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mesure de vers antiques De Wikipédia, l'encyclopédie libre
L'hexamètre dactylique est un mètre surtout utilisé en grec ancien et en latin. De nombreux poètes y ont eu recours dans différentes langues actuelles. La Renaissance a connu une très importante floraison de vers mesurés « à l'antique » en français, qui a produit de nombreux hexamètres. Par la suite, et jusqu'à ces dernières années, des tentatives ont été faites pour s'en approcher dans des traductions françaises de Catulle, Hésiode, Homère et la Batrachomyomachie notamment. C'est le mètre par excellence de l'épopée et des physiciens (Parménide et Empédocle).
Il s'agit d'un mètre dont l’invention légendaire est attribuée au poète grec semi-légendaire Olen. Ce mètre fut ensuite adopté en ionien et en grec ancien dans lequel l’Iliade et l’Odyssée ont été composées sans aucun support écrit. Toujours dans le domaine grec, c'est en hexamètres que Parménide (VIe-Ve siècle av. J.-C.) a écrit son poème Au sujet de la nature.
Ce mètre a été introduit en latin par Ennius (IIIe siècle av. J.-C.). Lucrèce (Ier siècle avant l'ère chrétienne) a lui aussi écrit en hexamètres dactyliques. À son époque, ce mètre n'était pas encore très régulier ; Virgile et Ovide en fixent les règles.
Note : dans cet article, conformément à la notation traditionnelle, ∪ représente les positions syllabiques brèves (ou, mieux, légères) et — les longues (ou, mieux, lourdes). Les pieds sont séparés par la barre droite : |, la césure par deux barres obliques : //. Consulter Scansion pour plus de détails.
Comme son nom l'indique, il est composé de six mesures ou mètres (en grec : ἕξ, héx « six » + μέτρον métron, « mesure ») comprenant chacune un pied dactylique, noté | — ∪ ∪ |.
En vertu de la règle de contraction, chaque dactyle peut être remplacé en toute place par un spondée (| — — |). L'avant-dernier pied reste cependant dans l'immense majorité des cas un dactyle. Le dernier pied est un spondée ou un trochée (| — ∪ |), la dernière position syllabique pouvant être considérée comme indifférente (anceps ; notée ∪, c'est-à-dire « brève ou longue »).
Le modèle théorique est donc le suivant :
En considérant toutes les contractions possibles, c'est l'équivalent de :
Il est donc possible de ramener l'hexamètre dactylique au schéma suivant :
Rappelons que dans la métrique gréco-latine, la césure ne peut pas couper un mot.
La césure est le plus souvent :
Dans le vers épique grec d'Homère, c'est la césure trochaïque qu'on rencontre le plus souvent. Suit, dans l'ordre des fréquences, la penthémimère puis, beaucoup plus rarement (1 % pour l'Iliade et 0,5 % pour l'Odyssée), l'hephthémimère.
Dans la poésie latine, c'est la penthémimère qu'on utilise le plus, puis la combinaison trihémimère - hephthémimère. Un même vers peut comporter plusieurs césures possibles. Ainsi, dans les deux premiers vers du Dédale et Icare d'Ovide, on trouve les deux principaux cas de césure de l'hexamètre latin :
On considère généralement que, plus un hexamètre a de césures, plus il est harmonieux[1].
C'est le plus souvent un dactyle. Dans la poésie homérique, moins de 25 % des vers ont un spondée à cette place (on les nomme vers spondaïques). Chez les Romains, le spondaïque est bien plus rare. Par exemple, on ne trouve qu'une trentaine de spondaïques chez Virgile (et encore 25 d'entre eux tombent sur des mots grecs).
Dans l'apprentissage de la scansion latine, il est recommandé de partir du principe que le cinquième pied d'un hexamètre dactylique est presque toujours un dactyle.
L'élision, du latin elisionem, du supin elisum, du verbe elidere (« ôter ») est un type d’apocope. Il s'agit de la « suppression » d'une voyelle dans la scansion du vers. Ainsi, lorsqu'il y a élision d'une voyelle, on ne la prend pas en compte dans la scansion, elle n'est ni spondée, ni dactyle. Elle intervient dans plusieurs cas :
- Lorsque la voyelle finale d’un mot se trouve devant un autre mot à initiale vocalique. Plus simplement dit, l’effacement d’une voyelle en fin de mot devant la voyelle commençant le mot suivant. Exemple : Ut varias usus meditando extunderet artes, de Virgile dans les géorgiques. Il y a élision sur le « o » à cause du « e » initial de « extunderet ».
- Lorsque la voyelle finale d’un mot est suivie d'un « m » et se trouve devant un autre mot à initiale vocalique. Plus simplement dit, l’effacement d’un couple voyelle-m en fin de mot devant la voyelle commençant le mot suivant. Exemple : haud facilem esse viam voluit, de Virgile dans les géorgiques. Il y a élision sur « em » à cause du « e » initial de « esse ».
De nombreux poètes ont eu recours à l'hexamètre en français, en allemand, en italien, en russe et rarement en anglais.
Ces exemples ne montrent pas comment on procède pour scander correctement un hexamètre dactylique. On se reportera à cette méthode, ou à l'article scansion pour apprendre à le faire.
Pour des raisons techniques, les accents et les esprits doivent être ôtés si l'on veut noter les quantités.
Les dix premiers vers de l'Odyssée, lus en grec ancien, par trois aèdes sur l'Atelier de métrique grecque et latine .
Écouter (la lecture tente de respecter la prononciation latine restituée ; noter à cet égard la légère nasalisation des voyelles avant un /m/ final ainsi que la lecture du digramme gn en /ŋn/. Noter également que cette lecture néglige l'accentuation des mots.)
L'hexamètre français a une histoire ancienne et récente. Un certain Mousset, d'après Théodore Agrippa d'Aubigné, aurait traduit toute l'Iliade d'Homère en hexamètres « mesurés à l'antique ». Malheureusement, cette traduction est perdue. Alors que divers poètes comme Étienne Jodelle, Marc-Claude de Buttet, Aubigné, Rapin ont proposé des poèmes en vers mesurés, c'est incontestablement Jean-Antoine de Baïf qui a poussé la démarche à son plus haut degré d'achèvement.
Le corpus de plus de 15 000 vers mesurés de Baïf occupe une place unique dans la littérature européenne de la Renaissance. Contrairement aux autres entreprises de versification dites « mesurées à l'antique », celle de Baïf est la seule de son genre parmi toutes les tentatives d'importer la métrique gréco-latine à reposer, comme ses modèles gréco-latins, sur une prosodie formellement constituée et, qui plus est, essentiellement et authentiquement quantitative.
La chansonnette (cf. colorisation des syllabes longues ou brèves) ci-contre est composée en distiques élégiaques (un hexamètre dactylique suivi d'un pentamètre dactylique). La graphie particulière de Baïf (Ę = È ; EJ = EU ; K crochet = G ; L barré = ILL ; N crochet = GN ; ∞ = O ouvert ; ŏ = OU, etc), visant à faciliter la scansion et, accessoirement, à révéler la prononciation, peut être transcrite de la manière suivante :
Les Étrénes de poézie Franzoęze an vęrs mezurés (1574), notamment, comportent des hexamètres dactyliques, tels que les étrennes : Au Roi.
Le système de Baïf est le seul à reposer sur une analyse exhaustive et raisonnée de la prosodie du français, en partie fondée sur de réelles oppositions de quantité qui sont fort bien attestées dans la langue française de cette période. On est donc en présence de vers authentiquement quantitatifs qui peuvent, au plein sens du terme, être appelés hexamètres (ou pentamètres) dactyliques.
Par comparaison, ce que propose de nos jours André Markowicz apparaît comme une évocation de l'hexamètre dactylique, réalisée avec les outils de la rythmique accentuelle du français, et non comme une pleine importation du système gréco-latin dans cette langue. Ces hexamètres sont donc plutôt accentuels que quantitatifs. Dans Le Livre de Catulle, éd. L'Âge d'Homme, 1985, il traduit ainsi le début des plaintes d'Ariane (poème 63) :
On lira de la même manière ces hexamètres dus à Philippe Brunet, du Théâtre Démodocos, qui a traduit toute l'Iliade et l'a fait réciter par des aèdes :
Au moment où, après Klopstock, Goethe et Schiller écrivaient leurs poèmes de facture classique, Johan-Heinrich Voss traduisait l'Iliade et l'Odyssée, selon les mêmes procédures métriques, en s'appuyant sur l'accent intensif des mots :
L'hexamètre anglais est accentuel et non fondé sur l'opposition entre syllabes brèves ou longues (cf. Vers : on considère que la syllabe accentuée équivaut à une longue, les atones aux brèves). La difficulté est de faire commencer nécessairement chaque pied par une syllabe accentuée, ce qui n'est pas très naturel en anglais. Les poètes, pour parvenir à leurs fins considèrent qu'en fait de syllabe accentuée on peut utiliser autant l'accent primaire que l'accent secondaire (accent de plus faible intensité).
Samuel Taylor Coleridge est célèbre pour ses imitations en anglais d'hexamètres dactyliques gréco-latins dans son poème Hexameters. On signale la syllabe accentuée par la mise en gras et l'accent secondaire par le soulignement :
On remarque que l'alternance dactyle / spondée est rare (les seuls spondées sont les derniers pieds...). La langue anglaise se plie en effet mal à ce mètre. Il préférera par exemple le pentamètre iambique.
L'astronome John Herschel a traduit l'Iliade en hexamètres[2].
Le groupe Public Enemy a appliqué l'hexamètre dans son morceau Bring the Noise.
Les vers asynartètes sont composés de deux moitiés de vers de mètres différents. Plusieurs utilisent un hémistiche d'hexamètre dactylique.
Aussi nommé encomiologicum, l'élégiambe est composé d'un premier hémistiche d'hexamètre dactylique, coupé à la césure penthémimère, et d'un dimètre iambique[3]. Il se scande ainsi :
| — ∪ ∪ | — ∪ ∪ | — // X — ∪ — | X — ∪ — |
On le trouve chez Archiloque ou chez Horace, notamment associé en distique à l'hexamètre dactylique :
Pĕttī /, nĭhīl / mĕ // sē/cŭt ān/tĕā / iŭuāt
scrībĕrĕ / uērsĭcŭ/lōs // ămō/rĕ pēr/cŭssūm / grăuī[4].
L'iambélégiaque est un élégiambe inversé, c'est-à-dire un dimètre iambique suivi d'un hémistiche penthémimère d'hexamètre dactylique[5]. Il se scande ainsi :
| X — ∪ — | X — ∪ — // — ∪ ∪ | — ∪ ∪ | — |
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