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idéologie totalitaire du vingtième siècle De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le projet de façonner un homme nouveau est généralement associé aux idéologies totalitaires du vingtième siècle[1].
Dans le discours tenu au congrès des jeunes communistes de 1919, Lénine parle de « l’homme nouveau soviétique » qui « aime le parti et qui travaille avec abnégation pour le bien de la patrie socialiste »[2].
L’homme nouveau doit être un militant héroïque plein d’enthousiasme, qui obéit au parti de manière inconditionnelle[2].
Après l’arrivée des Bolchéviques au pouvoir, la propagande soviétique diversifie les modalités de réalisation de l’homme nouveau, dont les incarnations sont devenues multiples : celles de l’ouvrier stakhanoviste, de soldat, du militant du parti, de l’agent de sécurité[2].
Le fameux principe : « celui qui s’est rééduqué, rééduque les autres », énoncé dans l’ouvrage de Nikolaï Tchernychevski : Que faire ? (1860), génère des méthodes pédagogiques caractéristiques du totalitarisme communiste dont s’inspire ultérieurement l’idéologie nazie[2].
Le pédagogue et écrivain soviétique Anton Makarenko (1888-1939) est considéré comme l’un des fondateurs de la pédagogie communiste. « L’éducation par le travail et pour le travail », « l’éducation par la collectivité et pour la collectivité » vont devenir les principes fondamentaux de cette pédagogie[2]. Le concept de rééducation défini par Makarenko s’applique principalement aux délinquants, aux anciens opposants politiques ou aux « ennemis de classe »[2]. « Les principes de Makarenko furent imposés par les constitutions de tous les pays socialistes »[2]. Des campagnes politiques de « rééducation » sont menées dans les pays d'Europe de l'Est et dans les années 1960 en Chine populaire où 30 millions « d’ennemis du peuple », internés dans des camps de concentration, sont soumis à des méthodes éducatives dures (tortures physiques et psychiques)[2].
Selon Alexandre Zinoviev ,l'homme nouveau soviétique, qu'il appelle « homocus » (l'« homo sovieticus ») est marqué principalement par le collectivisme : « la plus grande perte pour l’homo sovieticus est d’être séparé du collectif (...). L’implication dans la vie d’un collectif (..) est le fondement de notre psychologie. L’esprit d’un homocus (homo sovieticus) est sa participation à la vie collective »[2].
On appelle communément « fascistes » des régimes caractérisés par l'autoritarisme de l’État et l'exercice de la propagande ; en dépit des ressemblances qui les unissent, les régimes dirigés par Mussolini, Hitler, Franco et Salazar élaborent des modèles différents de l'homme nouveau[réf. nécessaire].
Le régime de Mussolini peut être considéré comme totalitaire, et non pas seulement comme une dictature nationaliste, dans la mesure où il essaie de « modeler la conscience individuelle et collective selon un modèle d'homme nouveau, en privant les êtres humains de leur individualité, de manière à les transformer en éléments cellulaires de la collectivité nationale »[3]. Cet homme nouveau sera « héroïque, prêt à tous les sacrifices, durci par une éducation spartiate, totalement soumis à l’État et à son chef » ; « l'idéal reste classiquement celui du paysan-soldat qui a donné à Rome son empire sur le monde »[4].
Les idéologues nazis voulaient former un homme nouveau « discipliné, sportif, héroïque, dévoué », « un homme qui est un maître, formé à mater les nouveaux esclaves », « détaché de l'idée de péché originel qui invite à la compassion pour les faibles »[5].
Selon l'historien Johann Chapoutot, si l'on considère habituellement que le nazisme, le fascisme italien et le stalinisme soviétique ont en commun le projet de créer un « homme nouveau », en réalité l'idéologie nazie veut « recréer l’homme archaïque » ; il s'agit pour les nazis de « retrouver l’homme ancien recouvert et oublié par des siècles d’aliénation culturelle et physique ». L'aliénation culturelle aurait été la conséquence, pour les nazis, de l’évangélisation chrétienne (ou judéo-chrétienne), de la pensée des Lumières, de la Révolution française etc.[6]. Quant à l'aliénation physique, elle prend la forme de la dégénérescence ; elle est la conséquence selon les nazis des mélanges raciaux qui dégradent le patrimoine génétique germanique[6]. La rééducation et la zootechnique devraient permettre de retrouver le noyau archaïque de la race germanique grâce à ses éléments les plus sains[6].
Certains historiens ont pu considérer que le communisme, plus que le fascisme, avait eu l'intention de former un homme nouveau : en effet le communisme dans sa relation à la religion, au capital, et à l'autocratie, apparaît plus nettement en rupture avec l'ordre ancien[7]. Cependant, l'historiographie actuelle insiste sur l'importance dans les idéologies fascistes de la figure de l'homme nouveau, modèle idéalisé, révolutionnaire, qui s'oppose à l'homme décadent que serait le « bourgeois », le « dégénéré », le « Juif »[8],[9].
Lénine trouve le portrait de l'« homme nouveau » dans le texte de Nikolaï Tchernychevski : « Que faire ? » (1860) dont le sous-titre est précisément « Esquisse des hommes nouveaux »[10],[11]. « L’auteur fut considéré par Lénine comme son mentor. Rahmetov – le héros principal du livre – fut le modèle décisif pour l’élaboration du prototype léniniste de « l’homme nouveau ». Jusqu’en 1917, la vie révolutionnaire de ceux qui se considéraient comme les « hommes nouveaux » de la Russie a ainsi été une imitation de Tchernychevski et de son héros , Rahmetov[2] »
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