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peintre et miniaturiste française De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Adélaïde Labille-Guiard, dite aussi Adélaïde Labille des Vertus, née le à Paris, où elle est morte le , est une artiste peintre, miniaturiste et pastelliste française[1],[2].
Peintre de cour | |
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Adélaïde Labille des Vertus |
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Activités |
Peintre, miniaturiste, artiste visuelle, artiste |
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- |
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François-André Vincent (à partir de ) |
Membre de | |
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Maîtres |
Maurice-Quentin de La Tour (jusqu'en ), François-André Vincent (- |
Genres artistiques |
Adélaïde Labille est la plus jeune des huit enfants, dont la plupart meurent en bas âge, d’un couple de bourgeois parisiens[3]. Son père est Claude-Edmé Labille (1705–1788), mercier[2] et propriétaire de la boutique de mode, À la toilette, située rue de la Ferronnerie[4], dans la paroisse Saint-Eustache. Sa mère s'appelle Marie Anne Saint-Martin[2]. C’est dans cette boutique que débuta Jeanne Bécu, future Madame du Barry.
Sa sœur aînée, Félicité Labille, dont la date de naissance est inconnue, épouse en 1764 dans la paroisse Saint-Eustache à Paris, le miniaturiste Jean Antoine Gros[2]. Cet artiste, né en 1732 à Toulouse, est aussi un collectionneur avisé de tableaux. Mais Félicité Labille meurt après quatre ans de mariage[5]. On ignore si Adélaïde Labille garde contact avec Gros, sa seconde épouse, la pastelliste Pierrette-Madeleine-Cécile Durand (en) et son fils, le peintre de l’Empire Antoine Jean Gros.
Adélaïde Labille épouse à vingt ans Nicolas Guiard, un commis auprès du receveur général du Clergé de France. Son mari ne lui est donc d’aucune aide dans sa carrière de peintre. Sur son contrat de mariage signé le , il est indiqué qu'Adélaïde Labille-Guiard est peintre de l’Académie de Saint-Luc. Elle exerce déjà en tant que peintre professionnel[2].
Les époux se séparent officiellement le , la séparation de biens existant sous l’Ancien Régime. Ils divorcent en 1793 une fois que la législation révolutionnaire le permet.
Le , Adélaïde Labille-Guiard épouse en secondes noces le peintre François-André Vincent, lauréat du Grand prix de peinture en 1768 et membre de l’Académie des Beaux-Arts. Elle le connaît depuis l’adolescence. À cette date, elle est déjà une artiste reconnue pour ses pastels et ses peintures. Ce mariage dure jusqu’à la mort d’Adélaïde Labille-Guiard en 1803.
Même après son divorce et son remariage, Adélaïde conserve le nom de Guiard, puisque c’est sous le nom d’Adélaïde Labille-Guiard qu’elle est connue dans le monde artistique.
En deux mariages, Adélaïde Labille-Guiard n'a pas eu d'enfants.
Adélaïde Labille-Guiard maîtrise admirablement la miniature, le pastel et la peinture à l’huile, mais on ne sait que peu de choses sur sa formation. Étant une femme, elle est exclue des formations fournies par les peintres dans leurs ateliers ne pouvant pas suivre l’enseignement aux côtés de jeunes hommes. Elle suit donc seule un enseignement auprès de maîtres acceptant de prendre des jeunes filles comme élèves contre rétribution.
Durant son adolescence, Adélaïde Labille-Guiard suit une formation de miniaturiste auprès du portraitiste, habile miniaturiste et peintre à l'huile François-Elie Vincent[2]. Né en 1708 à Genève, François-Elie est professeur à l’Académie de Saint-Luc avant d’accéder en 1765 à la charge de conseiller. La famille de Vincent est proche d’Adélaïde Labille-Guiard. Elle connaît donc depuis son adolescence François-André Vincent, le fils de son maître.
Après son mariage avec Guiard, elle fait son apprentissage du pastel chez un maître du genre, Quentin de La Tour entre 1769, date de son mariage, et 1774, année où elle expose à l’Académie de Saint-Luc un portrait d’un magistrat au pastel[6].
Elle est ensuite initiée à la peinture à l’huile par François-André Vincent.
Adélaïde Labille-Guiard est admise à l’Académie de Saint-Luc en 1769 grâce à François-Élie Vincent alors qu’elle a à peine vingt ans. Pour son agrément, elle présente une miniature dont on ne sait rien. Appartenir à l’Académie de Saint-Luc permet à Adélaïde Labille-Guiard d’exercer professionnellement son art. De nombreuses femmes artistes appartiennent à l’Académie de Saint-Luc. On compte cent trente femmes en 1777.
Ce n’est qu’en 1774 qu’elle expose pour la première fois au Salon de l’Académie de Saint-Luc. L’œuvre qu’elle y présente est un portrait de magistrat au pastel. Dès cette première exposition, Adélaïde Labille-Guiard voit ses œuvres comparées à celles d’Élisabeth Vigée-Lebrun. Celle-ci, dont le père était l’adjoint d’un ancien professeur, est entrée avec facilité à l’Académie de Saint-Luc. Les critiques prennent soin de ne comparer entre elles que des œuvres réalisées par des femmes.
Le succès de ce salon fut tel que l’Académie royale de peinture et de sculpture en prend ombrage. L’édit de mars 1776 abolit « jurandes, communautés et confréries d’art et de métier ». L’Académie de Saint-Luc ferme donc ses portes en 1777.
Dès lors Adélaïde Labille-Guiard cherche à entrer à l’Académie royale pour se faire connaître. Pour y entrer, il est nécessaire de présenter une peinture à l’huile. Elle commence son apprentissage de la peinture à l’huile auprès de son ami d’enfance François-André Vincent.
Après la fermeture de l’Académie de Saint-Luc, le Salon de la Correspondance, un Salon permanent, est créé en 1779 rue de Tournon par Pahin de la Blancherie. Les artistes n’appartenant pas à l’Académie royale de peinture et de sculpture peuvent y exposer leurs œuvres contre une cotisation minime. Il ouvre en 1781. Adélaïde Labille-Guiard choisit de n’y exposer que des pastels qui sont bien accueillis par les critiques.
François-André Vincent, reçu tout juste à l’Académie royale de peinture, envoie à Adélaïde Labille-Guiard plusieurs personnalités de l’Académie comme Vien, les professeurs Voiriot et Bachelier, son ami Suvée, pour faire leur portrait. Ces hommes, appréciant le talent de l’artiste, sont alors acquis à sa candidature à l’Académie royale de peinture.
En 1782, elle expose au salon de la Correspondance, son autoportrait au pastel et les portraits à l’huile de Vincent et de Voiriot.
En 1783, elle finit la série des portraits d’académiciens au pastel. Ils sont représentés assis, en buste, en habit et tenant leur couvre-chef sous le bras.
Grâce aux relations de sa famille avec le sculpteur Pajou, Adélaïde Labille-Guiard obtient la commande de son portrait. Le portrait est exposé en 1783 où il est accueilli chaleureusement pour sa ressemblance.
Les critiques comparent les pastels de Adélaïde Labille-Guiard avec ceux de Quentin de La Tour, le maître du genre. Adélaïde Labille-Guiard est une artiste reconnue dans ce domaine.
Sous le titre de Suite de Malborough au Salon 1783[7], un auteur demeuré inconnu publie des couplets où les femmes peintres Anne Vallayer-Coster, Élisabeth Vigée-Lebrun et Adélaïde Labille-Guiard sont injuriées, de même que le peintre Hue lors du Salon de 1783. Adélaïde Labille-Guiard y est accusée d’avoir de nombreux amants dont François-André Vincent. Il ne s’agit que d’accusations mensongères courantes pour les femmes qui exercent un métier défini alors comme masculin, d’autant plus quand, comme Adélaïde Labille-Guiard, elles sont séparées de leur mari.
Dès qu’elle en prend connaissance, Adélaïde Labille-Guiard écrit à la comtesse d'Angiviller, épouse du Charles Claude Flahaut de La Billarderie, alors directeur des Bâtiments du Roi, une lettre pour faire arrêter la publication de ce pamphlet. Cette femme, qui a des relations, n’a aucun mal à confier à la police cette affaire. Tous les pamphlets imprimés sont détruits. Malgré ce pamphlet, ses amis artistes comme Vincent et Pajou continuent à soutenir Adélaïde Labille-Guiard.
Adélaïde Labille-Guiard est reçue en 1783 en même temps que Élisabeth Vigée-Lebrun à l’Académie royale de peinture et de sculpture[8].
Alors que Vigée-Lebrun doit sa nomination à la reine, Adélaïde Labille-Guiard la doit aux amis qu’elle a parmi les académiciens[9].
La première effigie d’artiste qui servit de réception est celle du sculpteur Jacques Sarrazin peint par François Lemaire pour sa réception en 1657. De dimensions standard, les effigies d’artistes représentent principalement des peintres d’histoire ou des sculpteurs, portant perruque, debout ou assis dans leur atelier tenant le plus souvent le crayon, la palette ou le ciseau et entourés d’objets décoratifs qui précisent leur spécialité : chevalet, carton à dessins, gouge, maillet, marbres, etc. Adélaïde Labille-Guiard suit cette tradition avec son premier morceau de réception à l’Académie. Le portrait de Pajou, œuvre avec laquelle elle a obtenu un grand succès, est présenté dans le Salon de 1783[9]. Adélaïde Labille-Guiard, comme les portraitistes La Tour et Duplessis, diffère la remise de son second morceau de réception.
Au Salon suivant en 1785, l’affaire du pamphlet est passée. Des académiciens influents ont accepté de poser pour Adélaïde Labille-Guiard, Joseph Vernet, Charles-Nicolas Cochin et Amédée Van Loo. Ces portraits sont présentés au Salon avec son Autoportrait avec deux élèves et des portraits de plusieurs femmes de la haute société dont la comtesse de Flahaut, belle-sœur du directeur des Bâtiments du Roi et sœur de la comtesse d’Angiviller. On peut voir la commande de ce portrait comme un soutien officiel de cette famille au peintre. Les critiques sont toujours élogieux sur le travail de l’artiste.
Grâce au soutien du directeur des Bâtiments du Roi, Adélaïde Labille-Guiard obtient une pension de 1000 livres en 1785, alors qu’elle est dans une situation financière difficile, étant séparée de son époux Guiard. Pour subvenir à ses besoins, elle prend des jeunes filles comme élèves, dont Marie-Gabrielle Capet.
Adélaïde Labille-Guiard est invitée à Versailles à faire le portrait de Mesdames, les tantes du roi Louis XVI, et de Madame Élisabeth, la sœur du roi en 1786. Elle est une pastelliste et une peintre reconnue, membre de Académie royale de peinture. Ces commandes de la famille royale donne à Adélaïde Labille-Guiard une célébrité accrue parmi les membres de la noblesse.
Les tantes du roi, satisfaites de leurs portraits, demandent pour leur peintre le titre et le brevet de peintre de Mesdames, qui fut accordé en 1787. Elle partage cet honneur avec le peintre allemand Johann Julius Heinsius.
Adélaïde Labille-Guiard expose au Salon de 1787 les portraits des trois princesses, Madame Élisabeth, Madame Adélaïde en tenue d’apparat et Madame Victoire au pastel.
Le portrait de Madame Adélaïde est un portrait en pied destiné à montrer la princesse dans toute sa splendeur. Elle est peinte en costume d’apparat debout à côté du portrait en médaille de son père Louis XV, de sa mère et de son frère tous décédés.
En 1790, la Révolution française pousse Adélaïde Labille-Guiard à partir à la recherche d’une autre clientèle dans un milieu politique très actif. Elle s’est introduite dans l’entourage du duc d’Orléans comme en témoigne le portrait de Madame de Genlis, sa maîtresse.
À la même époque, elle défend devant l’Académie royale de peinture le fait qu’elle doit être ouverte à toutes les femmes sans limitation de nombre[10]. Elle est soutenue par ses amis Vincent, Pajou, Gois et Miger, mais le vote n’est pas considéré comme valable.
En 1791, les tantes du roi se réfugient en Italie. Adélaïde Labille-Guiard doit trouver de nouveaux patrons. Elle fait donc les portraits de quatorze députés à l’Assemblée nationale dont celui de Talleyrand. En retour, celui-ci propose à l’Assemblée de donner aux femmes privées de fortune les moyens de subsister par le produit de leur travail. Son portrait de Robespierre est connu pour son cadrage innovant et son fond neutre. Les critiques étant bonnes, Adélaïde Labille-Guiard s’assure d’être soutenue par les nouveaux puissants à Paris.
En 1792, ayant une pension du roi, elle risque d’être prise pour une personne soutenant la monarchie. Elle choisit donc de partir de Paris pendant quelque temps pour Pontault-en-Brie avec François-André Vincent[11] et Marie-Gabrielle Capet[12].
En 1793, lors de la Terreur, Adélaïde Labille-Guiard est forcée de détruire son grand tableau Réception d’un Chevalier de l’Ordre de Saint-Lazare par Monsieur auquel elle travaille depuis plusieurs années. Il s’agit du portrait du frère de Louis XVI[13]. Sous le choc de la perte de son œuvre, Adélaïde Labille-Guiard ne participe pas au Salon de 1793 et cesse de peindre pendant un temps[14].
Grâce à Joachim Lebreton, chef des bureaux des Musées, elle obtient une pension de 2000 livres en 1795 et un logement au Collège des Quatre Nations. Elle possède aussi un atelier à l’Institut de France. Elle expose les portraits de Joachim Breton et de François-André Vincent au Salon de 1795.
Elle continue à exposer des portraits au Salon de 1798 à 1800, étant toujours bien vue des puissants par son attitude assez favorable à la Révolution.
Au XVIIIe siècle, on refuse aux femmes de copier des modèles vivants. Cela étant contraire à la décence pour les femmes. Ainsi les femmes voulant peindre des modèles vivants devaient mener une carrière d’autodidacte. Cette limitation dans l’apprentissage des femmes artistes explique pourquoi celles-ci font principalement des portraits en buste.
Adélaïde Labille-Guiard ne se distingue pas de ses consœurs en ne faisant que des portraits au pastel ou à l’huile coupés à la taille ou à la poitrine. Le pastel, bien qu’étant une technique difficile à maîtriser, est considéré comme une technique féminine. Le pastel est en effet idéal pour faire des portraits en buste sur de petites surfaces de papiers[15]. Le portrait au pastel est un portrait intime. On choisit l’huile pour représenter sa famille de manière officielle. Les portraits d’Adélaïde Labille-Guiard sont connus pour leur réalisme. Contrairement à Élisabeth Vigée-Lebrun, elle n’arrange pas le visage de ses modèles.
Sur environ soixante-dix œuvres aujourd’hui connues de Adélaïde Labille-Guiard, moins d’une dizaine sont des portraits en pied. Ces derniers sont des commandes de personnes illustres comme Madame Victoire ou le peintre Van Loo.
La majorité des personnes représentées par Adélaïde Labille-Guiard sont des femmes. Les portraits d’hommes qu’elle réalise sont le plus souvent ceux de personnes de son entourage ou de celui de ses amis, en particulier du peintre François-André Vincent. Les portraits d’homme sont faits dans l’objectif de servir l’avancement de sa carrière. Ce choix d’Adélaïde Labille-Guiard dans ses sujets est sans originalité pour l’époque. Il est partagé par les autres femmes artistes. Adélaïde Labille-Guiard prête plus d’attention à ses modèles masculins après le scandale lié au pamphlet lors du Salon de 1783.
Au moins deux autoportraits sont réalisés par Adélaïde Labille-Guiard. Ce type de portrait est reconnu puisque des artistes offrent parfois leur autoportrait à l’Académie Royale, par exemple l’« Autoportrait de Rigaud au turban », légué par le peintre en 1743 ; ou « Autoportrait de Charles Antoine Coypel », offert par l’artiste en 1746. La formule de l’autoportrait est une image qui se développe en France au milieu du XVIIe siècle, oblige à une part d’interprétation. L’autoportrait est surtout destiné à glorifier son activité. Les artistes se représentent volontiers dans de grandes compositions historiques, des portraits collectifs comme les portraits de famille ou encore des peintures de genre rieur.
Dans le cas d’Adélaïde Labille-Guiard, il s’agit avant tout de se présenter comme un peintre et une femme. C’est pourquoi on observe dans ses autoportraits un soin tout particulier à ses vêtements ainsi qu’à ses attributs de peintre. Dans son autoportrait en pastel, Adélaïde Labille-Guiard se présente comme tout peintre avec pinceaux et palette devant une toile. Elle apporte un soin particulier, comme dans ses autres œuvres, au rendu du tissu et aux points de dentelle.
En 1785, dans son Autoportrait avec deux élèves, elle décide cette fois de se représenter dans toute la splendeur acquise par son statut de peintre de l’Académie avec une robe coûteuse qui accroche la lumière. On ne peut qu’admirer le talent du peintre pour le rendu de cette robe. Elle tient toujours pinceaux et palette, mais le spectateur la voit désormais par les yeux de son modèle. Derrière elle, se tiennent ses deux élèves Marie-Gabrielle Capet et Marie-Marguerite Carraux de Rosemond.
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