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histoire inventée De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Une légende urbaine (de l'anglais : urban legend) est un récit bref, présenté généralement comme une anecdote véridique mais qui est sans fondement.
Elle se répand généralement par des moyens informels de communication, soit par le bouche à oreille, soit des médias en ligne (forums, messageries instantanées, réseaux sociaux, etc.).
Généralement, il s'agit de faits réels qui sont déformés et amplifiés et mêlés à des éléments faux.
Contrairement aux légendes traditionnelles, les légendes urbaines mettent en scène des lieux (stations de métro, fast-food, etc.), des objets (automobiles, jouets « made in China », etc.) et des personnages emblématiques du monde moderne et urbain (junkies, baby-sitters, etc.) ; elles se déroulent par ailleurs dans un passé récent, ce qui les classe parmi les légendes contemporaines.
En tant que littérature orale, et suivant sa résistance au temps, la légende urbaine fait partie intégrante ou non du folklore et du repro-folklore.
La légende urbaine est une histoire contemporaine extraordinaire, présentée comme vraie mais qui est sans fondement, et qui se répand par le bouche à oreille ou par Internet[1].
Le plus souvent, les spécialistes attribuent le titre de manière un peu exclusive à des récits qui présentent les caractères suivants :
La légende urbaine se présente comme un récit court, utilisant des faits réels, mais qui sont par la suite déformés ou amplifiés[2].
La véracité de la légende urbaine est présentée par celui qui la rapporte comme venant une source déterminée (« D'après la Police nationale, un stagiaire de l'Institut Pasteur, etc. ») ou indéterminée (« C'est arrivé à l'ami d'un ami », « Il paraît que »). On retrouve ces mêmes procédés d'authentification pour les rumeurs[3].
L’existence de versions et variantes d’un même récit, dispersées dans le temps et l’espace, est typique des récits légendaires. Les récits de kidnappings en camionnette blanche circulent ainsi depuis le milieu des années 1990[4]. Si le cœur du récit ne change pas (des enfants sont enlevés par une mystérieuse camionnette de couleur blanche), de nombreuses variantes existent. Elles touchent à l'identité de l'agresseur (des membres de la communauté Rom, un pédophile, etc.), au motif de l'agression (trafic d'organes, crime sexuel), aux lieux où elle se déroule, etc.[5]
Les légendes urbaines sont apparentées aux lieux communs et aux idées reçues, en ce qu'elles sont partagées par de nombreuses personnes sans être vérifiées. Elles mêlent souvent le vrai, le faux et le douteux. Elles peuvent parfois être basées sur des faits réels qui auront été déformés. Le sociologue Jean-Bruno Renard identifie trois types de modifications de faits réels dans les légendes urbaines[6] :
Un exemple de faits amplifiés ayant donné naissance à une légende urbaine est la fameuse histoire de l'ouvrier soudeur qui aurait perdu la vue à cause de lentilles de contact ; ces dernières auraient fondu sous l’action du chalumeau et seraient restées collées à sa cornée. En 1967, un ouvrier qui portait des lentilles de contact a effectivement été blessé aux yeux par l’explosion d’un disjoncteur. Mais il a retrouvé la vue en quelques jours, malgré des lésions à la cornée. Entre le fait et la légende, des éléments réels ont donc été amplifiés ou réduits, sans doute car l’incident, survenu à Baltimore, a profondément marqué le milieu ouvrier de l’époque[7].
Le récit propose — à la lecture attentive — un déchiffrement et une interprétation du monde (surtout dans ses aspects les plus perturbants, confondants ou inquiétants), ainsi qu'une morale implicite[8].
La légende urbaine se répand via le bouche à oreille et les canaux de communication informels. Sa diffusion est fortement influencée par les évolutions technologiques. Elle pouvait ainsi autrefois circuler par fax ou photocopie, avant que ce mode de diffusion ne soit supplanté par l'apparition du mail et d'Internet. Aujourd'hui, les légendes urbaines circulent fréquemment sur les forums Internet, les messageries et les réseaux sociaux. On parle de hoax (mot anglais traduisible par « canular ») pour certains messages propagés par Internet (canular informatique) dont certains appartiennent à la catégorie des légendes urbaines. Les creepypastas sont, par ailleurs, un genre voisin des légendes urbaines évoluant presque exclusivement sur Internet.[réf. nécessaire]
En parallèle de ces canaux informels de communication, la légende urbaine peut parfois être reprise par erreur par des médias traditionnels (radio, presse écrite, etc.). La légende du gerbilling a par exemple été reprise par RTL2 en 2007, un des animateurs ayant été piégé par une fausse dépêche de presse[9]. Ces erreurs contribuent souvent à fortement populariser des légendes urbaines, leur apportant à la fois une audience large et le crédit d'un média reconnu.[réf. nécessaire]
Les légendes urbaines peuvent circuler pendant des années voire des décennies[10] (les récits d'auto-stoppeuses fantômes sont ainsi attestés depuis les années 1930[11] et continuent à circuler aujourd'hui), sous différentes versions.
Les légendes urbaines ne font pas appel à des figures surnaturelles comme dans une légende traditionnelle. Elles sont situées dans un passé récent au moment où elle est racontée et font souvent référence à des noms de lieux, de marques de voiture connues d'un grand nombre d'individus. Ces détails rendent crédible le récit et varient d’une version à l’autre, lorsque la légende apparaît dans des lieux ou à des époques différentes[12].
Ce qui la différencie, d'après Jean-Bruno Renard, de la rumeur, c'est que la légende urbaine ne se limite pas à une simple information et à une forme grammaticale de type sujet + prédicat (ex. : « Le Président mène une double-vie »)[6].
Les récits d’enlèvements sont plus « médiatisables », plus simples à appréhender que des phénomènes, tels que les violences intra-familiales ou le mal-logement qui bénéficient d’une couverture médiatique marginale. La violence des récits d’enlèvements est plus directe et palpable et le coupable est tout désigné : un maniaque urbain, un individu fondamentalement mauvais et irrécupérable, extérieur au foyer familial[12].
Elles peuvent emprunter à tous les genres littéraires (anecdote, horreur, blague, etc.). Elles expriment, par ailleurs, des peurs et des fixations, et véhiculent une morale implicite[13]. Elles peuvent ainsi jouer un rôle d'avertissement[14], illustrant ce qu'il faut ou ne pas faire ou les dangers qui nous guettent au coin de la rue et dans les lieux anonymes de la vie urbaine. Pour ces raisons, leur contenu est souvent négatif.
Les personnes qui propagent les rumeurs sont toujours concernées par les rumeurs qu'elles partagent[3].
Les rumeurs parlent régulièrement de sujets négatifs (menaces, agressions)[3].
La première étude sociologique d'une légende urbaine en France est due à l'équipe du sociologue français Edgar Morin[15] sur la « rumeur d'Orléans ».
Le sociologue américain Jan Harold Brunvand a, dès les années 1980, appliqué aux récits populaires circulant dans le monde moderne des théories et des concepts académiques établis par les folkloristes dans l'étude traditionnelle des légendes associées le plus souvent à des faits historiques lointains ou à des cultures rurales[16].
Certains thèmes sont récurrents dans les légendes urbaines (certaines d'entre elles pouvant se référer à plusieurs de ces thématiques).
Elles ont la particularité de mettre en scène les peurs profondes qu'expriment les individus face à un monde en mutation[12]. Ces peurs peuvent être reliées aux conditions de la vie urbaine et moderne : anonymat des grandes villes et cohabitation de communautés différentes, délégation de tâches, comme la garde des enfants, à des personnes ou services extérieurs au cercle de la famille et des proches, émergence des multinationales, accélération technologique … etc. Comme le remarquent Anna Kirziuk et Alexandra Arkhipova, deux chercheuses russes qui s’intéressent aux légendes urbaines soviétiques :
« Un citadin croise chaque jour une foule d’inconnus. Du métro à la cour de récréation, il est obligé de partager l’espace public avec d’autres anonymes, et d’acheter des biens et services à des étrangers ». Cette vie sociale urbaine repose sur un certain degré de confiance, pour ne pas dire de confiance aveugle[12].
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