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député de la Marne à la Convention De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Jean-Baptiste Armonville, né à Reims, rue des Créneaux, dans la paroisse de Saint-Timothée[1], le et mort dans la même ville le , est l'un des rares ouvriers élus députés à la Convention, son collègue Noël Pointe étant quant à lui un ancien ouvrier armurier[2].
Jean-Baptiste Armonville | |
Fonctions | |
---|---|
Député de la Marne | |
– (3 ans, 1 mois et 23 jours) |
|
Gouvernement | Convention nationale |
Biographie | |
Nom de naissance | Jean-Baptiste Armonville |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Reims |
Date de décès | (à 52 ans) |
Lieu de décès | Reims (Marne) |
Nationalité | Française |
Parti politique | Montagne |
Profession | Cardeur de laine |
députés de la Marne | |
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Fils de Nicolas-Toussaint Armonville (né le à Reims, mort le à l'Hôtel des Invalides), un ancien soldat enrôlé dans le régiment du Poitou par un sergent recruteur en 1734 et retourné à Reims pour être sergier[3], et de Marie-Anne Henriet[4], Jean-Baptiste Armonville perd sa mère à 14 ans. Son père quittant alors Reims, son parrain, Jean-Baptiste Payen, marchand de draps, et un oncle paternel, également dénommé Jean-Baptiste Armonville, ouvrier tisseur, le prennent en charge[3], et il entre à son tour à la fabrique[5].
Ouvrier cardeur de laine, il doit confier ses cinq enfants survivants à l'Hôtel-Dieu après la mort de son épouse dans cet établissement hospitalier le . De 1789 à 1792, il anime le club populaire des Minimes[5], dont les réunions deviennent si fréquentes, que des ouvriers s'installent à demeure avec femmes et enfants. Gustave Laurent a qualifié ce club ouvrier de « phalanstère », le journaliste thermidorien Henri Delloye de « dortoir des Minimes »[6].
Le , il est à la tête d'une manifestation de 3 500 ouvriers qui veulent appuyer le maire patriote Hurtault-Pinchart contre les autorités « feuillantines » du district de Reims[7].
En , l'assemblée électorale de la Marne se réunit à Reims. Toutefois, à l'annonce de la chute de Verdun, les électeurs de l'est du département rentrent chez eux. Ce départ favorise l'élection de huit montagnards sur dix députés. Armonville, qui a été nommé électeur par l'assemblée primaire de son quartier et participe aux opérations électorales du second degré, est élu député à la Convention le , le 8e, par 130 voix sur 203 votants[5],[7],[8].
Parvenant à l'aisance grâce à son indemnité de parlementaire de 18 livres par jour, Armonville reprend ses enfants et s'installe avec sa nouvelle compagne, dont il aura un fils nommé Mucius-Scævola[5]. Il tente en vain de faire prononcer le divorce de sa compagne afin de l'épouser, malgré des démarches auprès des autorités judiciaires, du juge de Paix du 3e canton de Reims, son ami l'archiviste Lemoine, et du mari de sa compagne[9]. À l'assemblée, il est élu au comité des domaines (avec notamment Bentabole par décret du ) et au comité des inspecteurs de la salle, où il joue un rôle effacé[7],[8].
Le , il est nommé par décret, avec Bion, Cambacérès, Foussedoire, Rudel et Treilhard, au sein d'une commission instituée, à la demande de la Commission extraordinaire des Vingt-Quatre (chargée d'inventorier les papiers du Comité de surveillance de la Commune de Paris), que dominent les Girondins, afin de vérifier les comptes de la Commune de Paris[10].
Lors du procès de Louis XVI, il vote contre l'appel au peuple et pour la mort sans sursis. Assis à côté de Jean-Paul Marat, qu'il admire[11], il vote contre sa mise en accusation et contre la commission des Douze. Resté en contact avec les révolutionnaires de Reims, il favorise la mission de Jean-Baptiste Bô, qui épure les autorités de la ville en brumaire an II[5].
Le 23 vendémiaire an II (), au nom du comité des domaines, il fait un rapport relatif à des usines compris dans le bien national acquis par un particulier et propose un projet de décret tendant à accorder au citoyen Jeannet la permission de construire un fourneau à fonte des minières, dans l'ancienne abbaye de la Grâce-Dieu. La convention ordonne son impression et son ajournement[8],[12].
Après le 9-Thermidor, il s'associe d'abord aux ennemis de Robespierre, adressant aux Jacobins de Reims une longue lettre lue à la séance du 11 thermidor ().
Pendant la Convention thermidorienne, cependant, insulté et pris à partie par les muscadins, il continue à revendiquer ses idées, tandis que ses amis rémois sont destitués et emprisonnés[5]. En , il tente en vain de s'opposer à la fermeture du club des jacobins, dont il est un membre assidu[11]. Lui-même échappe à la proscription, mais, à la fin de la session, sa famille doit travailler à la filature[5].
En l'an IV, il entre au club du Panthéon, où il se lie à Darthé[5]. Puis, après la fermeture du club par les autorités le , il fréquente le comité directeur secret qui s'assemble près de la Halle au blé à l'initiative de Gracchus Babeuf[13]. De retour à Reims, grâce à un secours du Directoire, il assure en mars- la propagande[7] babouviste auprès des ouvriers cardeurs de la ville[5], ainsi que dans l'Aisne et les Ardennes. Inquiété du fait de ses activités, il s'enfuit vers Rethel puis Soissons[14]. Arrêté le 11 prairial an IV () à Villers-Cotterêts, il est transféré à la maison d'arrêt de Soissons[15]. Toutefois, il est sauvé grâce à la complicité d'un magistrat de Laon, Lazare-Léon Silvy, ancien professeur de belles-lettres de Saint-Just au collège des Oratoriens de Soissons, commissaire du gouvernement près l'administration centrale de l'Aisne de 1795 à 1796, élu en 1797 accusateur public près le tribunal criminel de ce département, chez lequel il se tient caché durant plusieurs semaines, jusqu'à la fin de la crise. Puis il rentre à Reims, où il jouit de nombreuses sympathies, y compris parmi la bourgeoisie[16].
Après le coup d'État du 18 fructidor an V, un mouvement jacobin paraît se dessiner[17]. En frimaire an VI (novembre-), Armonville demande et obtient l'autorisation d'ouvrir dans les quartiers ouvriers de Reims un « Cercle constitutionnel » qui semble avoir été réservé aux ouvriers, en fait, sinon en droit[7].
N'ayant pu reprendre son ancien emploi[5], ses amis obtiennent, après la poussée démocratique aux élections d'avril et mai 1798, qu'il soit nommé le par arrêté du Directoire, au modeste emploi d'inspecteur de la taxe d'entretien des routes dans l’Oise puis dans les Ardennes[18], poste qui ne l'oblige qu'à des déplacements momentanés de Reims dans les districts voisins de Rethel, Vouziers et Charleville[19]. Toutefois, destitué sous le Consulat, il part pour Nantes, où il travaille comme garde-magasin et tisseur dans une manufacture de 1800 à 1808[7]; il loge dans la 11e section, au no 12, rue du Grand-Biesse, près le pont de la Magdeleine[20]. Il revient dans sa ville natale en , tandis que sa femme reste à Nantes, et s'installe dans une maison pauvre, au no 6 de la rue du Cerf, où il meurt deux mois plus tard[21]; l'état-civil le dit alors « journalier » et l'inventaire de ses effets révèle son indigence[5],[20].
Surnommé « Bonnet Rouge » à cause de la coiffure qu'il ne quittait jamais[22],[23], il meurt fidèle à ses convictions qui l’ont fait considérer comme un des précurseurs du communisme. Son fils aîné, élève à l’École impériale des arts et métiers de Châlons, descendu à Reims, rue de la Couture, et son cousin et ancien compagnon de lutte Nicolas-Jacques Tristant, devenu maître de billard, rue Large, déclarent son décès[20]. Il est inhumé dans le cimetière des églises paroissiales de Saint-Rémi et Saint-Maurice, désaffecté en 1832[24].
Une rue Armonville existe à Reims porte son nom depuis 1903.
Marié à Reims le à Marie-Anne Landrouin (1756-1790), fille aînée d'un ancien boucher de Verdun dont la mort a ruiné sa famille et dont la veuve est morte à l'Hôtel-Dieu le [6], il se met en ménage, après son décès, avec Marie-Jeanne-Adrienne Soulier, sœur d'un de ses camarades, abandonnée par son mari, François Chaté[25]. Il vient de la perdre quand, sous le Consulat, il décide de s'expatrier à Nantes[19].
Il se remarie à Nantes avec Marie-Louise Gobert (1758-1806), puis, toujours à Nantes, le , avec Catherine Renée Nau (née le à Saint-Pierre-du-Chemin, en Vendée), fille de Louis Nau, ancien membre du comité révolutionnaire de Nantes[20].
De son premier mariage, Armonville a eu six enfants, dont trois sont morts en bas âge, comme Jean-Baptiste-Nicolas, né le et décédé le . Ont survécu:
Quant à Mucius-Scævola Armonville, fils de Marie-Jeanne-Adrienne Soulier né à Paris le 1er ventôse an II (), devenu fabricant de jouets, il meurt en son domicile du 25, rue Réaumur, à Paris, le , à l'âge de 75 ans, laissant huit enfants après deux mariages[31].
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