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homme politique sud-coréen, 13e président de la République de Corée De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Yoon Suk-yeol (en coréen : 윤석열, /jun sʰʌ̹k̚.jʌ̹ɭ/), né le à Séoul (Corée du Sud), est un avocat et homme d'État sud-coréen, président de la république de Corée depuis le .
Yoon Suk-yeol 윤석열 | ||
Portrait officiel de Yoon Suk-yeol en 2022. | ||
Fonctions | ||
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Président de la république de Corée[a] (suspendu) | ||
En fonction depuis le (2 ans, 7 mois et 5 jours) |
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Élection | ||
Premier ministre | Choo Kyung-ho (intérim) Han Duck-soo |
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Prédécesseur | Moon Jae-in | |
Successeur | Han Duck-soo (intérim) | |
Procureur général de Corée du Sud | ||
– (1 an, 7 mois et 7 jours) |
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Président | Moon Jae-in | |
Prédécesseur | Moon Moo-il (ko) | |
Successeur | Kim Oh-soo (en) | |
Biographie | ||
Date de naissance | ||
Lieu de naissance | Séoul (Corée du Sud) | |
Nationalité | Sud-coréenne | |
Parti politique | Pouvoir au peuple (depuis 2021) | |
Conjoint | Kim Keon-hee | |
Diplômé de | Université nationale de Séoul | |
Profession | Avocat | |
Religion | Chrétien catholique | |
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Présidents de la République de Corée Procureurs généraux de Corée du Sud |
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Yoon Suk-yeol | |
Hangeul | 윤석열 |
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Hanja | 尹錫悅 |
Romanisation révisée | Yun Seok-yeol |
McCune-Reischauer | Yun Sŏkyŏl |
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Procureur général de Corée du Sud de 2019 à 2021 lors du mandat du président Moon Jae-in, il joue un rôle clé dans la condamnation de l'ancienne présidente Park Geun-hye. En 2022, il est nommé candidat du parti Pouvoir au peuple, alors principal parti de la droite conservatrice en Corée du Sud, dans le cadre de l'élection présidentielle de 2022, qu'il remporte.
Sa présidence est marquée par plusieurs évènements qui ternissent son image, notamment lorsqu'il décrète la loi martiale en décembre 2024. Sa gestion de la bousculade d'Halloween à Itaewon en 2022 et de la crise médicale en 2024 font l'objet de nombreuses critiques.
Discrédité auprès de l'opinion publique, sa popularité chute. De plus, la Corée du Sud connaît une érosion démocratique sous son administration et il est l'objet d'accusations de corruption. Alors que son parti subit une large défaite aux élections législatives de 2024, il entre en conflit avec l'Assemblée nationale et décrète cette même année la loi martiale, avant de se raviser au bout de quelques heures, sous la pression politique et populaire. Après une première tentative infructueuse, il est finalement destitué et suspendu par l'Assemblée nationale le . La Cour constitutionnelle dispose d'un délai de 180 jours pour confirmer ou infirmer cette décision.
Yoon naît à Séoul le , d'un père académicien membre de l'Académie des sciences de la République de Corée, et d'une mère conférencière à l'université pour femmes Ewha, poste qu'elle abandonne après son mariage[1].
Il étudie le droit à l'université nationale de Séoul, lors du soulèvement de Gwangju[2]. Il profère alors de vives critiques à l'égard du président Chun Doo-hwan[1]. À la suite de cela, il fuit vers la province de Gangwon pour éviter des répercussions[1]. Il passe le barreau en 1991 après plusieurs tentatives ratées[1].
Il est nommé procureur en 1994[3]. Après plusieurs années de carrière spécialisées dans les affaires anti-corruption, notamment plusieurs concernant le président Lee Myung-bak[1], il accède à une renommée nationale en 2016, alors qu'il prend la tête de l'enquête concernant le scandale Choi Soon-sil impliquant cette dernière, la présidente Park Geun-hye et le président du groupe Samsung Lee Jae-yong, qui conduit à la destitution de la présidente Park en décembre 2016[4]. En 2017, le président nouvellement élu Moon Jae-in le nomme à la tête du bureau du procureur de Séoul, vantant notamment le fait que Yoon ait mis en examen deux anciens présidents, ainsi que de nombreux autres personnalités officielles durant sa carrière[5],[6].
En 2019, il est nommé procureur général de Corée du Sud, une nomination saluée par le parti démocrate au pouvoir, mais critiqué par le parti d'opposition Parti de la liberté de Corée[7]. Parmi ses premières occupations, il enquête sur le ministre de la Justice au pouvoir Cho Kuk (en), pris dans différents scandales. L'opinion publique s'inverse alors, et il devient soutenu par le parti de la liberté de la Corée, mais critiqué par le parti démocrate[8],[9].
La remplaçante de Kuk, Choo Mi-ae, dissout alors l'équipe de procureurs travaillant avec Yoon, prétextant une incapacité de ce dernier à effectuer une réorganisation dans son service. Cette action est vue par les Coréens comme une punition envers Yoon pour avoir mis Kuk en examen[10],[11]. Le , il est suspendu de ses fonctions par la ministre de la Justice en place, pour cause de violations éthiques et d'abus de pouvoir. Ayant fait appel, il suspend cette décision, et reste à son poste[12].
Il démissionne néanmoins de son poste en mars 2021, en signe de protestation[13].
Le , Yoon Suk-yeol annonce officiellement sa candidature à l'élection présidentielle de 2022[14]. Il rejoint en juillet le principal parti d'opposition, Pouvoir au peuple (de droite conservatrice), et participe à la primaire du parti pour déterminer le candidat qui le représentera[15].
Le , il remporte la primaire avec 47,85 % des votes exprimés en sa faveur, contre 41,50 % pour son adversaire principal Hong Joon-pyo[16]. Il devient donc officiellement le candidat du parti conservateur lors de la campagne électorale[17].
Le , il remporte l'élection présidentielle, devançant le candidat progressiste Lee Jae-myung d'une courte tête (48,5 % des voix contre 47,8 % pour son rival) et devenant ainsi le nouveau président sud-coréen, succédant à Moon Jae-in[18]. La campagne a été plus marquée par les invectives que par les débats de fond[19].
Yoon Suk-yeol est officiellement investi président de la république de Corée le , succédant à Moon Jae-in. Dans son discours d'investiture, il appelle à une « dénucléarisation complète » de la Corée du Nord, dénonçant le danger pour la sécurité mondiale que constitue l’arsenal nucléaire nord-coréen[20],[21].
Il décide également d'ouvrir au public coréen, une première, et ce dès le jour de son investiture, la Maison-Bleue, siège de la présidence à Séoul[22]. Considérant le lieu comme « un symbole du pouvoir impérial », il décide de « rendre au public » le bureau présidentiel et fait déménager la présidence dans l'enceinte du ministère de la Défense[22].
Début mai, l’équipe de transition du nouveau président annonce 110 tâches auxquelles l’administration prévoit de s’attaquer, dont la privatisation et la restructuration des institutions et des systèmes publics. Dans le cadre de ces réformes, une nouvelle agence spatiale est créée en 2024 sur le modèle américain de la NASA : la KASA[23].
Compte tenu de la forte activité économique, Yoon Suk-yeol assure que le maintien de la limite à 52 heures de la semaine de travail est « irréaliste ». Une réforme vise à allonger à 69 heures par semaine la durée maximale du travail. Cette perspective satisfait le patronat mais est contestée par les syndicats de travailleurs[24].
Il annonce vouloir engager un vaste programme de privatisation pour renforcer la concurrence, réduire la taille de l'État et lutter contre le déficit des finances publiques. Un appel d'offres pour la vente de Hyundai Merchant Marine (HMM), la plus grande entreprise publique de transport maritime par conteneurs du pays, est officiellement annoncé durant l'été 2023. Il s'agit de la deuxième grande privatisation dans le secteur du transport maritime depuis la vente majoritaire de Hanwha Ocean Company en septembre 2022. Les activités ont été acquises par le groupe Hanwha, la septième plus grande entreprise de Corée du Sud. Le gouvernement s'apprête également à privatiser Korea Aerospace Industries (KAI). De fortes réductions d'impôts sont également prévues, notamment en ce qui concerne l'impôt sur le revenu des sociétés.
Une importante crise médicale intervient en 2024[25].
En novembre 2022, des dizaines de milliers de camionneurs se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Après quelques jours, invoquant les conséquences négatives de la grève pour l'économie et affirmant que les grévistes « prennent le pays en otage », le gouvernement ordonne la reprise du travail. Ceux qui refusent risquent de la prison ferme et des dizaines de milliers d’euros d’amende[26],[27].
En janvier 2023, les locaux de la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) sont perquisitionnés par le Service national de renseignement sur l'accusation de « liens avec la Corée du Nord ». La KCTU accuse le gouvernement de « comploter » contre elle[28]. L'accusation de « liens avec la Corée du Nord » est fréquente en Corée du Sud pour réprimer les organisations syndicales ou politiques de gauche[29].
Le président Yoon a plusieurs fois affirmé son hostilité au mouvement ouvrier, allant jusqu'à affirmer que « les gens qui font grève sont aussi dangereux que les ogives nucléaires nord-coréennes »[29].
Sa réaction à la bousculade d'Halloween à Itaewon en 2022 est jugée insuffisante[30].
Bien que la Corée du Sud ne soit pas membre du G7, elle est considérée comme un prochain membre potentiel en cas d'élargissement du G7. Le gouvernement a fait la promotion de l'initiative du G7+[31]. Lors du sommet du G7 en mai 2023, Yoon Suk-yeol a rencontré les dirigeants des nations Quad. Il a appelé à relever les défis régionaux et à fournir des infrastructures et une aide au développement. Dans un discours prononcé devant les membres du G7, le président Yoon a souligné l'engagement continu de la Corée du Sud en faveur du maintien de l'État de droit international et la nécessité de protéger la liberté et la paix de l'Ukraine[32].
Le 25 avril 2023, Yoon Suk-yeol et la Première dame Kim Keon-hee sont arrivés à Washington D.C. pour marquer les 70 ans de l'alliance entre la République de Corée et les États-Unis[33]. « Nous savons que peu importe où vous vous trouvez, vous êtes aux côtés de la Corée du Sud. », Yoon Suk-yeol a déclaré dans un discours devant le Congrés américain, ajoutant que les relations entre la Corée du Sud et les États-Unis la relations est « plus forte que jamais »[34].
Selon un article de Yonhap publié le 7 novembre 2024, Yoon a eu un appel téléphonique de 12 minutes avec le 45e président et le 47e président élu des États-Unis, Donald Trump, au cours duquel ils ont parlé de la coopération trilatérale avec les États-Unis et le Japon et de la situation nord-coréenne impliquant l'Ukraine[35].
Malgré la déclaration du président élu américain Donald Trump selon laquelle il mettrait fin à la guerre en Ukraine, un analyste a affirmé que le président Yoon faisait une erreur en laissant ouverte la possibilité de fournir des armes de défense à l'Ukraine. Il existe une opinion selon laquelle si les États-Unis cessent complètement de soutenir l'Ukraine, la Corée du Sud pourrait se retrouver seule dans la guerre en Ukraine, avec la Russie comme ennemie. En outre, certains pensent que si Donald Trump entreprend d'améliorer les relations avec la Corée du Nord, la position du gouvernement sud-coréen pourrait être extrêmement limitée dans une situation où les relations intercoréennes se sont affaiblies au point où la Corée du Nord a déclaré deux pays hostiles[36].
Le président Yoon Suk-yeol a été accusé d'avoir une position pro-japonaise sur les questions historiques et le colonialisme par des libéraux et certains politiciens conservateurs en Corée du Sud[37],[38]. L'administration Yoon entretient des relations étroites avec le mouvement japonais d'extrême droite de la Nouvelle Droite[39].
L'administration Yoon ne recherche pas de compensation directe ni d'excuses de la part du gouvernement et des entreprises japonaises pour les victimes du travail, forcé, les crimes de la guerre commis par le gouvernement de l'Empire du Japon et les entreprises japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale, mais exprime plutôt sa position de recevoir des dons volontaires des entreprises sud-coréennes par l'intermédiaire de la fondation comme solution à la décision de la Cour suprême sud-coréenne de 2018, qui exigeait une compensation des entreprises et du gouvernement japonais pour les crimes de guerre passés contre les victimes qui ont été recrutées de force par l'Empire du Japon pendant la Seconde Guerre mondiale. Le Parti démocrate de Corée a critiqué cette situation en déclarant : « Il piétine les victimes et représente les intérêts des entreprises japonaises »[40]. En mars 2023, 11 des 15 victimes survivantes se sont opposées à la solution de l'administration Yoon et ont exigé une compensation directe du gouvernement et des entreprises japonaises[41].
Les remarques du président Yoon lors d'un événement commémoratif lié au mouvement de Samiljeol, le 1 mars 2023, ont suscité une grande controverse en Corée du Sud. Samiljeol est une fête nationale qui célèbre l'esprit de résistance des Coréens pour retrouver leur identité de la Corée, contre le Japon. Yoon Suk-yeol a dit, « La Corée a perdu sa souveraineté nationale et a souffert parce qu'elle n'était pas correctement préparée aux changements historiques du monde à l'époque, et nous devrions réfléchir à ce passé ». Ces propos ont suscité des critiques de la part des partis d'opposition en Corée du Sud, les qualifiant de « Chinil » (친일, pro-japonaise) , de « perspective historique colonialiste » (식민사관) et de « diplomatie pro-japonaise hautement soumise » (친일 굴종외교). Et président Yoon a été comparé à Yi Wan-yong[42],[43].
En 2024, des critiques ont été formulées à propos du compromis entre le Parti libéral-démocrate japonais et l'administration Yoon visant à inscrire la mine de Sado du Patrimoine mondial, qui a déformé l'histoire en supprimant les références directes au « travail forcé » des Coréens[44],[45].
Le président Yoon Suk-yeol a été critiqué pour avoir dissimulé de hauts responsables militaires dans la mort d'un marine sud-coréen en 2023 en bloquant des projets de loi visant à enquêter sur cette affaire[46].
En 2024, l'Institut suédois V-Dem a rapporté que, sous l'administration de Yoon, la Corée du Sud avait chuté dans son indice de démocratie libérale[47]. Le classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour la Corée du Sud a chuté de la 47e à la 62e place entre 2023 et mai 2024. Cette situation aurait été influencée par le recours excessif à des sanctions par l'administration Yoon contre les médias et les journalistes critiques à l'égard du gouvernement, comme MBC[48].
Un reportage de MBC a allégué que Yoon Suk-yeol influençait les enquêtes menées par la police. Les critiques ont allégué que la police, sous Yoon, était prompte à enquêter sur les syndicats et les médias, mais prudente lorsqu'elle enquêtait sur des questions liées à Yoon. Par exemple, un ordre émis par l'Assemblée nationale concernant la Première dame Kim Keon-hee a été bloqué par la police[49].
En novembre 2024, des critiques ont affirmé que la police, sous les ordres de l'administration Yoon, était utilisée pour réprimer les manifestations anti-gouvernementales[50]. Certains ont fait valoir que ces actions contredisaient une décision de 2021 de la Cour suprême de Corée[51].
La fréquence des représentants du gouvernement absents des sessions de l'Assemblée nationale a augmenté sous l'administration de Yoon. Sur une période d'un an et quatre mois, de mai 2022 à août 2023, il y a eu 29 absences de chefs de départements gouvernementaux, de vice-ministres et de chefs d'organisations affiliées[52]. Le président Yoon a été fortement critiqué pour avoir abusé du droit de veto sur les projets de loi[53].
Le gouvernement décide de prendre en mains le groupe audiovisuel public, KBS. Plusieurs émissions sont supprimées, dont le « Choo Chin-woo Live », une émission politique quotidienne réputée pour ses enquêtes sur la corruption de personnalités politiques. Des journalistes sont renvoyés, ainsi que 70 cadres, et pour certains remplacés par des proches du parti Pouvoir au peuple, la formation du président. Le gouvernement prévoit aussi la création d'une agence de lutte contre les fausses informations qui pourrait exiger l’arrêt de la diffusion de n’importe quel média, y compris des chaînes YouTube[54].
L’Union nationale des travailleurs des médias a déploré « des violations de la loi sur la radiodiffusion, qui garantit la liberté et l’indépendance des programmes de radiodiffusion et stipule que personne ne peut s’immiscer dans leur gestion ». D'autres ont comparé ces mesures aux présidences autoritaires de Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (2013-2017) au cours desquelles les journalistes critiques étaient la cible de procès répétés en diffamation, pouvant les conduire en prison, et placés sur une liste noire. Yoon Suk-yeol fait également échouer l'adoption d'un projet de loi voté par l’opposition démocrate à l’assemblée nationale destiné à limiter l’interventionnisme de l’État dans l’audiovisuel public[54].
L'administration de Yoon a été accusée de réprimer les critiques des médias en faisant appel à des agences d'État, notamment le Conseil d'audit et d'inspection et la Commission anti-corruption et des droits civiques. Selon un reportage de MBC, certains journalistes ont bénéficié d'un traitement préférentiel lors de l'interview annuelle du président pour le Nouvel An[55].
Yoon Suk-yeol offre une grâce présidentielle au milliardaire Lee Jae-yong, le patron du Groupe Samsung condamné pour corruption et détournement de fonds en janvier 2021. Trois autres hommes d'affaires sont aussi graciés, dont le président du groupe Lotte, Shin Dong-bi[56]. Fin 2022, il gracie également son prédécesseur Lee Myung-bak, condamné en 2020 à 17 ans de prison pour diverses affaires de corruption, et plusieurs autres personnalités proches des milieux conservateurs comme Won Sei-hoon, l’ancien chef des services secrets qui avait mobilisé ses services pour une campagne en ligne au profit du camp conservateur à l’approche de l’élection présidentielle de 2012, et des collaborateurs de l'ex-présidente Park Geun-hye, elle-même graciée en 2021[57].
En avril 2023, la fuite de documents confidentiels américains semble indiquer que les États-Unis ont espionné des conseillers du président Yoon Suk-yeol en matière de sécurité nationale afin de garantir des livraisons d'armes à l'Ukraine. L'annonce de cette fuite a suscité des critiques en Corée du Sud au sujet de la vulnérabilité des communications au sein des administrations-clés du pays, comme la présidence. Des opposants politiques ont accusé le gouvernement de tenter de minimiser l'incident et d'apaiser les relations avec l'allié américain, avant la visite de Yoon Seok-youl à Washington le même mois. Ils ont exhorté celui-ci à enquêter sur ces allégations d'écoutes[58].
Le 18 août 2023, il participe à une réunion avec les chefs d’états américain et japonais pour discuter de la question des menaces chinoises et nord-coréennes[2].
Myung Tae-kyun est un homme d'affaires et journaliste sud-coréen connu pour être une figure clé du scandale politique de 2024 impliquant la Première dame Kim Keon-hee et plusieurs hommes politiques conservateurs.
Le 19 septembre 2024, News Tomato (뉴스토마토), un petit média, a émis des soupçons selon lesquels, lors de l'élection partielle de 2022, le président Yoon et son épouse Kim Keon-hee ont soudainement fait pression pour la nomination de Kim Young-sun à Uichang, Changwon, et le Gyeongsang du Sud, après un appel avec Myung Tae-kyun[59]. Kim Young-sun a été nommée et élue candidate du PPP lors de l'élection partielle et a été membre de l'Assemblée nationale jusqu'en 2024.
Un rapport de suivi publié le même jour indique que Myung Tae-kyun et la première dame étaient également impliqués dans le processus de nomination du PPP pour les élections législatives de 2024. Après que Kim Young-sun ait finalement été éliminé de la candidature de 2024, il a été rapporté qu'il avait rencontré le représentant Lee Jun-seok du Parti de la Nouvelle Réforme (개혁신당, New Reform Party) au temple Chilbulsa dans la montagne Jiri et avait exigé la première place dans la représentation proportionnelle du Parti de la Nouvelle Réforme. La condition était de révéler le complot avec Kim Keon-hee[60].
Le 20 septembre 2024, JTBC a rapporté que l'accusation avait confirmé des preuves circonstancielles selon lesquelles Kim Young-sun avait livré 63 millions de KRW à Myung Tae-kyun peu après l'élection partielle de 2022[61].
En raison des révélations liées aux scandales qui ont continué à se produire, le 7 novembre 2024, le président Yoon a tenu des discours publics et des conférences de presse pour écouter des questions sur le scandale et d'autres affaires d'État actuelles. Cependant, des questions majeures en suspens telles que les solutions pour augmenter le nombre d'école de médecine, les soupçons de pressions extérieures sur l'enquête sur la mort de Marine Chae, l'opportunité d'accepter un procureur spécial, la controverse sur le contrôle de l'audiovisuel public et la controverse sur la Nouvelle Droite parmi les chefs des grandes institutions n'ont pas été interrogés. En outre, les journalistes ont levé la main pour poser davantage de questions, mais la conférence de presse s'est terminée au bout de 2 heures et 20 minutes[62].
Le président Yoon a opposé son veto à un projet de loi spécial sur le procureur chargé d'enquêter sur les allégations de corruption liées à lui-même et à son épouse Kim Keon-hee. Il a reçu des critiques pour cela[63]. Des professeurs de diverses universités sud-coréennes ont plaidé pour sa démission[64],[65].
En novembre 2024, plus de 3 000 professeurs et chercheurs de diverses universités ont signé une déclaration demandant à Yoon de démissionner. Une personne interrogée a émis l'hypothèse que cette déclaration était la plus grande action de ce type de la part d'universitaires depuis le Scandale Choi Soon-sil en 2016[66].
Le 28 novembre, 1 466 prêtres catholiques sud-coréens ont demandé la destitution de Yoon. Ils ont publié une déclaration intitulée « Comment une personne peut-elle être ainsi » et ont affirmé qu'« il est un épouvantail d'intérêts privés qui n'a aucune idée de ce qu'elle fait ni de qui il est et qui a remis à sa femme l'autorité que lui a confiée le peuple »[67].
Lors d'une allocution télévisée prononcée le , Yoon Suk-yeol décrète l'instauration de la loi martiale, prétextant qu'elle est nécessaire pour lutter contre les « forces communistes nord-coréennes » qui auraient pris le pouvoir au parlement par le truchement du Parti démocrate. Les activités des partis politiques sont interdites et le bâtiment abritant l'Assemblée nationale est aussitôt placé sous scellés[68].
C'est la première fois depuis le rétablissement de la démocratie en 1979 que la loi martiale est décrétée. Le président accuse l'opposition dominée par le Parti démocrate de soutenir la Corée du Nord. Cette mesure, qui s'apparente à un auto-coup d'État, est rejetée par le Parti démocrate, mais également Choo Kyung-ho, chef du parti présidentiel Pouvoir au peuple (PPP)[69]. La loi martiale est levée par le parlement dans la foulée, bien que des doutes sur la valeur du vote existent, étant donné que la loi martiale suspend les travaux parlementaires[70]. Sous la pression politique et populaire, et en vertu de la Constitution, le président se résout finalement à lever la loi martiale le lendemain matin , quelques heures seulement après l'avoir proclamée[71].
Le , une motion pour destituer le président est déposée par les députés de six partis d’opposition majoritaires à l'Assemblée, mais nécessitant le ralliement d'au moins huit députés du parti présidentiel pour pouvoir initier la procédure de destitution[72]. Yoon Suk-yeol est accusé d’avoir « gravement violé la Constitution et la loi ». Il est également visé par une enquête de police pour « rébellion »[73]. Le chef du Pouvoir au peuple Choo Kyung-ho, déclare cependant que son parti s'opposera à la destitution, appelant toutefois le président à quitter le parti[74]. Finalement, Yoon Suk-yeol, accusé d'autoritarisme et d'avoir secrètement conspiré pour faire arrêter certains dirigeants politiques de l'opposition, perd le soutien de son propre parti, dont le chef appelle à sa démission ou à sa suspension, au regard du risque d'une nouvelle instauration de la loi martiale[75]. Après plusieurs jours de silence, il présente ses excuses le , jour du vote sur sa possible destitution, mais ne démissionne pas[76]. Le PPP refuse de voter la destitution, et 107 de ses parlementaires boycottent le scrutin, empêchant ainsi le quorum d'être atteint et entraînant l'invalidité du vote[77],[78]. Affirmant que le président sortant a transféré ses fonctions au Premier ministre, le PPP annonce privilégier une démission dans les prochains mois plutôt qu'une destitution, voire un retrait de certaines de ses fonctions[79]. Cette possibilité est dénoncée par l'opposition qui dénonce une atteinte à la constitution, et annonce déposer une nouvelle motion de destitution, tandis que le ministre de la Défense Kim Yong-hyun démissionne et est arrêté par la police[80]. Le , c'est au tour du ministre de l'Intérieur Lee Sang-min de démissionner, et le lendemain , le président Yoon Suk-yeol se voit notifier l'interdiction de quitter le territoire dans le cadre de l'enquête pour rébellion[81],[82]. Des manifestations continuent à demander la destitution de Yoon Suk-yeol.
Le , il est finalement destitué par l'Assemblée nationale par 204 voix pour et 85 contre, avec trois abstentions et huit votes nuls[83]. La Cour constitutionnelle dispose d'un délai de 180 jours pour confirmer ou infirmer cette décision, l'intérim étant assuré par le Premier ministre Han Duck-soo[84].
Sa cote de popularité s'écroule à 19 % d'opinions favorables dès 2022, après seulement quelques mois d'exercice du pouvoir[85]. Juste avant sa tentative de coup d'état, elle était remontée à 25%, augmentation attribuée à une hausse de soutien dans les bastions conservateurs[86]. La veille de la seconde motion de destitution dirigée contre lui, son pourcentage d'approbation s'effondre à 11% contre 85% de désapprobation, avec 3/4 des sondés soutenant le raccourcissement de son mandat[87].
Considéré comme conservateur, Yoon fait campagne en 2022 en se démarquant par ses positions antiféministes assumées, estimant que c'est à cause des féministes que le taux de natalité de la Corée du Sud est en baisse[88] et ajoutant que s'il est élu, il supprimera le ministère de l'Égalité des sexes et de la Famille[89]. Il propose également d’augmenter les peines pour dénonciation calomnieuse de viol ou d’agression sexuelle[90].
Il se dit disposé à reprendre les négociations avec la Corée du Nord à condition que celle-ci renonce à l'arme nucléaire. Il appelle toutefois à renforcer la dissuasion militaire, notamment en resserrant les liens avec les États-Unis, et affirme que des frappes préventives contre la Corée du Nord pourraient être nécessaires en cas de risque d'attaque imminente[91].
Il estime également nécessaire le déploiement de missiles américains en Corée du Sud et veut acheter un système de missiles THAAD supplémentaire[92]. Il souhaite aussi rejoindre le « Quad », une alliance militaire perçue comme anti-chinoise qui réunit les États-Unis, l'Australie, le Japon et l'Inde[91].
Yoon s'oppose à l'intervention de l’État dans l’économie. Il cite l'économiste Milton Friedman et son livre Free to Choose : A Personal Statement comme une influence majeure sur sa croyance dans le libéralisme économique[93].
Sur le point de vue économique, il annonce vouloir abolir la semaine de 52 heures s'il est élu et ne pas fixer de limite maximale au temps de travail, tout en supprimant le salaire minimal sud-coréen[94]. Il estime ainsi pendant sa campagne présidentielle que « les employés devraient pouvoir travailler cent vingt heures par semaine, quitte à se reposer après »[29].
Avant cela, dès octobre 2021, il fait polémique par des propos élogieux au sujet de l'ancien dictateur Chun Doo-Hwan. Il présente ensuite ses regrets[95]. Le 7 novembre 2021, Yoon déclare que s'il était élu président, il gracierait les anciens présidents Lee Myung-bak et Park Geun-hye, tous deux condamnés pour corruption (Park Geun-hye a ensuite été graciée par le président Moon Jae-in le 24 décembre de la même année)[96].
Yoon est marié depuis 2012 à Kim Keon-hee, la présidente d'une compagnie de galeries d'art[97]. Celle-ci se trouve suspectée de fraude et de manipulation boursière, ce qui conduit en décembre 2023 l'opposition démocrate à voter au Parlement en faveur du lancement d'une enquête spéciale indépendante à son encontre. Le président Yoon, qui s'était pourtant engagé durant sa campagne électorale pour la neutralité présidentielle dans le cadre d'affaires politiques, décide d'user de son veto pour arrêter l'enquête[98].
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