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philosophe péripatéticien De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Alexandre d’Aphrodise ou d’Aphrodisias (en grec ancien : Ἀλέξανδρος ὁ Ἀφροδισιεύς)[1], né à Aphrodisias en Carie (Asie Mineure) vers 150 et mort vers 215, est un philosophe péripatéticien[2] grec du IIe siècle, commentateur d’Aristote[2]. Son nom complet, Titus Aurelius Alexander, nous est connu grâce à une inscription découverte à Aphrodisias[3].
Alexandre fut l’élève puis l’adversaire des péripatéticiens Herminus et Sosigène. Il enseigna la pensée d’Aristote à Athènes[4], vers 198, sous l'empereur romain Septime Sévère. Il est « professeur » (διδάσκαλος / didáskalos).
En optique, il semble avoir le premier décrit le phénomène de la bande sombre d’Alexandre, qui dans un arc-en-ciel sépare les arcs primaire et secondaire[5],[6],[7].
Surnommé « le second Aristote » et l’« Exégète » (ὁ ἐξηγητής), il a laissé sur presque toutes les parties des écrits de ce philosophe d'importants commentaires, les plus anciens qui nous soient parvenus. Ses commentaires ont servi de sources et de modèles pour ses successeurs grecs et byzantins et furent traduits en syriaque, arabe et latin. On lui attribue la forme du « grand commentaire » qui sera reprise par le péripatétisme arabe. « L'exégèse d'Alexandre d'Aphrodise s'inspire du principe qu'il faut expliquer Aristote par Aristote. Alexandre cherche ce qu'Aristote a voulu dire, non ce qu'il aurait dû dire ; il essaie de comprendre en recourant à des passages parallèles de son œuvre ou à d'autres sources. Lorsqu'il n'y arrive pas, il indique les différentes interprétations possibles et propose celle qui lui paraît le mieux convenir ; là où le sens est clair, Alexandre se contente d'émettre de brèves remarques[8]. »
Alexandre d'Aphrodise a discuté de la théorie aristotélicienne des quatre causes dans deux textes : le De fato, et le commentaire au deuxième chapitre du livre Delta de la Métaphysique d'Aristote[9].
Le premier livre du De anima a joué un rôle très important jusqu'à la Renaissance. D'une part, il soutient que l'âme n'est que la forme d'un mélange d'éléments physiques qui se défait en même temps qu'elle se mélange. L'âme est donc mortelle, ce qui ne manqua pas de scandaliser les scolastiques latins.
Surtout, il y élabore une théorie de l'intellect combattue par Averroès, ce qui, jusqu'à la Renaissance, divisera les aristotéliciens entre partisans d'Alexandre (les alexandristes) et partisans d'Averroès (les averroïstes)[10]. Alexandre distingue quatre sortes d'intellect [11]:
Mais selon d'autres sources, Alexandre ne distingue que trois types d'intellects : « Aristote distingue dans l'âme raisonnable l'intellect en puissance ou patient et l'intellect agent, alors qu'Alexandre la distingue en intellect matériel, en intellect selon l'habitus, et en intellect agent[14]. » Selon A. Badawi, la division d'Alexandre est tripartite. C'est chez les philosophes de langue arabe al-Kindi et al-Farabi que l'on trouve une division quadripartite[15].
Les spéculations sur l'existence, la nature et le rôle de cette intelligence agissante seront déterminantes chez les péripatéticiens arabes (d'Al-Kindi à Averroès) et envahiront la scolastique médiévale à partir de la fin du XIIe siècle.
La table rase, concept philosophique, a produit chez Alexandre d'Aphrodise une synthèse paradoxale de la position d’Aristote et des stoïciens vis-à-vis de la connaissance. Sous l’influence de ceux-ci[16], qu’il combattit par ailleurs dans ses traités Du destin et De la providence, Alexandre réinterprète la théorie de la connaissance aristotélicienne en mettant particulièrement l'accent sur ce qu'il appelle intellect en puissance ou intellect matériel, (en grec ancien : νοῦς ὑλικός, noûs hylikos), et qu'il définit comme une « aptitude à être le réceptacle des formes, ressemblant à une tablette non écrite, ou plutôt à la non-écriture d'une tablette [...] car la tablette est déjà l'un des êtres[17] ». Cette métaphore de la table rase n’a pas le sens qu’elle prendra plus tard : elle illustre non pas le dénuement total, mais la puissance universelle et elle signifie que le noûs peut devenir tout et qu’il peut tout savoir. Commun à l'ensemble des êtres humains, l'intellect matériel est comparé à l'âme d'un disciple prête à tout apprendre de son maître[18]. De plus, le fait que chez Alexandre l'intellect agent soit considéré comme étant séparé des autres types d'intellect et comme « [venant] en nous du dehors[19] » contribue à faire de l'intellect matériel propre à tout être humain quelque chose de purement passif qui reçoit son contenu d'un ailleurs.
Il a écrit en son propre nom les commentaires et les traités suivants :
Ceux-ci ont été édités dans la collection de l'Académie de Berlin Commentaria in Aristotelem Graeca (CAG) : 3 tomes en 6 volumes de 1883 à 1892.
On connaît, par Simplicios de Cilicie, l’existence d'une exégèse sur le Traité du ciel d'Aristote, désormais perdue.
En examinant le Palimpseste d'Archimède, quelques fragments de son commentaire perdu Des Catégories ont été découverts. L’analyse de la lumière infrarouge sur le parchemin a révélé l'écriture de multiples textes anciens superposés.
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