Loading AI tools
De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Nicolas Herman, en religion frère Laurent de la Résurrection (vers 1614 à Hériménil - à Paris), est un frère convers des Carmes déchaux lorrain connu par un recueil de lettres et d'entretiens publiés après sa mort. Dans ces écrits, il raconte ses expériences spirituelles, tout entières centrées sur la pratique de la présence de Dieu.
Laurent de la Résurrection | |
Frère Laurent dans sa cuisine, gravure tirée d'un livre publié par Fleming Revell Co. en 1900. | |
carme déchaux, serviteur de Dieu | |
---|---|
Naissance | v. 1614 Hériménil, duché de Lorraine, Saint-Empire romain germanique |
Décès | (v. 77 ans) Paris, royaume de France |
Nom de naissance | Nicolas Herman |
Nationalité | Français |
Ordre religieux | Ordre des Carmes déchaux |
Vénéré par | Ordre du Carmel |
modifier |
S'il a eu une forte influence sur Fénelon (qui le cite dans sa Réponse à Bossuet[1]) il a été rapidement oublié en France. Néanmoins, les écrits du frère Laurent ont eu un grand écho à l'étranger, et notamment chez les protestants[2], grâce en particulier au méthodiste John Wesley (1703-1791)[3]. Ses ouvrages ont fait l'objet de multiples rééditions, y compris de nos jours.
Nicolas Herman est né vers 1614 dans le duché de Lorraine à Hériménil, près de Lunéville, (actuelle Meurthe-et-Moselle)[4].
Il vit une première expérience mystique à l'âge de 18 ans, expérience dont il gardera le souvenir toute sa vie. Le jeune Nicolas choisit néanmoins le métier de soldat, et il s'engage dans les troupes du duc de Lorraine Charles IV qui combat l'invasion française[5]. À cette époque, le duché de Lorraine est ravagé par la guerre de Trente Ans (1618-1648)[4].
Simple soldat, il échappe par deux fois à la mort, mais il est grièvement blessé au siège de Rambervillers en 1635[6]. Un peu plus tard, il quitte la Lorraine dévastée par la famine et la peste[7].
Nicolas décide alors de se faire ermite et part s'installer dans cette nouvelle vie en compagnie d'un gentilhomme. Cependant, il est surpris de ne trouver dans cette vie érémitique ni la paix, ni la ferveur religieuse. Il abandonne alors rapidement sa condition pour se rendre à Paris, où il trouve une place de laquais chez le sieur Gaspard III de Fieubet[4], conseiller ordinaire du roi et chancelier de la reine.
Un oncle de Nicolas est carme et le couvent des Carmes déchaux de la rue de Vaugirard commence peu à peu à l'attirer. À 26 ans, il se décide à demander son entrée en Carmel en qualité de frère convers. Il prend le nom de « Frère Laurent de la Résurrection »[8].
En 1642, il prononce ses vœux de frère convers. Bien que simple frère convers, il consacre tout de même deux heures à l'oraison[6]. Dans son couvent, en qualité de frère convers, il exercera le métier de cuisinier pendant quinze ans, puis celui de savetier jusqu'à sa mort[4]. Il lui arrive néanmoins de sortir du couvent pour réaliser de longs voyages (jusqu'en Auvergne ou en Bourgogne), pour réapprovisionner son couvent. Il reçoit également des visites ; son biographe, l'abbé Joseph de Beaufort, vicaire général du cardinal de Noailles, dira de lui : « La vertu du frère Laurent ne le rendait point sauvage. Il avait un accueil ouvert, qui donnait de la confiance et faisait sentir qu’on pouvait tout lui découvrir et qu’on avait trouvé un ami… Ce qu’il disait était simple, mais toujours juste et rempli de sens. Au travers d’un extérieur grossier, on découvrait une sagesse singulière, une liberté au-dessus de la portée ordinaire d’un frère convers, une pénétration qui dépassait tout ce que l’on en attendait. Sa bonne physionomie, son air humain et affable, sa manière simple et modeste lui gagnaient l'estime et la bienveillance de tous ceux qui le voyaient »[6].
Vers la fin de sa vie, il souffre cruellement d'une sciatique qui le fait boiter. Mais le frère Laurent ne perd pas pour autant sa bonne humeur.
Au début de 1691, le frère Laurent tombe malade. Après une première guérison, il retombe rapidement malade. Son mal augmentant à vue d’œil, on lui apporte le sacrement des malades. Les témoins racontent qu'« avec la paix et la tranquillité de quelqu'un qui dort », frère Laurent meurt le [4].
Le rayonnement de cet homme simple lui attira de nombreux visiteurs parmi ses contemporains. Le plus illustre fut sans doute Fénelon, sur qui frère Laurent fit forte impression et qui le cite dans sa Réponse à Bossuet[1]. L'un des visiteurs les plus assidus, l'abbé Joseph de Beaufort, lequel deviendra son biographe, le visita durant près de vingt-cinq ans. Il recueillit ses lettres et transcrivit ses entretiens. La publication des Maximes spirituelles en 1692, suivie des Mœurs et entretiens du frère Laurent de la Résurrection en 1694[9] fit connaître sa spiritualité tant en France qu'à l'étranger.
Le frère Laurent a eu un rayonnement spirituel interconfessionnel de par son enseignement de la pratique de la présence de Dieu, comme manière de pratiquer l'oraison. La mystique du devoir d'état expliquée par Laurent de la Résurrection permet à tous les chrétiens, qu'ils soient laïcs ou religieux, de se reconnaître dans son enseignement[4]. S'il a pratiquement été oublié en France (son enseignement ayant été, à l'époque, faussement associé aux tenants du quiétisme), il a cependant souvent été traduit et réédité (et encore de nos jours) à l'étranger, notamment sur le continent américain, où il jouit d'un certain rayonnement spirituel[6], y compris chez les non-chrétiens.
Si Laurent de la Résurrection insiste sur les vertus théologales (foi, espérance, charité) rappelant ainsi l'enseignement de saint Jean de la Croix, son expression souligne une familiarité avec Thérèse d'Avila, avec la mise en parallèle de l'oraison de recueillement décrite par Thérèse[4].
Frère Laurent raconte que son premier éveil spirituel eut lieu d'une manière toute spontanée alors qu'il avait 18 ans. La vue d'un arbre nu en hiver, associée à la vision de ce même arbre refleurissant au printemps, firent naître en lui à la fois un grand sentiment de détachement et un grand élan d'amour vers Dieu, « Être personnel, intelligent et aimant »[6].
Plus tard, au Carmel, alors qu'il rencontre des difficultés en méditant lors de son oraison, il commence à regarder Dieu, durant ses temps de travail, comme un ami, comme un être intimement présent. Le frère Laurent raconte : « Je m'appliquais soigneusement le reste du jour, et même pendant mon travail, à la présence de Dieu, que je considérais toujours auprès de moi, souvent même dans le fond de mon cœur, ce qui me donna une haute estime de Dieu ». Il regarde alors Dieu comme un ami qui « m’embrasse amoureusement, me fait manger à sa table, me sert de ses propres mains, me donne les clefs de ses trésors et me traite en tout comme son favori, s'entretient et se plaît sans cesse avec moi de mille manières, sans parler de son pardon ». Il se met alors a appliquer la même technique durant ses temps de prière silencieuse, ce qui lui apporte beaucoup de paix et de joie[6].
L'essentiel de sa pratique tient en quelques mots : à tout moment et en toute circonstance, se souvenir de la présence divine. Selon un de ses biographes, l'abbé de Beaufort, grand vicaire du cardinal de Noailles :
Seamless Wikipedia browsing. On steroids.
Every time you click a link to Wikipedia, Wiktionary or Wikiquote in your browser's search results, it will show the modern Wikiwand interface.
Wikiwand extension is a five stars, simple, with minimum permission required to keep your browsing private, safe and transparent.