Plateforme de glace de Larsen
plateforme de glace en Antarctique De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La plateforme de glace de Larsen, autrefois appelée Barrière de Larsen, est une plateforme de glace flottant au nord-ouest de la mer de Weddell, s'étendant tout le long de la côte orientale de la Péninsule Antarctique. Son nom rend hommage au capitaine Carl Anton Larsen, qui navigua le long du front de glace à bord du Jason jusqu'à 68°10' S durant le mois de décembre 1893.
La plateforme de glace de Larsen est constituée par une série de plateformes qui occupent (ou occupaient) des baies distinctes le long de la côte. Du nord au sud, les trois segments principaux sont appelés Larsen A (quasiment disparue en 1995), Larsen B (quasiment disparue en 2002) et Larsen C par les scientifiques. D'autres plus petits segments situés entre Larsen C et la plateforme de Ronne sont parfois nommés Larsen D à Larsen G[1].
Un cycle de désintégrations inhabituelles de plateformes de glace semble entamé dans la région. Typiquement, les plateformes de glace perdent de la masse par vêlage d'icebergs et par fonte périphérique. La désintégration est liée au réchauffement climatique dans la péninsule antarctique, environ 0,5 °C par décennie depuis la fin des années 1940[2].
Plusieurs évènements ont été observés :
L'évolution de la faille de plus de 175 kilomètres dans la plate-forme Larsen C qui a abouti à cette fracture a été suivie par les scientifiques en 2016-2017[4]. Cette dernière a relargué le 12 juillet 2017 dans la mer de Weddell l'iceberg A-68, un iceberg géant (de surface équivalente au département du Gard[6]). L'iceberg qui en résulte est l'un des plus grands icebergs jamais observés[7], à tel point que son détachement menace la stabilité des glaciers aux alentours au moins pour la décennie suivante[7] ; bien qu'il n'y ait pas de risque d'effondrement imminent de ces glaciers en juillet 2017[7].
L'évènement intéresse aussi les biologistes marins, car quand il va s'éloigner de la côte vers la mer de Weddell, cet iceberg laissera à jour 5 800 km2 de fonds marins qui sont un écosystème marin sous-glaciaire jamais exposé au jour depuis 120 000 ans au moins. Si les chercheurs arrivent assez tôt ils accéderont à un écosystème sous-jacent très particulier, encore très peu touché par l'anthropisation, ce qui n'existe presque plus sur la planète. Ils pourront aussi y étudier certains phénomènes de colonisation.
Parmi les difficultés figurent les budgets d'étude et le moyen d'accès (une expédition polaire se prépare des années à l'avance, doit attendre un été austral pour explorer le milieu et travailler in situ en sécurité). Explorer une zone d'un tel intérêt écologique serait une première mondiale ; pour cela le British Antarctic Survey (BAS) de Cambridge a lancé une procédure accélérée de collecte de fonds et de préparation d'expédition, et des chercheurs sud-coréens ont envisagé de détourner une mission qui était initialement prévue pour les îles Shetland du Sud. Il est essentiel que l'accès des scientifiques soit précoce (ainsi la pêche à la Légine est interdite dans la région et dans ce type de contexte (grâce à une convention internationale), mais uniquement durant 2 ans. Un cas précédent d'échec scientifique est celui de la découverte, via une vidéo subaquatique (faite en mars 2005 par des géophysiciens après d'un phénomène similaire), qui montrait un tapis blanc sur le fond marin. Ce tapis semblait être une couche de des palourdes associée à un écosystème chimiotrophe (se passant donc d'algues et de l'énergie du soleil ; premier cas connu en milieu sous-glaciaire antarctique). Hélas, quand les biologistes ont pu accélérer au site sur le Polarstern (deux ans après) il était trop tard ; seul un tapis de coquilles mortes et de la matière en décomposition persistait.
Une tentative avorte en février 2018 à cause d'une mer démontée (creux de 5 m) et d'icebergs barrant la route au navire de recherche[8].
Une seconde tentative est faite un an après (en février 2019) alors que l'iceberg géant s'est déjà éloigné de 200 km de la nouvelle côte : une équipe internationale de 45 personnes, pilotée par Boris Dorschel est embarquée par le brise-glace de recherche allemand Polarstern, (à partir du Chili)[8]. L'équipe dispose d'un ROV et d'un engin tracté permettant de faire des levés optiques et acoustiques des fonds et de leurs habitats (et de faire des échantillonnages en complément d'autres outils plus classiques). Des analyses chimiques et isotopiques montreront si le réseau trophique a déjà beaucoup changé et quel est le régime alimentaire des espèces présentes. À partir de cet état zéro, un suivi des effets du réchauffement du milieu pourra aussi être fait[8].
Dans cette zone, la calotte glaciaire est protégée d'une désintégration brutale par la géométrie du plancher océanique. Deux crêtes sous-marines entourent Larsen C et ralentissent le flux de glace vers l'océan.
Mais les effondrements des plateformes Larsen A et B ont, selon les observations de la NASA, accéléré de 300% la fonte des glaciers situés à leur amont, entraînant une croissance de 59 % de l’écoulement de glace dans la mer[4].
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