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La loi du relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales est une loi du gouvernement Ayrault puis Valls visant à modifier un ensemble de mesures concernant le mode d'incarcération et de sanctions pour les personnes condamnées. Pour le gouvernement, il s'agit de « punir plus efficacement, en adaptant la peine à chaque délinquant, afin de mieux prévenir la récidive »[1]. Le texte concerne exclusivement les auteurs de délits (vols, dégradations, outrages, délits routiers, violences, etc.) ; les criminels ne sont pas concernés (auteurs de viols, meurtres, vols à main armée, etc.)[2]. Il est porté par la ministre de la Justice Christiane Taubira.
Autre(s) nom(s) | Loi Taubira |
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Titre | Loi no 2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales |
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Référence | NOR : JUSX1322682L |
Pays | France |
Type | Loi ordinaire |
Rédacteur(s) | Christiane Taubira |
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Régime | Ve République |
Législature | XIVe législature |
Gouvernement | Gouvernement Manuel Valls |
Adoption | |
Promulgation |
Lire en ligne
Loi no 2014-896 du 15 août 2014 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales sur Légifrance
Le projet de loi a été adopté par le Parlement le et promulgué le .
L'écriture du projet de loi a été précédée par un travail de concertation. Pour la première fois, une conférence de consensus[3] a été organisée dans le domaine de la justice.
Cette méthode, souvent utilisée dans le milieu médical, privilégie une approche scientifique. Un comité d’organisation indépendant, ici composé d’une vingtaine de personnalités ayant des parcours et convictions variées (magistrats, chercheurs français et étrangers, personnels pénitentiaires, représentants d’associations de victimes et de syndicats de police, élus, etc.) ont travaillé pendant plusieurs mois pour établir un diagnostic et s’entendre sur un état des lieux, en s’appuyant notamment sur des études internationales et l’audition d’une soixantaine d’experts œuvrant dans le champ de la prévention de la récidive.
Ce comité a rendu une synthèse, déterminé les points problématiques nécessitant d’être tranchés puis nommé un jury indépendant. Deux jours d’audition publique ont eu lieu en , au cours desquels le jury a pu questionner directement des experts sur les questions les plus épineuses. Le jury a ensuite élaboré une série de recommandations et a retenu douze préconisations faisant l’unanimité pour les présenter au gouvernement[4]. Celles-ci incluent notamment l’abandon des peines automatiques et de la rétention de sûreté, la mise en place d’une peine de probation ou l’interdiction des sorties sèches.
Un cycle de consultations a alors été ouvert auprès de magistrats, greffiers, personnels pénitentiaires, représentants d’associations de victimes, etc. Leurs points de vue vis-à-vis de ces préconisations ont été recueillis avant le début du travail interministériel.
L'été 2013 est marqué par l'affrontement sur le projet entre la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls. La première souhaite promouvoir l’individualisation de la peine, mettre fin aux automatismes et introduire la possibilité pour les magistrats de condamner les délinquants à une peine de probation. Le second considère qu’un changement de pratique des parquets serait plus approprié qu’une loi pénale, et qu’un projet de loi sur « la récidive en général » n’était pas pertinent[5].
Fin août 2013, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault rend ses arbitrages et présente les grandes lignes de la réforme pénale. Elle se veut en rupture avec celles menées sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, jugées comme relevant du « tout-carcéral »[6].
En , Christiane Taubira entreprend un « tour de France pédagogique » d'une dizaine de rencontres (deux par semaine) afin de présenter sa réforme au grand public et aux professionnels (magistrats, personnels pénitentiaires, d'insertion, de probation, etc.) La chancellerie déclare ainsi : « Beaucoup de choses et leur contraire ont été dites. Il est important de présenter l'équilibre actuel du texte. C'est une réforme fondamentale et il est normal qu'elle soit discutée et disputée. […] Il faut préparer le travail parlementaire pour ce texte à forte résonance politique »
Le projet est présenté en Conseil des ministres le [7].
Le gouvernement annonce finalement que la réforme est reportée après les élections municipales de 2014[8], bien qu'en , la garde des Sceaux ait jugé que « la connexion au calendrier électoral […] constituerait une faute politique, une faute éthique », rejoignant en cela le Syndicat de la magistrature pour qui « la réforme a déjà trop attendu, le gouvernement et les parlementaires doivent tout mettre en œuvre pour qu'elle soit examinée maintenant »[9].
À l'initiative du vice-président de la commission des lois, des auditions parlementaires commencent le à l'Assemblée. Sont reçus des représentants de la société civile, des syndicats de magistrats et de policiers, des personnels pénitentiaires, des conseillers d'insertion et de probation ainsi que des associations de victimes[10]. Le gouvernement souhaite que la lecture de la réforme ait lieu le [11].
À l'Assemblée nationale, le rapporteur de la réforme est le député PS de la Loire-Atlantique Dominique Raimbourg, par ailleurs vice-président de la commission des lois et avocat pénaliste de profession[12] ; au Sénat, il s'agit du sénateur PS Jean-Pierre Michel.
Le texte est adopté le à l'Assemblée, par 328 voix contre 231. La gauche et la gauche radicale ont voté pour ; l'UMP, l'UDI et les deux députés FN ont voté contre ; il n'y a pas eu d'abstention. Le Sénat examine le projet de loi à partir du [13]. La Haute Assemblée participe à « gauchir » le texte de loi par plusieurs amendements. Si plusieurs idées sont maintenues, l'exécutif a rappelé à l'ordre les sénateurs socialistes et a créé une commission mixte paritaire, composée de 14 sénateurs et députés afin de trouver un accord définitif sur le projet[14]. La réforme est définitivement adoptée en deuxième lecture, à l'Assemblée nationale, mi-juillet : tous les groupes de gauche, et les communistes, votent pour ; les centristes et la droite ont voté contre. Saisi par les groupes UMP des deux assemblées, le Conseil constitutionnel déclare le texte conforme à la constitution le [15],[16],[17]. Le projet de loi est promulgué le .
Les peines minimales obligatoires ont été abandonnées ou assouplies dans plusieurs pays qui les avaient mises en place, notamment aux États-Unis et en Australie. En France elles n'étaient toutefois pas obligatoires, le juge pouvant les contourner avec une décision motivée.
Aux États-Unis, certaines dispositions concernant les peines minimales obligatoires fédérales ont été jugées inconstitutionnelles par une décision de la Cour suprême du [réf. nécessaire]. Depuis cette décision, prise sur le fondement de la Déclaration des droits, les peines planchers fédérales sont uniquement indicatives.
La règle dite « 3 strikes and you’re out » appliquée en Californie a elle aussi été remise en cause. Mise en place en 1994 à la suite d'un fait divers, cette règle prévoyait un mécanisme imposant la peine de prison à perpétuité pour les récidivistes dans le cas d’une troisième condamnation, notamment pour vol[19]. En 2012, les Californiens ont décidé par référendum d’assouplir la règle[20]. Son champ d’application a été restreint (moins d’infractions concernées) et la révision des condamnations à perpétuité prononcées sur son fondement a été autorisée.
En Australie, dans les Territoires du Nord, les peines minimales obligatoires mises en place en 1997 pour les infractions contre les biens et celles commises par les mineurs, ont été abrogées en 2001. Sans avoir eu d’effet sur le nombre d’infractions, elles avaient provoqué une augmentation de 50 % des condamnations à la prison ferme et une augmentation de 15 % de la population carcérale. Ces peines planchers étaient en outre jugées discriminatoires : en matière d’infraction, elles s’appliquaient en moyenne 8,6 fois plus aux populations aborigènes et 5,2 fois plus aux adultes de moins de 25 ans qu’au reste de la population[réf. nécessaire].
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