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L’affaire de Kuřim est une affaire judiciaire tchèque. Elle débute par la découverte de vidéos de maltraitances sur deux garçons à Kuřim, en mai 2007. Cette affaire connaît de nombreux rebondissements, notamment avec le changement d'identité de Barbora Škrlová, une femme de 30 ans qui se fait passer pour une fille de 13 ans, puis pour un garçon norvégien de même âge un an plus tard. Elle reçoit une attention considérable de la part des médias tchèques et norvégiens, ainsi que du public, et entraîne la promulgation d'une loi tchèque visant à mieux protéger l'identité des victimes.
L'affaire débute en , par hasard. L'un des habitants de Kuřim a tenté de déclencher la caméra qui surveillait son nouveau-né. Par accident, il accède aux images d'un appareil similaire installé dans une maison voisine qui montraient un garçon nu et menotté, allongé sur le sol. Après signalement, la police arrête le jour même la mère du garçon, Klára Mauerová, tandis que ses enfants sont confiés à un établissement pédiatrique Klokánek[1].
Cependant, peu de temps après leur admission, l'une des enfants âgée de 13 ans, Anna (plus souvent désignée dans la presse par le diminutif d'Anička), disparaît sans laisser de trace[2]. L'enquête révèle qu'Anna n'était en fait pas la fille de Klára Mauerová, mais une femme d'une trentaine d'années, Barbora Škrlova, qui s'est créé une nouvelle identité[3]. Après sa disparition, elle se présente à l'ambassade tchèque au Danemark, avant de disparaitre de nouveau pendant plusieurs mois[4]. Elle est finalement retrouvée en Norvège, sous l'identité d'un garçon de 13 ans qui se fait appeler Adam[5]. À son retour en Tchéquie, elle est arrêtée et accusée de plusieurs crimes[5],[6].
L'enquête de police révèle que les sévices subis par les garçons Jakub et Ondřej ont eu lieu de l'été 2006 à mai 2007 à Brno, Kuřim et dans un chalet à Veverská Bítýška[7]. Les investigations révèlent également que Klára Mauerová n'agissait probablement pas seule, mais dans le cadre d'un groupe plus large comprenant sa sœur, des proches, Barbora Škrlová, et plusieurs autres personnes. Plusieurs hypothèses ont été émises, par exemple qu'il s'agissait d'un gang filmant de la pornographie infantile[8] ou qu'il s'agissait d'une secte religieuse[9]. Le rôle d'un certain nombre d'intervenants, leur motivation et leur participation à la maltraitance des garçons n'ont pas été élucidés par le tribunal.
En , le procès s'ouvre au tribunal régional de Brno autour de six accusés[10]. Du fait de nombreuses expertises contradictoires, l'examen de l'affaire est ajourné. Le , le tribunal condamne les six accusés[11].
Tous font appel du verdict et l'affaire est alors portée devant la haute cour d'Olomouc. Le , les recours sont tous rejetés, à l'exception de celui de Barbora Škrlová[12]. La cour décide d'un nouvel examen de l'affaire la concernant, car au moment du procès, son avocat était malade[12],[13]. Au terme d'un procès séparé, qui a lieu le , le tribunal requalifie l'infraction reprochée à Barbora Škrlová de « cruauté » en « cruauté envers une personne vivant dans une maison ou un appartement partagé » mais les peines demeurent inchangées. Tous les condamnés, à l'exception de Klára Mauerová et Hana Bašová, interjettent un recours en cassation devant la Cour suprême tchèque, rejetés le [14]. Le tribunal régional de Brno décide le que les garçons abusés du couple de Kuřim seront confiés aux soins de leur père[15], mais ils sont en réalité laissés aux soins des parents de la mère. En 2013, le père est condamné à dix mois d'emprisonnement avec sursis pendant trois ans, pour détournement de l'argent destiné aux enfants, jugement confirmé en appel[16],[17].
En raison de son caractère unique et de la dimension internationale de l'affaire, celle-ci a été commentée par de nombreux médias internationaux (anglais[28], australiens[29] et allemands[30]), et tout particulièrement en Norvège[31],[32],[33].
Début , la loi 52/2009 (connue sous le nom de « loi muselière ») est entrée en vigueur. Elle a été initiée à la suite de critiques sur la manière dont les médias tchèques ont rendu compte de l'affaire, notamment en ignorant le droit des victimes à voir respectée leur vie privée. La loi vise à mieux protéger les victimes et interdit notamment la publication de leurs noms[34],[35].
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