Baie des Trépassés
baie en Bretagne De Wikipédia, l'encyclopédie libre
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La baie des Trépassés est une dépression située à l'extrémité occidentale du cap Sizun. Enserrée entre les falaises de la pointe du Raz et la pointe du Van, elle constitue une côte basse sur la façade atlantique et se trouve sur les communes de Plogoff et de Cléden-Cap-Sizun (territoire du Cap Sizun). Faisant partie de la côte d'Iroise, son rivage forme une longue plage de sable reliant les deux pointes. La baie des Trépassés est partie intégrante du Grand Site de France Pointe du Raz en Cap Sizun, et à ce titre sa protection et sa gestion sont assurées par le Syndicat mixte pour l'aménagement et la protection de la Pointe du Raz et du Cap Sizun.
Baie des Trépassés | |
Vue générale de la baie des Trépassés. | |
Géographie humaine | |
---|---|
Pays côtiers | France |
Subdivisions territoriales |
Finistère (Bretagne) |
Géographie physique | |
Type | Baie |
Localisation | Océan Atlantique |
Coordonnées | 48° 02′ 53″ nord, 4° 42′ 53″ ouest |
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Son nom, Bae an Anaon en breton, est à l'origine de sa triste réputation : une légende raconte en effet qu'autrefois les cadavres des naufragés s'y échouaient fréquemment[1].
L'une des hypothèses avancées est liée à l'histoire malheureuse de l'activité maritime de passage ou de pêche côtière dans les parages du Raz de Sein. La configuration des courants de marée et les vents dominants de secteur ouest repoussaient en effet les corps des marins naufragés sur la plage - bien que les courants s'opposent.
Une autre explication ferait revenir aux naufrageurs locaux l'origine de ce nom.
Une autre hypothèse, considère que cette plage pourrait devoir son nom sinistre à une erreur de traduction : elle s'appelait à l'origine Bae an Avon, "la baie de la source" (un petit fleuve côtier s'y jette effectivement). Mais l'erreur conforte la légende.
Enfin, une tradition celtique rapporte que cette baie était le lieu d'embarquement des druides morts en partance pour l'île de Sein[2].
La baie, ouverte plein ouest face à l'Atlantique et recevant tout au long de l'année un vent assez fort, parfois violent assorti d'une grosse houle déferlante, constitue un spot de surf assez réputé dans toute la Bretagne.
Cette baie fait partie la branche inférieure d'un trident rocheux fendant la mer d'Iroise à l'ouest du Finistère, avec ses trois pointes, la pointe Saint-Mathieu, la presqu'île de Crozon et la pointe du Raz. Elle est située à l'extrémité occidentale du cap Sizun[3].
La baie est située à l'une des extrémités occidentales du Massif armoricain. Elle correspond au prolongement occidental du domaine centre armoricain (synclinorium médio-armoricain) et du domaine sud armoricain (domaine hercynien)[4]. Elle résulte pour l'essentiel de l'érosion différentielle du fossé stéphanien (étage carbonifère) par rapport aux deux pointes rocheuses qui la bordent au Nord et au Sud et qui se traduisent par deux plateaux parallèles, orientés presque est-ouest, à l'altitude de 70 à 80 m[5].
Le domaine hercynien est marqué par la phase orogénique bretonne du cycle varisque, au début du Carbonifère inférieur, ou Tournaisien, il y a environ 360 Ma. La collision continentale au cours de l'orogenèse varisque proprement dite se traduit dans le Massif armoricain par un métamorphisme général de basse-moyenne pression, formant les gneiss et micaschistes au nord de la baie, par des phases de cisaillement (en) (à l'origine des accidents linéamentaires) et par la mise en place de nombreux leucogranites intrusifs (granites de teinte claire à deux micas, biotite et muscovite) au sud[5].
« Entre la pointe du Van et la pointe du Raz, la dépression de la baie des Trépassés correspond à un fossé tectonique d'âge stéphanien (290 M.A.), bordé au Nord et au Sud par les failles liées aux deux linéaments. Les sédiments, parfois tourbeux[6] ou charbonneux[7], déposés dans ce bassin, ont été redressés lors des rejeux ultérieurs des grands accidents. Ils correspondent à des faciès détritiques continentaux. Il est possible que certains lambeaux de schistes cristallins mylonitisés, bordant la dépression tectonique, soient d'âge paléozoïque inférieur[8] ».
La baie fait partie des sites d'intérêt géologique bretons.
De nombreux écrivains ont évoqué la Baie des Trépassés, souvent avec quelque exagération :
Jacques Cambry écrit en 1794 dans son Voyage dans le Finistère :
« Le plus intrépide matelot ne passe jamais, sans implorer la pitié du Très-Haut, devant la baye des Trépassés, dont le nom lui rappelle les millions d'hommes qu'elle a dévorés et qu'elle engloutit tous les jours. Que sont les tourbillons de Carybde et Scylla, déterminés par des rochers presque invisibles, si vous les comparez au théâtre gigantesque, immense, qu'ici vous avez sous les yeux[9]. »
Émile Souvestre a contribué à nourrir l'imaginaire concernant la Baie des Trépassés, écrivant :
« La Pointe du Raz présente une des passes les plus tempétueuses et les plus redoutées de l'Océan. Le nom de la baie voisine suffit pour donner une idée des dangers qu'on y court : on l'appelle la Baie des Trépassés. C'est là en effet qu'après les orages viennent échouer les débris des navires brisés sur les rochers du Raz, et les cadavres des noyés. Au fond de cette anse s'élève une chapelle isolée. On y trouve toujours quelque femme de marin entourée de ses enfants, à genoux comme elle, qui, le chapelet à la main et les yeux sur l'Océan, prie en pleurant la Vierge de ne pas permettre à la mer de faire une veuve et des orphelins de plus[10]. »
Auguste Brizeux exagère encore davantage[11] :
C'est l'Enfer de Plogoff. Sur la droite au milieu
De ces dunes à pic, c'est l'exécrable baie,
La Baie-aux-Trépassés, blanche comme la craie :
Son sable pâle est fait des ossements broyés,
Et les bruits de ses bords sont les cris des noyés !
L'écrivain breton Anatole Le Braz (1859-1926), dans un récit intitulé Impressions de Bretagne, le pays funèbre, daté de 1896 et figurant dans le recueil Impressions de Bretagne édité en 2004 par An Here, décrit la baie de Trépassés dans les termes suivants:
« Rien ne saurait rendre l'impression d'infinie solitude, de veuvage, de néant, que donne, l'hiver, cette "baie des Âmes", bae an anaon, comme l'appellent les Bretons, en leur langue, d'un mot sourd et plaintif, emprunté, dirait-on, au vocabulaire de l'au-delà. La puissante lamentation de la mer, tantôt éclatait en sanglots, tantôt se traînait en longs gémissements... »
Catherine Arley a écrit un roman à suspense qui se situe dans ce cadre : Les Beaux Messieurs font comme ça / La Baie des Trépassés (Nalis, 1968). Ce roman à succès est traduit dans plusieurs langues.
Selon une croyance bretonne, durant la nuit de Noël, la baie des Trépassés résonnerait des chants des âmes en peine qui sont ballotées sur le bateau des morts.
Deux hôtels deux étoiles y ont été édifiés : l'hôtel de la Baie des Trépassés (créé par Clet et Marie Normant avant la Seconde Guerre mondiale) et l'hôtel de la Ville d'Ys (fréquenté par Johnny Hallyday et Sylvie Vartan à plusieurs reprises dans la décennie 1960)[12], hôtel devenu le Relais de la Pointe du Van[13].
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