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modèle d'organisation du travail De Wikipédia, l'encyclopédie libre
Le fordisme, est — au sens premier du terme — un modèle d'organisation et de développement d'entreprise développé et mis en œuvre en 1908 par Henry Ford (1863-1947) fondateur de l'entreprise qui porte son nom, à l'occasion de la production d'un nouveau modèle, la Ford T.
Ce modèle accorde une large place à la mise en œuvre des nouveaux principes d'organisation du travail (organisation scientifique du travail, ou OST) instaurés par le taylorisme (qui, quant à lui, se base avant tout sur la qualité du produit) en y ajoutant d'autres principes comme notamment le travail des ouvriers sur convoyeur (que William C. Klann, un employé de Ford, a découvert lors de la visite d'un semblable dispositif déjà à l'œuvre aux abattoirs de Chicago[1]).
Leurs salaires peuvent être indexés sur cette progression, et générer une augmentation bienvenue du pouvoir d'achat. Comme le perçoit bien Henry Ford (qui voulait que ses ouvriers fussent bien payés, pour leur permettre d'acheter les voitures qu'ils avaient eux-mêmes produites), relayé plus tard par les keynésiens[2] : « le fordisme est le terme par lequel on désigne l'ensemble des procédures (explicites ou implicites) par lesquelles les salaires se sont progressivement indexés sur les gains de productivité[3]. Augmenter régulièrement les salaires au rythme des gains de productivité permet d'assurer que les débouchés offerts aux entreprises croîtront également au même rythme et permettront donc d'éviter la surproduction ».
Le but de ce développement de l'entreprise est d'accroître la productivité (quantité de pièces produites par ouvrier) et la production de l'entreprise grâce à plusieurs principes :
De plus, si les ouvriers étaient mieux payés, ils seraient « exempts de préoccupation étrangère au travail, et donc plus industrieux, par conséquent, plus productifs »[4] et moins démotivés.
Les conséquences sont une hausse de la production et de la productivité, mais aussi de la consommation, une baisse du coût de production (par une économie de main-d'œuvre et de surface), une dé-qualification du travail ouvrier, un meilleur contrôle par la direction du travail ouvrier, la réalisation d'un travail ouvrier de plus en plus répétitif et monotone, et une standardisation de la production dans le but de favoriser une consommation de masse. Cette époque a été caractérisée par l'école de la régulation[5].
Ainsi, le modèle du fordisme comporte aussi certaines limites, qui sont mises particulièrement en lumière lorsque se développe la crise économique et sociale de l'organisation scientifique du travail, depuis le début des années 1970, (en particulier en raison de la concurrence des entreprises asiatiques, fonctionnant selon le modèle du toyotisme). Aujourd'hui, les modèles primitifs du taylorisme et le fordisme ont dû changer pour s'adapter : ils ne sont plus ce qu'ils étaient, en raison de la concurrence, de l'éducation et de la qualification des ouvriers, et, notamment, de leur incapacité à faire face à une production plus diversifiée. D'où l'émergence des modèles dits « néo-fordistes » et « post-tayloristes ».
Dans son autobiographie, My Life and Work, parue aux États-Unis en 1922, Henry Ford révèle que son idée de la chaîne de production nait après une visite, adolescent, d'un abattoir de Chicago. Les origines des chaînes de production seraient à situer non pas dans l'industrie automobile, mais dans celle de la viande, au sein des grands abattoirs Union Stock Yards.
Le rôle de la Première Guerre mondiale semble à première vue central dans la genèse du modèle fordiste. Elle ouvre le XXe siècle (fragilisation des impérialismes européens, montée en force de la superpuissance américaine et Révolution russe) et introduit un changement économique (alternative planificatrice communiste), politique (brutalisations des sociétés européennes) et technologique (production, consommation et éducation de masse). La mobilisation totale des sociétés dans la guerre marque durablement le siècle.
La Seconde Guerre mondiale constitue pourtant un moment essentiel de l’évolution vers le paradigme fordiste. Les techniques fordistes mises au point et appliquées aux États-Unis comme solution à la crise économique de 1929 (conjonction d’un système de production de masse avec une intervention étatique à travers l'investissement et la planification) ne sont effectivement transcrites que dans l’après-guerre en Europe, à travers notamment le plan Marshall. Le régime d’accumulation fordiste ne se déploie véritablement que dans l’après-guerre dans un contexte d’explosion de la consommation et de boom démographique (baby boom, en anglais) ; il est caractérisé par une norme de production (standardisation des segments de produits et des tâches de production) et une norme de consommation (l'augmentation de la productivité et des salaires nominaux permet une croissance du pouvoir d'achat) qui permettent l’intégration sociale.
« [Ford se convainc que pour assurer ses débouchés], il faut absolument respecter deux règles du jeu : — assurer le plein emploi : que tous ceux qui le veulent puissent avoir un emploi et un salaire ; — augmenter régulièrement le salaire des ouvriers afin qu'ils soient toujours plus nombreux à pouvoir acheter les voitures qu'ils produisent[11]. »
Larrouturou ajoute[12] qu'en 1926, Henry Ford a fait passer la semaine de travail pour ses ouvriers de six à cinq jours, et la journée de travail de neuf heures à huit heures, tout en leur versant le même salaire. Le fordisme est ainsi considéré comme une préfiguration de la Déclaration de Philadelphie et des accords de Bretton Woods conclus à l'initiative de F. D. Roosevelt en 1944. L'auteur estime[13] qu'au contraire de la politique suivie après 1945, visant à alimenter la consommation et par là, la production, en augmentant les salaires, la tendance depuis l'arrivée de R. REAGAN à la Maison-Blanche en 1981 a constitué à diminuer le ratio masse salariale/PIB au profit du ratio dividendes versés aux actionnaires/PIB , ce qui pousse contre la croissance puisque citoyens les plus riches ne sont pas en mesure de consommer ce qu'ils gagnent aussi complètement que les moins riches. La croissance, selon cet auteur, a été alors stimulée artificiellement par l'endettement des ménages (trop mal payés) et/ou par la relance étatique, au prix d'un endettement croissant (et relativement inefficace) de l'État[14].
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