Son nom est associé au monoïde, à l'art schématique, à la gravure linéaire dans l'art contemporain.
Jean-Claude Bédard est un peintre autodidacte[1] si ce n'est qu'il bénéficie dans sa jeunesse des cours informels du peintre Armand Petitjean, habitué de séjours dans la région de Pau où il a fondé une Académie libre[2]. Jean-Claude participe alors rapidement à plusieurs salons parisiens. Dans la capitale, le jeune artiste se noue d'amitié avec un grand aîné, Jacques Villon («ils ont en commun une préoccupation de la construction»)[3], puis en 1953 avec le restaurateur et collectionneur d'art Camille Renault dont il exécute plusieurs portraits, l'un d'eux rendu fameux dans le milieu des peintres par sa mise en couverture de la carte du restaurant de Puteaux[4].
Il est sélectionné pour le Prix Drouant-David de la Jeune Peinture en 1952 et 1954, pour le Prix de la Critique en 1956[1].
Le tableau envoyé par Jean-Claude Bédard au Salon des peintres témoins de leur temps de 1957 (Les Olympiades au Discobole grec, huile sur toile[5]) est encore résolument figuratif. C'est de 1958 que date sa découverte des gravures du Cairn de Gavrinis (Morbihan) «qui le fascinent et affirment son style fait d'abstractions gestuelles entremêlant courbes et lignes»[6]. La présentation de L'Ellipse, œuvre monumentale[7], à la Galerie des 4 saisons en juin 1960 consacrera son appartenance à l'abstraction lyrique.
À la suite de la découverte de ces gravures rupestres, Jean-Claude Bédard en vient à créer le néologisme de monoïde pour désigner son nouveau «système matriciel artistique»[8], ce que lui-même appelle, expression qui fera le titre de son livre (voir rubrique Écrits ci-dessous), «l'art schématique». Entreprenant simultanément des travaux d'archéologique de la gravure linéaire[9] (l'étude des roches gravées de Fontainebleau[10] en 1973) et une peinture désormais abstraite et aux titres métaphysiques (Présence, Hommage à Dante...), l'artiste leur découvre de grandes analogies: «Les thématiques de l'écriture idéographique populaire et celle de l'art abstrait sont identiques et ont la même origine, constate-t-il. Elles sont familières à notre mémoire collective et sont annonciatrices de l'art schématique»[11].
Jean-Claude Bédard n'a que 53 ans lorsqu'il est emporté par une cruelle maladie. Dans sa trop courte vie, il a croisé, réunis en une unique passion, l'art, l'archéologie et l'ethnologie pour nous laisser une œuvre justement perçue comme d'une «abstraction rigoureuse et savante»[11].
«Il faut souligner la finesse de la palette de ce peintre qui travaille pourtant dans un atelier sans lumière du jour.» - Jean-Paul Crespelle[3]
«A la Galerie Franka Berndt qui s'est fait une spécialité de mettre en valeur les recherches les plus ardues et les plus épurées, les tableaux de Jean-Claude Bédard témoignent d'une haute spiritualité, d'une démarche expérimentale méthodique et d'un processus quasi-scientifique. Quelques toiles suffisent à illustrer l'exploration des médianes et des diagonales du carré jusqu'à l'apparition du signe. Dit de cette façon, on pourrait redouter le développement à une échelle monumentale de sèches épures, mais il n'en est rien. Chez Jean-Claude Bédard on trouve la force, la couleur, le choc. Son style, à ce stade, est pur, dur, brutal parce que sans concessions. Et ses prolongements sont infinis.» - Georges Boudaille[15]
Bibliographie
Jacques Villon, Jean-Claude Bédart, Éditions du Cercle Volney, 1955.
Jean-Paul Crespelle, «Jean-Claude Bédard», Les Peintres témoins de leur temps - Le sport, co-édition Achille Weber / Hachette, 1957.
Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Moeglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz, estampes et livres d'artistes, Éditions de la Bibliothèque nationale de France, 1992.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Eric Mercier, Années 50 - la Jeune Peinture, 2 volumes. Vol. 1: L'alternative figurative. Vol. 2: Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos éditeur, 2010.
Millon S.V.V., 19 rue Grange-Batelière, Paris, plaquette Ateliers d'artistes, vente du lundi , Hôtel Drouot, Paris.
C'est à ce même n°17, Rue Campagne-Première qu'était installé l'Atelier 17 où l'enseignement de la gravure par Stanley William Hayter attira des artistes du monde entier.