La troisième bataille de Challans a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une attaque des Vendéens contre la ville de Challans.
Faits en bref Date, Lieu ...
Bataille de Challans
Vue de Challans, gravure de Thomas Drake, vers 1850.
Quelques jours plus tard, les forces vendéennes se mettent ensuite en marche pour attaquer la ville de Challans[3].
La ville de Challans, auparavant fortifiée par le général Dutuy, est défendue par un bataillon de la Côte-d'Or et un bataillon d'Orléans, commandés par le général Jean-Baptiste Boussard[4],[8]. Un détachement de cavalerie du 16e régiment de dragons est également présent[8]. L'ensemble ne réunit que quelques centaines d'hommes[3], peut-être 800 selon l'historienne Françoise Kermina[1] et 900 selon l'historien Lionel Dumarcet[2]. Un état du attribue 300 hommes au poste de Challans[1].
Les forces vendéennes sont bien plus nombreuses. Selon un soldat vendéen capturé pendant la bataille et interrogé par le général Boussard, Charette était à la tête de 4 000 hommes à pied et de 200 cavaliers tandis que Stofflet commandait 2 000 fantassins et 100 cavaliers[5],[8]. Selon les mémoires[A 1] de l'officier vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, les troupes vendéennes sont fortes de 8 000 à 10 000hommes à pied, dont 4 000 pour l'armée de Stofflet, et 900 cavaliers[9]. Le Vendéen Le Bouvier-Desmortiers monte jusqu'à 14 000 hommes[1]. L'historien Lionel Dumarcet évoque entre 8 000 et 9 000 hommes[3] et Émile Gabory8 000 à 10 000[4]. Savin se joint à l'expédition, mais Joly, à cette époque à la tête de 2 000 hommes, ne semble pas y avoir participé[3].
Le 6 juin, les Vendéens, divisés en deux colonnes, attaquent Challans par la route de Saint-Christophe-du-Ligneron, à l'est[3]. L'avant-garde de l'armée de Charette, menée par Louis Guérin, se porte au nord pour aborder le bourg par la route de Machecoul[4],[9]. Le combat a lieu sur deux points: Boussard prend la tête du bataillon d'Orléans sur le flanc droit républicain et fait face aux Angevins de Stofflet, tandis que sur le flanc gauche l'adjudant-général Chadau mène le bataillon de la Côte-d'Or contre les Bretons et les Bas-Poitevins de Charette[3],[5], soutenu par Sapinaud[3],[4].
D'après Boussard, une amazone — peut-être Madame Dufief selon Alphonse de Beauchamp — «vêtue de nankin, s'est fait remarquer, elle caracolait à la tête des brigands»[5],[8].
Les forces de Charette engagent le combat les premières[3]. Cependant les Vendéens se heurtent à une fusillade intense de la part de l'infanterie républicaine[3]. Des charges de cavalerie achèvent ensuite de les mettre en déroute[9],[10]. D'après l'officier vendéen Lucas de La Championnière, la charge presque suicidaire d'une vingtaine de cavaliers suffit à mettre en fuite l'avant-garde de Charette et la panique se communique ensuite au reste de son armée[9].
Repoussés, les Vendéens sont poursuivis sur une demi-lieue, sur la route de Saint-Christophe-du-Ligneron[5],[8]. Cependant Stofflet parvient à couvrir la retraite qui s'effectue en bon ordre[3]. Les Vendéens regagnent alors La Bésilière[3].
Dans son premier rapport[A 2], adressé au général Vimeux et rédigé le jour même du combat, le général Boussard estime la perte des Vendéens à peut-être 200 à 300hommes, mais dans un second rapport[A 3] rédigé le lendemain, il revoit son estimation à la hausse, à 600 « brigands » restés sur le champ de bataille[5],[1]. Plusieurs insurgés sont également faits prisonniers[8]. Boussard ajoute que les brigands «se rendraient tous, s'ils ne craignaient pas qu'on les fit mourir»[5],[8].
Les pertes républicaines sont, toujours d'après Boussard, de trois officiers — l'adjudant-général Brière, le capitaine de dragons Saint-James et le chef du bataillon d'Orléans — et de trois ou quatre soldats d'infanterie et de cavalerie[5].
Selon les états du 11ebataillon de Paris, dit de la République, cinq hommes du bataillon sont mis hors combat le 6 juin 1794 à Challans: le volontaire Gabriel Aumaître, tué d'un coup de feu, le volontaire Claude Moreaux, mort de ses blessures le 10 juin, le caporal Alexandre Peychoto, mort de ses blessures le 23, le volontaire Claude Barbier, blessé d'un coup de feu à l'avant-bras gauche et le volontaire Georges Goudal, blessé par un coup de feu au cou[6].
Concernant les Vendéens, l'officier Bertrand Poirier de Beauvais affirme dans ses mémoires[A 4] qu'ils n'éprouvèrent «pas un grand dommage» car «la déroute fut protégée»[10].
De même, un autre officier vendéen, Louis Monnier, chef de division dans l'armée d'Anjou, écrit dans ses mémoires[A 5] que la «retraite fut une merveille pour des soldats qui n'avaient nulle connaissance de faire une retraite en ordre»[11]. Selon lui, les pertes de l'armée d'Anjou ne sont que de deux tués[11].
La défaite ranime quelques récriminations entre les différents chefs vendéens[3]. Certains reprochent à Charette d'avoir attaqué trop tôt ou bien à Stofflet d'avoir attaqué trop tard[3]. Dans ses mémoires, la comtesse de La Bouëre attribue la responsabilité de la défaite à Sapinaud, qui selon elle, n'a pas respecté le plan de bataille initial en se portant sur le centre alors qu'il devait se déployer à la gauche de Stofflet[1]. Charette quitte les abords de Legé et s'installe dans la nuit du 7 au 8 juin à Belleville-sur-Vie, qui devient son quartier-général[12],[7]. Le 8, l'armée de Stofflet quitte à son tour La Bésilière et reprend le chemin de l'Anjou[7].
Le 16 juin, les officiers vendéens rédigent leurs réponses aux courriers envoyés par le comte d'Artois et les Britanniques et les remettent à Vincent de Tinténiac, qui s'en retourne ensuite pour la Grande-Bretagne[3].
«L'armée royaliste comptait devant Challans huit à dix mille hommes à pied et environ neuf cents à cheval; tous montrant une grande ardeur de combattre, donnaient de fortes espérances de la victoire; déjà les avant-postes avaient été culbutés par Guérin qui commandait l'avant-garde; Stofflet à l'aile gauche était prêt d'attaquer et M. Charette s'avançait sur la route de Machecoul pour couper la retraite à l'ennemi. Tout à coup une nombreuse cavalerie fonça sur l'avant-garde qui s'était trop engagée. Une vigoureuse fusillade de notre part obligea ce gros peloton à faire un retour sur la gauche, mais un très petit nombre de cavaliers sortant des rangs continua de charger avec furie sans doute pour enlever deux de nos drapeaux qu'on avait portés jusqu'à nos premiers rangs. Ces hommes au nombre d'à peu près vingt qui se vouaient à une mort certaine, nous mirent dans une déroute complète; leur intrépidité nous effraya tellement qu'après avoir tiré sur eux des coups mal dirigés, sans doute, car je ne vis tomber que deux chevaux, malgré le bruit d'une décharge terrible, nous tournâmes le dos et nous nous mîmes à fuir sans que rien pût nous arrêter. M. Charette attaquant alors de son côté, il ne soutint pas longtemps tous les efforts qui se portaient contre lui, la fuite devint générale et ce ne fut qu'après avoir été poursuivis pendant deux lieues, n'en pouvant plus de fatigue et de besoin, qu'on fit mine de se retourner pour se mettre en défense.
Le brave Guérin ayant son cheval blessé et sa ceinture percée de trois balles se trouva dans la mêlée; il eut à faire tout à la fois à deux dragons. Ses pistolets étaient déchargés: il prit un de ses ennemis à la figure et le renversa au bas de son cheval, il fut assez heureux pour parer les coups que l'autre essayait de lui porter; un de nos fantassins aida à le délivrer. Il revint parmi nous au moment où nous déplorions sa perte.
On mit la cause de notre défaite sur son compte pour avoir attaqué trop vite. Nous prétendions au contraire, que le corps d'armée ne nous avait pas suivi d'assez prêt ce qu'il y a de certain, c'est que notre peu d'ensemble nous priva du succès le plus avantageux, car une fois le poste de Challans enlevé, notre armée se serait grossie de tous nos camarades qui se trouvaient dans le Marais où les vivres étaient en abondance. La division du Marais, commandée par Pajot, fut bientôt, malgré ses efforts, obligée de céder tous ses trésors à l'ennemi.
L'armée de Stofflet ne donna point, mais le Général montra dans la retraite non seulement ce grand courage qui faisait la seule qualité de nos chefs, mais un sang-froid et une habileté qu'on ne trouvait point parmi nous; il ne cessa de rallier les fuyards et en les forçant de se retirer en ordre, il les sauva de la poursuite des cavaliers qui, au milieu d'une lande immense, n'auraient pas manqué d'en faire un grand carnage.
Nous retournâmes à notre quartier général de la Bézilière, mais nous n'y restâmes pas longtemps. L'armée de Challans vint deux jours après pour nous y chercher, nous en étions partis la veille; cette sortie des républicains se borna au massacre de quelques femmes et à l'incendie d'un village. M. Stofflet au bout de quelques jours s'en retourna dans le pays de son commandement[9].»
«Les brigands ont attaqué aujourd'hui Challans sur deux colonnes; ils ont été vivement repoussés et mis en fuite. On les a poursuivis au-delà de Saint-Christophe. Tout le monde a bien fait son devoir, surtout l'infanterie.
Nous avons perdu l'adjudant-général chef de brigade Brière; Saint-James, capitaine des dragons du seizième; le commandant du bataillon d'élite, 1er. d'Orléans; trois ou quatre hommes de cavalerie et d'infanterie. La perte des brigands peut être de deux à trois cents hommes.
D'après le rapport d'un brigand prisonnier, Stofflet et Charette étaient réunis pour cette attaque. Charette avait quatre mille hommes d'infanterie et deux cents cavaliers, et Stofflet était à la tête de deux mille hommes d'infanterie et cent de cavalerie. Les brigands ont couché au-dessus de Saint-Christophe la nuit du 5 au 6. Ils se rendraient tous, s'ils ne craignaient pas qu'on les fit mourir. Loyseau, commandant la cavalerie de Stofflet, a été blessé.
Les brigands ont passé la Loire par petites bandes et trois mille environ sont rentrés dans la Vendée depuis l'affaire de Savenay[5].»
—Rapport du général Boussard, le 6 juin à Montaigu au général Vimeux.
«Les brigands ont perdu dans l'affaire d'hier près de six cents hommes restés sur le champ de bataille; on doit croire qu'ils ont eu beaucoup de blessés. Us ont attaqué avec furie sur deux colonnes. J'étais à la droite et l'adjudant-général Chadau à la gauche. J'avais Slofflet en tête. Le premier bataillon d'Orléans a commencé l'action au pas de charge et la colonne de l'ennemi a été enfoncée. Chadau a combattu Charette, l'action a été vive, le bataillon de la Côte-d'Or s'y est distingué. L'ennemi a été poursuivi jusqu'à une lieue et demie de Challans. Une femme en amazone, vêtue de nankin, s'est fait remarquer; elle caracolait à la tête des brigands[5].»
—Rapport du général Boussard, le 7 juin à Montaigu au général Vimeux.
«Dès le 6 juin au matin, l'armée vendéenne se mit en mouvement et se porta sur Challans. Nous trouvâmes l'ennemi en bataille, qui nous attendait un peu en avant de la ville. Charette était à la tête de notre droite, soutenu par l'armée de Sapinaud.
Stofflet prit le commandement de la gauche, avec une partie de l'armée d'Anjou; le surplus de cette armée faisait le corps de bataille avec le reste de l'armée de Sapinaud.
Charette fit attaquer trop tôt, le centre ne commençait qu'à se former; j'y étais dans ce moment et je vis arriver sur notre gauche la tête de la colonne que conduisait Stofflet, dont une seule compagnie n'était pas encore déployée.
Il me parut au feu de la droite que l'attaque de Charette était vive. L'action s'engagea peu de temps après au centre, de manière à nous faire concevoir des espérences de succès: nous étions arrivés par la grande route, qui dans cet endroit va un peu en montant.
Les républicains étaient sur le plateau, mais un peu trop en arrière pour bien profiter de l'avantage de leur position, de sorte que leurs balles nous passaient par-dessus la tête, et nous ne fûmes exposés à leur feu qu'à la hauteur d'une espèce de village qui se trouvait à notre gauche.
Deux de nos porte-drapeaux, voyant nos gars se battre avec courage, passent la haie et piquent leurs drapeaux en avant; ils se trouvaient par ce mouvement à la portée de pistolet des républicains. Nos soldats suivent et font éprouver un feu terrible à l'ennemi. Je croyais bien à ce moment que la victoire était à nous et que cette journée ajouterait à nos succès; ce en fut pas pour longtemps, malheureusement.
L'infanterie dont je viens de parler, qui se conduisait si bravement, était la tête de notre centre; son mouvement en avant avait attiré plus particulièrement le feu des républicains où elle se trouvait. Les autres du centre, qui arrivaient à la hauteur de l'ennemi, étonnés d'être reçus par une fusillade si vive, au lieu de se porter en avant, déclinèrent la ligne sous la protection du terrain qui les couvrait.
Le porte-drapeau de la division de ces derniers soldats, quittant le champ de bataille, se porta avec précipitation sur la gauche, pour se mettre à l'abri derrière quelques débris de maisons de la tête du village. La conduite de ce porte-drapeau influa sur l'esprit des soldats qui le suivaient, tellement qu'au lieu de se mettre en ligne ils allèrent encore plus sur leur gauche, prenant le chemin qui conduit au village. Je cherchai, et ne vis aucun officier de cette division qui pût m'aider dans ce moment critique. J'ignore quel était celui qui la commandait, mais dans quelqu'endroit de la bataille qu'il pût être, il n'était pas à sa place, puisqu'il n'était pas là ainsi que ses officiers.
Les républicains, s'apercevant de cette hésitation, chargèrent avec quelques cavaliers et mirent nos gens en déroute.
Les Vendéens, qui avaient montré tant de bravoure à la droite de la route, voyant fuir ceux devaient le soutenir, et apercevant sur leur flanc gauche et presque derrière eux un détachement de cavalerie ennemie, furent obligés de se retirer.
Un corps de cavaliers royalistes tomba alors sur la cavalerie républicaine, qu'il détruisit presque toute, mais ce fut en vain: le centre était en fuite et trop en désordre pour lui faire reprendre l'offensive. Rostaing, qui était à la tête des dragons vendéens, fut en peu de temps entouré, mais, se battant bien lui-même et secouru à propos, on le dégagea promptement. Un des frères Loiseau fut blessé dans cette circonstance.
Le centre, défilant par le village ci-dessus mentionné et le traversant en désordre, se trouva joindre la queue de la colonne de Stofflet, dont la tête déjà déloyée avait commencé un feu très vif. Les chasseurs de Stofflet étaient au premier rang: La Bouëre, Forestier et Carabas, en avant, faisaient merveille; mais l'arrière-garde de cette colonne se trouvant entraînée par la fuite du centre, la tête fut obligée d'en faire autant pour ne pas se trouver coupée et séparée des autres, ce qui serait sûrement arrivé, si elle s'était obstinée à tenir plus longtemps.
L'attaque de Charette, bien que très vive, n'avait pu cependant lui procurer aucun avantage, de sorte qu'au milieu des efforts que faisait l'aile qu'il commandait, elle s'aperçut de l'échec que le centre et la gauche venaient de recevoir, ce qui l'obligea aussi à se retirer elle-même.
Les républicains nous poursuivirent vivement, mais la déroute fut protégée de manière que nous n'éprouvâmes pas un grand dommage.
La Bouëre avait été obligé de laisser son cheval avant la bataille, parce qu'il boitait; il s'était alors jeté à pied dans les rangs des chasseurs. La crainte que j'avais qu'il ne fût pris, le sachant blessé, me fit porter de ce côté. Je fus assez heureux pour le reconnaître dans le nombre de ceux qui battaient en retraite, et le fis monter derrière moi.
Mon attention aurait été infructueuse sans la surveillance de Stofflet, car il nous fallait suivre l'infanterie, et passer dans des champs séparé les uns des autres par des fossés avec des espèces de tertres quelquefois très élevés.
Mon cheval ne sautait pas et gravissait mal; il nous fallait de temps à autre mettre pied à terre pour passer les endroits difficiles. Avant d'arriver à la lande, précisément au dernier champ le long duquel, à notre gauche, venait un chemin sur un tertre très haut et sans talus, La Bouëre et moi étions descendus de cheval, lorsqu'au même moment plusieurs cavaliers républicains se dirigeaient sur nous par ce chemin.
Stofflet était dans le champ où nous voulions entrer; il rassembla quelques fantassins et leur ordonna de faire feu sur ces cavaliers, qui furent obligés de s'arrêter. Mon cheval étant passé, nous continuâmes notre retraite parmi les fantassins, dont la masse en imposa soit aux cavaliers, soit aux tirailleurs ennemis, pour qu'ils n'osassent s'en approcher. Nous en étions quittes pour quelques coups de fusil, qu'on leur rendit bien au double.
Turreau dit dont la vérité en représentant vaincus à la journée de Challans, mais il en parle avec bien de l'ostentation du peu de mouvement que son armée rebutée faisait alors. A la manière dont il en rend compte, il semblerait que ses troupes ont été dans une plus grande activité que celles qui ont combattu soit sur les bords du Rhin, soit en Italie[10]»
«Les dispositions furent prises pour l'attaque du lendemain. Le général Charette devait commander la gauche, qui était du côté du Marais, côté le plus difficile pour attaquer la ville de Challans. L'armée d'Anjou élait commandée par Stofflet, et l'armée du centre par Sapinaud. Les armées marchérent à l'ennemi. Charette ne tint point à l'ordre de bataille, ni M. Sapinaud; on nous laissa le Marais. Nous attaquons les premiers, nous culbutons les rangs de l'ennemi et nous entrâmes presque dans le bourg. L'ennemi se jeta sur Charette et Sapinaud; nous étions tenus, à l'entrée du bourg, par des fossés très profonds. Charette et Sapinaud avaient déjà plié plus d'une lieue derrière nous, et nous ne le savions pas; l'ennemi nous tournait en poursuivant Charette; heureusement que nous entendions sa fusillade presque derrière nous. Stofflet me dit: «Mon cher Monnier, voilà un coup qui m'apprend «à vivre; on cherche à perdre l'armée d'Anjou.» Nous replions, avec tout l'ordre possible, tout le long du Marais. Une cavalerie nombreuse se jetait après nous et cherchait toujours à nous jeter dans l'eau; mais nos soldats obéirent bien aux ordres de se réunir en masse pour contenir cette cavalerie qui voulait entrer dans nos rangs; elle ne put y réussir. Ils venaient jusqu'à quinze pas de nous, mais des décharges continuelles en faisaient tomber. Notre retraite fut une merveille pour des soldats qui n'avaient nulle connaissance de faire une retraite en ordre. Nous ne perdîmes que deux hommes: un, qui voulut s'écarter de la colonne et se jeter dans le Marais, fut sabré par cette cavalerie à quatre-vingts pas de nous; elle essuya une fusillade qui la força à s'écarter et lui infligea des pertes; et l'autre était un officier qui, en faisant sauter à son cheval un fossé, fut pris et tué. Une fois que nous fûmes arrivés dans le Bocage, les bleus n'osèrent plus nous poursuivre et l'armée marcha à s'en revenir en Anjou[11].»
Jean Tabeur (préf.Jean Tulard), Paris contre la province: les guerres de l'ouest, 1792-1796, Paris, Economica, coll.«Campagnes & stratégies / Les grandes batailles» (no70), , 286p. (ISBN978-2-7178-5641-5)..