Abbaye Notre-Dame de l'Étanche
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L'abbaye de Notre-Dame de l'Étanche est une abbaye cistercienne située à L'Étanche, commune de Rollainville[1], dans les Vosges.
Abbaye Notre-Dame | |
Vue générale | |
Ordre | Cistercien |
---|---|
Abbaye mère | Abbaye de Tart |
Fondation | 1148 |
Fermeture | 1792 |
Fondateur | Mathieu Ier duc de Lorraine |
Localisation | |
Pays | France |
Région | Lorraine |
Département | Vosges |
Commune | Rollainville |
Coordonnées | 48° 20′ 34″ nord, 5° 44′ 52″ est |
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Il ne faut pas la confondre avec :
Petit-fils de Gérard d'Alsace, le duc de Lorraine Simon Ier mourut en 1139 : ce décès incita son épouse, Adélaïde de Louvain, à se retirer à l'abbaye cistercienne de Notre-Dame du Tart, en Bourgogne.
Le successeur de Simon Ier, Mathieu Ier et sa femme Berthe de Souabe, sœur de l'empereur Frédéric Barberousse, firent don, à la demande de leur mère, à l'abbaye bourguignonne de plusieurs alleux :
afin qu'un nouveau monastère soit édifié en un lieu appelé Val-le-Duc, en lisière de la vaste forêt ducale de Neufeys. C'est ainsi que l'abbaye Notre-Dame de l'Etanche fut fondée en 1148[3]. La duchesse douairière y vécut jusqu’à son trépas. Elle fut enterrée dans l'ancienne église de l'abbaye en 1158 (malheureusement l'église fut détruite lors de la guerre de Trente Ans). Elle voulait ainsi se rapprocher de ses enfants et finir ses jours à proximité de leurs châteaux de Châtenois et de Neufchâteau. La nouvelle abbaye dédiée à la Vierge Marie prit le nom de l'Étanche (de stagno : étangs) et son acte de fondation, daté du , est parvenu jusqu'à nous.
Grâce à d'importantes et nombreuses donations consenties par des familles nobles de la région, les possessions du monastère devaient s'étendre dans une bonne quarantaine de paroisses. À Neufchâteau même, l'abbaye de l'Étanche devint propriétaire de plusieurs maisons dans les rues principales de la ville, de pièces de vigne et d'étaux de boucherie acensés à divers particuliers. Tous ces biens assuraient de substantiels revenus au monastère.
Les religieuses furent toujours assez nombreuses à l'abbaye jusqu'à la Révolution française[3].
Mais la prospérité de l'Etanche fut à maintes reprises gravement compromise par les ravages causés par la guerre. En 1431, la région de Neufchâteau subit des dévastations au cours de la lutte entre René Ier d'Anjou, duc de Lorraine, et Antoine, comte de Vaudémont. Vingt-cinq ans plus tard, en 1456, l'abbesse de l'Etanche, Jacquette de Gombervaux, se plaignait encore de n'avoir pu remettre en état les gagnages saccagés par la guerre.
En 1552, les dépendances du monastère furent mises à mal lors de la chevauchée en Lorraine du margrave Albert de Brandebourg. Jean-Casimir, fils de l'électeur palatin, à la tête d'une grosse armée à Noël 1575, devait lui aussi commettre de graves déprédations. Enfin, les propriétés de l'abbaye souffrirent grandement durant la Guerre de Trente Ans et sous l'occupation de la Lorraine par les Français : les religieuses durent se retirer à Neufchâteau vers 1636, non sans avoir mis à l'abri à Langres tout ce qu'elles avaient de plus précieux : titres, ornements, argenterie et joyaux.
L'une des tâches essentielles des abbesses qui se succédèrent à l'Etanche fut de restaurer le monastère, sans pour autant négliger des travaux qui devaient concourir à son embellissement.
Les dépendances de l'Etanche, murailles, bergerie et moulin, sont reconstruits en 1660-1661. Les murs, vitraux et portail de l'église sont rétablis de 1703 à 1708 suivant l'ordre toscan.
Les travaux de réfection du chœur s'échelonnent de 1740 à 1744. Enfin l'année 1778 voit la terminaison du vaste bâtiment conventuel formant l'aile sud du monastère, richement décoré d'escaliers, cheminées et plafonds en stuc.
À la veille de la Révolution, les revenus de l'abbaye s'élevaient, selon les années, de 20 à 25 000 livres. L'abbesse habitait alors un appartement meublé de fauteuils de tapisserie, de sofas, de miroirs et de trumeaux. Les religieuses vivaient dans leurs meubles et possédaient leur argenterie.
Quatorze domestiques étaient à leur service ; leur écurie abritait huit chevaux ; dans la remise de trouvaient un cabriolet, deux chariots, sans compter la berline de Madame de Gondrecourt qui lui fut confisquée et qu'elle essaya en vain de récupérer en 1793.
En novembre 1792, la dernière abbesse en titre, Madame de Gondrecourt et les cinq religieuses présentes à l'Etanche furent contraintes d'abandonner les lieux. L'abbaye et ses dépendances, devenues biens nationaux, furent vendues à Pierre Bon, de Dommartin, pour la somme de 20 000 livres. Bientôt l'église fut entièrement détruite, le couvent servit tour à tour de papeterie, de boissellerie, de scierie et enfin de tissage. Ces différentes entreprises ne connurent pas un succès durable et se virent contraintes de fermer leurs portes[3].
Une petite communauté d'habitants s'était agrégée depuis fort longtemps autour du monastère. Si, en 1710 elle ne comptait que huit habitants, on en dénombrait 54 en 1830 et 72 en 1867. Une mairie avait même été construite en 1879[4].
Aucun plan ancien du monastère n'est parvenu jusqu'à nous et il est bien difficile de déterminer avec précision l'emplacement de son église.
À l'Étanche même, il ne subsiste que le vaste bâtiment daté de 1778, recouvert par une toiture à la Mansart. Cette construction à deux niveaux d'ouverture est encadrée par deux avant-corps également à deux niveaux. La majeure partie de la bâtisse a été restaurée, plutôt du genre cossu, et sert de maison secondaire a une riche famille américaine. La façade sud est visible depuis le chemin de terre, portion de la vieille route de Mirecourt à Neufchâteau.
Dans l'église Saint-Nicolas de Neufchâteau, se trouve un retable de grande hauteur, d'aspect monumental, provenant de l'église de l'Etanche. C'est une œuvre datant de la première moitié du XVIIe siècle, en pierre blanche rehaussée de marbre noir, on y voit Notre-Dame du Rosaire donnant le rosaire à Sainte Catherine de Sienne et à Saint Dominique agenouillés à ses pieds. La partie centrale du retable est encadrée par quatorze médaillons, finement sculptés, qui constituent autant de petits chefs-d'œuvre où apparaissent les différents mystères du rosaire de la Vierge Marie.
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