Roger et son frère Ardouin étaient fils d’un seigneur de Normandie aussi nommé Ardouin. Ces deux frères, cités dans la Chronique Novalaise, ainsi qu'un certain Alineus[2],[3], émigrent en Italie vers l’an 888 et deviennent vassaux du comte d’Auriate[2].
Le premier comte connu était un certain Rodulf ou Rodolphe, décédé en 902, laissant le comté à un Franc nommé Roger, qui avait été son commandant en second. Entre 940 et 945, le fils et successeur de Roger, Arduin Glaber, chassa les Sarrasins du Val de Suse et annexa cette région à son comté d'Auriate. Arduin était un partisan de Bérenger d'Ivrée dans sa tentative réussie pour la couronne de fer de Couronne de fer de Lombardie en 950. L'année suivante (951), Bérenger acheva une réorganisation de l'ouest de la Lombardie, créant trois nouvelles marches pour mieux défendre la côte des attaques sarrasines: la Marche de Gênes (Ligurie orientale), la Marche de Montferrat (Ligurie occidentale) et la Marche de Turin. Arduin fut créé premier margrave de Turin.
A cette époque, Auriate disparaît des archives en tant qu'entité distincte, mais elle reste le centre de la propriété de la famille Arduinici trois générations plus tard, lorsque Bertha épousa Ottone del Vasto du clan Aleramici. Leurs propriétés communes formèrent le noyau de la Marche postérieure de Saluzzo.
Le premier Ardouin connu est Hardouin d'Hiémois (mort entre 853 et 859)[6], comte en Bourgogne en 853. À la cour de Charles le Chauve, il joue le rôle de missi dominici et doit pacifier la Neustrie, en particulier dans l'Avranchin en 853. Il est marié à Warimburg, que certains généalogistes rattachent à la famille des comtes de Troyes, dont les parents ne sont pas connus. Il a deux enfants:
Eudes ou Oddon, qui possédait des biens en Neustrie et en Bourgogne.
Ardouin Ier[7]. Après la mort de Carloman II, il va se trouver en butte à l'opposition des enfants de Godefroi ou Gauzfrid, comte du Mans. Ils le dépouillent de ses possessions en Neustrie. Celui-ci se réfugie auprès de sa tante à Ivrée[8],[9]. Il a dû venir en Italie en 888 avec le DucGuy III de Spolète[10], roi d'Italie en 889, et Anschaire Ier d'Ivrée.
Roger, comte d'Auriate, qui suit.
Ardouin II. Avec son frere Roger, ils quittent la France pour l'Italie. Le chroniqueur de Novalaise a précisé qu'ils avaient quitté des montagnes stériles et étaient alors dénués de tout mais accompagnés de leur vassalAlineus ou Alineo[3],[5]. Pour cette même chronique, ils seraient devenus les vassaux de Rodolphe, comte d'Auriate[11]. Pour sa part, Georges de Manteyer les fait venir d'Auvergne au moment où Louis III l'Aveugle vient en Italie à l'appel des féodaux, en 900. Il remarque qu'Engelberge est la sœur de Louis l'Aveugle et la femme de Guillaume d'Aquitaine qui est comte d'Auvergne et comte de Mâcon[2].
Ansgarde[12], (morte le ) qui a épousé Louis le Bègue[13]. Louis le Bègue avait connu Ansgarde en Bretagne quand il s'y réfugia après s'être révolté contre son père. Il l'avait épousé en 862 sans l'accord de son père. Pour certains historiens cela faisait d'Ansgarde une concubine. Il répudie son épouse en 875 pour se marier avec la noble Adélaïde de Frioul, fille du comte Adalhard de Paris. Mais il se heurte en 878 au refus du pape Jean VIII qui refuse de ratifier ce divorce au concile de Troyes et de couronner Adélaïde comme reine de Francie occidentale. Ansgarde avait eu avec Louis le Bègue deux fils et trois filles. Après le refus du pape d'accepter le divorce, elle se bat contre le mariage avec Adélaïde qu'elle traite d'adultère. Elle s'est d'abord retirée à l'abbaye de Chelles près de Paris, puis selon la légende, à Ivrée où elle a été enterrée en 889 dans l'église paroissiale de Settimo Vittone. À la mort de Louis le Bègue en 879, elle obtient que ses deux fils soient désignés rois des Francs occidentaux grâce à l'appui de l'archevêque Hincmar de Reims. Cependant Adélaïde attendant un enfant au moment de la mort de Louis le Bègue, celui-ci pouvait perturber la transmission de la couronne de Francie occidentale. Cependant les deux fils d'Ansgarde étant morts jeunes et sans descendance, c'est le fils d'Adélaïde, Charles III le Simple qui est devenu roi après la mort de Carloman II.
Cunégonde de France a fait trois mariages, le premier en 909 avec Wigeric de Methingau dont elle eut Giselbert de Methigau, comte d'Ardenne, puis, vers 920, avec Ricuin de Verdun, sans descendance, et avec un dernier mariage:
Roger, comte d'Auriate (Auriate (en)[14]). Son histoire est tirée de la Chronique de l'abbaye de la Novalaise. Cette chronique raconte que les deux frères arrivés en Piémont après leurs revers de fortune en Francie occidentale se sont arrêtés à la cour du comte d'Auriate, Rodolphe[15]. Le comte les pris d'amitié, et ne pouvant se rendre à Pavie à une réunion des grands d'Italie convoqués par le roi d'Italie au début du Xesiècle, il y envoie Roger pour le représenter. Rodolphe satisfait du rôle joué par Roger à ce plaid lui aurait déclaré: Après ma mort, tu seras le seigneur de cette terre. Il le renvoya alors auprès de l'empereur dont il gagna la confiance. Après la mort de Rodolphe, vers 905, il obtint l'investiture du comte d'Auriate par l'empereur. Il se maria avec la veuve de Rodolphe dont il eut deux fils:
Roger (mort le )
Guntilda d'Auriate[16] (morte après le ). Elle a été mariée d'abord avec Maginfredo de Mosezzo, comte de Lovello, puis avec Amédée d'Ivrée, fils d'Anschaire d'Ivrée (tué en 940/941), marquis et duc de Spolète, frère de Bérenger II.
Ardouin III le Glabre ou le Chauve[17], marquis et comte de Turin. Il a succédé après 935 comme comte d'Auriate. Il chasse les Sarrasins de la vallée de Suse et conquiert Turin où il établit sa résidence. Il est nommé en 941 régent de la marche de Turin par le roi d'ItalieHugo. Il conquiert ensuite Albenga, Alba et Vintimille. Il est désigné comme marquis de Turin en 962. Dans une charte datant de 1041, il est indiqué qu'il a pris les villes de Tende, La Brigue et Saorge auxquelles il accorde des droits (charte cosignée par les comtes de Vintimille Conrad et Othon). Avec Alineo[2],[18], Guillaume Ier, comte de Provence, son frère Rotboald Ier, il a participé à la prise de Fraxinetum après la bataille de Tourtour en 973 où se trouvait un fort servant d'abri aux Sarrasins et de base pour piller les pays environnants jusqu'à Saint-Jean-de-Maurienne et Suse. Il est mort après le .Il eut cinq fils dont deux sont morts avant lui et trois filles:
Manfred ou Mainfroid Ier[19] marié à Prangarda de Canossa (morte avant ), fille d'Adalbert Atto (it), premier comte de Canossa[20]. Il succède en 977 comme marquis de Turin, comte d'Auriate. Il est décédé vers 1000. Ces territoires vont des Alpes à la vallée du Pô et la côte ligure. Il contrôle la route allant de Gênes à Marseille.
Adélaïde de Suse (Turin, 1020- Canischio in Canavese, ). Elle succède à son père en 1034 comme marquise de Suse, héritière de Auriate, Turin, Ivrée et Aoste. (1) mariée à Hermann IV, duc de Souabe, beau-fils de l'empereur Conrad II, puis à Henri, marquis de Montferrat, et enfin à Othon/Oddon de Maurienne[23], comte en Maurienne à la mort de son frère Amédée Ier en 1051. Othon/Oddon prend le titre de marquis de Suse par les droits de sa femme dont les territoires vont des Alpes à la vallée du Pô avec Auriate, Turin, Ivrée et Aoste, jusqu'à la côté méditerranéenne entre Vintimille et Albenga.
Pierre (vers 1047/1049-tué le ), reçoit les terres italiennes et le titre marquisal, trop jeune il est placé sous la régence de sa mère jusqu'en 1064.
Amédée II de Savoie, reçoit les terres en royaume de Bourgogne et le titre comtal.
Ermangarde de Suze (décédée le ), mariée d'abord à Othon de Schweinfurt, puis à Ekbert de Braunschweig, margrave de Meissen.
Berthe de Suze (décédée après le ), mariée à Othon de Savone[24], dit aussi Thète (décédé avant le ), marquis de Ligurie occidentale vers 927, fils d'Anselme II, comte de Tortone, de la maison Alérame. Ils ont six enfants, dont Boniface del Vasto qui a donné les branches de Saluces, de Ceva, de Savone et de Busca. La nièce de Boniface del Vasto, Adélaïde del Vasto a été marié au roi de Sicile, Roger II de Sicile.
une fille de nom inconnu, peut-être Ichilda, mariée à Dadon[25],[26]( -998), comte de Pombia, qui comprenait la ville de Novarre.
Amédée II, comte de Pombio, en 997.
Gualperto,
Guiberto,
Ardouin, marquis d'Ivrée, il s'empare du titre de roi d'Italie en 1002 avant de se battre contre l'empereur Henri II. Il est marié avant 1000 à Berthe d'Este [27] Il meurt le à l'abbaye de Fruttuaria où il s'est retiré:
Perinthia ou Perinza[28], mariée en 959 à Robert, fils de Vibo, d'origine Souabe, d'abord chevalier vassal de Bérenger II, il devint comte de Volpiano (d'après la Vita domni Willelmi abbatis de Raoul Glaber):
Guillaume de Volpiano est né en juin ou juillet 962 au château San Giulio sur le lac d'Orta, où s'était aussi réfugiée la femme de Bérenger II, Wila III (912-970), pendant le siège mené par l'empereur Othon Ier
Geoffroy
Nithard
Robert. Les trois noms des frères de Guillaume figurent sur l'acte de fondation du monastère qui est devenu l'abbaye de Fruttuaria.
Georges de Manteyer, La Provence du Ier au XIIe siècle: études d'histoire et de géographie politique, Paris, Librairie Alphonse Picard et fils, (lire en ligne), p.211-212
Joseph Croset-Mouchet, Saint Anselme, archevêque de Contorbéry. Histoire de sa vie et de son temps, p.48-50, H. Casterman, Paris-Tournai, 1859 Extraits
Cette filiation donnée dans l'histoire de saint Anselme de Cantorbéry cité précédemment n'est pas établie par des chartes et peut donc être discutée. Casterman place le lieu du décès d'Ansgarde à Ivrée vers 889 alors que d'autres historiens donnent la date de 879 et 882. Les quatre années qui suivent la mort de Carloman ont été troublées par des affrontements pour désigner le roi de Francie occidentale entre les différents prétendants et leurs affidés. L'échec de Guy de Spolète pour devenir roi de Francie face à Eudes, comte de Paris et marquis de Neustrie, l'a fait revenir en Italie avec certains de ses appuis.
Par ailleurs, on a essayé de trouver la généalogie de Bernon, fondateur de l'abbaye de Cluny. À partir des écrits de Sigebert de Gembloux qui vivait au XIesiècle qui affirmait qu'il était d'origine séquanaise, et issu de la famille des comtes de Bourgogne, par analogie, et sans aucune preuve, on en fit le fils d'Eudes et le frère d'Ardouin Ier, dans Jean-Henri Pignot, Histoire de l'ordre de Cluny depuis la fondation de l'Abbaye jusqu'à la mort de Pierre-le-Vénérable, Autun-Paris, 1868
Auriate est un ancien comté italien situé entre Saluces et Coni. Son nom survit dans le nom de la commune italienne de Valloriate. Le comté d'Auriate disparaît quand Bérenger II devenu roi d'Italie en 950 réorganise la partie occidentale du royaume de Lombardie en créant les marches de Gênes, de Montferrat et de Turin. Le comté d'Auriate est intégré dans la marche de Turin. Le comté reste cependant le centre des biens des Ardouin pendant trois générations jusqu'à ce que Berthe de Suse se marie avec Othon del Vasto pour former le noyau du marquisat de Saluces
(it) Degli antichi signori di Sarmatorio Manzano e Monfalcone indi degli Operti fossanesi memorie storico-genealogiche corredate di molti documenti inediti, Giovanni Battista Adriani, Giuseppe Cassone, 1853, vol.57-58 (lire en ligne)