Loading AI tools
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'affaire de La Charité-sur-Loire est la découverte par les Allemands, peu après l'invasion de la France en 1940, de documents révélant les accords militaires secrets entre la Suisse et la France avant la Seconde Guerre mondiale. Les documents auraient été découverts dans la région de La Charité-sur-Loire (Nièvre), mais selon l'historien et militaire Hans Senn, ces documents auraient en fait été trouvés par les Allemands le à Dijon dans un train[1].
La découverte de ces accords mit la Suisse dans une situation gênante ; ces documents, qui prouvaient que le pays ne respectait pas une stricte neutralité, auraient donné l’occasion à l’Allemagne nazie d’exercer des pressions sur les autorités suisses de l'époque.
En dépit de la neutralité officielle de la Suisse, les responsables de l’armée suisse comprirent rapidement l’intérêt de conclure un accord avec la France. D’une part, l’Allemagne nazie était clairement identifiée comme une menace[2]. D’autre part, conscients de la puissance de la Wehrmacht et de certaines lacunes de l’armée suisse[3], les responsables militaires souhaitaient obtenir un soutien de la part de la France. Ces contacts ont été menés sans l'aval du Conseil fédéral, le général suisse Henri Guisan se méfiant des autorités et craignant que les accords ne soient divulgués[4].
Pour leur part, les militaires français avaient de bonnes raisons d'appuyer cette initiative. En prévoyant l’intervention de leurs troupes sur le sol suisse, les généraux français voulaient se prémunir contre une attaque de la Wehrmacht, qui aurait utilisé le territoire suisse pour contourner la ligne Maginot par le sud. Cette option permettait aussi à la France de mener le combat à l'extérieur de son propre territoire[5].
Les premiers contacts entre les deux armées furent établis en 1936. Ces accords secrets prévoyaient, en cas d’invasion allemande, le renforcement des positions de l’armée suisse, grâce à l’arrivée des 6e et 8e armées françaises.
Les accords franco-suisses se traduisirent par l’envoi de plusieurs militaires français en Suisse qui seraient chargés de planifier une éventuelle intervention des troupes françaises sur le sol de leur voisin. Pour sa part, l’armée suisse avait formé des officiers de liaison pour conduire les troupes françaises vers leurs secteurs d’engagement. Un détachement fut aussi créé pour couvrir la possible arrivée des soldats français. Enfin, certaines fortifications furent conçues pour pouvoir accueillir l’artillerie suisse et française[6].
À la suite de la découverte de ces documents, la position du général Guisan, alors commandant en chef de l'armée suisse, fut affaiblie autant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays. En effet, dès qu’ils furent aux mains des Allemands, les documents en question furent rapidement expédiés à Berlin. Pour Hitler, cet accord pouvait servir de prétexte pour durcir son attitude vis-à-vis de la Suisse. D’ailleurs, Otto Köcher, ambassadeur allemand à Berne, considérait que Guisan et les officiers qui lui étaient proches devaient être éloignés de l’armée[7].
En Suisse, certains officiers supérieurs, dont le commandant de corps Ulrich Wille, tentèrent d’utiliser cette affaire pour évincer Guisan. Wille, qui était chef de l’instruction, fut finalement démis de ses fonctions en 1942[8].
Les accords entre les armées suisse et française furent rendus publics dans les années 1960[9].
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.