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théâtre à Vieux (Calvados) De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le théâtre gallo-romain de Vieux est un édifice de spectacles du site archéologique de Vieux-la-Romaine, l'antique Aregenua, située à environ 10 km au sud de Caen[1], dans le département du Calvados, région Normandie en France.
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Le site de Vieux est fouillé à partir de l'extrême fin du XVIIe siècle, bien que le lieu soit l'emplacement de la découverte de la célèbre base de statue connue sous le nom de marbre de Thorigny dès la fin du XVIe siècle.
Fouillé au milieu du XIXe siècle par la Société des antiquaires de Normandie, l'édifice est redécouvert lors de fouilles au début du XXIe siècle mais ces derniers travaux sont superficiels et ne renouvellent pas les apports du XIXe siècle qui restent la base de notre connaissance de l'édifice. Bien que non visibles, les vestiges sont présents sous très peu de surface et une butte marque sa présence à très peu de distance du parking visiteurs du musée du site.
La commune actuelle de Vieux se trouve à environ 20 km de la Manche[C 1]. L'édifice de spectacles, au nord-ouest de la cité antique, sur « un coteau faiblement incliné vers le sud »[B 1], se situe à 150 m du lieu-dit actuel Jardin Poulain[C 2]. La zone correspond aux numéros 343 et 346 de la section B lors des fouilles du milieu du XIXe siècle[K 1]. Le secteur est celui du faubourg nord-est de la ville antique selon Antoine Charma[K 2].
Dans le même secteur de la cité antique se situe la maison à la cour en U, demeure urbaine plus modeste que la très riche Maison au grand péristyle de Vieux-la-Romaine. La maison à la cour en U comporte à la fois un atelier et des boutiques en façade[D 1].
Aregenua, capitale des Viducasses, un des peuples de la Gaule lyonnaise, est créée au Ier siècle apr. J.-C.. Après son apogée aux IIe et IIIe siècles et plus précisément sous la dynastie des Sévères, elle est très touchée par les troubles qui affectent l'Empire romain au IIIe siècle. Au IIIe siècle, le nom de la cité est désormais Civitas Viducassium selon l'inscription du Marbre de Thorigny[D 2].
Le secteur oriental de la cité n'a plus d'activité à la fin du IIIe siècle[D 1]. Après les destructions, la cité se rétablit toutefois au début du IVe siècle[B 2] mais ne se voit pas dotée d'un rempart, comme les sites de Jublains ou Corseul. La cité fusionne avec Bayeux et disparaît « administrativement » vers 400[D 3]. Bayeux devient un évêché. Même si le site de la ville reste occupé, une partie non négligeable de la population semble partir s'installer dans d'autres entités urbaines ou dans des domaines ruraux[D 1]. Le site reste toutefois un lieu de peuplement et le christianisme s'y installe aux Ve et VIe siècles[J 1].
Le quartier du théâtre est mal connu au début du XXIe siècle[B 3]. Le quartier périphérique de la cité est celui des artisans, et est également le lieu où ont été retrouvées les ruines du théâtre[A 1]. Le secteur était surtout occupé par des bâtiments à pans de bois[B 4].
Un premier édifice de spectacles est bâti fin du Ier siècle-début du IIe siècle[A 1],[B 1]. Quelques dizaines d'années après, le théâtre est transformé en édifice à arène[A 1] afin de pouvoir y jouer des spectacles d'amphithéâtres[C 2]. Un demi-cercle est ajouté à l'orchestra[F 1]. Cette transformation a peut-être lieu au milieu[E 1] ou à la fin du IIe siècle[D 1]. Pascal Vipard évoque une transformation entre le deuxième et le dernier quart du IIe siècle. Cette transformation a fait disparaître la plupart de la structure du premier théâtre. Le secteur de l'arène a peut-être été modifié car un mur témoigne de transformations[B 1].
Le théâtre trouve un « irrécusable témoignage » dans la plus grande inscription découverte sur le site[I 1]. Titus Sennius Solemnis prêtre de Diane, Mars et Mercure, mentionné sur la pierre dénommée marbre de Thorigny, a dépensé en 238 25 000 sesterces pour 4 jours de spectacles[E 1],[H 1]. Antoine Charma en 1855 est très prudent sur la restitution de l'inscription[K 3].
Le théâtre est abandonné à la fin du IIIe siècle, peut-être à la suite d'un incendie. Les fouilles ont livré du bois carbonisé à l'emplacement des gradins et également des clous. L'incendie a peut-être eu lieu après l'abandon de l'édifice[B 5].
Pascal Vipard estime à partir des découvertes numismatiques « une fréquentation probable à la fin du IIIe siècle » et note une absence de monnaies au IVe siècle si ce n'est une monnaie de Valentinien Ier}[B 6].
Les ruines sont alors utilisées comme source de matériaux, et un four à chaux est installé[A 2]. Des éléments lapidaires à relier à l'édifice de spectacles, des fragments de frise taillés en sarcophage, sont retrouvés dans les fouilles de la nécropole d'époque franque du Grand Champ au XIXe siècle[B 7]. Le décor de colonnes et d'entablement est en effet réutilisé dans la nécropole[B 3].
Le théâtre reste utilisé comme carrière aux VIIe siècle-VIIIe siècle[B 3]. Sept monnaies de billon d'époque médiévale sont trouvées par les fouilleurs[B 3]. Les ruines de l'édifice restent présentes dans le paysage durant une longue période[A 2].
Les thermes de la cité sont fouillés dès les années 1730[D 1]. Arcisse de Caumont pense vers 1840 que le théâtre était au sud-ouest de la ville, dans le site appelé « champ des crêtes »[K 2].
Le théâtre a été fouillé au XIXe, plus précisément en 1852-1854 par Antoine Charma de la Société des antiquaires de Normandie[B 1]. La population avait remarqué la pauvreté de la végétation sur le site, et la société des antiquaires de Normandie profite d'un changement de propriétaire pour négocier financièrement et « un peu cher » la possibilité d'y effectuer des recherches archéologiques[K 4].
La société savante fondée par Arcisse de Caumont vote 100 francs de subvention pour ces recherches, puis une autre somme de 500 francs[I 2]. La somme totale engagée par la société savante se monte selon Antoine Charma à 1 700 francs[K 5]. La population locale, « nécessiteuse », est engagée sur ces chantiers[K 6]. L'édifice est « assez bien décrit et observé pour l'époque » selon Christian Pilet[H 1].
Les vestiges dégagés ont été enterrés après que les fouilles aient pu permettre de lever un plan de l'édifice. Le site précis de l'édifice est oublié peu à peu[A 1] et sa localisation longtemps problématique[B 1]. Le problème est lié à une mention vague du site précis par les inventeurs du site, « au lieu-dit Le Jardin Poulain, à l'est du manoir du chevalier de la Palue »[H 1].
Une photographie aérienne est prise par l'I.G.N. en 1947[H 2]. Une prospection magnétique réalisée par l'archéologue Christian Pilet en mars 1982 donne des indices de localisation[C 2],[H 3]. La localisation est précisée après une fouille en 1995[B 1].
Les fondations de l'édifice sont retrouvées lors de fouilles au début du XXIe siècle[A 1].
Les ruines du théâtre gallo-romain bénéficient de deux types de protection : les vestiges contenus au lieu-dit du Jardin Poulain sont classés monument historique le , alors que ceux retrouvés au lieu-dit de l'École sont seulement inscrits le [1].
Deux étapes dans la construction de l'édifice ont été mises en évidence par les fouilleurs. Il comprend « les éléments habituels du théâtre classique »[H 1].
Le premier édifice est mal connu car il a en majeure partie disparu lors des aménagements ultérieurs[B 1].
Les fouilles ont permis de mettre au jour le mur de façade et le postscaenium du premier théâtre : le mur de façade est en petit appareil calcaire. Le bâtiment identifié comme le bâtiment de scène mesurait 7,40 m de long et large de 2,80 m et les vestiges sont constitués de grès de May. Le plan de l'édifice, en arc de cercle outrepassé, est proche des édifices de Sanxay ou du Vieil-Evreux[B 1].
La cavea du premier édifice avait un diamètre de 67 m[E 1].
Le premier théâtre de la ville comportait une scène d'une superficie de 50 m2[A 1].
Le plan du second théâtre n'est pas connu intégralement du fait des fouilles anciennes et incomplètes : les circulations internes, les locaux de service ou l'angle sud-est ne sont pas connus[B 1].
L'édifice, dans sa seconde version, comporte des gradins et une arène de 60 m2[A 1]. Les gradins étaient « certainement » en bois et orientés au sud[C 2]. Les fouilleurs ont trouvé une quantité importante de bois carbonisé[B 1],[K 7]. Christian Pilet émet l'hypothèse que le premier rang de gradins, destiné aux membres les plus éminents de la cité, était en pierre[H 1].
Le diamètre de la cavea est alors de 80 m[E 1]. L'édifice viducasse, loin des dimensions du théâtre de Lillebonne avec ses 148 m de diamètre, appartient à la catégorie d'édifices de taille moyenne comme à Valognes, Lyons-la-Forêt ou Saint-André-sur-Cailly[F 2]. La cavea est un arc dissymétrique [B 1]. Vingt contreforts ont été retrouvés[B 1],[I 3]. La façade devait avoir une longueur entre 66 m et 70 m[B 1]. Le mur de la cavea est irrégulier, avec une largeur allant de 0,65 m à 1,30 m[B 1].
Le bâtiment de scène mesure 14 m et profond de 6 m à 7,50 m soit une surface de 50 m2[B 1].
L'arène est une « fausse ellipse » mesurant 29 m ou 31 m sur 25 m pour une surface d'environ 610 m2[B 1].
Les gradins dans le théâtre gallo-romain étaient partiellement soutenus par des voûtes car l'édifice tirait profit de la pente naturelle[F 3]. A Vieux, les fouilles ont livré à l'angle sud-ouest six exèdres semi-circulaires jouant ce rôle de soutien, comme à Augst, Fréjus ou Lutèce[F 4].
Une galerie de circulation large de 3 m à 3,50 m entourait le théâtre[F 1]. Deux couloirs larges de 3,10 m pour l'un situé à l'est et 3,80 m pour celui situé à l'ouest[B 1].
L'édifice était construit également en calcaire et marbre de Vieux[A 1].
L'estimation de la contenance de l'édifice a varié depuis le XIXe siècle. Les premiers fouilleurs, dont Antoine Charma, l'estiment à 3 500 places[C 2],[B 1] ou 3 550 places[K 8]. Christan Pilet reprend cette capacité d'accueil[H 1]. Le théâtre contenait 6 000 places assises[2]. La capacité de l'édifice est estimée en 2021 entre 5 700 et 7 600 personnes[A 1] suivant une nouvelle méthode de calcul[B 1].
Le théâtre est essentiel dans la Rome antique et dans l'espace de la Normandie actuelle[F 5], chaque membre de la société pouvant assister aux spectacles[A 1].
Les théâtres étaient le site des tragédies, comédies, mimes et pantomimes ; les amphithéâtres étaient le siège des combats de gladiateurs ou de chasses[F 5]. Les courses de chars étaient également populaires mais aucun cirque, lieu habituel de ce type de spectacles, n'a été retrouvé dans la Normandie actuelle[F 5]. Les représentations de jeux de gladiature sont connues dont une statuette en provenance de Lillebonne et conservée au musée des antiquités de Rouen ; un bol trouvé à Trouville-en-Caux présente pour sa part une course de chars. Ces objets sont issus du « commerce de longue distance »[F 6].
Les spectacles avaient lieu les après-midis, la population pouvant aller dans les boutiques ou dans les ateliers artisanaux présents dans le quartier[A 1].
Les spectateurs étaient installés sur des gradins dans la cavea, les meilleures places proches de la scène étaient réservées aux membres les plus notables de la communauté[F 3].
Les édifices de spectacles devaient contribuer à la romanisation des campagnes gauloises[F 5]. Le théâtre est un des éléments de diffusion de la romanisation[F 6].
Les théâtres témoignent de la romanisation de la Gaule et de l'adaptation au contexte local[F 6]. Le théâtre est lié à des fêtes religieuses[F 7] et les édifices ont une autre signification qu'un simple édifice de loisirs. Une soixantaine de théâtres sont connus dans l'espace de la Gaule chevelue[L 1].
La Gaule connaît selon Élisabeth Deniaux « l'invention d'un nouvel espace théâtral » : l'édifice, très coûteux, est « un monument de prestige, une construction ostentatoire ». Les matériaux et la main d’œuvre nécessaires sont très importants. Il prend appui sur les collines[F 8]. Jean-Claude Golvin qualifie le théâtre gallo-romain comme d'« une architecture relativement économique »[L 1]. Les édifices théâtraux, même dans les petites communautés, sont rarement petits[F 3].
Le théâtre gallo-romain est un « édifice mixte » pouvant abriter tant les spectacles théâtraux que les jeux d'amphithéâtre[F 1].
Le plan du théâtre de Vieux se rapproche de celui de Lillebonne, avec une « aire plane elliptique »[F 1]. Il « rappelle étonnamment » celui de Lisieux d'après Pierre Jeanjean[G 1].
Le théâtre semble mettre en avant les spectacles d'amphithéâtres par rapport à la scène destinée aux spectacles de théâtre. Pascal Vipard signale que « rien n'interdit de supposer l'existence d'une scène en bois amovible »[B 1].
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