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Juriste, esclavagiste, écrivain et homme politique français De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry, né le [1],[2] à Fort-Royal, en Martinique, et mort le à Paris[3],[4], est un juriste, homme politique, esclavagiste et historien de la colonie de Saint-Domingue.
Député aux États généraux de 1789 | |
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Conseiller d'État |
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Décès |
(à 69 ans) Paris |
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Loix et constitutions des colonies franc̜oises de l’Amérique sous le vent (d) |
Colon créole[5], érudit et propriétaire d’esclaves, Moreau de Saint-Méry est aussi un acteur de la Révolution française, tout autant engagé à Paris en 1789 dans le processus révolutionnaire anti-absolutiste, que dans la réaction coloniale esclavagiste et ségrégationniste.
D'une famille du Poitou, Médéric Louis Élie Moreau de Saint-Méry perd son père très jeune et, à 19 ans, se fait admettre dans les gendarmes du roi ; il étudie en même temps le droit et est reçu avocat au parlement de Paris en 1771. Son congé terminé, il revient à la Martinique où l'état de ses affaires, après la mort de sa mère, l'oblige d'aller exercer sa profession au Cap français, sur l’île de Saint-Domingue, où il se voit gratifié d’un poste au Conseil supérieur de Saint-Domingue. Il s’intéresse au problème de la codification des lois coloniales et publie Lois et Constitutions des colonies françaises sous le vent. En 1785, il devient franc-maçon[6],[7] membre de la loge des Neuf Sœurs[8]. Il est le premier secrétaire perpétuel élu du Musée, société savante créée par Jean-François Pilâtre de Rozier[9].
Il revient à Paris en 1785 où il participe à la création d’un comité colonial, destiné à empêcher toute réforme du système esclavagiste, et collabore aux travaux du club de l'hôtel de Massiac, représentant les grands planteurs esclavagistes à Paris.
Le , Saint-Méry devient président de l’assemblée générale des Électeurs parisiens. Il participe au 14 juillet comme membre du Comité des électeurs et organise la distribution des armes aux révoltés. Le , il se fait admettre comme député de la Martinique à l’Assemblée nationale constituante. Il y participe aux débats sur la question coloniale de au sujet de l’appartenance ou non des Africains et de leur descendants au genre humain. Député esclavagiste, il s’oppose aux revendications du métis de Saint-Domingue Julien Raimond pour la citoyenneté active dans le cadre de la constitution censitaire de 1791. Moreau de Saint-Méry fut l’artisan de la consécration constitutionnelle de l’esclavage lors du vote de l’Assemblée nationale constituante pour le décret du .
Par hostilité au décret du sur l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres, il choisit de boycotter l'Assemblée nationale constituante avec plusieurs autres députés des colonies. À ce titre les 9 et sur initiative de Danton, le club des Jacobins entame une procédure de suspension contre quatre d'entre eux : Gouy d'Arcy, Jean-Baptiste Gérard, Joseph Curt et lui-même. Les quatre représentants ont violé le Serment du Jeu de paume, qui les engageait à ne jamais se séparer de leurs collègues avant d'avoir donné une constitution à la France[10]. En juillet, ils adhèrent au club des Feuillants, nouvelle formation politique. Cinq autres députés des départements français, les frères Alexandre de Lameth et Charles Malo de Lameth, Antoine Barnave, Adrien Duport et Goupil de Prefeln seront radiés du club des Jacobins après leur décision de faire révoquer le le décret du .
Attaqué par les fédérés de Marseille et menacé par un mandat d'arrêt, Moreau de Saint-Méry se réfugie en 1794, avec sa femme et ses deux fils, aux États-Unis. Il y fréquente d’autres ex-planteurs de sucre comme Jean-Simon Chaudron et devient l’une des figures de la communauté des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique. Après un court séjour à New York, il s'installe à Philadelphie où il ouvre une librairie et édite un journal, Le Courrier de la France et des colonies[11]. Il revient en France en 1798 où l’appui de Talleyrand lui vaut une charge au ministère de la Marine. Il obtient l'emploi d'historiographe de la marine, grâce à la protection de l'amiral Bruix qu'il avait connu aux colonies, et est nommé conseiller d'État le 4 nivôse an VIII.
Par le traité d'Aranjuez du conclu entre la France et l'Espagne, le duc Ferdinand Ier de Parme perd son duché au profit de la France. Cependant le duc refuse de quitter ses états et obtient de l'occupant l'autorisation d'y rester. Le duc Ferdinand meurt le 9 octobre suivant à l'âge de 51 ans peut-être empoisonné. Son fils se trouvant en Espagne, il laisse la régence à la duchesse, sœur de la défunte reine de France. Dès le 22 octobre, la France annexe le duché. La duchesse douairière et ses filles se réfugient en Autriche.
Présent à Parme depuis pour préparer les changements induits par l'annexion du duché, Moreau de Saint-Méry prend possession du duché en qualité d’administrateur délégué général des États parmesans, patronné par Talleyrand[12]. Par une série d’actes administratifs, il met en place d’importantes innovations dans le domaine du droit : il abolit les lois anti-hébraïques, interdit la torture, sépare complètement les lois civiles des lois pénales. Il réforme les tribunaux en introduisant de nouvelles lois, certaines dérivées de la nouvelle législation française. Franc-maçon, en 1804 il est fondateur de la loge de Parme[13]. Le , les réformes juridiques qu’il a mises en place disparaissent avec l’introduction du code Napoléon dans tout l’Empire.
Lors de son séjour à Parme, il publie une étude sur la danse dédiée « aux Créoles, par leur admirateur ».
Le mécontentement de la population lié à la conscription militaire culmine en 1806 avec la révolte des paysans de Castel San Giovanni, qui dégénère en combat avec les militaires français à Bardi, Borgotaro. Napoléon voit dans ces évènements la preuve de l’incapacité de Moreau à gérer la situation : il le fait remplacer par le général Junot qui reçoit des ordres pour une répression sévère[6]. Moreau tombe en disgrâce, sans charge ni salaire de conseiller d’État, et rentre à Paris ruiné non sans emmener des documents anciens dont un code datant du IXe siècle[6]. L’impératrice Joséphine, peut-être parce qu’elle aussi est née à la Martinique, lui accorde une maigre pension, qu’il touche jusqu’à sa mort. Il se consacre à la franc-maçonnerie et devient, en 1810, grand officier d'honneur du Grand-Orient de France[6]. En 1817, ces difficultés financières se résolvent lorsque Louis XVIII lui rachète ses archives et sa bibliothèque [6]. Il meurt le à Paris.
C’est son ami Jean-Jacques Fournier de Varennes, dit le marquis de Bellevue, descendant d’une grande famille de Saint-Malo, commandant de la milice et membre de chambre d’agriculture du Cap-Français de Saint-Domingue, qui l’aide à écrire son plus fameux ouvrage, Lois et constitutions des colonies françaises de l’Amérique sous le vent[14], en complète rupture avec la philosophie des Lumières.
Vers la fin du XVIIIe siècle, Saint-Méry développe dans son ouvrage Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l’isle Saint-Domingue, une théorie arithmétique de l’épiderme dans les colonies, qui hiérarchise les cent vingt-huit combinaisons possibles du métissage noir-blanc en neuf catégories (le sacatra, le griffe, le marabout, le mulâtre, le quarteron, le métis, le mamelouk, le quarteronné, le sang-mêlé)[15],[16]. Cette démarche traduit la préoccupation majeure des colons esclavagistes : la discrimination par l’épiderme, selon le préjugé de couleur[17]. La caste des colons blancs esclavagistes constitue l’« aristocratie de l’épiderme[18] » . Il porte un regard appuyé, proche de la fascination, sur les relations sexuelles interraciales[19].
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