Utilisateur:Gerard-emile/Brouillon Heidegger et la théologie
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« »La question de la théologie
Le Dictionnaire critique de théologie de Jean-Yves Lacoste, note en tout début de son article sur Heidegger que le rapport de celui-ci au christianisme et à sa théologie[N 1] est d'abord biographique. Rappelons que, né dans un milieu catholique, il entre en septembre 1909 comme novice dans l'ordre jésuite au sein de la Compagnie de Jésus, à Tisis, près de Feldkirch, qu'il quitte pour des raisons de santé en octobre suivant[1],[2]. Inscrit à la Faculté théologique de Fribourg pendant quatre semestres de 1909 à 1911, le Jeune Heidegger reçut l'enseignement du néo-thomiste Carl Braig qu'il abandonna trés tôt[N 2]. Jean-Yves Lacoste[3] note que « l'ambiance y était dominée par la crise moderniste et que la perspective d'avoir un jour à prêter le serment anti-moderniste joua son rôle dans cette séparation ». Dans le semestre d'hiver 1911-1912 il est inscrit à la faculté de sciences naturelles de l'Université de Fribourg en mathématiques, physique et chimie, afin de devenir professeur, tout en poursuivant ses études de philosophie[4]. . Son éducation religieuse, lui donne l'occasion d'approcher la tradition scolastique et rend son parcours atypique[5], à une époque où les séminaires de philosophie sont dominés par le néo-kantisme. En 1913, il écrit sa thèse de doctorat en philosophie, Doctrine du jugement dans le psychologisme[6], et en 1916, une étude sur La doctrine des catégories chez le pseudo Duns Scot. Les deux thèses d'habilitation de cette époque portent d'aprés Jean-Yves Lacoste [7]la marque de ses brèves études théologiques. Les années qui suivent comportent des projets de recherche dans le domaine théologique qui restèrent inaboutis comme une comparaison entre Thomas d'Aquin et Duns Scot. En parallèle note Jean-Yves Lacoste[7], Heidegger lisait assidûment le commentaire de Luther sur l'épître aux Romains, commentaire qu avait été redécouvert seulement vers 1908, puis il s'intéressa plus tard à d'autres mystiques, comme Maître Eckhart, dans le cadre de sa collaboration avec Husserl et aussi à titre personnel Dostoïevski et Kierkegaard.
En 1923, il est nommé professeur non titulaire à l'Université de Marbourg, qui est alors le principal centre européen du néokantisme, où il entreprend une collaboration poussée avec le théologien protestant Rudolf Bultmann[8] dont on a dit qu'il réinterpréte le Nouveau Testament à la lumière du futur chef-d'œuvre de son jeune collègue Être et Temps. À l'inverse ce dernier livre est, selon Hans-Georg Gadamer, « né des contacts féconds et passionnés que Heidegger a eus avec la théologie protestante de son temps à Marbourg en 1923 »[9].
S'agissant du rapport entre Heidegger et la théologie, on verra plus avant qu'il ne laisse pas d'être ambiguë, car la conception que le philosophe se fait du théologique, comme examen du « comportement de l'homme devant Dieu », est très éloigné de la définition dogmatique traditionnelle ou même de la théologie dite naturelle qui se présentent plutôt comme un discours sur Dieu.
Selon Hölderlin rapporte Gadamer[10] « l'absence des dieux ne nomme pas seulement un « non-être » mais un « être » d'autant plus dense qu'il est silencieux ».