant de Florent V Bazelaire (1619-1686), conseiller de police et maître des postes à Saint-Dié [7], et de sa femme Anne Gérardin († Saint-Dié, 1678), Dominique Bazelaire est le filleul d’honorable Dominique Doyen († Saint-Dié, 1674), tabellion et maître échevin de Saint-Dié-des-Vosges, et de Jeannon Berger, aussi de Saint-Dié.
Profès en l’ordre des frères mineurs capucins, ordonné prêtre vers 1671, le père Célestin de Saint-Dié fut nommé gardien du couvent de Vaudrevange, alors capitale du Bailliage d'Allemagne, la partie germanophone du duché de Lorraine. En 1680, après le traité de Nimègue que le duc Charles V n’avait pas voulu accepter, le roi Louis XIV ordonna le démantèlement de la petite ville de Vaudrevange et, avec le matériel fourni par ses remparts ruinés par les Suédois, l’édification de la nouvelle ville-forteresse de Sarrelouis. Après avoir pris part comme définiteur au chapitre de 1680, le père Célestin de Saint-Dié fut nommé gardien du futur couvent de Sarrelouis et c’est en cette qualité qu’il posa la première pierre de la cité naissante, le [8].
Deuxième custode de sa province au chapitre général de l’ordre à Rome le , il était provincial de Nancy lorsqu’il assista aux chapitres généraux de l’ordre qui se tinrent à Rome les et . Au cours de ses neuf années de provincialat, il fit recueillir dans un nécrologe les noms des plus de soixante-dix capucins qui avaient donné leur vie « en soignant les pestiférés [lorrains] pendant les douze années de la contagion »[9] et il fit placer de semblables nécrologes dans les sacristies de toutes les églises conventuelles de sa province[10]. Durant ce temps, il eut manifestement pour vicaire provincial élu le révérend père Joseph de Ligny († 1709 Toul).
Le père Célestin assista en qualité de premier custode de sa province, au chapitre général de l’ordre des capucins, tenu à Rome le . Gardien du couvent de Nancy de novembre 1702 à novembre 1704, de nouveau provincial de Nancy de novembre 1704 à novembre 1705, il demeurait encore en novembre 1706 au couvent de Nancy, dont il fut encore gardien en 1709[11]. Le père Célestin de Saint-Dié mourut custode général de la province de Nancy.
À l’occasion de la concession de lettres patentes de confirmation de noblesse et de réhabilitation d’ancienne noblesse, le à Lunéville[12] par Léopold, duc de Lorraine et de Bar, à ses deux frères Florent-Joseph Ier Bazelaire (1652-1724), prévôt royal de Saint-Dié à partir de 1682, lieutenant-général et chef de police au siège bailliager de Saint-Dié à partir du , acquéreur du comté de Lesseux le et Charles Bazelaire (1664-1725), maître particulier des Eaux-et-Forêts à Saint-Dié, il écrivit une Instruction conservée dans les archives de sa famille, dont suit un large extrait :
« Considerès que les honneurs et les richesses viennent de Dieu, qui est le principe de tout bien, et ne vous ennorgueillissès pas des lettres de noblesse dont Son Altesse Royale a honoré vos pères. Presque tout le monde, et les jaloux mesme de notre famille, ont attribué ce succès à la bonne vie et aux aumônes de nos parens ; notre bonne mère qui n’estoit que simple bourgeoise, faisoit néanmoins des aumônes fort considérables par rapport à ses facultés, car outre celles qu’elle laissoit tous les jours à la porte, et à des pauvres honteux, lorsqu’elle cuisoit du pain, elle en ordonnoit cinq ou six michettes pour des pauvres […]. À Pâques, elle distribuoit une bande de lard à ceux qui n’avoient pas moyen d’acheter de la chair, et aux pauvres malades elle envoyaoit du vin, de sorte que quand elle mourut, les pauvres la regrettoient avec larmes et disoient : "nostre bonne mère est morte." […]
Ne vous paradès donc pas de votre noblesse, que pour estre plus honêtes et plus vertueux, et scachès que ce n’est point un advantage d’estre noble, si l’on est esclave des vices : ayès la crainte de Dieu, servès-le fidèlement, et faites-le servir de même par ceux qui vous appartiennent. Et ne vous servès pas de vos commodités et de votre élévation pour vous adonner à l’oisiveté, au vice, à la dissolution, et au libertinage, qui attirent la malédiction de Dieu sur les familles, et qui l’obligent à les réduire à un état plus bas encore et plus misérable que celui dont il les avoit tirés, par un pur effet de sa bonté. Quelle honte a un homme, qui bouffy d’orgueil, se vante de sa naissance, méprise les autres, et ne vit pas conformément à son extraction ! De sorte que pour reconnaître s’il est noble, il faut recourir aux épitaphes de ses aïeux. C’est dans ce sens que Cicéron répondit à Salluste, qui luy reprochoit qu’il estoit le premier noble de sa race ; il est vray, dit-il, que je suis le premier noble de ma race ; mais tu es le dernier de la tienne ! Parce qu’il ne la soutenoit pas [sa race] par ses actions. »
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