Après la démolition de l'église de 1796 à 1799, une nouvelle paroisse est constituée au début du XIXesiècle, à laquelle est affectée l'église de l'ancienne maison professe des Jésuites (église Saint-Louis-des-Jésuites de Paris) qui prend le double vocable d'église Saint-Paul-Saint-Louis.
L'origine de l’église Saint-Paul remonte au règne du roi des FrancsDagobert Ier durant lequel l'orfèvre et trésorier du roi, le futur évêque Éloi de Noyon (v. 588-660) fonde sur l'île de la Cité, en 631[1] ou vers 632[2],[3], le monastère Saint-Martial (aussi appelé monastère Sainte Aure, puis monastère Saint-Éloi) placé sous la règle de saint Colomban et désigne Aure de Paris (?-666) comme première mère supérieure, puis comme abbesse[1]. Le roi Dagobert dote ce monastère, implanté au cœur de la cité, de terrains de culture — couture en ancien français — situés hors de la ville, entre la rive droite de la Seine et l'ancienne voie romaine, parallèle à la Seine, menant de Paris à Meaux (actuelle rue Saint-Antoine) qui traversait une étendue marécageuse inondable (emplacement de l'actuel quartier du Marais) d'où émergeaient quelques «monceaux» ou buttes insubmersibles sur lesquelles était déjà implantée l'église Saint-Gervais-Saint-Protais[4].
La chapelle Saint-Paul-des-Champs
Les moniales de Saint-Martial se conformant à la vieille loi romaine de ne pas inhumer dans les villes[2], établissent leur cimetière à l'extrémité est de la butte non inondable du monceau Saint-Gervais avec une chapelle érigée vers 632-642. Ce premier édifice cultuel dédié dut son nom aux champs cultivés qui l'enserraient à l'époque de sa construction. La proximité de la Seine était favorable aux déplacements en barque entre le monastère et le cimetière et c'est par ce moyen que se faisaient les processions funèbres de la communauté.
Une petite agglomération se forme autour de la chapelle et de la grange Saint-Éloi contigüe, au centre d'un domaine agricole, constituant un des premiers noyaux d'habitat de la rive droite, avec ceux constitués autour de l'église Saint-Gervais, de l'église Saint-Merri et sur le monceau de Saint-Germain-l'Auxerrois.
Ce domaine était un fief comportant droit de haute justice sur les habitants du bourg avec un tribunal et une prison dans la grange Saint-Éloi et possédait des terres autour de la chapelle puis église Saint-Paul et également un vaste territoire dans une partie des actuels 11e et 12earrondissement[5].
Aucun vestige de cette chapelle n'a été trouvé mais des sarcophages mérovingiens ont été découverts à proximité[6].
L'église paroissiale Saint-Paul-des-Champs
Une église, bâtie à une date inconnue, remplace l'ancienne chapelle et devient paroissiale en 1125.
Un cimetière, une grange et une prison, annexe du tribunal de la justice seigneuriale, jouxtaient l'église.
Le fief du monastère Saint-Éloi échoit aux religieux de Saint-Maur-des-Fossés en 1134 puis est rattaché en 1533 au domaine de l'évêque de Paris qui était à cette date abbé commendataire de l'abbaye de Saint-Maur.
Aux XIVesiècle et XVesiècle, cette paroisse était celle des rois qui séjournaient à proximité à l'hôtel Saint-Pol et à l'hôtel des Tournelles. Charles VI y fut baptisé en 1368.
Les rois Charles V et Charles VI financent sa remise en état. Elle est reconstruite en 1430-1431. Après le départ des Anglais, Charles VII y fait établir un vitrail représentant Jeanne d'Arc.
L'édifice est remanié au niveau du chœur sous la direction de Jules-Hardouin Mansart à partir de 1684[7].
Église Saint-Paul (dessin du XIXesiècle)
Église Saint-Paul-des-Champs en 1737 sur plan de Turgot
L'église est fermée en 1790[2]. Au terme de la sanglante journée insurrectionnelle du 10 août 1792, dix-neuf corps ramassés dans les rues sont inhumés le soir même au cimetière de Saint-Paul[2]. Parmi les vicaires de la paroisse Saint-Paul de Paris, cinq sont connus pour avoir refusé de prêter serment à la constitution civile du clergé[8],[9],[10],[11],[12], dont l'un officiant à l'Institution des sourds-muets établie sur la paroisse. Qualifiés de «prêtres réfractaires», ils furent assassinés lors des massacres de Septembre, soit à la prison de l'Abbaye, soit à la prison des Carmes. Le pape Pie XI les béatifia le . Une plaque fixée sur un pilier dans l'église Saint-Paul-Saint-Louis honore leur mémoire. La paroisse fut supprimée en 1793. Son église, saisie comme bien national, fut vendue en 1796 avec le cimetière Saint-Paul et la grange Saint-Éloi qui la jouxtaient à un marchand de bois qui la démolit pour récupérer les matériaux[2]. L’eglise a été utilisée comme salle de réunion puis de dépôt des carrosses royaux, saisis à Versailles, afin d’en récupérer les dorures et les métaux[13].
Un pan de mur de la tour-clocher, adossé au mur pignon de l'immeuble d'habitation no32, et son horloge, de 1627, qui orne depuis 1802 la façade de l'église Saint-Paul-Saint-Louis, sont les seuls vestiges subsistants de l'ancienne église Saint-Paul[2].
Une nouvelle paroisse fut constituée au début du XIXesiècle, à laquelle fut attribuée l'église de l'ancienne maison professe des Jésuites (Saint-Louis des Jésuites de Paris, rue Saint-Antoine), construite au XVIIesiècle à proximité de l'église paroissiale Saint-Paul. En souvenir de cette dernière, disparue, elle prit le double vocable d'église Saint-Paul-Saint-Louis.
Curés de la paroisse Saint-Paul de Paris
1664: Antoine Hameau, docteur de Sorbonne, prit le titre de curé de Saint-Paul le . Il était Conseiller-Clerc du parlement le et mourut à Paris le . Il fut principal du Collège de la Marche en 1689 puis recteur de l’université de la Sorbonne à Paris[14]. Prédécesseur de Gilles Le Sourd.
1692: Gilles Le Sourd[15], curé de Saint-Paul de 1692 à 1711, dans la succession d'Antoine Hameau, il décède le . Il était principal du Collège de la Marche en 1689 puis recteur de l’université de la Sorbonne à Paris[14].En 1703, il entreprend la construction de la chapelle du transept nord de l'église Sainte-Marguerite de Paris, aussi appelée chapelle Saint-Joseph-Sainte-Marguerite.
1711: Guillaume Bouret, docteur de la maison et société de Sorbonne, nommé curé de Saint Paul en 1711 dans la succession de Gilles Le Sourd, il mourut le à l’âge de 72 ans.
Organistes de l'église Saint-Paul de Paris
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[Jean] Blet († 1635), organiste de l'église Saint-Paul disparut en . Selon le registre paroissial des inhumations (dans lequel le prénom fut initialement laissé en blanc, puis ajouté au crayon), son corps fut apporté à l'église le «après trois mois ou environ d'absence, pendant lequel temp sa femme et parens ayant fait diligente recherche & n'ayant peu savoir ce qui en estoit arrive, enfin ce dict jour a esté trouvé & recongneu [sic pour reconnu] noyé dans la rivière de Seinne [...]»[16]. Ce qui est confirmé dans le registre distinct tenu par Christofle Petit, prêtre de Saint-Paul, qui écrit qu'«on [le] trouva noyé vers Chaillot, depuis trois mois et demy qu'on ne sçauoit ce qu'il estoit deuenu: et fut apporté dans vn batteau jusqu'au port St Paul, où nous le fûmes quérir et aussitost enterré, soubz le coin de son orgue, du costé de nostre maison Saint-Paul, et après fut dicte la messe et De profundis en musique sur sa fosse.»[17],[18].
Le cimetière paroissial Saint-Paul et son charnier se situaient derrière l'église Saint-Paul. C’était l'un des plus anciens et le plus grand cimetière de Paris après le cimetière des Innocents.
Des centaines de milliers de personnes y furent enterrées du VIIesiècle à sa fermeture à la fin du XVIIIesiècle.
La proximité de la Bastille amena à y enterrer les ossements des prisonniers découverts dans les cachots lors de la démolition de la forteresse en 1790.
1372: Baptême. Louis de Valois (1372-1407), futur Louis Ierd'Orléans (en 1392), quatrième fils (second survivant) du roi Charles V le Sage (1338-1380) et de Jeanne de Bourbon (1338-1378), baptisé à Saint-Paul le par l'Archevêque de Reims, Jean de Craon; Titré duc de Touraine (en 1386 ou 1387) avant de recevoir l'Orléanais (1392) en apanage de son frère, sous le nom de Louis Ier.
1559: Mariage. Emmanuel-Philibert de Savoie (1528-1580) et Marguerite de Valois (1523-1574), duchesse de Berry (1550)[19], fille de François 1er et de Claude de France (tous deux décédés) sont mariés le en l'église Saint-Paul par le cardinal Charles de Lorraine. Leur union avait préalablement fait l'objet d'une des clauses du second traité du Cateau-Cambrésis, signé le par les plénipotentiaires des rois de France et d'Espagne Henri II et Philippe II pour sceller une paix durable. Lors du tournois organisé à cette occasion le dans la rue Saint-Antoine, un coup de lance porté par Gabriel de Lorges, comte de Montgommery avait mortellement blessé le roi Henri II, frère de l'épousée. Transporté à l'hôtel des Tournelles, il avait un moment repris connaissance et avait donné l'ordre formel de hâter le mariage et de le célébrer pendant le peu de temps qui lui restait à vivre. Ce qui fut fait ce , et selon les Mémoires retranscrites du seigneur de Vieilleville, dans les «pleurs, sanglots, tristesses et regrets» en pleine nuit «avec torches, flambeaux et toultes aultres sortes de luminaire». Henri II mourut le lendemain à l'hôtel des Tournelles[20]. (Article connexe: Un mariage endeuillé (1559)
1592: Mariage. Pierre Biard l'Aîné (1559-1609) «Me sculpteur et architecteur [sic] du Roy» épousa le à l'église Saint Paul Eléonoe Fournier, célibataire demeurant rue de la Cerisaie[17],[21]. L'épousée est la fille de Florent Fournier et sœur d'Isaïe Fournier, successivement entrepreneurs des maçonneries du Louvre[22].
1626: Baptême. Marie de Rabutin-Chantal, future Madame de Sévigné, épistolière, fille de Celse Bénigne de Rabutin, baron de Chantal et de Marie de Coulanges, son épouse, demeurant place Royale chez Philippe de Coulanges, conseiller du Roi en ses conseils d'État et privé (grand-père maternel); née le , baptisée le avec pour parrain Charles Le Normand, seigneur de Beaumont, et pour marraine Marie de Bèze (grand-mère maternelle) dont elle reçut le prénom Marie[23]
1696: Mariage. «Jean-François-Paul de Bonne de Créquy, d’Agoult, de Vise, de Monlor [sic] et de Montauban, comte de Sault, duc de Lesdiguières, pair de France, colonel du régiment d'infanterie de Sault, âgé de dix sept ans, fils de deffunct Emmanuel de Bonne de Créquy,» gouverneur et lieutenant général en la province de Dauphiné, «et de Dame Paule-Marguerite-Françoise de Gondyde Retz, demeurant rue de la Cerisaye [sic, pour Cerisaie]» épousa, le , à Saint-Paul, «dlle Louise-Bernarde de Durfort, âgée de quatorze ans, fille de Jacques Henri de Durfort, duc de Duras, comte de Rauzan, marquis de Blanquefort …, chr des ordres du Roy, pair et Premier Maréchal de France, capne des gardes du corps de S. M., gouverneur et lieutt gl de la comté de Bourgogne, gouverneur particulier des ville et citadelle de Besançon, et de Madeleine Félix de Levy de Ventadour, demt place Royale. L'acte est signé: «Jean-François-Paul de Bonne de Créquy, duc de Lesdiguières, Louise-Bernarde de Durfort de Duras, Paule-Françoise de Gondy, duchesse de Lesdiguières, Jacques-Henry de Dufort, duc de Duras, M. f. de Leuy. Fréderic de la Trémoille prince de Talmont. Henry de Durfort. Duc de Duras, Louis-Madeleine de la Marck, Paul-Jules Mazarin» (le duc de la Meilleraye), «Charlotte-Félix-Armande de Durfort» (sœur de la mariée), «Colbert de Saint-Pouenge.»[17],[24]
Jean-François-Paul de Bonne de Créquy (1678-1703), 5e duc de Lesdiguières, d'après Hyacinthe Rigaud
Louise Bernardine de Durfort de Duras (identité supposée), par Pierre Gobert
La mère de l'épousé: Paule-Marguerite Françoise de Gondi par Pierre Mignard.
1721: Mariage. «Le , MreJoseph-Marie de Boufflers, pair de France, gouverneur des provinces de Flandre et de Haynault, gouverneur particulier des ville et citadelle de Lille, etc., Mestre de camp d'un régiment d'infanterie, comte d'Estogy, seigr de Boufflers, âgé de quinze ans, fils de deffunt MrLouis-Francois, duc de Boufflers, puis maréchal de France, etc.» et de «Catherine Charlotte de Gramont, demeurant place Royale» épousa, à Saint-Paul, «damoiselle Mademoiselle Magdelaine-Angélique de Neufville Villeroy: âgée de treize ans et onze mois, fille de Louis-Nicolas de Neufville, duc de Villeroy, pair de France, capne de la première et de la plus ancienne compagnie françoise des gardes du corps du Roy, lieutenant gl des armées de S.M., gouverneur de Lyon, pays de Lyonnois, Forest et Beaujollais, et de deffunte Marguerite Le Tellier, demt hostel de Lesdiguières.» L'acte est signé: «Joseph-Marie, duc de Bouffler [sic], Madelaine-Angélique de Villeroy, (deux C croisés) de Gramont, malle duchesse de Boufflers, François de Neuville, etc.»[17],[25]
Guichard Bessonat, notaire et secrétaire du roi et son épouse Simone Ddauvergne, donateurs. Ils constituent, le à la fabrique de l'église Saint-Paul à Paris, 8 livres parisis de rente, moyennant 100 livres parisis[26]
Pierre Dijou archer du guet de la ville de Paris, cavalier chargé de protéger les rues de Paris des désordres et des filous, la nuit[27], fut aussi maître d'hôtel de la paroisse Saint-Paul et de Gilles Le Sourd (curé de Saint-Paul de 1692 à 1711) et vivait dans la demeure de ce dernier.[réf.nécessaire] Il se marie le 1704 à Paris avec Anne Marie Danteille[28]. Son fils Pierre Dijoux dit Paquet, né vers 1706 à Paris, s’embarque sur le vaisseau de la compagnie des IndesLe Bourbon et arrive à l’île Bourbon (La Réunion) le .[réf.nécessaire]
L'Église paroissiale de Saint-Paul In: Jean-Baptiste de Saint-Victor: Tableau historique et pittoresque de Paris: depuis les Gaules jusqu'à nos jours.t.2, seconde partie, Paris, chez Lesage, 1822, p.926-951
Toussaint-Michel Binet, La Chronologie et la Topographie du Nouveau Bréviaire de Paris, Paris, Cl. J. B. Herissant (Claude-Jean-Baptiste Herissant), 1742.
Michel Roblin, Quand Paris était à la campagne: origines rurales et urbaines des vingt arrondissements, Paris, Picard, , 255p. (ISBN2-7084-0134-3), p.134-136.
Daniel-Louis André des Pommerayes ou Pommeraies, vicaire administrateur des sacrements de la paroisse Saint-Paul de Paris, assassiné le 2 septembre 1792, à l'âge de 36 ans, lors du massacre de la prison de l'Abbaye.
Les frères Louis-Rémi Benoist (1755-1792), tous deux vicaires de la paroisse Saint-Paul de Paris et assassinés le 2 septembre 1792 lors du massacre perpétré à la prison des Carmes, dans l'enclos de l'ancien couvent des Carmes déchaussés. Louis-Rémi, né à Paris en 1755 avait été baptisé à Saint-Paul.
Jean-André Capeau, né vers 1730, chanoine coadjuteur de Saint-Pierre d'Avignon, prêtre auxiliaire de Saint-Paul de Paris, assassiné à la prison des Carmes.
Geneviève Breesc-Bautier: Les sculpteurs du roi sous Henri IV, In: Colette Native (dir. de publication): Henri IV: Art et pouvoir, Partie II. La sculpture, le monument et l'espace. Presses universitaires François-Rabelais, Presses Universitaires de Rennes, 2016, pp.107-127 ([voir en ligne).
Pour plus de précisions, voir l'extrait du registre des baptêmes de la paroisse Saint-Paul, reproduit In Jules Antoine Taschereau: Revue rétrospective, ou bibliothèque historique contenant des mémoires et documents authentiques inédits et originiaux … , Paris, H. Fournier Aîné, 1834, p.310.
Minutier central des notaires de Paris, Minutes du XVe siècle de l'étude n° XIX, inventaire analytique par Claire Béchu, Florence Greffe, Isabelle Pébay, conservateurs aux Archives nationales, Paris, Archives nationales, 1993, No304 (MC/ET/XIX/1).