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était une entreprise belge De Wikipédia, l'encyclopédie libre
La société anversoise du commerce au Congo, aussi appelée l’Anversoise, était une entreprise belge basée à Anvers, dont le roi Léopold II était actionnaire majoritaire[1], qui possédait des concessions dans État indépendant du Congo. Sur ces concessions, accordées en 1892 par le souverain Léopold II[2], la compagnie avait le droit d'exploiter le caoutchouc et l'ivoire dans le bassin de la Mongala.
L’Anversoise est créée en 1892 avec un capital de 400 000 francs (800 actions de 500 francs) sous statut de société anonyme belge ; le 18 novembre de l'année de création de la société, le capital fut porté à 1 250 000 francs (2 500 actions de 500 francs), son siège était au 104 Rempart des Béguines à Anvers. La société prenait l'engagement de payer à l'État une redevance de 300 Francs par tonne de caoutchouc récolté, de 100 francs par tonne de cire ou de copal récolté et, pour les autres produits dont l'ivoire une redevance de 5 % de leur valeur marchande sur le marché européen. En 1898 le capital fut porté à 1 700 000 francs[3] (3 500 actions de 500 Francs) et le siège social fut transféré à Mobeka au confluent de la Mongala et du fleuve Congo. Pour ses apports, l'ancienne société reçut 3 400 parts sans valeur nominale. L'État Indépendant du Congo, reçut 1 700 actions pour les concessions qu'il apportait ; Alexandre de Browne de Tiège, son président, nommé par le roi lui-même, 1 100 ; Bunge & Cie, 100 ; E.P Grisar, 130 ; et Deyman-Druart, 100[4]. Ses administrateurs étaient le baron A. Goffinet, Ed. Bunge & Cie et de Browne de Tiege.
La société obtient une concession de sept millions d’hectares du bassin de la Mongala et de la région de Bumba[5]. Le directeur de « l’Anversoise » en Afrique avait carte blanche et disposait de droits de police. Il pouvait compter sur un poste de police comptant 150 militaires, à Bumba qui était entretemps devenu domaine de la société. Le commissaire du district des Bangala et le commandant de la Force Publique aidaient indirectement à « stimuler » la récolte du caoutchouc[6]. La production forcée de caoutchouc provoqua la rébellion de Budzas entre 1898 et 1905. En 1912, l’Anversoise fusionna avec l’ABIR, active au sud du fleuve Congo, pour devenir la Compagnie du Congo belge[5].
Entre et , une expédition conduite par J. L. Braeckman, commandant des troupes de la Mongala, assisté par les agents de l'Anversoise Loumaye et Caudron, respectivement chef de la zone de la Melo et chef de poste à Libanza, est menée sur le Melo supérieur pour venger le meurtre d'un capita-surveillant du caoutchouc. L'expédition provoque le massacre de 300 Ngbaka des environs de Bobadi. En , alors que les suites du massacre continuent de déstabiliser la zone et notamment la production du caoutchouc qui s'en trouve diminuée, et que Caudron poursuit ses exactions contre la population locale, le nouveau commandant de la Force Publique, Vandersleyen, demande des poursuites contre ce dernier, au titre qu'il n'est pas un fonctionnaire de l'État[7]. Le gouverneur général autorise les poursuites. Durant le procès, qui s'ouvre à Boma en 1904, le citoyen britannique Herzekiah Andrew Shanu[8], un homme d'affaires installé au Congo, se passionne pour le procès[9] et envoie l'essentiel de ses pièces à Edmund Dene Morel qui les publie dans son mensuel West African Mail[10].
D'après Conan Doyle, dans son livre à charge contre l'État indépendant du Congo, "l'affaire Caudron fut remarquable en ceci qu'elle établit judiciairement des faits qui avaient été amplement démontrés : la complicité entre l'État et les criminels."[11] En effet, Gustave Deneuter, ancien substitut de l'EIC qui défendait Caudron, affirmait dans ses conclusions au procès : "Caudron, aujourd'hui accusé de faits de guerre, appelés dans l'assignation "assassinats", n'est pas plus coupable de ces faits que de toutes les autres expéditions, faites par l'État de sa propre initiative ou à la demande de la Société Commerciale Anversoise, et auxquelles le prévenu a prêté son concours, toujours à la demande des autorités de l'État.(…) Toutes ces expéditions se faisaient au grand jour… Les représentants de l'autorité adressaient des rapports sur ces expéditions, en disant les causes, les combats, les résultats, etc. Jamais aucun de ces fonctionnaires n'a été désapprouvé, désavoué, déplacé ou livré à la justice. Ils couvraient de leur responsabilité les actes de leurs subalternes, exécuteurs de leurs ordres."[12]
Caudron fut condamné le à 20 ans de prison, peine commuée à 15 ans en instance d'appel le . Il fut finalement libéré début , après trois ans et demi de prison dans des circonstances clémentes[13].
En , le Consul britannique de l'État Indépendant du Congo Roger Casement fait connaissance, à la prison de Boma, d'un homme de Lagos, Cyrus Smith, condamné en compagnie de deux Belges, le , en première instance, à 12 ans de servitude pénale pour avoir, dans le cadre de sa participation aux affaires de la Société Commerciale Anversoise "détenu, par ordre, des femmes otages sans leur donner à manger[14], causant la mort de dizaines d'entre elles". Cette peine fut réduite à un an en instance d'appel le [15]. Le Consul Casement demande au gouverneur-général de l'EIC le texte de son jugement en instance — pourtant tenu pour document secret comme tous les textes de jugement de cette époque. L'énonciation des circonstances atténuantes à la cour d'appel de Boma apporte, en creux, la preuve de la responsabilité de l'administration du gouvernement de l'EIC dans les exactions et les meurtres commis sur son territoire :
"Attendu qu'il est juste de tenir compte, pour l'application de la peine, qu'il est prouvé notamment par la correspondance versée au dossier que des chefs de la société concessionnaire ont, sinon par des ordres formels, tout au moins par leurs exemples et leur tolérance, amené leurs agents à ne tenir aucun compte des droits, de la propriété, de la vie des indigènes, à user des armes et des soldats qui auraient dû servir à leur défense et au maintien de l'ordre, pour forcer les indigènes à leur fournir leurs produits et à travailler pour la société, ainsi que pour pourchasser comme des rebelles hors-la-loi ceux qui tentaient de se soustraire aux prestations qu'on leur imposait ; qu'il est également prouvé que bien souvent des faits semblables à ceux qui sont reprochés aux prévenus, avaient été posés dans la région et portés à la connaissance de la société, sans que celle-ci les ait dénoncés à l'autorité ; que surtout le fait d'arrêter des femmes et de les détenir pour obliger les villages à fournir des produits et des travailleurs était toléré et admis même par certaines autorités administratives de la région…"[16].Ce texte est contesté par le procureur Waleffe.
L'envoi de ce document secret au Foreign Office le par Roger Casement est souligné d'un long commentaire, dont la conclusion précipitera plus tard la chute de l'EIC : "Le Souverain tenait la Société Anversoise dans le creux de sa main… et c'est impossible qu'il soit ignorant des méthodes employées par elle. Léopold II me dit lui-même à Bruxelles qu'il était "le maître du Congo"[17].
L’accord qui la liait à l’État indépendant du Congo l’obligeait à verser à celui-ci la moitié de ses profits[18]. Les trois premières années de son activité, l'Anversoise fit un bénéfice six à sept fois supérieur à son capital[19].
D'après les recherches de l'historien Guy de Boeck, son troisième directeur Hubert Lothaire[20] (1897-1900) recevait — en plus de son salaire annuel d'environ 80 000 € — un intéressement de près de 600 € par tonne de caoutchouc et de près de 3 000 € par tonne d'ivoire.
Par la circulaire du , tous les agents européens de la société touchaient également un bonus indexé sur le volume des exportations. Les instructions du précisent les tarifs. Un régime dit « des points » fut inauguré en 1895, pour être remplacé en 1896 par des allocations de retraite « aux agents qui se sont le plus distingués »[21]. Charles Caudron, par exemple, touchait 3 % de commission sur tout le caoutchouc produit[22].
L'Anversoise aurait ainsi exporté[6]
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