Éostre

Éostre est une déesse du panthéon anglo-saxon mentionnée par le moine Bède le Vénérable dans son traité De temporum ratione (en). En s'appuyant sur la linguistique comparée, le philologue allemand Jacob Grimm postule au XIX^e siècle l'existence d'une divinité similaire dans le panthéon germanique nommée Ostara. L'étymologie de son nom suggère qu'elle est associée à l'aube et au printemps. Le nom anglais de la fête chrétienne de Pâques, Easter, dérive de celui d'Éostre.

Ostara par Johannes Gehrts (en) (1884).

Étymologie

Les théonymes *Ēastre (vieil anglais) et *Ôstara (vieux haut allemand) sont des cognats issus du proto-germanique Austrō(n)^[1],[2], lui-même issu de l'indo-européen commun *h₂ews-reh₂ (cf. auš(t)rà « aube » en lituanien), formé à partir de la racine *h₂ews- « briller, luire d'une couleur rouge^[3],[2]. Cette racine est également à l'origine de l'anglais moderne East « Est » via l'adverbe proto-germanique aust(e)raz^[2].

Le nom vieil-anglais Ēostre est donc un parent éloigné de celui des déesses de l'aube d'autres peuples de langue indo-européenne, comme Ushas dans le panthéon védique, Éos dans la mythologie grecque et Aurore dans la mythologie romaine^[4].

Attestations

Dans son traité De temporum ratione (en), achevé en 725, le moine northumbrien du VIII^e siècle Bède le Vénérable décrit plusieurs calendriers, dont celui utilisé par les Anglo-Saxons avant leur adoption du calendrier julien. Il explique que le quatrième mois de l'année, Ēosturmōnaþ, doit son nom à la déesse Éostre, qui était l'objet de célébrations au cours de ce mois.

Plusieurs toponymes anglais conservent la trace d'un élément *ēoster, comme Austerfield dans le Yorkshire du Sud, Eastry dans le Kent, Eastrea (en) dans le Cambridgeshire et Eastrington dans le Yorkshire de l'Est^[5]. Eosterwine est également le nom porté par un abbé de Wearmouth au VII^e siècle^[6].

L'existence d'une déesse germanique de l'aube est confirmée en 1958 par la découverte, à Morken-Harff (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), d'une centaine d'inscriptions votives produites entre 150 et 250 ap. J.-C. et adressées aux matronæ Austriahenæ, dont le nom est visiblement un cognat de celui d'Éostre^[7].

Postérité

Le nom anglais de la fête de Pâques, Easter, est directement issu de celui d'Éostre^[1],[8]. Certains adeptes du néopaganisme germaniquenéopaganisme germanique vénèrent une déesse du printemps et de l'aube appelée Éostre ou Ostara, dont la fête est célébrée aux alentours de l'équinoxe de printemps^[9].

L'astéroïde (343) Ostara, découvert en 1892 par l'astronome allemand Max Wolf, est nommé d'après la déesse.

Références

• (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Ēostre » (voir la liste des auteurs).

1. Simek 1996, p. 74.
2. Kroonen 2013, p. 43.
3. Watkins 2006.
4. Mallory et Adams 1997, p. 148-149.
5. Shaw 2011, p. 59-60.
6. Shaw 2011, p. 60.
7. Shaw 2011, p. 52, 63.
8. West 2007, p. 217-218.
9. Cusack 2008, p. 354-355.

Bibliographie

• (en) Carole M. Cusack, « The Return of the Goddess : Mythology, Witchcraft and Feminist Spirituality », dans Murphy Pizza et James R. Lewis (éd.), Handbook of Contemporary Paganism, Brill, 2008 (ISBN 978-90-04-16373-7).
• (en) Gus Kroonen, Etymological Dictionary of Proto-Germanic, Brill, 2013 (ISBN 978-90-04-18340-7).
• (en) J. P. Mallory et Douglas Q. Adams, Encyclopedia of Indo-European Culture, Taylor & Francis, 1997 (ISBN 1-884964-98-2).
• (en) Philip A. Shaw, Pagan Goddesses in the Early Germanic World : Eostre, Hreda and the Cult of Matrons, Bristol Classical Press, 2011 (ISBN 978-0-7156-3797-5).
• (en) Rudolf Simek, Dictionary of Northern Mythology, D. S. Brewer, 1996 (ISBN 978-0-85991-513-7).
• (en) Calvert Watkins, The American Heritage Dictionary of Indo-European Roots, Houghton Mifflin Harcourt, 2006 (ISBN 0-618-08250-6).
• (en) Martin L. West, Indo-European Poetry and Myth, Oxford University Press, 2007 (ISBN 978-0-19-928075-9).

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